XI - LE "TARIF" ET LES CANUTS

"Emeutes", "signes menaçants", "guerre sourde".... Que voici bien des termes inquiétants sous la plume du commissionnaire en soierie, en contact quotidien avec la Fabrique, au moment où il rédige le projet de la future Commission de travail et de prévoyance444. En ces mois d'août-septembre 1831, n'augurent-ils pas de futurs manquements à l'ordre, et, par eux, d'un tournant dans l'histoire sociale, de la naissance d'une lutte des classes ?

Des signes avant-coureurs s'étaient manifestés depuis les Trois Glorieuses ; la classe ouvrière, sans qui la bourgeoisie commerçante n'aurait pu parvenir au pouvoir, s'était sentie dupée, faute de retirer une quelconque amélioration de son sort. Pourtant, elle avait pu l'espérer. ‘ "C'est le peuple qui a tout fait depuis trois jours ; c'est pour lui que doivent être les résultats de la lutte445" ’, avait écrit Le National, dès le 30 juillet 1830.

Une bien émouvante lettre du ‘ "20 janvier 1831 an de la liberté" ’ émanant d'un ‘ "Lyonait bon patriotique et défenseur de la misère chose très [?]" ’, en atteste : ‘ " Les gardes nationaux ainsi que [les] magistrats de cette ville qui furent les premiers dans les trois jours à implorer le secours des ouvriers pour soutenir la liberté qui vous est si chère ainsi qu'à nous, vous réclamez maintenant l'ordre public que nous avons su maintenir à cette époque [...]. Mettez-vous la main sur la conscience. Pour les repousser [les perturbateurs malheureux], n'employez pas le fer, protégez-les, ils sont dans l'indigence. C'est le seul moyen d'éviter la guerre. Les malheureux qui aujourd'hui insistent ne sont entraînés que par la famine446."

A défaut de gratitude, les ouvriers prirent néanmoins conscience de la force que, groupés, ils représentaient. Comme dans la capitale, étalés au cours de cette année 1831, divers mouvements se signalent plus ou moins vigoureusement à l'attention de l'autorité lyonnaise : les portefaix d'Ainay, les "Volontaires du Rhône" avec leur projet d'expédition en Savoie, les terrassiers employés aux fortifications, les maçons. La Fabrique, quant à elle, connaît ‘ "une année de reprise économique, à mi-chemin de la crise et de la pleine prospérité447. ’" Malgré des journées harassantes, de 16 à 18 heures parfois, écrasés par de nouveaux impôts, les chefs d'atelier, fabricants d'étoffes de soie unies et façonnées, ne voient pas leur niveau de vie s'améliorer : ils veulent, ‘ "cédant à l'impérieuse nécessité, [...] chercher un terme à [leur] misère."

C'est ce que réclame "cette partie industrieuse et intéressante de la population" au préfet, le 18 octobre, dans une lettre respectueuse et confiante dans sa médiation. D'emblée, elle rejette l'‘ "idée d'arriver à son but par des voies violentes et illégales" ’, car, dit-elle, elle ‘ "n'ignore pas que ce n'est que par l'ordre et la tranquillité qu'elle obtiendra cette confiance, base fondamentale du commerce qui lui assure par son travail une ressource à ses besoins journaliers448..."

Dans le but de créer un tarif et un règlement à discuter par les parties intéressées, se constitue une commission de 80 maîtres-ouvriers. Les nouvelles autorités sont en place depuis peu : le général Roguet, commandant la 19e division militaire a succédé, le 28 février, au général Bachelu révoqué ; le préfet Bouvier-Dumolard a relevé le 14 mai Paulze d'Ivoy, également destitué. L'un et l'autre s'inquiètent de la perspective de troubles éventuels. Bien que traditionnellement en compétition, ils semblent favoriser tous deux, avec le soutien de la Chambre de commerce, la négociation entre les parties. C'est ce qu'approuve le conseil des prud'hommes réuni, le 11 octobre, sur la suggestion du général Roguet faite à son vice-président M. Second449 : ‘ "Considérant qu'il est de notoriété publique que beaucoup de fabricants payent réellement des façons trop minimes" ’ le conseil déclare ‘ "utile qu'un tarif au minimum soit fixé pour le prix des façons450" ’.

Ainsi en est-il fait le 25 octobre, sous la présidence du préfet, aussi sous sa pression, en son hôtel place des Jacobins, en présence du maire451, des conseillers prud'homaux,de vingt-deux fabricants et de vingt-deux chefs d'atelier. Ce tarif ‘ "... librement débattu 452 et consenti entre les délégués des fabricants et des ouvriers453" ’ entrera en vigueur le 1er novembre. Le nom du préfet est acclamé dans les rues de la ville en fête. La bonne foi des signataires est indéniable. Quel que soit le camp. Mais dans chacun d'eux, l'unanimité est loin d'être réalisée. Bon nombre de fabricants ne s'estiment pas concernés par les engagements pris par des "délégués", non mandatés par l'ensemble de la corporation et seulement désignés par la Chambre de commerce : pour la plupart, le tarif n'a pas lieu d'être appliqué. Ce tarif ne les satisfaisant pas pleinement non plus, les ouvriers s'amassent à nouveau dans les rues, le 3 novembre, comme ils l'avaient fait la veille.

Le docteur Desgoultières, ‘ "père de l'un des fabricants d'étoffes façonnées dont la maison est l'une des premières en ce genre" ’, s'en inquiète et alerte son ‘ "Très cher et honoré confrère" ’, le docteur Prunelle, toujours à Paris. Malgré la gravité des événements qui secouent sa ville, celui-ci continue d'y remplir son mandat de député de l'Isère. Pour Desgoultières, ‘ "la disproportion de leur salaire journalier avec leurs besoins [...] n'existait que pour le plus petit nombre des ouvriers et [...] il eût été facile à une autorité administrative capable et prévoyante d'améliorer leur position sans se laisser imposer des lois par les masses." ’ Selon lui, ‘ "le besoin n'a pas été le vrai mobile du rassemblement illégal de la grande majorité des ouvriers" ’, la chose ne fait pas de doute, il s'agit d'une machination dans laquelle il voit le "doigt carliste" ; il n'est pas unique à le désigner et à supposer aussi que, peut-être, il ne s'agit pas du seul instigateur. Afin de mettre un terme à cette agitation, Desgoultières suggère le plan suivant :

‘"1 / Retour prochain du maire pour reprendre les rênes de l'administration municipale, tenues, en ce moment, par une main faible et inexpérimentée, afin qu'il puisse s'entendre avec le général Roguet, homme capable et résolu, sur les mesures ultérieures à prendre.
2 / Prompte installation du général Ordonneau, comme chef de la garde nationale.
3 / Franche coopération d'un préfet qui ait des c.....
4 / Désarmement prudent et simultané des hommes de la garde nationale [...] et à, cet effet, réunion dans notre ville d'une force militaire suffisante, surtout en cavalerie.
5 / Ordonnance royale motivée par une protestation qui vous sera prochainement adressée et qui prononcerait la nullité de toute délibération illégale prise contre le texte des lois qui régissent l'industrie et le commerce454 [...]."’

Egalement le 3 novembre, Arlès-Dufour écrit, lui aussi, à Prunelle avec qui il entretient une correspondance suivie. ‘ "Je marche droit aux questions que vous me posez" ’, lui répond-il, précisant : ‘ "Vous me connaissez trop pour penser que mon intérêt privé puisse jamais influencer mon opinion sur un objet d'intérêt général ; vous et moi sommes, je le crois, de l'excessivement ’ ‘ petit nombre d'hommes désintéressés. Ma lettre455 était officielle et pleine de vérités que je suis prêt à signer." ’Quant à la situation, il en rend compte dans les termes suivants :

"Les fabricants qui ne savent rien faire que crier, travaillent encore à leur protestation ; vous la recevrez, ou le ministre, sous peu - Ce que j'avais prédit arrive. Enhardis par la lâcheté de l'autorité et la terreur que montrent les fabricants, les compagnons ne travaillent pas, s'agitent, menacent : ils ont nommé des commissaires pour visiter les métiers et empêcher les maîtres raisonnables de travailler au-dessous du tarif. Depuis 10 à 12 jours, il ne rentre presque point d'étoffe. Aujourd'hui, il y a encore de nombreux rassemblements à La Croix Rousse et les propos les plus affreux y sont proférés hautement.

"Les choses en sont venues au point que pour qu'elles reprennent leur cours naturel, il faudra absolument une démonstration énergique. Qui la fera, il n'y a que le général qui ait des c...., mais on ne le consulte pas et, d'ailleurs, convient-il de mettre les soldats aux prises avec le peuple ! C'est pitié, mille fois pitié, de voir que dans la sphère la plus élevée, les questions les plus saugrenues trouvent des défenseurs ’ ‘ 456 ’ ‘ ."

Là-dessus, il aborde les questions sur lesquelles Prunelle l'a interrogé, en vue de débats prochains à la Chambre ou pour en référer aux instances ministérielles. La question du transit457, tout d'abord : ‘ "Nos fortes têtes lyonnaises ont vu dans la suppression du transit des soieries une branche de salut pour nos fabriques. Quand on se noie, on s'accroche aux branches" ’. Suivent diverses considérations, de trajets, de temps, de frais, qui plaident en faveur de son maintien : ‘ "La suppression du transit serait une tracasserie honteuse et digne du système continental, elle ne profiterait pas à Lyon et nuirait grandement au pays en général qui est aussi quelque chose même hors de Lyon - Le transit vaut [?] de l'or et le gouvernement ne saurait trop le faciliter et le provoquer pour tous les articles imaginables. Que dirait Le Havre qui reçoit des millions de colis en transit ? Que dirait le pays que parcourent les diligences et les rouliers qu'entretient le transit ? Misérable esprit de localité ! Comment, vous qui êtes si fort imbu des principes rationnels, pouvez-vous vous décider à défendre une idée aussi étroite ? Vint-elle de mon père de mon [un mot illisible], je m'y refuserais."458

Au détour d'une phrase, à l'appui de sa démonstration, citant les articles de Bâle, Zuric (sic), Crefeld, Elberfeld, le voici qui précise : ‘ "Ainsi, ’ ‘ ma maison de Zuric ’ ‘ a les commissions pour la saison de printemps et celles pour Lyon arrivent à présent." ’ Si nous connaissions l'existence de cette succursale - comme d'autres qui apparaîtront par la suite -, au moins est-il possible de situer approximativement la période d'une acquisition qui n'aura guère tardé459. Décidément, Arlès-Dufour a des menées ambitieuses pour ses affaires conduites rondement ; il étudie, prospecte, s'organise, cherche à réduire le nombre de ses intermédiaires, fournisseurs et acheteurs, et étend ses ramifications commerciales hors de Lyon, et même hors de France !

Toujours dans le même courrier, pour satisfaire à la demande de Prunelle, après la question du transit et "après avoir bien réfléchi", il traite des "métiers", cherchant à déterminer leur nombre mais devant l'obligation de ne pouvoir répondre qu'approximativement. C'est l'occasion de pester contre un pays comme le nôtre, ‘ "où les administrations font la sourdine, où les douanes ne publient rien, où l'administration ne sait rien" ’. Il détaille les secteurs de production (Lyon, ‘ "la campagne y compris L'Arbresle" ’, les bords du lac de Zurich), distingue les unis des façonnés, les fabrications (mouchoirs, gazes, écharpes, étoffes pour gilets), leurs destinations (Amérique et Allemagne) pour conclure : ‘ "Je crois que l'on peut évaluer le travail des métiers à une moyenne de 4.000 F par an par métier façonné ou uni, ce qui porterait le produit de 24.000 métiers à 96.000.000 F. A vue de payer, j'évalue les exportations de Lyon de 80 à 90 millions dans lesquelles j'évalue Saint-Etienne et Saint-Chamond pour environ 10 à 22 millions. Ce qui ferait ressortir la consommation intérieure de 15 à 25 millions, selon le temps calme ou agité - Vous voyez que sans l'étranger, nos fabriques seraient mortes."

Il faut donc exporter, toujours et davantage, et disposer d'une législation favorable. La conviction de la liberté en tous domaines, de la nécessité du libre-échange ne cesse de l'animer. Mais la question n'est pas là. Tout au moins, pour l'instant. Arlès-Dufour maintenant combat les assertions dont son correspondant, le docteur Prunelle, se fait l'écho et argumente avec son franc-parler habituel : ‘ "Quant aux velours de Crefeld, vraiment docteur, la question est par trop forte. Et ceux qui vous ont dit qu'à qualité égale, les velours de Crefeld présenteraient une différence de 15 F l'aune sur la nôtre, méritent de manger du foin et même quelque chose de moins propre."

Et là, la surprise est grande.

Tout portait à le croire - lui, toujours associé aux affres et aux espoirs des infortunés - favorable à cette lutte menée par les ouvriers et satisfait de l'heureux aboutissement de leurs revendications. Absolument pas ! En toute objectivité, il se déclare hostile au tarif ! Mais en cela il reste dans le droit fil de sa pensée, exprimée déjà sur le sujet en 1822460 !

A propos des velours de Crefeld, péremptoire, il revient à la charge : ‘ "Le tarif tue cette qualité, car, à 50 c. de différence, le commissionnaire est obligé de renvoyer la commission. Certains articles tarifés, entre autres ceux pour la consommation intérieure, pourront être continués sans donner perte aux fabricants que la concurrence étrangère ne talonne pas, mais ceux-là ne font pas masse. Les principaux, ceux qui occupent le plus de bras, sont les métiers qui font les articles légers unis ou façonnés tant pour l'Amérique que pour l'Allemagne. Ces consommations sont tellement exploitées que les bénéfices sont limités pour tout le monde. - Je ne crois pas me tromper en disant que, sur les unis, le fabricant n'a pas plus de 4% et sur les façonnés plus de 8 ou 10. Or, sur les unis légers, le tarif apporte une hausse de 7 à 8%, non dans le prix de la façon, mais dans celui de l'étoffe. Les Américains ne peuvent hausser parce que les nouvelles sont mauvaises et le fabricant ne peut travailler à perte. - Quant aux façonnés, sur certains articles qui font la masse des affaires, il y a une hausse tellement ridicule que le fabricant ne peut penser à les continuer sans se ruiner."

Mais les bruits d'une aggravation de la situation s'amplifient. Le capitaine de la garde nationale interrompt sa longue lettre à Prunelle pour endosser l'uniforme. ‘ "Les menaces de rassemblement de la Croix-Rousse avaient fait craindre, pour le soir, des voies de fait. Il n'y a rien eu." ’ Il raccroche sa tenue pour "dîner" chez le général Roguet ; cette invitation semble si peu exceptionnelle que le convive charge le commandant de la région militaire, écrivant également à Prunelle, d'annoncer au destinataire son élection comme conseiller municipal. Un mandat qu'Arlès-Dufour qui ne semble pas avoir brigué le renouvellement du sien, commente : ‘ "Les hommes qui ont du coeur auraient été blessés si vous n'aviez pas été nommé pour la 1ère section. Dans tout ce qui se passe, on vous rend justice, en criant contre votre absence461."

Après ce dîner, Arlès-Dufour rejoint les fabricants qui, de leur côté, ne restent pas inactifs. Ils nomment une ‘ "commission pour éclairer l'autorité qui est aveugle, sur ce qui se passe et menace de se passer" ’, assure-t-il toujours dans le même courrier daté du 3 novembre et non encore clos. Le lendemain 4 novembre, au matin, réunion à la mairie, à la demande de l'adjoint Boisset. En chemin, il découvre l'"Avis" invitant les "honnêtes gens" à ne pas se mêler aux groupes ‘ "pour ne pas nuire à l'action répressive de la police462" ’, que ‘ "le préfet vient enfin de se décider à afficher" ’. Un avis aux ouvriers jugé ‘ "paternel et mou" ’. ‘ "Les gardes nationaux ont ordre de se tenir en uniforme. En se montrant prêts à réprimer, on n'aura pas besoin de le faire ; au contraire, en ayant l'air d'avoir peur, on se met dans le cas de réprimer", ’ ajoute Arlès-Dufour.

Avant de terminer cet interminable courrier, ‘ "l'un des représentants les plus éclairés de l'industrie lyonnaise463" ’ propose à son correspondant, s'il a ‘ "besoin de plus amples détails sur la fabrique de Lyon et sur toutes les fabriques étrangères" ’, de les lui donner de vive voix. Il sera à Paris les 12 ou 13 du mois. Le passage sera bref, deux jours, car, ‘ "(entre nous)" ’, il lui confie qu'il va à Londres où il séjournera, ‘ "sans doute, assez longtemps" ’.

Nous savions le personnage déjà installé dans la vie lyonnaise et l'influence que lui procurent sa personnalité et sa position. Mais le voici qui pense qu'elles lui permettent davantage. ‘ "Si je puis y [à Londres] être de quelque utilité au gouvernement, disposez de moi. Dans tous les cas, comme je n'ai pas grand chose à faire, je ne serai pas fâché d'avoir une bonne lettre d'introduction pour notre ambassadeur, non pas que je tienne aux invitations qui peuvent en résulter, mais parce que cela me mettrait à même de voir des hommes intéressants et supérieurs et, en même temps, faciliterait si, pour mon instruction personnelle qui a toujours pour but les intérêts de mon pays, j'avais besoin d'appui. En arrivant à Paris, vous verrez ma première visite et, si vous ou vos amis aviez des missives ou commissions pour Londres, tenez les prêtes, parce que je n'ai ni l'intention, ni le temps de faire antichambre chez les ministres464."

Des lignes importantes : pour mesurer la confiance absolue et l'ascendant acquis par le garçon de courses de sa prime jeunesse ; pour remarquer la constance du vigoureux désir d'apprendre et, comme Montaigne, de ‘ "frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui ’" ; avec aussi, pour objectif, le profond désir de se tenir au service de son pays. Des civilités amicales terminent cette longue lettre, cette très longue lettre de neuf pages, de l'infatigable épistolier qui a horreur de lire celles qui en dépassent quatre ! Mais l'inquiétant contexte lyonnais en offrait la matière et il convenait de renseigner le parlementaire et le maire avec toute la précision souhaitable...

Le 5 novembre, une assemblée de fabricants, présidée par Clément Reyre465, se réunit dans l'"après-dîner" dans la salle de la Bourse. Une Commission nommée dans une réunion précédente avait rédigé un mémoire à l'intention du président du Conseil des ministres ; le document est ‘ "lu, universellement approuvé466" ’, et reçoit les signatures des participants. On nomme une députation composée de Bonnet, Goybet et Paul Reverchon "‘ trois choix excellentissimes" ’, fabricants d'uni, d'étoffes façonnées et de "schalls. ‘ "Les trois mandataires doivent partir demain. Ils seront accompagnés - ’ ‘ précise la lettre de transmission, ’ ‘ "écrite séance tenante" par Reyre à Prunelle - de M. Arlès-Dufour qui va partir à Paris pour ses affaires et que l'assemblée de cette après-midi a désiré voir adjoint aux trois députés de la fabrique." ’ Un exemplaire de mémoire sera posté, le soir même, à l'adresse du destinataire et de Prunelle : ‘ "Il y a véritablement urgence, chaque jour aggravant la position de notre branche d'industrie en compromettant davantage la tranquillité de la ville." ’ Enfin, quatre autres exemplaires de mémoire, à l'intention des députés du Rhône, seront portés par la délégation. Elle n'aura pas à le faire !

Le 10 novembre, Arlès-Dufour en fournit les raisons à Prunelle, toujours à Paris : ‘ "Pendant que j'étais à la campagne, les fabricants, assemblés en grand nombre, ont décidé et nommé une députation et m'y ont convoqué. Dès qu'on m'a fait part de cette décision, je l'ai blâmée comme inopportune et sans but. Les délégués, après réflexion, ont pensé comme moi et restent" ’. Et il explique : ‘ "Au fait, il s'agit tout simplement du changement de préfet et une députation serait très embarrassée d'indiquer un autre but. Le tarif, absurde et illégal, qui pèse sur Lyon ne peut être annulé par celui qui l'a, pour ainsi dire, laissé imposer ou plutôt imposé. Je vous dirai comment j'entends cela. Le mémoire des fabricants n'est pas élégant mais il est exact et impartial : je pense que, dès sa réception, le préfet sera destitué."

Et, sûr de son crédit, il ajoute : ‘ "Je serais fâché qu'il ne le fût qu'après mon passage et qu'on pût m'attribuer une influence dans la décision ministérielle." ’ Non, ce préfet, il ne l'apprécie guère et le traite sévèrement : ‘ "Il ne doit pas manquer au ministre de documents qui prouvent que M. [Bouvier] Dum.[olard] est incapable tout en se croyant fort capable, et que, par son incapacité, il a mis la ville de Lyon dans la position la plus inquiétante. [...] Mais il s'est isolé - sans doute forcément ayant toujours été ou malade ou absent. [...] Faut-il un homme nul ici ? A quoi bon le payer pour être malade ? Il n'est excusable dans sa conduite [?], nulle et lâche, que par sa maladie."

Arlès-Dufour quitte Lyon ‘ "samedi par le courrier" ’, soit le 12 novembre. Un voyage de ‘ "72 heures " ’ commence, à bord d'une diligence ‘ "très légère et très bien suspendue467" ’, pour l'amener mardi matin à six heures, à l'hôtel Montmorency. ‘ "Si vous voulez m'attendre, j'irai, à 9 heures du matin, déjeuner avec vous et Madame Prunelle. Nous aurons bien à causer. Si vous sortez plus matin, vous me trouverez chez moi jusqu'à 8 heures. Adieu468." ’ C'est dans ces conditions harassantes que, avant le départ prévu pour Londres, va débuter ce court séjour parisien. A cette occasion, il a ‘ "promis à MM. les fabricants de les représenter ’ ‘ officieusement469 auprès du ministre s'il juge convenable de [lui] donner audience."

"Vous me connaissez trop pour penser que mon intérêt privé puisse jamais influencer mon opinion sur un objet d'intérêt général" ’, avait-il écrit à Prunelle.

Croire le contraire, ne serait-ce pas faire injure à la mémoire d'Arlès-Dufour ? Mais quelle peut bien être la cause de cet abandon, de cette prise de position préjudiciable en la circonstance à ‘ "la classe la plus nombreuse et la plus pauvre" ’, comme il dit, et dont l'état le hante pourtant ? Certes, les raisons économiques, à court et moyen terme, aux plans local et national, apparaissent indiscutables dans sa démonstration : ‘ "Le tarif tue la qualité des velours et le commissionnaire est obligé de renvoyer la commission ... Le fabricant ne peut travailler à perte ... Le fabricant ne peut penser à les [les façonnés] continuer sans se ruiner." ’ a-t-il écrit. Mais la médiation que l'on aurait, peut-être, pu espérer de lui n'est même pas à envisager.

En réalité, l'enseignement reçu de Jean-Baptiste Say, élevé au rang de dogme, le guide fermement et prime toute autre considération ; l'étudiant du Conservatoire des arts et métiers n'a pas oublié le maître citant les maximes libérales de Colbert : ‘ "La liberté est l'âme du commerce" ’ et ‘ "Tout ce qui tend à restreindre cette liberté ... ne peut rien valoir470" ’. La loi de l'offre et de la demande doit être la règle ! Cette position reçoit le renfort, bien inattendu, d'un chef d'atelier tisseur, opposé à la revendication de ses confrères, Pierre Charnier, d'esprit saint-simonien471 et apôtre de l'association - lui aussi - et du mutuellisme. Plus tard, Charnier rappellera : ‘ "Avant les malheurs de novembre 1831, j'ai compris que rien n'était plus illusoire que le tarif. [...] Le tarif de 1831 devait s'anéantir de lui-même comme tous ceux qui l'ont précédé [...]. De même que les marchands fabricants ne ’ ‘ peuvent s'opposer à l'augmentation des matières premières et des façons quand ces deux choses sont recherchées, de leur côté, les sériciculteurs ainsi que les tisseurs sont également impuissants pour s'opposer à la baisse lorsque la soie et la main-d'oeuvre sont offertes472."

C'est également ce qu'exprime Monfalcon : ‘ "Le tarif est absolu, et les bases sur lesquelles il repose sont essentiellement changeantes. Sous un autre rapport, il détruit la liberté du commerce, et tue par conséquent le commerce lui-même473." ’ Son contemporain Arlès-Dufour en est convaincu. L'abolition, sept ans auparavant, du bill de Spitalfields n'avait pu que renforcer dans ses opinions l'observateur attentif de la politique commerciale britannique. Que s'était-il passé après la promulgation de cet acte accordant, en 1773, aux ouvriers en soie du Middlesex, le droit d'exiger un salaire déterminé et fixé par les magistrats ? ‘ "L'effet nécessaire d'un tel acte fut de diminuer tous les ans la fabrication de Spitalfields, jusqu'à ce qu'enfin un grand nombre de fabricants quittèrent le commerce ou abandonnèrent au moins les articles qui, sous ce régime, donnaient les moindres profits474." ’ Arlès-Dufour en a tiré les mêmes conclusions, exprimées en 1834, : ‘ "Fort de l'expérience de 120 années de prohibition, qui n'avaient servi qu'à paralyser l'énergie des fabricants et les développements de l'industrie, dont la situation était devenue de plus en plus déplorable, M. Huskisson proposa, le 8 mars 1824, d'abolir toutes les prohibitions, à partir du 5 juillet 1826, et de les remplacer par un droit de 30 pour cent. [...] Le système prohibitif ou protecteur avait pesé trop longtemps sur les fabriques de soieries anglaises475 [...]."

Les précédents des tarifs lyonnais de 1807 et 1817, eux aussi, étaient convaincants et la jurisprudence de l'autorité gouvernementale, sous quelque régime, parfaitement établie aux termes de la loi du 22 germinal an II476. En 1819, le ministre de l'Intérieur avait rappelé au lieutenant de police de Lyon : ‘ "Il convient de laisser à la libre concurrence le soin de fixer le prix du travail et des produits de l'industrie, ce principe étant la base de notre législation en la matière477."

Dès lors, le mémoire des fabricants, fermement hostiles au tarif, ne pouvait recevoir qu'un accueil favorable de la part du comte d'Argout, ministre du Commerce et du président du Conseil Casimir Périer. ‘ "Le tarif ne peut subsister ...Il n'a pas force de loi." ’ Aussitôt, l'émeute gronde. Selon Michelet, dans son Journal, ‘ "M. Arlès avait averti Casimir Périer de l'imprudence de ’ ‘ Dumolard" ’ ; il avait été ‘ "mal reçu478." ’ Le 21 novembre, les tisseurs dévalent les pentes de la Croix-Rousse, les tambours battent le rappel, des gardes nationaux sont désarmés, la bataille s'engage, les barricades s'élèvent, la population est terrorisée. De violents combats se poursuivent le lendemain dans le centre. Sous les yeux effrayés de Mme Arlès-Dufour - à moins qu'elle et ses enfants ne se soient réfugiés à la campagne -, une batterie, sur ordre du général Roguet, tire du quai Saint-Clair, pour empêcher le franchissement du pont Morand et du pont Lafayette, sur les Brotteaux d'où les ouvriers entretiennent un feu nourri479. La garde nationale sur laquelle comptait le général Roguet a réuni à peine trois cents hommes et un grand nombre d'ouvriers qui en faisaient partie rallient les insurgés. La troupe, insuffisante en nombre, ‘ "fatiguée", "dépourvue de munitions" ’, débordée par ‘ "une multitude immense en armes" ’, le préfet et le général Roguet, dans un communiqué commun, reconnaissent, à minuit, l'inanité des combats ; pour prévenir une nouvelle effusion de sang, ‘ "le seul parti à prendre dans cette grave circonstance est de quitter la position de l'Hôtel de Ville pour en occuper une plus avantageuse en dehors des murs480."

Dans la même nuit du 22 au 23, à deux heures et demie du matin, le préfet resté à son poste, l'adjoint Boisset faisant fonction de maire, le procureur général Duplan, également conseiller municipal, dressent un procès-verbal certifiant entre autres : ‘ "3° Qu'en ce moment-ci la désorganisation la plus complète règne dans la ville, que l'insurrection domine dans tous les pouvoirs [?], et que les lois et les magistrats y sont sans force481. [...]" ’ Pendant ce temps, ‘ "toutes les forces militaires de toutes armes, celles de la gendarmerie, de la garde nationale, se retirent hors de la ville, en direction du faubourg de Bresse, par Saint-Clair" ’, théâtre, le soir, de scènes de déprédations commises, à proximité immédiate. La maison Auriol et la maison Sugny du port Saint-Clair, celle des sieurs Perret et Blanc, occupées par des magasins et des particuliers, sont mises à sac ; un feu est allumé avec des balles de soie et des étoffes. Des immeubles voisins, occupés également par des marchands, sont épargnés de justesse, grâce à des chefs d'atelier ou des ouvriers faisant sentinelle à la porte des comptoirs pour respecter vies et propriétés482. Parmi ces immeubles, située à l'angle de la place Tolozan et du quai Saint-Clair, la maison Milanais483. C'est justement là, au 21 port Saint-Clair484, qu'Arlès-Dufour, parti à Paris, a laissé femme et enfants. C'est également, au même lieu, qu'il possède bureaux et entrepôt de soie. Il s'en faut de peu qu'il ne soit brutalement sinistré et ruiné !

La ville, administrée par un état-major provisoire composé d'ouvriers et nommé par Bouvier-Dumolard resté sur place, demeure aux mains de l'insurrection. ‘ "Et comme les ouvriers en soie [...] sans jamais avoir eu la pensée de dévaster la ville qui les nourrissait, se trouvèrent fort embarrassés d'une victoire dont ils ne savaient que faire, tout rentra dans l'ordre comme par miracle485." ’ Le 3 décembre à midi, la situation rétablie, le duc d'Orléans, accompagné du maréchal Soult, ministre de la Guerre, entouré de troupes nombreuses, pénètre dans la cité par la barrière de Vaise. Il vient témoigner de la clémence de Louis-Philippe. ‘ "Quittez votre deuil et revêtez vos habits de fête", ’ ‘ avait demandé Bouvier-Dumolard, ajoutant lyriquement ’ ‘ : "C'est l'arc-en-ciel qui annonce la fin de l'orage486..."

Trois jours après cette arrivée, il est révoqué et remplacé par Gasparin. Ce nouveau préfet - provisoire pour le moment -, à peine nommé, le maréchal Soult raye définitivement tout ce qui pouvait avoir été fait ou dit au sujet du tarif. En exécution d'une ordonnance royale du 28 novembre - plaçant ainsi ‘ "en dehors du droit commun la seconde ville du royaume487" ’ -, la garde nationale de Lyon et des communes suburbaines, depuis le 16 même mois sous commandement du Lieutenant-général Ordonneau, est dissoute. Le Journal du Commerce s'insurge contre cette décision du pouvoir ; celui-ci, écrit-il, ‘ "a dissous la garde nationale lyonnaise pour la punir de ce qu'à elle seule était dû le rétablissement de l'ordre et de la sécurité si horriblement méconnus aux fatales journées de novembre488." ’ C'est après cette dissolution qu'Arlès-Dufour élabore son projet de plan de secours489.

Malgré la gravité de la situation qu'il ne se dissimulait pas, laissant sa famille derrière lui, le voyageur se rendit-il, en définitive, à Londres ? Y eut-il la faculté de passer le porche du 50 Portland Place, ‘ "la maison la plus recherchée de Londres490" ’, et de présenter ses devoirs à l'ambassadeur de France, le roué Talleyrand ? De retour ou resté sur place, son accablement est évident.

Pour venir en aide à la Fabrique491 et tenter de remédier à certaines situations, quelques dispositions sont arrêtées ; Louis-Philippe passe une commande de 640.000 F d'étoffes d'ameublement492. On projette de créer une caisse de prêts aux chefs d'atelier, de réformer le conseil des prud'hommes. Des subventions extraordinaires, gouvernementales et municipales, sont octroyées aux indigents et aux ouvriers sans travail. Dès le 25 novembre, lors d'une délibération du conseil municipal, ‘ "afin de pourvoir aux besoins urgents occasionnés par les circonstances" ’, un emprunt de 300.000 F avait été lancé, contre des obligations de 3.000 F chacune, portant intérêt à 5 % l'an et remboursables fin juin 1832, ‘ "ou plus tôt s'il le peut" ’. Sur la liste des souscripteurs, évidemment les noms des maisons les plus prospères, en raison du montant élevé de chaque titre : Louis Pons-Morin et Steiner, Jean Bontoux, Laurent Dugas, Brölemann & C°, Vve Guérin, Beaup, Dufour frères et Cie. Par l'entremise d'Arlès-Dufour, cette dernière maison souscrit pour 6.000 F. ‘ "Les souscriptions ayant de beaucoup dépassé la somme de 300.000 F, il a été demandé aux intéressés d'en restreindre le montant493" ’. Chaque souscription est ainsi ramenée à 3.000 F.

La générosité d'Arlès-Dufour venait, une nouvelle fois, de se manifester. ‘ "On ne sait pas de quoi les hommes sont capables quand ils ont faim" disait-il en ma présence, à sa femme qui se montrait trop dure, à son avis, pour les auteurs de quelques désordres qu'il était le premier à condamner". J'ai eu faim, moi, et je m'en souviens494" ’, rapportera plus tard Frédéric Passy.

"Circonstances" ou "désordres", comme on le disait avec pudeur, peu importe ; on s'interrogeait sur leur origine. Les avis semblaient - et semblent encore... - bien partagés. On accusait la Révolution de Juillet, la misère, les ‘ "vexations continuelles" et les "mauvais traitements495" ’ des fabricants. De près ou de loin, les soupçons se portaient sur les carlistes, les républicains ou encore les mutuellistes. Egalement sur les saint-simoniens. Comme d'autres, Stendhal le pense et l'assure, le 1er décembre, à Mérimée : ‘ "Et puis, il se passe tant de choses qu'on n'a pas le temps d'écrire. Croirez-vous que le saint-simonisme a joué un très grand rôle dans les affaires de ’ ‘ Lyon ? C'est pourtant l'exacte vérité. Le tapage a commencé à la suite d'une prédication à laquelle un très grand nombre d'ouvriers avait assisté. Du jour où les Pères Enfantin, Bouffard, Bazard, et Cie voudront parler français, langue qui heureusement ne leur est pas très familière, tous les gens qui ont un habit de drap fin et qui changent de chemise une fois par jour sont foutus et bisfoutus. [...] Croyez-moi, placez vite un ou deux millions en Turquie. C'est le seul pays qu'un homme ami de la tranquillité puisse encore habiter... Une lettre de Lyon d'un homme d'esprit, qui paraît avoir eu diablement peur, me dit que les ouvriers en soie jetaient leurs morts et leurs blessés dans le Rhône afin de ne pas décourager les autres496." ’ A ces ouvriers justement, ‘ "plus à plaindre qu'à blâmer" ’, le Constitutionnel, lance cet avertissement : ‘ "...qu'ils gardent bien de céder à des suggestions perfides ou à des promesses saint-simoniennes. L'anarchie empirerait leur situation, voilà tout497."

Ces fortes présomptions qui pèsent sur les saint-simoniens sont-elles également partagées par Prunelle ? Il semble bien que le maire de Lyon les ait exprimées, plus ou moins clairement, à son ami. Car, avant de "marcher droit" aux questions posées, Arlès-Dufour rabroue son correspondant : ‘ "Vous êtes tout entier dans votre lettre du 30 ; je ne répondrai pas à vos sorties contre le saint-simonisme. Vous m'êtes trop supérieur pour que j'aie jamais conçu l'idée de vous convertir à une doctrine que vous ne vouliez que seulement étudier498."

C'est que cette doctrine est la sienne : Arlès-Dufour est saint-simonien.

Notes
444.

Cf. chapitre précédent.

445.

Le National, 30 juillet 1830, cité par Jean Lhomme, op. cit.

446.

AML, I 2 37 (2 bis), 1831 (Emeutes 21-23 novembre). L'orthographe - volontairement ? - capricieuse a été redressée dans la citation des termes de cette lettre.

447.

Fernand Rude, C'est nous les canuts..., op. cit., p. 15.

448.

Lettre du 18 octobre 1831 au préfet signée "Vos très humbles et très obéissants serviteurs" (Histoire du Lyonnais par les textes, op. cit., p. 190).

449.

Pierre Montagne, op. cit., p. 121 et s., selon AML, Lyon, documents politiques 1813-1834, t. XII.

450.

"Extrait des registres des délibérations du conseil des prud'hommes de la ville de Lyon - Séance extraordinaire du 11 octobre 1831 (Catalogue de l'exposition de la BML (28 mars - 26 mai 1984) : C'est nous les canuts Novembre 1831 - Avril 1834, document n° 69, p. 9).

451.

Selon le placard du 27 octobre 1831, AML, Documents Gasparin VIII (A. Kleinclausz, op. cit., note 1, p. 88). Bien qu'annoncée, la présence réelle du maire Prunelle paraît douteuse.

452.

Souligné par nous.

453.

"Tarif au minimum des prix de la façon des étoffes de soie.... du 25 octobre 1831, pour recevoir son exécution à partir du 1er novembre prochain. Lyon." (Catalogue de l'exposition de la BML (28 mars - 26 mai 1984), document 81, p. 10, déjà cité).

454.

Lettre Dr Desgoultières, 3 novembre 1831, au Dr Prunelle (AML, I 2 37, dossier cité, pièce 21).

455.

Texte non connu.

456.

Lettre Arlès-Dufour, 3 novembre 1831, à Prunelle (AML, I 2 37, dossier cité, pièce 23).

457.

Pour mémoire, cf., entre autres, à ce sujet Le Courrier de Lyon du 5 janvier 1832 et M. Pariset, op. cit., note p. 62.

458.

Dans un article, "Importance de l'industrie des soies et soieries", paru dans la Revue du Lyonnais, t. XV, 1842, cité, Arlès-Dufour reviendra ultérieurement sur la question du transit : "On voit de quelle importance est la navigation pour la France, et ce que deviendra le transit lorsque nous aurons des routes viables et des fleuves navigables en tous temps."

459.

A moins qu'il ne s'agisse que de son correspondant... Sur son Livre particulier, déjà cité, une première écriture, sous le nom de "propriété Thalhaus", n'apparaîtra qu'à partir de l'arrêté de compte du 30 septembre 1852 pour une valeur de 37.647 F, portée à l'arrêté suivant à 92.000 F. Mais, nous ignorons s'il s'agit ou non d'une propriété commerciale.

460.

Cf. V - L'installation lyonnaise et VI - La découverte de l'Angleterre.

461.

Suite de la lettre d'Arlès-Dufour, 3 novembre 1831, à Prunelle, reprise le lendemain (AML, pièce 23 précitée).

462.

Fernand Rude, L'insurrection lyonnaise..., op. cit., p. 337.

463.

A. Kleinclausz, op. cit., p. 83.

464.

Suite et fin de la lettre d'Arlès-Dufour, 3 novembre 1831, à Prunelle, citée.

465.

Clément Reyre est "fabricant propriétaire" au 12 quai St-Clair.

466.

Lettre de Clément Reyre à Prunelle du 5 novembre 1831 (AML, I 2 37, dossier cité, pièce 25).

467.

Almanach historique et politique de la ville de Lyon..., 1832.

468.

Lettre d'Arlès-Dufour, 10 novembre 1831, à Prunelle (AML, I 2 37, dossier cité, pièce 26).

469.

Souligné par lui.

470.

François Bluche, op. cit., p. 216, selon Actes du colloque pour le tricentenaire de Colbert, Paris 1985.

471.

Selon "2 laissez-passer saint-simoniens pour M. Charnier. Janvier 1832" (Catalogue de l'exposition de la BML "C'est nous les canuts" déjà cité, p. 19).

472.

Fernand Rude, L'insurrection lyonnaise de..., op. cit., p. 337.

473.

J.B. Monfalcon, op. cit., p. 42.

474.

Ibid., p. 8. Pour mémoire, Spitafields : faubourg soyeux de Londres.

475.

A.[rlès] D.[ufour], Un mot sur les fabriques..., op. cit., p. 53.

476.

Référence selon Edouard Dolléans, op. cit., p. 68.

477.

Maurice Moissonnier, op. cit., p. 96.

478.

Michelet à Lyon, visite à Arlès-Dufour, 29 mars 1839 (Jules Michelet, op. cit., p. 296).

479.

Catalogue de l'exposition de la BML, cité, document 101, p. 12.

480.

Communiqué signé par le préfet Dumolard et le général Roguet le 22 novembre 1831 (Histoire du Lyonnais par les textes, op. cit., p. 191).

481.

"Consultation sur l'action en responsabilité...contre la ville de Lyon..." (AML, I 2/38, 1831 Emeutes 21-23 novembre, pièce 145).

482.

Selon article "Au Courrier de Lyon" in L'Echo de la Fabrique, 6 janvier 1833.

483.

Fernand Rude, Le mouvement ouvrier..., op. cit., pp. 451-452.

484.

Dans les mêmes périodes, le numérotage du "port" varie selon les documents, tantôt 21, tantôt 22, y compris sur les actes officiels de naissance ou de décès de la famille. Selon Almanach historique et politique de la ville de Lyon..., de 1832 à 1835, l'adresse est celle du 21 ; elle passe au 22 sur les Almanachs suivants.

485.

AML, I 2/38, cité, pièce 145 citée.

486.

Catalogue de l'exposition de la BML, cité, document 140 (sans doute affiche) daté du 28 novembre 1831, p. 16.

487.

Louis Girard, op. cit., p. 225.

488.

Journal du Commerce, 14 décembre 1832, n° 1406.

489.

Cf. X - Au service permanent de la cité.

490.

Jean Orieux, op. cit., p. 745.

491.

Sous l'expression "la fabrique" se trouve couverte la totalité des activités soyeuses de Lyon.

492.

Fernand Rude, C'est nous les canuts..., op. cit., p. 185. Ce montant, rappelé par cet auteur à différentes reprises, s'élève à 64.000 F pour Kleinclausz, op. cit., p. 102.

493.

AML, I 2/37, dossier cité.

494.

Frédéric Passy, art. cit., p. 322.

495.

Lettre d'un commis-fabricant du 15 décembre 1831 (L'Echo de la Fabrique, 25 décembre 1831).

496.

Stendhal, Correspondance 1821-1834, op. cit. Egalement cité par Fernand Rude, C'est nous les canuts, op. cit., p. 249.

497.

Article reproduit dans le Courrier de Lyon du 11 janvier 1832.

498.

Lettre d'Arlès-Dufour, 3 novembre 1831, à Prunelle, citée.