VI - LA DECOUVERTE DE L'ANGLETERRE

A la veille de la Révolution, la France, bien que déjà appauvrie par de graves crises financières, bénéficie d'un renom toujours considérable dans le monde, grâce à sa langue et à sa culture. Mais dans le domaine agricole et surtout industriel, le retard reste important dans ce pays appauvri et relativement surpeuplé par rapport aux autres, avec ses 26 millions d'habitants dont un tiers de moins de vingt ans. Les bouleversements des années qui suivirent ne pouvaient qu'accentuer son handicap ou, du moins, ralentir sa progression. Les diagnostics sont variables, contrastés. Pour certains, la Révolution est accusée d'avoir fait ‘ "dégringoler la ’ ‘ France et l'Europe continentale de la ligne de crête de l'évolution233" ? En réplique, la question de savoir si elle a été une "catastrophe économique234" apporte une réponse moins pessimiste. D'autres assurent que cette "déchirure", cette "rupture de continuité [...] a retardé la transition vers la modernité industrielle, libérale, puis démocratique235." Par contre, sont qualifiés "d'heureux" pour l'industrie et l'agriculture, les résultats de la guerre contre l'Angleterre "entravant le commerce en l’enfermant236". Quoi qu'il en soit, il est de fait que la révolution industrielle, annonciatrice d'une ère nouvelle, a, pour origine déjà ancienne, l'Angleterre du XVIIIe siècle ; par la suite, stimulé tant par la guerre - toujours extérieure - que par des débouchés surtout extra-européens, ce pays a su exploiter ses ressources et assurer l'essor de ses industries.

C'est à la découverte de cet "atelier du monde" que François Arlès décide de partir. Sensiblement au même moment, se dessinent, en France, après les efforts de Napoléon, les frémissements d'expansion industrielle. L'année de ce premier voyage reste incertaine et ses écrits, pour le dater, contradictoires : 1824 ou 1826 ? 1824, il l'affirme dans son ouvrage Un mot sur les fabriques étrangères... 237, par erreur semble-t-il. En effet, en 1826, par lettre du "jeudi 2 février238", à peine débarqué à Douvres, il s'empresse de livrer à sa femme ses premières impressions et ses difficultés linguistiques. Son mari est si souvent absent qu'elle a fui les brumes lyonnaises pour profiter du soleil de la Méditerranée, sur la terrasse de l'hôtel des Ambassadeurs à Hyères. La vie parait déjà aisée pour le jeune couple !

A bord d'un de ces premiers steamers britanniques, en service depuis cinq ans seulement, le passage de la Manche n'a duré que trois heures. S'il a failli être malade comme il le raconte, Arlès s'‘ "étai[t] fait la chose plus difficile. J'aime autant traverser la Manche que faire le tour du lac de Genève, tellement que je me promets bien de te faire faire un jour ce voyage..." ’ Cette traversée a été d'autant plus courte que, compagnon de voyage agréable à qui sait lui plaire, il a fait la connaissance du comte Schomfeld [?] ; celui-ci quitte Paris à regret, pour rejoindre son nouveau poste de secrétaire d'ambassade à Londres. Vraiment, la famille Dufour est fort répandue : ce diplomate a connu Pauline à Carlsbad ; on parle, bien sûr, de Leipzig où, dit-il, il a passé les plus belles années de sa vie. ‘ "Il a été tout étonné quand je lui ai appris que maintenant les femmes y sont, en partie, vertueuses."

Pour ce qui est de la terre que notre commissionnaire en soierie foule pour la première fois, ‘ "je n'ai encore qu'un petit échantillon de l'Angleterre, mais tout y est autrement qu'en France [...]. Voilà ton pauvre vieux au milieu d'un peuple étranger et, malgré toutes ses connaissances de la langue anglaise, il n'entend, jusqu'à ce moment, pas un mot de tout ce qui se dit autour de lui." ’ L'hôtel où il est descendu rapidement emporte son agrément : d'une propreté et d'un confort extraordinaires, mais ‘ "d'une cherté, d'une cherté ! Tout coûte ! " ’ Dans neuf heures, il sera à Londres. Londres ? La capitale de ‘ cette ’ ‘ "Grande-Bretagne dont le commerce et l'industrie, poussés à des limites vraiment miraculeuses, ont fait le pays le plus riche et le plus puissant du monde connu239" !

Désormais, ses déplacements en Angleterre vont se succéder très régulièrement, un au moins chaque année ; la durée en est variable, parfois longue. De leur objet professionnel, sur ses négociations avec les commerçants britanniques, il ne souffle généralement mot dans les correspondances adressées à sa femme, hélas pour ceux qui les lisent aujourd'hui. Pauline, elle, connaît, évidemment par le détail, les sujétions de cette activité exercée par son père pendant de nombreuses années, au départ de Leipzig. Parfois, parfaitement secondée dans son rôle maternel et dans ses tâches domestiques, elle parvient à s'échapper de Lyon, comme c'est encore le cas lorsqu'Arlès, de Londres, lui écrit à l'Hôtel du Mont Blanc, Rue de la Paix à Paris, "ce 1er mai240". Il est presque sur le chemin du retour, après un court séjour à Paris où, dit-il ‘ "je ne compte pas faire long". ’ ‘ Si sa lettre - vraisemblablement de 1827 - n'est pas datée, comme beaucoup d'autres, il nous éclaire quelque peu en racontant : ’ ‘ "...J'arrive en ce moment du Parlement où je n'avais compté rester qu'une demi-heure pour voir l'ensemble ; cependant, malgré mon peu de connaissance de la langue, les discours de Brougham et de Canning m'ont tellement intéressé que je suis resté quatre heures debout, moi qui ai de la peine à passer deux heures au spectacle ! " ’ Il est certain que la chose en valait la peine, surtout pour lui : il venait d'entendre s'exprimer deux orateurs à l'éloquence reconnue, membres du parti libéral. Le second s'était déjà distingué dans le passé en se posant devant la Chambre des Communes comme le défenseur de l'émancipation des catholiques ; en qualité de ministre des Affaires étrangères, il devait changer bientôt, écrira Guizot ‘ "la politique extérieure de l'Angleterre et la [faire] passer du camp de la résistance et de l'ordre européen dans celui du mouvement et de la liberté241 ."

De nouveau, ‘ "tout à [son] devoir en vrai soldat" ’, dédaigneux des intempéries et des difficultés de transport, voici Arlès à Douvres en plein mois de janvier 1828. Il décrit les conditions de sa traversée : ‘ "Je viens d'arriver il y a environ une heure, laquelle a été employée à me sécher. Quel abominable plaisir que de voyager et surtout de passer la mer en cette saison. Arrivé à 5h du matin à Calais, avec un froid piquant et une neige battante, je me suis embarqué à 7h. La traversée a été courte, mais je ne dirai pas bonne, car comme il n'a pas cessé de pleuvoir à verse, j'ai été obligé de me tenir dans la chambre qui était quite full d'amateurs des deux sexes qui n'ont pas tardé à vomir, sentir et gémir. Aidé d'une fiole d'eau-de-vie, dont je m'étais muni, j'ai fait tout ce qui dépendait de moi pour ne pas me laisser entraîner par l'exemple, et j'y ai réussi jusque près de la côte où, le mouvement devenant plus brusque et les remords de l'assemblée plus fréquents, je me suis rendu ... à l'évidence. Ce n'est pas tout. La marée n'étant pas encore assez forte, nous n'avons pu entrer dans le port, et de petits bateaux, que les vagues couvraient à tout moment, sont venus nous prendre et nous ont rendus sur le sable avec accompagnement obligé de pluie, de vent et de vagues qui passaient librement par-dessus nous. Enfin me voilà près d'un bon feu, avec une bonne soupe dans l'estomac et oubliant tout, en pensant à ma brave femme et à ma gentille fillette auprès desquelles je voudrais bien être de retour [...]." ’ ‘ ’ ‘ Par la pensée, il suit sa jeune épouse chez leurs cousins Cazenove et Gustave Platzmann. Et s'il désire qu'elle se distraie, qu'elle s'amuse même, il s'empresse de souhaiter qu'elle soit bien prudente, et, lourdement, d'insister, ’ ‘ "sous tous rapports"...

"Afin de ne pas [s]e laisser persuader par des affaires à rester trop longtemps à Londres242" ’, il a pris la précaution de payer sa place, à Paris, pour le courrier de Lyon du mercredi 23, qui arrivera le vendredi soir, afin de consacrer son samedi à sa petite famille. L'absence aura été de courte durée.

Mais, la même année, deux autres voyages identiques suivent. Le premier nous est signalé par une lettre rédigée à Londres, le 6 août, à l'adresse d'un journaliste britannique, à la suite déjà d'un échange de correspondances.

Après des considérations sur les échanges commerciaux entre les deux pays, il s'en prend à la politique extérieure et intérieure de la Grande-Bretagne sur deux sujets, la Morée et l'Irlande. La Morée, le problème n'est pas nouveau : on l'évoquait déjà lors des longues conversations de fin de journée à Connewitz, et on se rangeait du côté des Grecs en révolte contre la domination turque. Depuis, l'Europe a heureusement fini par s'émouvoir et, le 6 juillet 1826, l'Angleterre, après de multiples tergiversations, se joignait à la France et à la Russie pour signer le traité de Londres ; peu après, les escadres des trois pays défaisaient les bâtiments turcs et égyptiens venus les renforcer. Et, de l'Angleterre et de la France, cette dernière est en train d'assumer, seule, les frais de ce traité en envoyant quatorze mille hommes sur le terrain. Arlès est mis à l'aise pour le déplorer et ne s'en prive pas : ‘ "Quant à l'état présent de l'esprit public, sous le rapport politique, sa menace est tellement prononcée que, tout étranger que je suis, je me trouve à même de répondre au désir que vous manifestez de le connaître. La Morée et l'Irlande occupent, en ce moment, l'intérêt public. Le discours de la Couronne en ne faisant aucune mention des questions qui servent de motif aux troubles du malheureux royaume, a mécontenté tous les hommes éclairés et tolérants. On applaudit à l'expédition française en Morée et déplore le rôle insignifiant auquel le ministère anglais parait se résigner. Cependant, les hommes sages n'approuvent pas les critiques amères et réitérées des journaux libéraux sur la conduite passive du gouvernement. Ils disent que le gouvernement, eut-il la volonté de prendre part active à la guerre qui parait décidée, ne le pourrait sans devoir imposer au pays de nouveaux sacrifices qu'il ne veut et ne peut plus supporter ; que l'Angleterre est forcée à la paix parce que toutes ses ressources ont été épuisées dans la dernière guerre ; que ses charges actuelles sont à peine tolérables et cesseraient de l'être si des besoins extraordinaires en exigeaient l'accroissement."

Et le pacifiste qui s'affirme, doublé de l'anglophile qui se dessine, conclut aussitôt ‘ : "Maintenant que le temps a dissipé les fumées de la gloire acquise par les armes et qu'il n'en reste que le souvenir et les charges - leur résultat ordinaire -, ces hommes sages se demandent ce qu'a gagné leur pays à toutes les interventions, à toutes les guerres qu'il a recherchées depuis quarante ans ; ils se demandent si la patrie ne serait pas plus puissante, plus tranquille, plus ’ ‘ respectable si elle n'eut pas vaincu à Trafalgar et Waterloo ! De pareils succès ont amené la dette qui écrase l'Angleterre, de nouveaux achèveraient sa ruine243 ."

Son brouillon s'arrête malencontreusement là et nous ne connaîtrons pas - pour le moment du moins - l'exacte position, non bien évidemment pas d'un papiste, mais du libéral sur la question irlandaise. On peut estimer toutefois qu'elle anticipait, à quelques jours près, celle que Peel, leader tory de la Chambre des Communes et ministre de l'Intérieur, exprimait au Premier ministre, le duc de Wellington, par lettre du 11 même mois, ‘ : "Je ne puis nier que l'état de l'Irlande, dans les circonstances actuelles, ne soit loin d'être satisfaisant, qu'il ne devienne nécessaire de choisir entre différentes sortes et différents degrés de mal, de comparer le danger qui résulte actuellement de l'union et de l'organisation du corps des catholiques romains, et de l'agitation incessante de l'Irlande, au danger qu'on redoute dans l'avenir pour la constitution et la religion du pays ; enfin de se demander s'il ne vaut pas mieux courir tous les risques que peut amener la concession que de se soumettre à la continuation, ou plutôt à l'aggravation certaine des maux aujourd'hui existants244."

Le bill sur l'émancipation des catholiques non encore voté - il le sera en 1829 - Arlès touche le sol anglais, en septembre, pour la troisième fois de l'année 1828, celle-ci à Brighton, après douze heures de bateau, au départ de Dieppe‘ . "Ce qui est une bonne traversée" ’, mais n'en demeure pas moins éprouvant, après avoir été voituré lentement depuis Paris. De quoi, ‘ "encore payer un fameux tribut ’", et arriver à deux heures du matin, ‘ "fatigués, accablés de sommeil", ’ ayant ‘ "vainement cherché des lits, toutes les auberges qui sont innombrables étaient remplies." ’ Il semble bien pourtant que l'on ait trouvé un gîte, puisque le matin, et jusqu'à onze heures, on visite cette ‘ "ville nouvelle et tout à fait originale, cependant malgré l'affluence de nobility et gentry245" ’. En ce mois de septembre, ‘ "la grande station du siècle246", de plus en plus à la mode et devenue ‘ "l'appendice de Londres247", n'est pas encore désertée. Mais les trois voyageurs ne peuvent guère prolonger. Arlès est accompagné de Plantin, apparemment l’un de ses collaborateurs, époux de Coralie née Belz248 chez qui Pauline passe la première semaine d'absence, et aussi de son beau-père. Sans doute retrouvé à Paris, ‘ "ton père ayant témoigné le désir d'aller avec nous en Angleterre, je n'ai pas cru devoir l'en détourner parce qu'il eut pu le prendre en mauvaise part" ’, précise Arlès à Pauline dans cette même lettre. Tous trois ont pris la route ‘ "par le plus beau temps du monde et en suivant la mer et traversant un pays enchanteur" ’. Pauline reçoit malgré tout cette assurance : son mari ‘ "n'éprouve pas la moitié du plaisir [...] trop accoutumé à partager les miens avec toi" ’; aussi, qu'il ‘ "presse autant que possible pour arriver à [son] but qui est Londres où j'ai mes affaires." ’ Ceci ne le prive pas, néanmoins, de visiter à Plymouth, d'où il écrit, le port et l'arsenal, ‘ "les plus importants de la vieille Angleterre" ’ ; également, d'envisager de se rendre le lendemain à l'île de Wight, par bateau à vapeur - la traversée ne dure que 3/4 d'heure - ‘ , "où nous passerons la journée, on dit que c'est un séjour délicieux249."

De Londres où ils sont arrivés samedi matin, part une nouvelle lettre, le mardi 23 septembre, à l'adresse de Pauline qui séjourne au cours de cette deuxième semaine à Saint-Didier, proche de Lyon. On ignore chez qui. ‘ "Au moins, tu ne seras pas seule et la campagne vous fera grand bien. Je vous recommande à toi et à Finou250 de manger beaucoup de raisin et regrette bien de ne pas vous tenir compagnie." ’ Quant à lui, il a passé toute la journée du dimanche dans la famille de Leaf ‘ "qui n'a pas voulu me laisser partir et m'a reçu comme si j'étais un de ses membres. [...] Je me trouve si bien et si à mon aise chez Leaf que je ne crois pas que j'accompagnerai ces Messieurs [son beau-père et Plantin] à Liverpool ; d'ailleurs la vente va commencer et je tiens à la suivre251."

Leaf ! Dans les courriers d'Arlès, c'est la première fois que nous relevons le nom de cet ami britannique le plus fidèle, le plus empressé, un des plus constants dont l'amitié perdurera plusieurs décennies, dans les bons et les mauvais jours ; oui, justement durant ces derniers, elle se manifestera, sans la moindre défaillance, avec toujours le même dévouement et un zèle parfait. L'origine de ces relations privilégiées ? Au début, sans doute, des relations d'affaires nouées dans la continuité de celles entretenues avec la famille Dufour et rendues, par la suite, chaleureuses par le contact des deux hommes. William Leaf est le chef de l'une des plus importantes firmes de Old Change à Londres, au numéro 39, à l'enseigne "Leaf, Smith & C°252". Tous deux dans le même domaine d'activité, Leaf est le correspondant d'Arlès à Londres et Arlès le sien à Lyon253. C'est dire que les relations d'affaires sont constantes ; les rapports amicaux ne le sont pas moins : ‘ "Vendredi, nous dînons tous chez Leaf et dimanche chez son père ’ ‘ ." En semaine, Arlès quitte peu le "bazar de Leaf", passant ses soirées fort tranquillement dans sa famille où, constate-il ’ ‘ , "le gros boit et mange comme un vrai John Bull, ce qui fait que le nom lui a été donné et lui restera." ’ Une exception pour ce soir ‘ "passé à l'opéra anglais où je n'ai fait que dormir et où je jure bien de ne plus retourner254." ’ Arlès, on l'a déjà vu, ne tient pas longtemps en place et paraît allergique à tout spectacle et à toute longue immobilité...

Toutes dispositions sont prises pour que cette lettre du 23 septembre parvienne le 30, jour du 23e anniversaire de sa destinataire ; il ne pourra le célébrer qu'en pensée‘ . ’ ‘ "Je souhaite qu'elle [sa 24e année] te trouve en bonne santé et je demande au ciel que l'année que tu vas commencer soit aussi heureuse pour toi que celle qui finit." ’ Toutefois, l'état de Pauline le préoccupe fort, et c'est avec plaisir qu'il apprend que, garde et nourrice ayant été retenues, ‘ "nous pourrons attendre tranquillement" ’ la naissance - celle de Gustave - prévue pour février 1829. En attendant, en cette arrière saison, ‘ "nous avons ici le plus beau temps du monde, à tel point que la vente d'automne en est retardée." ’ De ce fait, le retour à Lyon reporté au 18 octobre, ce dernier voyage en Angleterre de l'année aura duré près d'un mois.

Pour cette fin de décennie et le début de l'autre, nous possédons encore la trace de deux séjours à Londres, en 1829 et en 1831 ; nous reviendrons, plus loin, sur le contexte dans lequel celui-ci eut en principe lieu255, préférant nous attarder quelque peu sur le document qui atteste de l'existence certaine de l'autre. Il s'agit de la phrénologie que notre voyageur fait établir par "Deville Londres Strand256", en 1829. Faut-il voir dans cette démarche l'expression de sa curiosité naturelle, son goût prononcé pour l'innovation ? Céda-t-il, plutôt, par scepticisme amusé, à l'engouement - pendant plus d'un quart de siècle dans de nombreux pays de l'ancien comme du nouveau monde - pour cette étude du caractère et des facultés dominantes d'après la forme du crâne. Peut-être, avait-il pris connaissance, deux ans plus tôt, à Lyon, de l'élogieux article du Précurseur 257, sur les mérites de cette doctrine récente du docteur Gall qui, selon le quotidien, ‘ "compte parmi ses partisans la plupart des hommes instruits". ’ Peut-être même, avait-il poussé l'intérêt jusqu'à assister à l'un des premiers cours gratuits de crânologie, donnés par le jeune docteur Imbert, dans ses appartements du 10 rue du Palais Grillet à Lyon. Pour maintes raisons, l'offre était bien tentante de découvrir ‘ "cette science nouvelle devenue indispensable à tous ceux qui se livrent à l'étude ou à la pratique de la médecine" ’ ; d'autant que ‘ "par ses liaisons avec la métaphysique" ’, elle était déclarée intéresser ‘ "au plus haut degré les moralistes, les jurisconsultes, ainsi que toutes les personnes qui se livrent à la recherche des vérités philosophiques. ’" Quoi qu'il en soit, sans évidemment être à la dévotion d'une théorie depuis longtemps discréditée, il nous intéresse de dégager, des résultats de cet examen, en langue anglaise, un certain nombre de traits qui nous paraissent assez bien correspondre à notre personnage, en nous permettant de le mieux connaître :

"C'est une organisation (sic).... très utile si appelée à agir, mais il devra parfois lutter contre une tendance qui l'entraînera à des retards ou à la procastination, ce qui devrait parfois être évité

- Solide dans les attachements et l'amitié, contractée avec peu de personnes, mais jaloux de ces liens

- Fort sentiment de l'honneur et de la justice

- Aimant beaucoup l'approbation et la distinction mais ne s'abaissant pas à les rechercher de façon servile....

- Parfois passionné, plutôt violent s'il est offensé, tout particulièrement si on fait allusion à une possibilité d'injustice, se contrariant lui-même plus que les autres

- ...gai en société

- Respect de la religion mais non pratiquée selon les concepts du milieu

- Un grand respect pour les parents et les personnes âgées et ceux qui témoignent d'un caractère noble et généreux...

- Un secret sera gardé quand c'est nécessaire, mais est ennemi de la ruse et de la mauvaise foi...

- Rapide dans la perception avec une bonne connaissance générale ainsi que des langues et de leur grammaire...

- L'invention mécanique est considérée avec plaisir et bien comprise

- Facilité pour l'histoire naturelle, la science et la physiologie

- Personne tout à fait pratique dans l'argumentation et la conversation, n'aimant pas les longues descriptions métaphysiques dans lesquelles il devient ferme et affirmatif quand il est énervé - Bon et affectueux envers les enfants et les jeunes

Dans les passions, être toujours plus honorable que les autres.... [...]"

On ne peut que regretter que son infinie bonté, sa générosité, sa grandeur d'âme soient insuffisamment soulignées ; il est vrai que cette "science" n'en était pas une...

"Aimant les voyages" ’ affirme aussi la phrénologie d'Arlès. Il en profite effectivement. On pourrait s'étonner que ces déplacements à vocation essentiellement professionnelle soient doublés d'escapades touristiques. Elles répondent, certes, à un besoin de détente nécessaire dans une vie particulièrement remuante mais aussi et surtout au goût prononcé de découvrir tous les aspects de la vie des pays visités. Il estime devoir ne pas les ignorer. Nous l'avons vu en Allemagne, toujours parcourue et depuis son jeune âge, maintenant en Angleterre ; mais ce sera aussi la Suisse, - si proche de Lyon, aux capitaux importants, avec les cantons de Bâle et de Zurich qui, depuis 1814, connaissent un grand développement de l'industrie de la soie ; également, l'Italie aux ressources séricicoles importantes.

La plupart de ses contacts se trouvent grandement facilités par sa connaissance, durement acquise et sans cesse améliorée, des langues allemande et anglaise. Ils lui permettent de nouer et de fortifier des relations professionnelles que son abord, sa bonhomie, le magnétisme qu'il dégage, situeront vite sur un plan personnel, empreintes de la plus entière cordialité. Si tel est le cas avec la famille Leaf, ce le sera aussi avec des personnalités économiques et politiques, actuelles ou en puissance. Autant d'occasions saisies d'approfondir le contexte, dans ces domaines, de chaque pays visité, de frapper à la porte des ministères pour se documenter, d'explorer les districts manufacturiers, d'en comparer les moyens de production, la législation douanière, la situation de leur population ouvrière - au plan particulier de son activité professionnelle comme au plan général. Souvent, Arlès maugrée contre l'absence ou la notoire insuffisance de statistiques de l'administration française. Il n'est d'ailleurs pas le seul à le regretter. A son tour, L'Echo de la Fabrique 258, le journal des canuts, déplorera cette carence en ce qui concerne ‘ "la fabrique des étoffes de soie de Lyon et de ses alentours" ’ ; il reproche à la Chambre de commerce, au comité des arts et manufactures, au conseil des prud'hommes - à qui incombe ‘ cette "mesure urgente et indispensable" ’! - d'avoir ‘ "vécu à cet égard dans l'insouciance et la plus complète ignorance." ’ Au moins, les statistiques anglaises, elles, existent, et depuis 1801259. Aussi, notre voyageur profite-t-il d'un de ses séjours londoniens pour entrer en rapport avec M. J. R. Porter, chef du bureau de la statistique commerciale au Board of trade, et faire ample moisson d'éléments chiffrés britanniques. La rencontre avec ce haut fonctionnaire est riche à plus d'un titre. Marié dans la famille de l'illustre économiste Ricardo, il est, lui-même, très versé dans l'économie politique ; c'est dire qu'ils se retrouvent tous deux rapidement sur leur terrain favori, celui des valeurs fondamentales de la prospérité par la libre entreprise. A propos de ce personnage, Michel Chevalier, économiste distingué lui aussi et membre de l'Institut plus tard, ira jusqu'à écrire : ‘ "Esprit positif et lucide, très familier avec les faits, il n'a pas peu contribué à éclairer Arlès et à lui meubler l'esprit de solides arguments en faveur de la cause à laquelle l'un et l'autre étaient dévoués260." ’Et d'administratifs, les rapports entre Arlès et Porter, se situeront rapidement sur les plans personnel et amical.

Toujours de ce côté de la Manche, il en sera de même, notamment, avec deux hommes, remarquables par leur talent, partageant les mêmes conceptions : le Dr Bowring et George Villiers.

John Bowring, fils de manufacturier, est associé pendant un temps aux affaires de son père dans son entreprise d'Exeter261, sur la route qui relie Londres à Plymouth ; de cinq ans, il est l'aîné d'Arlès-Dufour. Celui-ci a-t-il profité de la traversée du Devonshire, en septembre 1828, pour lier connaissance avec l'éditeur, depuis 1825, de la Westminster Review 262 ? Plus simplement, a-t-il fait sa connaissance à Londres ? Quoiqu'il en soit, il s'agit d'une revue à laquelle il est ou sera abonné263 et qui diffuse les principes réformateurs et utilitaires de Jeremy Bentham, maître à penser et ami de Bowring264. Un maître à penser qui pose le principe du ‘ "bonheur du plus grand nombre des hommes265" ’ : un principe qui est loin de laisser Arlès-Dufour indifférent ! Depuis 1822, Bowring est interdit de séjour en France pour avoir, à Calais, voulu favoriser l'évasion de jeunes sergents, ‘ "morts victimes de leur dévouement à la cause sainte de la liberté266". ’ En 1830, les portes de la France se rouvrent devant lui ; choisi par les Londoniens pour rédiger et présenter une adresse de félicitations au ‘ "peuple héroïque des trois jours267", ’ il lui apporte lui-même les souscriptions anglaises recueillies en faveur des victimes de Juillet. A nouveau en France en 1832, le 5 juin, aux côtés de La Fayette dont il est l'ami, il conduit le convoi funèbre du général Lamarque268 ; nous le retrouverons plus loin269. Cette année marque pour ce philanthrope, cet homme de lettres érudit, cet économiste talentueux, le début d'une carrière parlementaire et diplomatique prestigieuse ; Bowring est en effet appelé, par divers ministères, à des missions à l'étranger relatives à des questions industrielles et commerciales.

Un objectif identique270 est fixé à George William Villiers, ancien attaché diplomatique à Saint-Pétersbourg en 1820 et commissionnaire en douanes depuis 1823271. En collaboration avec son collègue Bowring, il rédigera un rapport des plus remarqués, en deux volumes, intitulé Relations commerciales entre la France et l'Angleterre, publié en 1834 et 1835. A son propos, beaucoup plus tard, en 1862, lors d'un dîner au domicile de lord Granville272, président du conseil privé, chaud partisan du libre-échange et promoteur des expositions universelles de Londres de 1851 et 1862, voici ce qu'Arlès-Dufour narrera à son épouse : ‘ "Au café, un charmant gentleman, à peu près de mon âge, est venu à moi et m'a dit : "Je suis donc bien changé que vous ne me reconnaissez plus - Pardon... George William ? - Oui, George William devenu Lord Clarendon - Mais, Milord, c'est qu'il y a 32 ans de cela - Non, non 31 ; ne nous vieillissez pas, le temps le fait assez." Et puis de causer comme deux vieux amis273." ’ Entre-temps, cet interlocuteur, né trois ans après lui, avec le siècle, aura été ambassadeur d'abord, président of the Board of trade ensuite, puis ministre des Affaires étrangères en 1853-1858, avant de le redevenir en 1865-1866 et 1868-1870... Malgré cette longue séparation physique, leurs relations épistolaires ne cessèrent pas, semble-t-il, pour autant.

Michel Chevalier, évoquant à la fois lord Clarendon et Bowring, souligne la qualité des liens qu'ils avaient tissés avec son ami "Arlès" à qui il rend hommage : ‘ "C'est à lui que je dus de faire, en 1833, leur connaissance, et d'établir avec eux des relations amicales que la mort seule a interrompues avec lord Clarendon et qui durent encore avec sir John Bowring274."

Toujours au cours de la même soirée de 1862, il rencontre un certain docteur Queen ‘ "que trente ans avant, j'avais trouvé dans le même salon, tenu alors par Lady Granville, morte il y a deux ans." ’ Malgré les soixante-cinq années qui pèsent sur ses épaules, il reste vert et tout émoustillé par ces ‘ "dix ladies ou duchesses toutes belles, gracieuses et simples" ’, ‘ "animant la vue et la conversation". ’ Et c'est pour conclure : ‘ "Enfin, dans ce salon de haute aristocratie, je me suis bientôt trouvé à mon aise et plus at home que dans un salon lyonnais"... ’ Une aisance qu'il n'affichait peut-être pas encore dans cette demeure au cours de ces années 1830 ! Qu'importe. Ces amitiés, solidement entretenues pour certaines, porteuses de nouvelles relations, outre des affinités personnelles évidentes, un combat commun les avait nouées.

De l'élève studieux du Conservatoire des Arts et Métiers, Jean-Baptiste Say avait fait un adepte inconditionnel de la libre circulation. Dès 1822, Arlès se préoccupait de coucher sur le papier les éléments de sa réflexion toujours en éveil sur la question : ‘ "J'avais 25 [ans] et n'avais jamais appris que l'école du soldat, ce qui explique le mauvais français", ’ croit-il opportun d'ajouter sur le dossier275, ouvert au soir de sa vie, renfermant le texte de ses rapports, lettres et interventions diverses. Et si, à nouveau, en 1834, il regrettera ‘ "le peu d'habitude de la rédaction276", ’ nous aurons, nous, déjà, enregistré la preuve du contraire !

Bien évidemment, si la forme est différente, le fond reste identique ; invariablement et infatigablement, il y revient : comme une obsession. De ces documents sans nombre, nous ne citerons que quelques extraits pour éviter de nous répéter. Daté de cette année 1822, le premier d'entre eux277 - note personnelle ou article ? - mérite d'être rapporté ; il exalte les idées révolutionnaires, pour regretter le temps présent ‘ : "La Révolution vint et proclama le grand principe de la libre concurrence. Et comme tous ceux que proclama ce colosse, il se répandit sur l'Europe et fit partout faire à l'industrie des pas de géant qui placèrent les industriels du dernier rang où ils végétaient, méprisés, aux premiers où ils brillent. [...] La libre concurrence fit faire partout des progrès immenses à l'industrie. En disséminant ainsi, dans toute l'Europe, toutes les branches d'industrie, elle a établi la concurrence de pays à pays, de ville à ville, d'homme à homme. De manière qu'il ne dépend plus maintenant de la volonté d'un fabricant de hausser ses façons, car s'il hausse, sans ses collègues, il se ruine et, si tous s'entendent pour hausser, une autre ville ou un autre pays en profite et prend sur eux l'avantage. Pour produire et ne pas rester en arrière, il faut produire au meilleur marché possible et, par conséquent, réduire de plus en plus les frais de production. [...]"

Dans la même note et dans le même esprit, on relève également : ‘ "L'organisation de l'industrie est telle que, sous peine de ruine, le fabricant ou distributeur de travail est obligé de ne payer à l'ouvrier que tout juste ce qu'il lui faut pour ne pas mourir de faim." ’ Et le rédacteur d'ajouter : ‘ "Et tous les tarifs ne peuvent y changer" ’ ! Il ne transigera pas avec cette opinion278.

La même année encore, sur le métier il remet son ouvrage, et non pour la dernière fois :

‘C'est certainement la volonté manifeste de la providence que les préjugés nationaux s'effacent, que les peuples vivent en frères et que l'humanité ne forme plus qu'une famille, c'est-à-dire que les masses soient heureuses. Mais ce but ne peut être atteint que graduellement et lentement. Le premier pas a été la révélation du christianisme et, depuis lors, malgré les apparences, l'humanité a toujours marché vers ce but ; ses progrès ont été longtemps imperceptibles. Le pas le plus grand, le plus concluant et que notre état de civilisation demande impérieusement, c'est l'abolition des douanes et des entraves qui rendent difficiles ou impossibles les communications, les échanges de peuple à peuple.
Si ce changement ne s'opère pas bientôt, le moment sera manqué et reculé indéfiniment. Car grâce à la fausse direction donnée par les gouvernements, les peuples tendent à s'isoler, les gouvernements tendent à isoler les nations, à leur rendre ce qu'ils appellent l'esprit national, à faire que chaque peuple se suffit à lui-même et se passe des autres. Pour suivre fidèlement ce système, tous veulent, par des prohibitions, forcer la production et, par là, faire payer aux consommateurs le double et les privent d'un commerce extérieur qui résulte toujours de l'échange. [...] On appelle cela le système protecteur. et tel est l'engouement pour ce malheureux système que, petits ou grands, absolus ou représentatifs, tous les gouvernements, voire même celui des Etats-unis, l'adoptent.
Ce système de protection est tellement nuisible à la prospérité de l'industrie et du commerce que toutes les fabriques croulent sous son influence et que les seules qui soient prospères sont celles qui ont le bonheur de n'être pas protégées.
Ouvrez toutes les frontières, rendez à l'agriculture, aux arts, à l'industrie, aux armées de douaniers que vous entretenez à grands frais dans l'oisiveté, qui n'ont d'autre utilité que de faire payer au peuple les objets de consommation279... (texte inachevé).

En 1828, il déplore que ‘ "si la situation politique du monde est précaire et embarrassée, l'état du monde commercial ne l'est pas moins." ’. Et c'est pour poursuivre : ‘ "Le malaise qui tourmente les fabriques de l'Europe, et par suite son commerce, n'existerait pas si, à la chute du système continental, dont l'expérience avait prouvé l'absurdité, toutes les puissances ne se fussent empressées d'en adopter les principes et de les appliquer, en les exagérant plus ou moins, à leurs règlements commerciaux.

"Si, à la chute du Lion, au lieu de ces congrès de rois280 où l'on discutait le partage, l'asservissement, les peuples eussent eu leur congrès, certes, ils eussent fixé leurs intérêts réciproques d'une manière plus large, plus libérale, plus heureuse et plus morale pour tous, on ne verrait pas aujourd'hui gouvernants et gouvernés rechercher les causes de la crise qui tourmente l'économie de la société.

"Si, au lieu d'isoler les peuples par des lignes de douaniers, des prohibitions, des tracasseries de passeports, etc, entretenant par là leurs préjugés, leur ignorance et leurs antipathies, ils se seraient dit : "Nous sommes tous frères ; si nous nous sommes haïs et fait la guerre, c'est que nos chefs exploitaient nos haines et les entretenaient en nous empêchant de nous rapprocher et de nous connaître. Abolissons-les ces barrières qu'ils avaient élevées, multiplions nos rapports ’ ‘ , ’ ‘ vivons en frères ’ ‘ et tâchons de faire tourner au profit de tous ce que la nature a départi à chacun. Et, tout en ayant des gouvernements divers parce que nos moeurs et nos localités [?] diffèrent, tâchons par nos habitudes et des relations animées et bienveillantes d'amener la réalisation de la parole de Dieu en ne formant qu'une famille. Alors, plus de guerres, plus de préjugés, plus de disette, enfin l'âge d'or281."

"L'âge d'or" ’ ? Simple expression venue naturellement sous la plume ou allusion aux propos d'un Saint-Simon déjà lu ? Abolir la prohibition, ouvrir les frontières, suivre la parole de Dieu et vivre en frères, en paix, avec les autres nations, tels sont les voeux fervents et utopiques que forme Arlès. Tel restera le leitmotiv inlassablement ressassé. N'est-ce que chimère follement caressée ou ce rêve insensé deviendra-t-il réalité, du moins partiellement ?

Au plan économique, parmi la quinzaine d'Etats composant l'Allemagne, la Prusse, à son initiative, travaille patiemment à l'élaboration d'un ‘ "grand acte de liberté commerciale intérieure282", ’ à savoir un tarif de douanes destiné à régir les relations industrielles et commerciales de cet ensemble hétéroclite pour en faire une "union". Face à cela, la France seule, isolée par ses prohibitions, ne peut que rester impuissante. Pire ! L'Angleterre d'Huskisson de 1824 modifie brutalement sa politique commerciale et, avec effet de 1826, abolit toutes les prohibitions pour les remplacer par des droits d'importation. Semblable conception doit s'imposer en France. De plus, des rapports commerciaux féconds et amicaux doivent aussi unir nos deux pays.

Dans sa sphère relationnelle de moins en moins modeste, nous l'avons noté, Arlès-Dufour s'emploie à ce but avec ténacité. Et, s'il observe avec soin, de ces visites et entretiens il accumule les notes, toujours soucieux de ‘ "renseignements puisés à des sources sûres" ’ et du fait ‘ "qu'on ne suspectera pas [s]a bonne foi", ’ préférant s'abstenir ‘ " plutôt que d'en présenter de vagues ou de contestés ’ ‘ 283 ’ ‘ ."

L'industrie de la soie en tirera profit, notre pays également.

Notes
233.

Pierre Chaunu, cité par Denis Woronoff "La Révolution a-t-elle été une catastrophe économique ?", L'histoire, juillet/aout 1988, n° 133.

234.

Denis Woronoff, art. cit.

235.

Pierre Chaunu, "Napoléon après Napoléon", Le Figaro, 13 août 1988.

236.

Louis Madelin, Vers l'Empire d'Occident, op. cit., p. 84.

237.

Arlès-Dufour, Un mot sur les fabriques..., op. cit., p. 55.

238.

Lettre d'Arlès, Douvres, "jeudi 2 février", 1826 selon cachet de la poste de Douvres, à Pauline (Archives familiales).

239.

A[rlès]-D[ufour], Un mot sur les fabriques..., op. cit., p. 55.

240.

Lettre d'Arlès, Londres, "Ce 1er mai" [1827 ?], à Pauline (Archives familiales).

241.

Guizot, op. cit., p. 23.

242.

Lettre d'Arlès, 12 janvier 1828, à Pauline (Archives familiales).

243.

Lettre d'Arlès, "Londres le 6 août 1828", à ?, [journaliste du Times ?] (Archives familiales).

244.

Fragments extraits du mémoire de Sir Robert Peel sur l'émancipation des catholiques en 1829, in Guizot, op. cit., pp. 396-397.

245.

Lettre d'Arlès, "Portsmouth, ce mercredi matin, septembre 1828", à Pauline (Archives familiales).

246.

G. M. Trevelyan, op. cit., p. 511, note 1 de Jean-Pierre Poussou.

247.

Ibid., p. 624, et note 3.

248.

Coralie (1804-1863), fille de Joseph Henry Belz (1764-1851) et de Wilhelmine Brölemann (1777-1827). En premières noces (1823) épouse de Jules Plantin (1798-1837), en secondes (1839) de René Holstein (1798-1866) (Suzanne Lombard, Frédéric Roman, Essai de recherches généalogiques, 1990, h.c.).

Le 11 septembre 1829, Enfantin écrit à Olinde Rodrigues : "Dites aussi à Laurent... et que Plantin ne s'appelle pas Plantin de Belz, mais Plantin Beltz." (OSSE, Vol. 26, p.55).

249.

Lettre précitée, datée "Portsmouth... septembre 1828", à Pauline (Archives familiales).

250.

Sa fille Pauline Claire.

251.

Lettre d'Arlès, 23 septembre 1828, Londres, à Pauline (Archives familiales).

252.

Adresse relevée sur divers courriers de 1854 et 1871.

253.

C[ésar].L[Habitant], op. cit., p. 40.

254.

Lettre d'Arlès, "29 septembre lundi Londres", à Pauline (Archives familiales).

255.

Cf. XI - Le "tarif" et les canuts.

256.

"Ma phrénologie par Deville Londres Strand", selon l'écriture d'Arlès (Archives familiales).

257.

Le Précurseur, Journal constitutionnel de Lyon et du Midi - Politique, littéraire, scientifique, industriel et commercial, n° 142 du 13 juin 1827. De ce journal, publié de 1821 à 1834, Alexandre Dumas dira qu'il a "le plus" aidé à l'éducation de la classe laborieuse, cité par Pierre Antoine Perrod, op. cit., p. 27. Le jeune avocat Jules Favre apportera sa plume à ce journal, ainsi qu'à L'Echo de la Fabrique. Rappelons qu'un article d'Arlès y fut publié notamment en 1828 en faveur de la libre sortie des soies de France, selon son ouvrage Un mot sur les fabriques..., op. cit., p. 79.

258.

L'Echo de la Fabrique, 23 septembre 1832 : "Nécessité d'une statistique générale de l'industrie lyonnaise", F... T...

259.

Charles Taquet, op. cit., p. 43.

260.

Michel Chevalier, M. Arlès-Dufour, op. cit. Dans le même article, paru au décès d'Arlès-Dufour, Michel Chevalier souligne les "grands services rendus à la cause de la liberté du commerce" par Porter, "auteur de l'ouvrage important du Progrès de la Nation." (The Progress of the Nation in its various social and econimical relations, from the beginning of the nineteeth Century to the present time, Londres, 1836-1843, 3 vol.).

261.

G. Vapereau, op. cit.

262.

Créée en 1823 selon "Glossaire" de Jean-Pierre Poussou, p. 768, in G.M. Trevelyan, op. cit.

263.

Westminster Review, revue citée par Arlès dans son 2e article "L'Angleterre", L'Echo de la Fabrique, 29 avril 1832.

264.

Bowring sera l'exécuteur testamentaire de Bentham (décédé en 1832) et, à ce titre, chargé de l'édition de ses Oeuvres complètes.

265.

Trevelyan, op. cit., cf. note J.P. Poussou, p. 681.

266.

L'Echo de la Fabrique, 17 mars 1833.

267.

Ibid.

268.

Ibid., 29 juillet 1832, à propos du décès de Jeremy Bentham.

269.

Cf. XIII - La Chambre de commerce.

270.

L'Echo de la Fabrique, 17 mars 1833.

271.

Sidney Lee, Dictionnary of national biography, London, Smith, Elder & c°, 1903.

272.

Dîner organisé à l'occasion de l'Exposition universelle de Londres de 1862.

273.

Lettre d'Arlès-Dufour datée "Londres, dimanche", [mai-juin 1862], à Pauline (Archives familiales).

274.

Michel Chevalier, M. Arlès-Dufour, op. cit.

275.

Archives familiales.

276.

A[rlès]-D[ufour], Un mot sur les fabriques... , op. cit., p. 147.

277.

Texte d'Arlès, Les ouvriers, daté de 1822 (Archives familiales) déjà cité in V - L'installation lyonnaise".

278.

Cf. XI - Le "tarif" et les canuts.

279.

Texte d'Arlès seulement daté 1822 (Archives familiales).

280.

Cf. II - L'errance allemande.

281.

Texte d'Arlès : 1828 L'état du monde politique (Archives familiales).

282.

A[rlès]-D[ufour], Un mot sur les fabriques... , op. cit., p. 22. Le paragraphe d'où est extraite cette citation est reproduit plus complètement in XV - Fabrique lyonnaise et fabriques étrangères.

283.

Ibid., p. 6.