XXVII - "LA REVOLUTION DU CREDIT"2439

Apparemment, l'assemblée générale de la Banque de Lyon du 28 janvier 1848 s'est tenue en l'absence d'Arlès-Dufour, l'un de ses censeurs2440. Ce n'est pas pour autant qu'au lendemain de cette réunion, il se trouve déchargé de ses fonctions au sein du Conseil d'administration présidé par Adrien Delahante. Les deux autres censeurs sont Rémond et Saint-Olive et, parmi les administrateurs, figurent notamment Bontoux, Dufournel, Dugas, Oscar Galline et Gautier2441.

Lorsqu'il est de retour de son voyage d'agrément en Italie, ayant regagné d'urgence les rives du Rhône dans la première quinzaine du mois de mars 1848, la débâcle des entreprises, des fortunes, de la ville même, est totale. L'heure est grave. Nombreuses sont les sollicitations qui attendent l'élu de la Chambre de commerce, le censeur de la Banque de Lyon, et, bien évidemment, le commissionnaire en soieries. Le temps de parer au plus pressé, comme l'instauration d'un comptoir de prêts sur les effets en instance et celui d'un comptoir de prêts sur dépôt de soie, le voici qui, pour le bien général, exhorte d'une part les ouvriers, d'autre part les fabricants, ainsi que nous l'avons vu2442.

Le mois d'avril l'amène à Paris, ‘ "pour la fusion des banques2443", ainsi qu'il le précisera par la suite, mais sans autre détail. Est-ce, en raison de ses compétences reconnues, afin de participer aux travaux de la commission ministérielle nommée pour pallier les conséquences de la paralysie du secteur bancaire2444 ? Est-ce pour le seul compte de la Banque de Lyon en sa qualité de censeur de l'établissement ? Ou pour ces deux motifs ? Avant même les événements récents, le ministère Guizot avait cherché à substituer la Banque de France aux banques départementales qui ne bénéficiaient pas toutes de la même confiance et qu'aucun lien n'unissait entre elles. En mars 1846, la Chambre de commerce de Lyon avait été invitée par celle de Bordeaux à se joindre à elle afin de s'opposer à cette prétention ; elle n'avait pas jugé opportun de le faire, ne voyant ‘ "rien de fondé dans [ses] appréhensions2445".

Celles-ci deviennent cependant réalité à la suite du décret pris le 15 mars 1848 par la Constituante, accordant à la Banque de France le monopole de l'émission des billets. ‘ "Ainsi ’ ‘ [...] tous les anciens agents de la circulation et du crédit, les banquiers sont perdus" ’ ; ‘ "la Banque de France va embrasser dans sa puissante unité toutes les banques locales, jusqu'ici indépendantes d'elle2446". Tel est le commentaire adressé par Enfantin à Dufour-Feronce, son interlocuteur allemand pour le canal de Suez en particulier. Comme celles de ses quelques homologues, les opérations de la Banque de Lyon touchent effectivement à leur terme. Et c'est, au moins, pour mettre fin à cet établissement que celui-là même qui en avait été le promoteur se trouve à Paris, au nom de son Conseil d'administration et aux côtés de son directeur Emilien Teissier2447. Le 24 avril, la convention relative est passée entre le Comte d'Argout, Gouverneur de la Banque de France, et Emilien Teissier, ès qualités. Le décret du 27 avril 1848 portant sur sept banques dont celle de Lyon consacre ce texte. La Banque de Lyon est désormais incorporée à la Banque de France et soumise aux règles d'administration de tous les comptoirs. Le 3 mai, un procès-verbal est signé aux termes duquel : ‘ "la Banque de Lyon cède et transporte à la Banque de France les valeurs mobilières et immobilières composant son actif, la Banque de France reconnaissant et prenant en charge le passif."

L'immeuble de la Banque de Lyon, place des Pénitents de la Croix, devient le siège du comptoir lyonnais de la Banque de France2448. Emilien Teissier en reste le directeur. Hormis Delahante, démissionnaire, le conseil d'administration, augmenté de deux membres (douze au lieu de dix), est conservé. Arlès-Dufour y poursuivra ses fonctions de censeur jusqu'à sa mort.

Au passage et pour tenter d'être complet, en matière bancaire, sur les débuts de la Seconde République à Lyon, une précision complémentaire s'impose. Elle vise un décret du Gouvernement provisoire du 7 mars 1848. Cet acte prévoit, dans toutes les villes industrielles et commerciales, la création d'un Comptoir national d'escompte par le concours simultané de l'Etat, des communes et des souscriptions particulières2449. Lors de la délibération du 23 mars, d'une "voix unanime2450", soit donc celle d'Arlès-Dufour, la Chambre de commerce de Lyon souscrit pour une somme de cent mille francs, en provenance des fonds libres de la Condition des soies, au profit du futur Comptoir d'escompte de la ville. Le ministre du Commerce, ignorant encore cette décision, encourage la Chambre à retenir la portée du décret du 7 mars : ‘ "Votre patriotisme saura en faire sortir d'utiles résultats : la reconnaissance de vos concitoyens sera votre récompense2451." ’ Dès le 5 avril, Olivier, directeur du nouvel établissement lyonnais installé au 2 rue d'Algérie, "escalier E, au premier étage", assure que toutes dispositions sont prises pour un fonctionnement immédiat. Il rappelle l'objectif poursuivi : ‘ "arrêter les progrès d'une crise financière qui compromettraient, avec la fortune des négociants et des industriels, l'existence des ouvriers et le repos des villes2452." Les opérations commencent de manière effective le 10 avril, pour une durée de trois ans, à l'expiration de laquelle cet organisme, ou prorogera ses activités, ou procédera à sa liquidation2453. Modérément, Brosset, à titre personnel, souscrit à quatre actions d'un montant global de 2.000 F2454.

A notre connaissance, Arlès-Dufour n'a laissé aucune trace de semblable contribution à cet intermédiaire entre la Banque de France, d'un côté, et le commerce et l'industrie, de l'autre, aux statuts rédigés par son ami Emile Pereire, auteur déjà en 1834 d'un ouvrage intitulé Le système des banques. Il est vrai que les débuts du Comptoir d'escompte s'avèrent difficiles2455. Pourtant, dès ses premiers numéros, en 1825, le journal saint-simonien Le Producteur, sous la plume d'Enfantin, avait bien insisté, nous l'avons rapidement souligné2456, sur le rôle prépondérant des banques et la fondamentale nécessité du crédit, ‘ "ces avances au travail2457", ’ ‘ "cette grande vertu sociale2458", pour encourager le développement du mouvement industriel et la croissance économique : une conception parfaitement partagée et attestée à maints égards par le fidèle disciple lyonnais.

Pareillement, ses comptes sont vierges de toute souscription au capital de la Société générale de Crédit mobilier, autorisée par décret du 18 novembre 1852, grâce au concours de Morny, futur gros actionnaire... La décision, d'essence parfaitement saint-simonienne, en revient à ses amis les frères Pereire, alors que leur vieux compagnon commun, Michel Chevalier, s'associe à l'entreprise pour en devenir administrateur, de celle-ci comme d'autres à l'instigation des mêmes. Isaac Pereire définira la nouvelle société en ces termes : ‘ "La Société générale de Crédit mobilier joue, à l'égard des valeurs représentant le capital de l'industrie, un rôle analogue aux fonctions que remplissent les banques d'escompte pour les valeurs représentant, ce que l'on appelle, le fonds de roulement. [...] Elle est une institution semblable à celle du Crédit foncier : l'un prête sur immeubles par voie d'hypothèques [...], l'autre place ou prête sur valeurs mobilières et industrielles2459."

Malgré ces buts, en dépit de ses relations confiantes et amicales entretenues avec tous, Arlès-Dufour s'abstient de participer à la vaste entreprise, à celle-ci du moins à notre connaissance. Sans doute, convient-il de penser qu'après l'incendie de ses bureaux et entrepôts, l'année précédente, Arlès-Dufour songe essentiellement à reconstituer biens commerciaux et fortune personnelle. Mais il est aussi juste d'ajouter, après report à son arrêt comptable du 30 septembre 18522460, que, outre l'acquisition de sa "maison du Talhaus" (37.647 F) et l'extension de sa propriété d'Oullins2461, il investit, l'année même de la fondation du Crédit mobilier, l'importante somme de 60.000 F dans le Crédit foncier2462.

Depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, l'ancien trésorier de 1827 de la Caisse hypothécaire de Paris caresse une idée. Il en fourmille déjà... Quelques mois après la première parution du journal Le Crédit, au lendemain des élections de 1849 et dans l'édition du 28 mai, Enfantin n'hésite pas à dresser le plan d'action de la nouvelle Chambre. Parmi les importantes mesures préconisées, il suggère la création d'un établissement de crédit foncier2463. En janvier 1850, il tempête, contre les réticences d'Arlès-Dufour à subventionner davantage encore ce journal, en passe d'être moribond. En effet, il considère cette publication comme seul instrument capable de lancer cette ‘ "grande oeuvre financière2464". Poursuivant cet objectif, aussi sa quête d'articles propres à alimenter sa feuille, après une rapide et saisissante rétrospective économique adressée à Dufour-Feronce, il interroge le destinataire leipzigois : ‘ "Aujourd'hui, qui enseignera par exemple à la France ’ ‘ le crédit foncier ’ ‘ , la lettre de ’ ‘ change ’ ‘ ? Ne sera-ce pas un homme ou des hommes venant du pays où le crédit foncier existe depuis longtemps et fonctionne facilement, et pour ainsi dire naturellement, comme un organe indispensable de la vie politique de la nation et de l'existence de chaque citoyen ? Pourquoi ne serait-ce pas vous ou quelqu'un de vos intimes ? [...] Songez qu'il fut un temps où la France donnait, au contraire, à l'Allemagne (votre famille en est un exemple) ses maîtres en industrie et en commerce. L'Allemagne ne doit-elle pas lui envoyer aujourd'hui quelques-uns des enfants de ces huguenots laborieux, pour redonner à la terre de France une culture et un crédit dignes de sa fécondité2465 ?"

La nouvelle constitution promulguée en 1852 par le Prince Président allait donner le coup d'envoi à l'essor économique de notre pays et à la mise en place d'organismes nouveaux, ainsi du Crédit foncier par décret du 28 février de la même année. Le 11 mars, le promoteur de cette idée juge insignifiantes les dispositions prévues : ‘ "[...] mon opinion est faite ; comme je ne crois ni utile, ni raisonnable de fonder un établissement de Crédit Foncier si on ne lui donne pas à sa naissance des conditions de force, de crédit, d'importance égale au moins à celles de la Banque de France, et que je ne me sens pas en position d'en être le d'Argout, je ne m'en mêle pas2466."

Ce propos désabusé découle-t-il de la déception de l'architecte de l'ouvrage de n'être pas inclus parmi les maîtres d'oeuvre, signataires des statuts, à savoir : Jean François Bartholony, "président du chemin de fer d'Orléans" (1.500 actions), Adolphe d'Eichthal, "banquier" (500 actions), Pereire "(Emile et Isaac)," 5 rue Amsterdam" (790 actions), Léon Faucher, "ancien ministre, 10 rue Blanche, Paris" (100 actions), etc.2467 ?

Malgré cela, il tient à tracer le programme de son compagnon lyonnais, resté acquis au principe et qui travaille à l'instauration, à Lyon, d'une société de Crédit foncier2468. La demande au ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce en a été transmise le 10 avril, sous vingt-trois signatures, essentiellement de banquiers (dont onze, censeurs ou administrateurs de la succursale de la Banque de France) et de négociants (actuels ou anciens), ainsi que de membres de la Chambre de commerce et de deux "propriétaires". Ce sont entre autres, et selon leur ordre alphabétique, celles de Arlès-Dufour, Aynard, de Boissieu, A. Bontoux, Th. Brölemann, Brosset aîné, A. Delahante, Desgrand, Oscar Galline, L. Guérin, Morin, F. Platzmann, Saint-Olive, etc.2469 La société projetée aura pour objet ‘ "de fournir aux propriétaires d'immeubles qui veulent emprunter sur hypothèque, la faculté de se libérer par des annuités [...]." ’ Le fonds social de garantie s'élèvera à dix millions de francs et sa zone d'influence couvrira huit départements2470.

L'affaire semble menée par Arlès-Dufour et Delahante. Faute d'une réponse, et même d'un simple accusé de réception comme souligné, ils adressent, tous deux et au nom des signataires du 10 avril, une lettre de confirmation au ministre le 26 mai, afin de former au plus tôt ‘ "l'institution due à la haute conception du Prince Président de la République et qui doit avoir des résultats si éminemment utiles, [...]2471." ’ Tel ne pourra être le cas, du moins grâce aux auteurs du projet. Le Crédit foncier de France les devance en installant une ‘ "direction de Lyon2472" ’ quelques mois après...

Outre cette déception, Arlès-Dufour fut-il, au plan national, tout aussi rapidement désillusionné que son correspondant parisien devant l'insuffisance des moyens apportés à l'établissement ? Toujours est-il que les 60.000 F investis dans le Crédit Foncier en 1852, - en qualité de ‘ "membre du Conseil général du commerce2473" ’ - n'apparaissent plus de ses comptes dès l'année suivant leur souscription !

La figure d'Albert Dufour-Feronce a souvent été mentionnée. Descendant d'une famille particulièrement estimée dans la ville, comme il l'est lui-même, ce cousin d'Arlès-Dufour, consul général du Portugal2474, est un important négociant de Leipzig, tenant, vraisemblablement, les rênes de la firme Dufour. Ces liens de parenté existent, certes, entre les deux hommes. Indépendamment, leurs rapports sont empreints d'estime, d'affection réciproque, à la base d'une solidarité sans faille apportée dans les moments critiques par le Saxon au Lyonnais. Pour sa part, rappelons que le mari de Pauline laisse à la disposition de la maison Dufour frères de Leipzig un capital de 74.000 F, selon arrêté au 30 septembre 1854, pour atteindre 100.000 F six ans plus tard2475. De plus, tous deux ont des vues qui débordent largement le cadre étroit de leur territoire national. Personnages influents dans leurs pays, ils entretiennent de solides relations extérieures, nouées à la faveur de fréquents voyages à l'étranger. Souvent, celles de l'un deviennent celles de l'autre ; nous l'avons vu à l'occasion de la formation de la Société d'Etudes du Canal de Suez. Dans cette perspective justement, ainsi qu'Enfantin le souligne dans sa note lue aux fondateurs de cette société en 1846, tous deux ‘ "préparaient en Allemagne les moyens d’aborder, quand le temps serait venu, les principales puissances financières de ce pays2476.” ’ Tous pourparlers rompus avec Ferdinand de Lesseps neuf ans après, ces "moyens" demeurent néanmoins.

La preuve en est fournie par les participations bancaires prises par Arlès-Dufour, en 1856, Outre-Rhin. Quoi de mieux pour le germanophile - un germanophile clairvoyant qui, dès décembre 1848, voit pour plus tard l'instauration d'une République fédérale allemande2477 - que cette "association", cette pensée qui lui est si chère, au plan économique par delà les frontières ? Ce sont d'abord cent actions d'une valeur de 15.000 F de la Banque de Hambourg que récapitule le Livre particulier au 30 septembre de cette année 1856, avant d'en disparaître la suivante. Mais ce sont aussi et surtout 381 titres pour 40.000 F souscrits au "Crédit allemand2478". Ainsi le titulaire dénomme-t-il cette banque dans ses comptes annuels.

A n'en pas douter, il s'agit de la banque Allgemeine Deutsche Credit Anstalt dont nous avons avancé précédemment la fondation par Louis Seiller et Charles G. Frege2479. Aux membres de ce conseil d'administration, il convient d'ajouter les deux fils d'Edmund Becker et son gendre Christian Jay, également administrateurs de la Disconto Gesellschaft, créée à Berlin en 18512480. Autant de familles alliées et parfaitement unies que l'on retrouve, pour la plupart, propriétaires de manoirs dans le parc d'Abtaundorf, doux au cœur d'Arlès-Dufour. Autant de familles, aussi, aux ascendants souvent négociants modestes à l'origine, amenés progressivement aux opérations de change en raison de la position extrêmement favorable de la place de Leipzig et de sa traditionnelle foire.

Parmi elles, les Dufour ne sauraient être omis et, en particulier, le nom de Dufour-Feronce. Robert Bigo2481, à sa suite Jean Bouvier2482, lui accordent le titre de "directeur" du Crédit allemand de Leipzig. Jean Autin, dans un ouvrage plus récent, confère à Rothschild et à Arlès-Dufour la paternité de l'entreprise2483. Pour Bertrand Gille, le Crédit de Leipzig parait redevable de son édification, le 4 mai 1856, au seul Arlès-Dufour2484 ; adjoignons-y charitablement, ainsi qu'il le lui revient sûrement de droit, son cousin Dufour-Feronce. C'est d'ailleurs ce qui apparaît dans ce qui suit. En effet, cet auteur ajoute que notre Lyonnais est l'émanation d'un groupe allemand qui représente notamment la Disconto Gesellschaft précitée et rapporte ces lignes significatives qu'Arlès-Dufour adresse, début 1859, à Enfantin pour obtenir le concours de Talabot : ‘ "Expliquez-lui de ma part que, frappé depuis bien longtemps de l'infériorité des moyens de crédit du commerce français, j'ai travaillé dès 1855 avec Dufour [- ’ ‘ Feronce], Kayser, [Willam] Gladstone2485, Campbell et Donon2486, à l'organisation d'une banque internationale de crédit mobilier ; la banque et les banquiers nous firent échouer malgré la volonté de l'Empereur. En 1858, nous avons repris l'affaire sur d'autres bases, mais toujours avec l'idée de donner au commerce et à l'industrie des facilités que, ni la Banque de France, ni le Comptoir d'escompte, ni le Crédit mobilier ne peuvent ni ne veulent leur donner. [...] Paulin [Talabot] croit-il qu'en matière de crédit commercial la France ait seulement la dixième partie de ce qu'a l'Angleterre ? Non, puisque de son côté, il fait les docks de Marseille, moi, de même, je fais le Magasin général ou Docks des soies2487. Mais cela ne suffit pas2488."

Entre temps, les statuts de la Société générale de Crédit industriel et commercial ont été déposés, à Paris, par Donon, Gladstone, Hanseman2489, Arlès-Dufour et Dufour-Feronce, le 28 décembre 18582490. Leur projet rapidement adopté par le Conseil d'Etat le 13 janvier 18592491, le décret d'autorisation est promulgué le 7 mai 1859. Il désigne, en qualité de président du conseil d'administration, le marquis d'Audiffret, sénateur, président honoraire de la Cour des comptes, nommé par l'Empereur et révocable par lui2492. A ses côtés, on retrouve Gladstone, Hanseman, Delahante, Hochet représentant Paulin Talabot, Rey de Foresta, administrateur du P.L.M. et des Docks de Marseille, etc.2493 A en croire certaines sources, Arlès-Dufour ne fait pas partie de ce conseil. Selon Bertrand Gille, son rôle, dans cette création, a été important2494. A celui qui ‘ "n'est pas un novice dans le monde de la banque", ’ seul, Jean Rivoire attribue le titre d'administrateur et ce, depuis la naissance du C.I.C.2495. Au contraire, Jean Bouvier lui dénie tout "rôle effectif2496" en 1863, après avoir estimé ‘ "rien d'étonnant [...] qu'il ait pris rang dans ’ ‘ l'équipe fondatrice de la première banque de dépôts française" ’ six ans plus tôt2497. Si ce point reste obscur - la question se posera à nouveau plus loin - il n'en reste pas moins que, la souscription ouverte2498, administrateur ou non, il place dans l'entreprise 40.000 F, contrepartie de 300 actions2499.

Qu'importe après tout pour Arlès-Dufour si, comme l'assure Jean Bouvier, cette banque s'est formée dans les milieux catholiques2500, puisqu'elle vise à répondre à ce qu'il n'a cessé d'ambitionner. Le boom que connaît l'économie réclame chaque jour des possibilités accrues de financement, aussi bien au plan national que - force est d'en convenir - pour les propres affaires de notre commissionnaire : elles exigent, pour un commerce devenu mondial - approvisionnements extrême-orientaux notamment -, des engagements financiers toujours plus importants et plus pressants engendrés par le succès, une vigilance de tous instants restant de règle. Selon l'exemple des Joint Stock Banks britanniques, nouveau rouage du mécanisme des institutions de crédit jusqu'alors inexpérimenté en France, il s'agit bien de faire sortir des bas de laine les sommes improductives qui s'y trouvent, d'accroître le patrimoine des prêteurs en alliant sécurité et rentabilité, tout en mettant le levier du crédit au service des besoins impérieux de la nation : l'achèvement du réseau ferré, l'exploitation houillère, la construction de ponts, l'ouverture de lignes commerciales maritimes vers l'Orient ; en bref, se donner les moyens de moderniser industrie et commerce, rendus d'autant plus indispensables à quelques mois du traité de commerce avec l'Angleterre. L'office principal du Crédit industriel et commercial, dira son président lors de la première assemblée générale des actionnaires, le 19 avril 1860, ‘ "est de recevoir les fonds inactifs et stériles dans les mains des capitalistes, pour les tenir fidèlement à leur disposition avec une allocation d'intérêt, et pour les rendre sans retard, contre des engagements à courts termes, aux emplois productifs du commerce et de l'industrie2501."

Poursuivant sur sa lancée, outre l'ouverture de cinq succursales à Paris, le Crédit industriel et commercial fonde, sous son parrainage, et plus précisément celui d'Aubry, de Gustave Delahante et de Donon, le 6 juillet 1863, une banque régionale à Lyon, la Société de dépôts et de comptes courants2502. Elle est présidée par Donon, le partenaire d'Arlès-Dufour dans la création du Crédit industriel, son ami et celui de Morny. Et c'est avec la collaboration de cette récente Société de dépôts et de comptes courants que le Crédit industriel et commercial - ‘ "un groupe auquel la rattache une longue tradition historique2503", ’ dira 125 ans plus tard son président - contribue ensuite à la formation de la Société lyonnaise de dépôts et de comptes courants et de crédit industriel. La demande en est présentée, de Paris [sic], au préfet du Rhône, extrait notarié à l'appui, par lettre du 29 septembre 1864, avec prière de transmission, avec avis favorable, au ministre des Travaux publics2504. Sur six signatures, quatre sont déchiffrables, celles de Arthur Brölemann, Caquet-Vauzelle, Gautier et Champeyre. Saisie du dossier, la Chambre de commerce de Lyon, présidée par Brosset et en présence en particulier d'Arlès-Dufour, en délibère dans sa séance du 20 octobre. Des "avantages assez grands" pour le public étant relevés et "l'honorabilité notoire des membres du conseil d'administration2505" remarquée, elle décide d'émettre un avis favorable. Le capital social prévu est de 20 millions de Francs, divisé en 40.000 actions de 500 F, selon ses statuts qui sont approuvés par décret le 8 juillet 1865. Entre autres actionnaires, outre Arlès-Dufour, il en est un que l'on retrouve et dont on s'honore, il s'agit de William Gladstone, Chancelier de l'Echiquier2506. La banque ouvre ses portes le 31 décembre 1865 à Lyon, 8 de la rue de l'Impératrice, forte de ses 538 comptes2507. La présidence est confiée à Emilien Teissier2508, le premier et unique directeur de la Banque de Lyon, puis le premier directeur de la succursale lyonnaise de la Banque de France, qui semble conserver ce poste malgré cela2509. C'est loin d'être un inconnu pour Arlès-Dufour, l'immuable censeur de ces organes depuis 1835, de plus alliés lointains rappelons-le2510, sans mentionner le conseil municipal au sein duquel ils se retrouvent également.

La même année 1865, la Société marseillaise de crédit industriel et commercial et de dépôts voit le jour, toujours sous l'égide du Crédit industriel et commercial2511. Par lettre du 29 septembre 1864 susvisée, le préfet du Rhône avait été avisé de la transmission à son collègue des Bouches-du-Rhône d'un projet identique pour la ville de Marseille.

L'attachement d'Arlès-Dufour à l'égard du C.I.C. et de ses trois émanations, directes ou indirectes, ne devait pas se démentir. L'acte de dévolution de sa succession en est le reflet :

Crédit industriel et commercial
225 actions 62.005, 55 F au 17 mars 1873
SA Dépôts & c/ courants de Paris
150 actions 26.021,10 F au 16 avril 1873
Sté lyonnaise de dépôts et c/ courants et de crédit industriel
250 actions 38.476,85 F au 25 mai 1872
Sté marseillaise de crédit industriel, commercial et de dépôts
100 actions 12.400, 00 F au 8 avril 1873

L'actif de cette succession fait apparaître d'autres engagements de capitaux dans des organismes bancaires. Il comprend, bien sûr, les dix actions requises pour occuper la fonction de censeur de la succursale lyonnaise de la Banque de France (valeur 43.945 F au 16 avril 1873). Ce sont également 200 actions de 500 F, souscrites le 17 décembre 1868, de la Société financière (valeur 42.000 F au 30 juin 1876) - alliée de la Société des dépôts et comptes courants - dont l'objet est de ‘ "faire toutes opérations de finance et de banque2512." En revanche, de cette succession sont absentes les actions fort vraisemblablement souscrites en 1864, auprès de la Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l'industrie en France, suite logique de l'appartenance d'Arlès-Dufour depuis 1855/1856 à la "Réunion financière", constituée avec Aubry, Delahante, Donon et Paulin Talabot2513. Mais un autre de ces placements, toujours présent, également, dans cette succession, mérite, lui, d'arrêter particulièrement notre attention. Il s'agit de la possession pour une valeur de 70.889,30 F (au 21 février 1872) de 100 actions du Crédit lyonnais. Un nombre bien inférieur à celui de la souscription !

Ainsi que nous l'avons vu, c'est sous les auspices du Crédit industriel et commercial et dans un but de décentralisation, que la Société de dépôts et de comptes courants voit le jour à Lyon, le 6 juillet 1863, après maintes péripéties, administratives et autres. Ces péripéties sont également celles, dans le même temps, d'un groupe essentiellement lyonnais, soucieux de se dégager de l'hégémonie financière parisienne, au nom du vieil antagonisme qui oppose la capitale du pays et celle des Gaules. Ainsi que l'exprime Jean Bouvier, spécialiste de l'histoire du Crédit lyonnais auquel nous sommes particulièrement redevables pour la complexe genèse de cette affaire, : ‘ "Arlès y parait avoir joué le rôle d'animateur principal, Henri Germain lui tenant lieu de second2514."

Du passé de ce "second", seules les grandes lignes en sont sommairement connues jusqu'à ce moment. Né à Lyon en février 1824, Henri Germain, ses humanités achevées au Collège royal, sous l'empreinte de l'abbé Noirot, un disciple de Jean-Baptiste Say, part faire des études de droit, en 1842, à Paris. Il y prête son serment d'avocat, le 23 novembre 1846, sa licence fraîchement acquise. De retour dans sa ville natale en 1848, il est admis, en novembre, à poursuivre son stage au barreau de Lyon dont il démissionne le 5 décembre 18542515. Il aborde ensuite le domaine industriel en devenant administrateur de quelques sociétés houillères et sidérurgiques et "réorganise" en 1856 une charge d'agent de change2516.

Quand et comment Arlès-Dufour et Henri Germain se sont-ils rencontrés ? Si l'on s'interroge toujours sur la question de savoir si celui-ci a réellement travaillé dans la maison d'Arlès-Dufour2517, la réponse, transmise de génération en génération, apparaît absolument affirmative, sans contredit possible, selon les descendants de la branche Chabrières de la famille Arlès-Dufour. La période exacte en reste malgré cela ignorée.Fils d'un fabricant de soierie, sous l'enseigne "La Clé d'Or", au 11 rue des Capucins, marié à la fille d'un soyeux cossu, décédé peu de temps avant ce mariage2518, a-t-il souhaité mieux pénétrer le domaine de ces affaires, toujours aussi prépondérantes dans cette première décennie du second demi-siècle ? En quelle maison de négoce faire au mieux cet apprentissage si ce n'est dans la plus réputée de la place, aux côtés d'un homme aux multiples talents et fonctions et à l'activité débordante ? De plus, il faut ajouter qu'Henri Germain ne bénéficie pas encore de la notoriété et de la solide expérience de l'autre, son aîné, de plus, de 25 ans.

Quoi qu'il en soit, le 21 août 1857, parmi les vingt commanditaires, il signe, aux côtés d'Arlès-Dufour, l'acte constitutif de l'Ecole centrale lyonnaise. Lors de la formation du Magasin général des soies en septembre 1859, il souscrit à cinquante actions. Leurs centres d'intérêt commun ne s'arrêtent pas là.

Dès 1831, Le Courrier de l'Ain, reproduit dans L'Echo de la Fabrique du 25 décembre 18312519, réclamait, en faveur de la classe ouvrière et pauvre en proie aux maladies et à la misère, l'assèchement de la Dombes. Sous l'inspiration du Père Enfantin, Michel Chevalier dans Le Globe du 30 mars de l'année suivante souhaitait, entre autres, dans son plan de grands travaux à entreprendre en France, le tarissement des marécages2520. Reconnaissant dix ans plus tard les ‘ "honorables et utiles exemples2521" entrepris dans ce but, la Chambre de commerce de Lyon, lors de son assemblée du 9 décembre 1841, ambitionne l'établissement de voies de communication facilitant le débouché des produits vers les grands centres de consommation. Antérieurement consultée par le préfet, le 18 mars 1836, sur un avant-projet, la compagnie consulaire s'était déjà déclarée favorable, le 19 mai, à la construction d'un chemin de fer reliant Lyon à Bourg-en-Bresse2522. Mais les choses sont toujours en l'état lorsque, sous l'inspiration saint-simonienne, Louis Napoléon, dans le cadre de son ambitieux programme économique, veut donner une extension nouvelle au réseau ferré et, à la terre, toutes ses possibilités de culture.

Arlès-Dufour aspire-t-il à donner un gage personnel à l'Empereur, en répondant, au plan régional, à ses voeux ? Est-il resté sensible aux problèmes de la Dombes depuis les délibérations de la Chambre de commerce, laissées sans suite ? Toujours inconditionnel de voies ferrées, entrevoit-il là l'occasion d'établir l'amorce d'une liaison Lyon-Stasbourg ? Ouvert en permanence aux innovations, est-il séduit par l'idée avancée, éventuellement, par Henri Germain, propriétaire de deux domaines dans l'Ain2523, de désenclaver ce département en y favorisant la circulation ? Ce dernier poursuit-il, dés l'instant, des ambitions législatives, lesquelles seront satisfaites par la suite2524 ?

Si une commission pour l'assainissement de la Dombes a été créée à Paris le 28 janvier 18592525, nous ignorons l'époque à partir de laquelle Arlès-Dufour s'intéresse directement à ce projet. Bien qu'il soit à Londres pour l'Exposition universelle2526, Enfantin le tient au courant de l'évolution des choses. ‘ "Cher ami, lui écrit-il le 14 juin 18622527, j'ai vu par votre bonne lettre à Duveyrier que vos soixante-quatre années vous allaient assez bien. Je vois, d'après ce que m'a dit hier Frémy, qu'avant la soixante-cinquième, vous verrez commencer l'affaire de la Dombes (dessèchement et chemin de fer2528). Il paraît que l'Empereur a dit : "Je le veux." [...]" Et le lendemain, du même au même2529, : "J'ai oublié de vous dire que B. et S., que j'ai vus encore ce matin, désirent vivement que vous soyez ici [à Paris] du 20 au 25, afin de vous entendre pour l'affaire de la Dombes."

Finalement, une convention est signée le 1er avril 1863 au ministère de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, portant concession d'un chemin de fer de Sathonay (banlieue de Lyon) à Bourg-en-Bresse, par Villars-les-Dombes. Comme en Sologne et dans les Landes, il s'agit de dessécher et de mettre en valeur, ici, 6.000 hectares d'étangs. Par sa présence à cette régularisation, le ministre Rouher tint-il à manifester une nouvelle fois son amitié à Arlès-Dufour, l'un des trois concessionnaires ? Avec Sellier, l'autre est Henri Germain !

La loi pour l'établissement de ce chemin de fer est votée par le corps législatif le 18 avril 1863 et un décret du 25 juillet 1864 approuve définitivement la convention passée. La société anonyme créée par les concessionnaires sous le nom de Compagnie de la Dombes est approuvée par décret du 17 septembre 1864, et les travaux activement entrepris par les frères Mangini, Lucien et Félix2530. Ceux-ci rejoignent les concessionnaires premiers au sein du conseil d'administration où ils deviennent majoritaires, avant que ne soit fondée la Compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est, le 25 septembre 1869, par fusion avec la Société des chantiers de la Buire2531. Le chemin de fer de la Dombes sera inauguré en grande pompe, le samedi 25 août 1866, par le préfet du département de l'Ain2532. Ce sont 100 actions de cette Compagnie que l'on retrouvera dans l'état de la succession de l'instigateur de cette voie d'intérêt régional, après avoir été l'un des artisans des lignes nationales de Lyon et de Marseille2533.

Telle est donc cette réalisation ferroviaire à porter à l'actif de ces deux hommes qui se connaissent bien, s'apprécient fort, bien que très différents de nature : l'un, méridional, est bonhomme, enjoué, chaleureux, autant l'autre, Lyonnais, est froid, réservé, voire timide. A peu près dans le même temps, ils poursuivent de concert un autre objectif. Mais de l'apport personnel d'Henri Germain dans ce nouveau choix, d'ordre bancaire cette fois, on ne sait rien2534. La tradition familiale à laquelle nous nous sommes précédemment référés, rapporte qu'Arlès-Dufour aurait écrit à Michel Chevalier, à une date malheureusement non connue : ‘ "Je crois avoir trouvé l'homme qu'il nous faut pour notre Crédit lyonnais. Il s'agit d'un jeune homme nommé Henri Germain et dont j'ai pu apprécier les qualités. ’"

Le 7 octobre 1862, le promoteur toujours impétueux s'ouvre à son habituel confident, Enfantin, de l'état d'avancement de ses projets : ‘ "A la grande colère du brave ami Donon, dont je dérange les plans Morny-Delahante, je viens d'organiser la Société anonyme lyonnaise de crédit commercial au capital de 10 millions ; 18 administrateurs ou censeurs. Le fait est accompli, le conseil composé, le capital souscrit. Je vous ai inscrit pour 100 actions sur lesquelles vous aurez à verser 125 F. Ce qui a enlevé l'affaire, c'est que le bruit s'était répandu que Gustave Delahante et ses amis de Paris voulait l'établir. Je pense bien qu'ils feront de leur mieux à Paris pour empêcher l'autorisation, mais je doute qu'en ce moment surtout ils réussissent2535."

La rivalité est forte. Requise par le Code de Commerce, l'autorisation gouvernementale de cette société lyonnaise tarde, comme celle de sa concurrente parisienne d'ailleurs. Pour tenter de hâter les choses, en mars de l'année suivante, Arlès-Dufour intervient directement auprès du directeur général du ministère de l'Agriculture et du Commerce, un dénommé Heurtier, Conseiller d'Etat2536, auprès de qui, sans doute, il a ses petites et grandes entrées grâce aux relations cordiales entretenues avec Rouher, son ministre : ‘ "Pour justifier cette prétention orgueilleuse d'un centre provincial de faire aussi bien qu'à Paris, nous rappellerons que de 1835 à 1848, notre banque [de Lyon] a escompté à 3% et la Banque de France à 4%.[..] En laissant vivre les banques de quelques-uns des grands centres commerciaux de France, vous conserverez au moins un stimulant, un éperon pour la banque centrale et vous donnerez satisfaction à ce sentiment d'indépendance provinciale que vous devez personnellement si bien comprendre2537." ’ Son excitation est loin de vaciller, comme on le lit dans cet autre courrier du même mois à Enfantin ‘ : "Le Crédit lyonnais - "mon2538 crédit commercial", ’ ainsi en revendique-t-il la paternité quelques jours plus tard auprès du même2539 - dont Michel [Chevalier]2540 est souscripteur, est un acte d'émancipation provinciale qui aura pour ennemis les Pereire et les Morny ; mais, dussé-je aller à l'Empereur, il triomphera2541." ’ ‘ Le 15 avril, dans la perspective d'une lutte annoncée prochaine, il le lui répète ’ ‘ : "[...] au besoin, j'irais à l'Empereur", "pour ma2542 société anonyme lyonnaise de crédit commercial que j'enlève, ou plutôt dont j'enlève les actions à Morny-Donon-Delahante2543."

Faut-il qu'il soit avantageusement pénétré de son crédit dans le cercle impérial et de son pouvoir de persuasion pour espérer convaincre Napoléon III d'aller à l'encontre des desseins financiers du président du Corps législatif, second personnage de l'Etat, son demi-frère à qui il doit le trône... A moins qu'il faille voir là la marque de son idéalisme saint-simonien... alors qu'Enfantin tente, à plusieurs reprises, de le dissuader de prendre part, nous disent les OSSE, à ‘ "l'établissement d'une seconde société de crédit mobilier2544". ’ En définitive, point n'est besoin de solliciter l'audience du souverain. Une solution associative est, en effet, trouvée avec le Crédit industriel et commercial. Le marquis d'Audiffret peut l'annoncer à son conseil d'administration, le 5 mai, avec satisfaction, mais sans doute trop hâtivement.

Effectivement, la situation se retourne. Le même jour, le Corps législatif vote la loi sur les sociétés à responsabilité limitée, rendant libre la formation de toute société anonyme d'une capitalisation inférieure à vingt millions F2545. Ces dispositions exonèrent les Lyonnais de toute obligation gouvernementale et, par voie de conséquence, les libèrent de tout compromis avec les Parisiens. Aussitôt, ils rompent tous pourparlers avec le Crédit industriel et commercial, avant même la promulgation de cette loi le 23 mai. Plus rien ne s'oppose à ce que les choses soient désormais menées rondement par deux des trois contractants qui, quelques semaines plus tôt, ont obtenu la concession du chemin de fer de Bourg.

Le 6 juillet 1863, les 352 souscripteurs initiaux2546 au capital du Crédit lyonnais de 20 millions de francs, en 40.000 actions de 500 F, sont présents ou représentés au 13 rue Impériale, dans les bureaux de la Compagnie de l'Omnium faute de place dans l'étude de maître Thomasset, notaire à la même adresse2547. Henri Germain est le plus important souscripteur avec 2.150 actions. Avec 550, Arlès-Dufour n'arrive qu'en huitième position dans la liste des plus importants actionnaires. Mais, si l'on considère l'ensemble des sommes engagées au nom de chacun des membres de sa famille et de sa firme, il se place juste après Henri Germain avec un total de 1.786 actions se détaillant comme suit2548 :

à François Barthélemy Arlès-Dufour 550 actions
à Alphonse Arlès-Dufour (Son second fils) 576 actions
à Maurice Chabrières (Son gendre) 500 actions
à Arlès-Dufour et Cie 95 actions
à Gustave Arlès-Dufour (Son fils aîné) 65 actions
TOTAL 1.786 actions

Et encore ne retenons-nous pas tous ceux qui ne sont venus au Crédit lyonnais que par lui, ce dont il assure Enfantin, insistant par la même occasion sur son refus, en tous les cas, de la présidence2549. Nous le reconnaissons bien dans cette attitude déjà rencontrée et qui laisse le champ entièrement libre à Henri Germain pour cette fonction qui lui reviendrait tout à fait normalement. Avec le même associé, le cas ne restera pas unique comme nous le verrons plus loin. Le seul poste qu'il accepte est celui d'administrateur.

Au sein des souscripteurs entraînés par Arlès-Dufour, figurent bien des personnages qu'il côtoie dans ses relations d'affaires ou dans les diverses organismes qu'il fréquente : Henry Aynard (100 actions), François Aynard (100 actions), Emile Bonnardel (25), Jacques Breittmayer (50), les Brölemann (623 au total), Joseph Brosset (100), Paul Chartron (200), Prosper Dugas (450), Louis Frémy (400), Adolphe Girodon (112), Louis Mangini (350), Victor Pignatel (1.000), Ferdinand Platzman (80), Rey de Foresta (300), Natalis Rondot (50), François Saint-Olive (100), Victor-Amédée Seiller (100 actions), Emilien Teissier (100), etc. Et puis, bien sûr, d'autres tels que : Prosper Enfantin (100), René Holstein (70), Michel Chevalier (150), Paulin Talabot (500), enfin Vernes (500) auprès de qui il a souscrit, l'année précédente, une participation de 10.000 F pour une affaire de rizières2550...

Arlès-Dufour a-t-il voulu marquer un relatif détachement à l'égard de cette assemblée générale du 6 juillet, une formalité mineure pour lui, alors que l'essentiel est accompli ? Il semble qu'il ait délibérément choisi de ne pas écourter sa cure à Plombières, sa fille Adélaïde à ses côtés. De cette station thermale, il écrit à Pauline le 1er juillet, apprenant la naissance d'un troisième petit-fils, second fils d'Alphonse, : ‘ "Brave amie. Encore un garçon ! Qu'importe ! En même temps que je recevais la dépêche de la naissance, j'apprenais et je pleurais la mort de Jean Reynaud que nous avons vu si plein de vie, de bonté, d'amitié à Cannes, il y a quelques mois qui ont passé comme des minutes, comme nous passerons ! Tâchons donc de ne pas abréger, en les attristant par trop de préoccupations et de soucis, des choses auxquelles nous ne pouvons rien, les minutes qui nous restent encore à passer dans la phase actuelle de notre vie éternelle ! A toi A.D.2551"

Décidément, il paraît bien qu'Arlès-Dufour n'assiste pas à la consécration officielle de son ‘ "acte d'émancipation provinciale". ’ Car, et tout aussi curieusement, il a confié sa procuration à son gendre, Maurice Chabrières, et non à l'un ou l'autre de ses fils, Gustave ou Alphonse2552. Il est vrai que celui-là est destiné à siéger au conseil d'administration de la nouvelle banque lyonnaise, où indépendamment de son beau-père qui n'a pas souhaité une fonction plus prestigieuse, se retrouvent parmi ses dix-neuf membres : Paul Chartron, Adolphe Girodon, Victor Pignatel, César Michel, Lucien Mangini, la banquier lyonnais Jean Schenker, le soyeux Testenoire, Georges Brölemann qui cumulera ce poste avec celui, identique, qu'il occupera dès la création de la Société générale, l'année suivante et jusqu'en 18822553.

Le 25 juillet 1863, le quotidien lyonnais Le Progrès publie un encart, sous l'entête du Crédit lyonnais et la signature de son administrateur délégué Charles Sautter, au nom du conseil d'administration2554. Il annonce l'ouverture de ses bureaux au public, le surlendemain, rue Impériale, au rez-de-chaussée du récent Palais du Commerce, aux côtés de la Bourse et de la Chambre de commerce2555. L'activité est celle ‘ d'"une caisse de dépôts productifs d'intérêts [qui] délivre à chaque déposant, avec un carnet de compte courant, un livre de chèques, au moyen desquels le client dispose des fonds déposés." ’ Le taux d'intérêt alloué est fixé à 3%. Indépendamment, une circulaire du président Germain insiste sur les avantages particuliers qu'offre l'établissement : un faible dépôt initial de 50 F à la portée de toutes les bourses, aucun frais d'ouverture de compte, un large éventail de titres admis en garantie d'avances, sur lesquels pour nombre d'entre eux la Banque de France n'accorde pas de prêt2556. En bref, comme le dit une notice diffusée dans les premiers temps, ‘ "toute personne, quel que soit son état ou sa condition, peut obtenir un compte courant au Crédit lyonnais2557." ’ Un espoir sûrement entretenu par le philanthrope Arlès-Dufour ! Le succès s'installe rapidement. Il se poursuivra au point que, à la veille de la première guerre mondiale, le Crédit lyonnais est la première banque du monde, suivi de près par la Deutsche Bank qui a distancé les banques britanniques, si longtemps dominatrices2558.

Deux mois à peine après l'ouverture, Arlès-Dufour se félicite des premiers résultats auprès de son ami - aussi l'actionnaire - Michel Chevalier. ‘ "Le Crédit lyonnais marche très bien2559" ’, lui écrit-il ; effectivement, à la fin de l'année suivante, on dénombre 10.000 clients2560. Mais au bout de quelques mois, c'est de loin qu'il va suivre le développement de l'oeuvre dont il est le véritable géniteur, comme l'histoire l'oubliera... Le 20 avril 1864, il fait sensation. A quelques jours de la première assemblée générale, après celle, constitutive, de l'année précédente, il donne, de manière fort imprévue, sa démission du conseil d'administration. Dans cette décision, il a été précédé par Schlenker le 18 novembre 1863 et le 17 février suivant par Testenoire2561. Cinq autres suivront en 1865, 1867 et 18682562, sans que l'on en connaisse, là encore, les exactes motivations : investissements ambitieux et nombreux, jugés fébriles par la Banque de France elle-même2563, incompatibilité d'humeur ?

Cette dernière éventualité n'est pas à envisager entre les deux fondateurs historiques. Tous deux restent en affaires. Pour le président de la banque, celles-ci ressortissent-elles au domaine privé ou, au contraire, au domaine exclusivement professionnel ? Un échange de correspondances - les seules possédées à ce sujet - reste obscur. ‘ "Malgré nos dissidences au sujet du Crédit lyonnais2564", ’ écrit Arlès-Dufour à Henri Germain, un projet de commandite (pour la succursale de Paris ? ) est en discussion entre la firme Arlès-Dufour et Cie et le destinataire. Celui-ci agit pour son compte personnel, il le semble fort. Seule la durée de la commandite constitue un achoppement entraînant l'échec de la négociation. Toutefois, audacieuse, une autre proposition voit le jour dans le même courrier.

Arlès-Dufour envisage-t-il d'accroître la puissance de la succursale londonienne de soie et soieries afin d'y jeter les bases d'une future succursale bancaire ? Il poursuit sa lettre à Henri Germain : ‘ "J'ai et j'ai toujours la plus haute opinion de la création à Londres d'une grande maison française de ’ ‘ banque ’ ‘ et de commission, en concurrence, ou mieux à l'instar de Charles Devaux et Cie, la seule maison française d'importance qui reste à Londres et même en Angleterre. Je dis création, parce que la maison Arlès-Dufour & Cie, quoique posée et cotée comme premier crédit, n'ayant pas de capital à elle, et par conséquent de vie propre, n'est que le principe, la base d'une grande maison. Je n'y ai cependant jamais poussé, parce que je ne voyais pas d'homme méritant la confiance indispensable et que je sentais bien que la direction ne pouvait être donnée à Lyon, circonférence de Londres, centre des affaires du monde entier.

"Ainsi que je vous l'ai dit avant-hier, la maison Arlès-Dufour et Cie ne gardera jamais à Londres un fondé de pouvoir tant soit peu capable. Il faut donc qu'elle liquide sa succursale ou qu'elle la transforme franchement en Grande Maison avec un capital à elle et un ou deux associés. Donon ’ ‘ et même Aubry m'avaient proposé Aubry, associé d'Aubry & Cie du Havre, qui a gagné une belle fortune aux Etats-Unis et qui se trouvait de trop dans la maison du Havre par suite du calme plat des affaires depuis la guerre d'Amérique. Mais Truninger était engagé, et d'ailleurs Aubry n'aurait pas accepté une position de fondé de procuration. J'ignore ce qu'il a fait depuis, mais si l'on trouvait Truninger insuffisant, on pourrait s'informer. Dans le cas où il vous conviendrait d'entrer dans une combinaison de commandite d'une maison toute faite, très bien posée et achalandée, je vous proposerais d'y participer comme suit :

  • M. Truninger pour 200.000 F avec 25% dans les pertes et les bénéfices,
  • M. Henri Germain pour 400.000 F avec 25%,
  • M. ou Mrs Arlès-Dufour avec 400.000 F et 35%,

15% étant réservés soit, quand le besoin s'en ferait sentir pour des intéressés ou pour un associé à capital qu'on choisirait d'un commun accord. [...]

"Quoiqu'une décision ne soit pas urgente, puisque Truninger est engagé jusqu'au 30 septembre, il est cependant convenable et prudent de le fixer et de le tranquilliser bientôt sur son avenir. Si vous devez causer de ce projet avec M. Sautter qu'il doit intéresser, nous attendrons vos nouvelles de Paris avant de rien proposer de positif à M. Truninger. Quelle que soit votre décision, je vous prie de me croire votre toujours affectionné vieil ami, (signé) Arlès-Dufour2565."

Par courrier tournant, Henri Germain répond par une aussi longue lettre, dont ci-après quelques extraits : ‘ "[...] Quant à votre aimable proposition de fonder de concert avec vous une maison à Londres, je voudrais pouvoir l'accepter mais, ainsi que vous le faites vous-même remarquer, il me serait difficile de disposer aujourd'hui de beaucoup de temps surtout quand il s'agit d'une ville éloignée de celle que j'habite. J'ajouterai que si un projet de ce genre devait aboutir, ce serait dans ma pensée le Crédit Lyonnais qui devrait l'exécuter. Maintenant, cher Monsieur, permettez à un ami déjà ancien, de vous dire l'impression qu'il emporte de votre maison. Je ne m'étendrai pas sur les avantages considérables dont vous disposez et qui à mes yeux se résument dans de grandes et solides relations et s'expliquent par l'éclat de votre nom. S'il fallait passer en revue les forces dont vous disposez, cela nous entraînerait trop loin. Il sera plus court de signaler les points faibles de votre entreprise. [...]" ’ ‘ Au point de vue du rédacteur, les ressources disponibles ne sont pas en rapport avec les engagements exigibles et il convient de réaliser les actifs de la société ’ ‘ : "le commerce [d'Arlès-Dufour] ne devait posséder aucun ’ ‘ immeuble d'aucun genre" d'une part, et, d'autre part, "très peu de marchandises, point s'il est possible.[...]."

"En vous traçant ce programme, j'ai la satisfaction de penser qu'il est conforme à vos vues et je ne doute pas qu'il ne soit exécuté un jour. J'apprécie avec plaisir ce qui sera fait dans cette voie car je ne cesserai pas de m'intéresser aux succès de ceux que j'affectionne. Votre dévoué Henri Germain2566."

Qu'importe ici le sort - apparemment nul - réservé à ces ambitions d'Arlès-Dufour. Mais, cet esprit, toujours aussi entreprenant et hardi, est-ce bien celui décrit par Jean Bouvier2567, en recherche de paternité du Crédit lyonnais, ‘ "un Arlès vieilli", ’ auprès duquel, son ‘ "fondé de pouvoir [...] recueillant de lui l'idée de la création de l'entreprise, puis la faisant entièrement sienne, s'imposant lors des démarches préliminaires de 1862-1863 par son ardeur et la force de sa personnalité" ? ’ C'est, semble-t-il, pour cet auteur, balayer rapidement la même ardeur et la même force qui distinguent également la personnalité du partenaire d'Henri Grmain, même en butte à quelques problèmes de santéd'ailleurs récurrents. C'est aussi oublier la distribution des rôles d'"animateur principal" de l'un et de "second" de l'autre, respectivement dévolus à Arlès-Dufour et à Henri Germain, pour la même période, quelques pages précédentes2568. Bien évidemment, il ne saurait être question de vouloir diminuer pour autant l'immédiate et remarquable impulsion donnée par l'ancien "second", la création sitôt achevée, sa valeur lui étant parfaitement reconnue et sincèrement exprimée par Arlès-Dufour2569.

Qui est cette "bonne nature", cet "homme intelligent", un certain Erdan - comme le juge Michel Chevalier - qu'Arlès-Dufour semble soutenir dans son projet d'entreprise télégraphique ? Michel Chevalier n'apparaît pas opposé à vouloir lui accorder son concours financier, malgré les mécomptes en ce genre. ‘ "Au lieu d'élever autel contre autel par rapport à la correspondance Havas, il ferait mieux, conseille-t-il, de s'arranger avec elle." ’En attendant, un autre placement préoccupe davantage l'ancien ingénieur des mines, soucieux de ses intérêts financiers et confiant dans l'avenir du Crédit lyonnais. Il y a déjà mis 60.000 F et s'apprête dans un mois à ajouter 75.000 F (150 actions).‘ "Mais comme vous n'êtes plus à la tête de l'affaire, écrit-il, je me retirerais volontiers au moins pour une partie2570." ’Une nouvelle lettre suit le 7 juin avec ordre de vendre 50 de ses actions...2571

Si Arlès-Dufour s'exclut de l'équipe dirigeante - il y laisse malgré cela son gendre Maurice Chabrières ! - c'est qu'il n'a pas la même latitude que son collègue au même conseil d'administration, Georges Brölemann, lors de la création de la Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l'industrie. Dans la perspective de banques concurrentes à Lyon, le Crédit industriel et commercial dont il est administrateur2572 l'amène à un choix sans doute douloureux, avec la conséquence que l'on sait2573. Et si nous ignorons la durée de son mandat du Crédit industriel et commercial, notons que, le 8 mai 1866, il en fréquente toujours le siège parisien au 66 rue de la Chaussée d'Antin2574.

A l'angle de cette rue où se termine le boulevard des Capucines et commence le boulevard des Italiens, d'un vaste chantier, on attend de voir s'ériger définitivement l'Opéra, sur les plans de Charles Garnier. Sa construction est déclarée d'utilité publique depuis le 29 septembre 18602575 et la première pierre a été posée deux ans après. Il ne déplaît pas à Arlès-Dufour de déambuler dans ce cœur du Paris moderne - même parfois encore en travaux -, de se mêler à son affairement et de prendre le temps de jeter un coup d'œil aux vitrines séduisantes des magasins. Peut-être est-ce à pied, comme il l'apprécie, que, de là, il lui arrive de rejoindre cet autre quartier plein des souvenirs de ses difficiles années de jeunesse, pour gagner la place Royale à la désignation remplacée par le nom de rue des Vosges2576. Au 14 de cette rue, future place des Vosges, est situé le siège social de la Caisse des associations coopératives.

La plupart des associations ouvrières, nées de la Révolution de 1848, avaient disparu rapidement, ainsi que nous l'avons vu2577. Les rigueurs du pouvoir n'y étaient pas étrangères. Le même pouvoir, animé cette fois d'une approche différente, cherche à rentrer dans les bonnes grâces de la classe ouvrière. Selon la volonté et sous l'impulsion de l'Empereur, le mouvement coopératif renaît de ses cendres et, depuis quelque temps, à partir de 1860/1863, les sociétés coopératives de consommation, de vente et de production redeviennent en vogue. Pour les travailleurs, elles constituent un moyen de relever leur dignité et d'envisager l'avenir sous un jour différent. De plus, comme l'écrira Sébastien Commissaire, ‘ "la coopération n'était qu'une imitation en petit des grandes sociétés fondées pour l'expoitation des mines, des canaux, des chemins de fer, des grandes usines, etc., etc.2578" ’ Mais si les deux premières sociétés - de consommation ou de vente - sont les plus faciles à établir et à réussir, il n'en est pas de même pour les associations ouvrières de production, au capital insuffisant pour résister aux crises industrielles ou à la moindre imprudence de gestion.

Le crédit, nécessaire aux industries, l'est tout autant pour les travailleurs eux-mêmes et leurs associations. Dans ce but à Lyon, après la création, en 1860, de la Société des Dix-Centimes, apparaît en avril 1865, la Société lyonnaise de crédit au travail, émule de son homologue bancaire parisien, avec pour administrateurs Eugène Flotard du Progrès, Emile Bonnardel, agent de change et entrepreneur de transports, et Henri Germain2579. Avec de nombreuses autres dans le pays, dans le même temps et le même but, Jean Macé fonde en Alsace la Société de crédit mutuel de Beblenheim, en octobre 1865, comptant une centaine d'adhérents2580.

Au plan national, le gouvernement ne peut rester en arrière de ce mouvement qu'il encourage. Il fait annoncer dans Le Moniteur de l'Empire du 16 juin 1866 que l'Empereur a ‘ "invité quelques personnes de bonne volonté à fonder une Caisse des associations coopératives2581" ’. Cette société anonyme est créée par décret impérial du 5 août 1866, au capital d'un million2582dont la moitié souscrite par l'Empereur, lui-même2583. Arlès-Dufour est du nombre des ‘ "quelques personnes de bonne volonté". ’ Porteur de 100 actions de cette société2584, il en est administrateur en qualité ‘ de "négociant, ancien membre de la Chambre de commerce de Lyon2585" ’. Le conseil d'administration est présidé par le baron Jérôme David, vice-président du Corps législatif, entouré de Cahen d'Anvers, banquier, ancien administrateur de la Société générale, de trois administrateurs du Comptoir d'escompte de Paris, de députés anciens ou actuels, comme Johannès Terme2586, et de conseillers municipaux de Paris. Assurément, Arlès-Dufour a beau grommeler de temps à autre contre la politique du souverain, il reste bien en cour. De plus, l'auteur de l'ouvrage ‘ "Un mot sur les fabriques étrangères..." ’ ne peut perdre de vue que, dès 1834, il louait ‘ "l'association, largement libérale, qui consiste à réunir les efforts de tous, pour marcher au bien commun2587."

Il ne se satisfait pas seulement de ce poste remarqué, en passe d'être occupé2588, et donne fort volontiers de sa personne pour la cause coopérative. Le 6 mai 1866, il est à Paris, profitant, une nouvelle fois, de l'absence de Pauline et de son séjour "dans le pays de Cannes". Elle s'y émerveille, rapporte-t-il, ‘ "de la mer, des montagnes, des parfums, des chants rossiniens des filles qui cueillent les fleurs d'orangers [...]. Elle jouit plus de ce spectacle qu'elle ne jouirait de tous les opéras de Mozart." ’Mozart ? Justement la veille, il a assisté à la représentation de Don Juan. C'est ce qu'il écrit à sa fille, après s'être rapproché d'elle toujours aussi affectueusement : ‘ "Chère enfant du bon Dieu, ou plutôt de Dieu, car l'épithète de bon supposerait qu'il peut être méchant ; or, comme il est tout ce qui est, que rien n'est en dehors de lui, quoique rien ne soit lui, il ne peut être que bon."

Puis, bien aise de voir Adélaïde disculper son amie C... "de sa visée à l'héritage",le saint-simonien enchaîne : ‘ "Et cependant l'héritage est une affreuse chose, la source, la cause directe ou indirecte, de fait ou d'intention de presque tous les vices, tous les crimes de l'humanité. Aussi, Dieu et Saint-Simon aidant, il sera progressivement transformé et enfin aboli. Alors, seulement, les hommes pourront être classés selon leur vocation et rétribués selon leurs oeuvres. Amen ’ ‘ ." ’ Le matin même, un dimanche sans doute, il a le choix pour occuper son temps. Il n'hésite pas longtemps entre un‘ "sermon du pasteur Martin [-Paschoud] et la présidence prés de St Denis, d'une Société de coopération composée d'une centaine d'ouvriers. La réunion se tenait, raconte-t-il toujours à sa fille, dans une brasserie-tabagie, mais les figures étaient bonnes et intelligentes et la discussion, sur des intérêts pourtant minces, acharnée et convenable. J'ai présidé de midi à trois heures et demie et, malgré la chaleur, et les piques, je ne le regrette pas, et je suis certain que Dieu était là aussi bien ou mieux qu'au temple. Ces figures d'ouvriers, ce langage souvent incorrect et méfiant, mais ferme, m'allaient mieux que les figures et la tenue des fréquentations habituelles et le langage béat des temples ou églises2589."

Le mouvement coopératif devenu un phénomène dans chacun des pays européens, l'année précédente, en septembre 1865, à Stuttgart, s'était tenu le troisième Congrès des associations ouvrières allemandes. Des délégués de la presse libérale française y avaient été conviés : Horn représentant L'Avenir national, Jean Macé - bientôt fondateur de la Ligue française de l'enseignement - L'Opinion nationale du saint-simonien Guéroult, Maurice Block Le Journal des Economistes, etc.2590

Bien qu'elle ne soit pas la seule, hélas, à pouvoir répondre à cette amère définition de Disraeli, l'Angleterre est divisée en deux nations, celle des riches et celle des pauvres2591. C'est dans cette dernière nation, en 1843/1844, qu'avait pris naissance la société coopérative. Elle était le fait du sursaut de quelques ouvriers réduits à la plus dure nécessité et de leur volonté de s'unir pour ne pas sombrer dans la misère et la famine, les célèbres pionniers de Rochdale. Il fallut attendre 1869 pour la tenue, dans ce pays, du premier congrès de la coopération anglaise.

"Connu comme ami des principes de coopération", Arlès-Dufour reçoit par lettre du 23 avril de William Pare, secrétaire de cette manifestation, l'invitation à y assister. En cas d'impossibilité, il lui est demandé s'il permettrait que son nom soit cité pour soutenir les objectifs exposés, ou s'il désirerait envoyer un compte-rendu du mouvement sur la coopération dans son propre pays, ou toutes suggestions sur le sujet qui seraient lues au Congrès2592. Deux documents sont joints. Le premier est constitué de l'Address of the Arrangement Commitee du 2 mars2593. Son introduction est la suivante : ‘ "La croissance rapide de la coopération est un des faits les plus remarquables de l'histoire moderne. Ayant son origine dans la classe ouvrière, un système de travail a été introduit qui, s'il est correctement développé, promet de changer complètement l'aspect social et industriel du pays en modifiant, dans son essence même, la relation entre acheteur et vendeur, employeur et employé [...]." ’ L'autre document est le programme des travaux du Congrès qui doit se tenir dans les salons de la Société des Lettres, John Street, Adelphi, Londres, le lundi 31 mai 1869 et les jours suivants2594. Les différents sujets devant retenir l'attention du Congrès sont les suivants :

1/ Quelles démarches ultérieures peuvent être entreprises pour rendre efficace la résolution du Congrès des syndicats tenu à Manchester en juin 1868 - Utiliser l'organisation de Syndicats à des fins coopératives ?

2/ Le meilleur moyen pour que les sociétés coopératives s'entraident [...].

3/ Quelles sont les causes principales qui, dans certains cas, ont amené l'échec des magasins coopératifs et des fabriques et quelles sont les conditions fondamentales nécessaires, dans chaque cas, au succès ?

4/ Dans les sociétés industrielles, quelle division des bénéfices (entre capital et travail) est la plus susceptible de produire une action parfaitement harmonieuse et, ainsi, de connaître le meilleur succès ? En d'autres termes, quelle division est la plus équitable et laquelle est maintenant la plus praticable ?

5/ Le moyen le plus pratique de promouvoir une connaissance de la coopération parmi les gens et de diffuser les plans les plus approuvés pour diriger des magasins et autres affaires coopératives."

Malgré le faible délai imparti, toutes dispositions sont prises par Arlès-Dufour pour répondre favorablement à cette invitation et compléter la délégation française, aux côtés de l'historien Louis Blanc, ancien membre du gouvernement de 1848 toujours en exil à Londres, de Paul Hubert-Valleroux et de E. Feuiller (ou Etienne Feuillet)2595. Si l'assurance donnée par Jean Gaumont est formelle2596, en moins de trois mois en 1869, Arlès-Dufour, aura effectué deux voyages en Angleterre, le second se situant en août2597 !

Tout au long des années 1860, l'Impératrice Eugènie s'emploie à parfaire son métier de souveraine... pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, ce sont les oeuvres charitables auxquelles elle apporte le meilleur d'elle-même. Dans ce domaine, ses initiatives, parfois dispendieuses, sont nombreuses : orphelinats, hôpitaux, crèches, asiles, etc., souvent visités par elle. En 1862, pour l'anniversaire de sa naissance, "l'Espagnole" comme la surnomment ses dénigreurs, souhaite fonder un organisme de crédit en faveur des ouvriers. Une souscription nationale est ouverte, et les élèves des lycées de Paris fortement encouragés à sacrifier dix centimes de leur argent de poche hebdomadaire2598. ‘ "Il paraît, rapporte Enfantin à Arlès-Dufour, que l'argent afflue au Prince Impérial et qu'on s'occupe activement des succursales de province2599" ’ ; c'est à peu près le moment où le Père s'interroge : ‘ "Le gouvernement a fondé l'institution de prêt à l'enfance au travail, pourquoi ne fonderions-nous pas le prêt de l'intelligence à l'intelligence2600 ? "

Un décret impérial du 15 septembre 1862 vient approuver le règlement de la "Société du Prince impérial - Prêts de l'enfance au travail". La présidence est évidemment assurée par la fondatrice. Elle a choisi deux vice-présidentes, la princesse Marie-Clotilde Napoléon, la pieuse et jeune épouse du volage "Plon-Plon", et la princesse Mathilde, la cousine et ex-fiancée de l'Empereur. L'article premier des statuts stipule : ‘ " Il est formé une association ayant pour but, soit de faire des prêts destinés à l'achat des instruments, outils, ustensiles et autres ’ ‘ objets mobiliers, ou matières premières nécessaires au travail, soit de venir en aide pour des besoins accidentels et temporaires à des familles laborieuses." ’ L'article 5 de ce texte précise que l'administration de la société est confiée à : 1 / un Conseil supérieur 2 / des Comités locaux 3 / des dames patronnesses2601.

La présidente de ces dames patronnesses est la vice-présidente de la société, la princesse Marie-Clotilde, assistée de quatre vice-présidentes, la comtesse Walewska, Mesdames Baroche et Troplong, la duchesse de Morny et d'une trésorière la baronne Haussmann. Comme ailleurs, un comité local s'est constitué dans le quartier Saint-Clair à Lyon. Exception peut-être, son activité semble avoir été modeste. Selon son grand-livre, il accordera seulement 23 prêts à compter du 17 août 1863, des prêts variant de 120 à 501 F, pour des durées de deux et trois ans, à des liseurs, lingères ou ouvriers en soie. Certains de ses comptes ne seront pas soldés2602... Au plan national, toutefois, il semble que les résultats aient été généralement satisfaisants et que les emprunteurs aient correctement remboursé les sommes prêtées. La Société des tisseurs lyonnais se verra attribuer un prêt de 300.000 F, fin 1866, pour pallier les effets de la crise de la Fabrique2603.

Quant au Conseil supérieur, ses membres reçoivent un magnifique parchemin, signé de l'Impératrice elle-même, comme elle a tenu à le faire sur chaque carte de membre fondateur2604. Ce Conseil est composé de hautes personnalités, en grande considération. Monseigneur Darboy, archevêque de Paris le préside2605. Fremy, Conseiller d'Etat, gouverneur du Crédit foncier en est le vice-président. On remarque parmi ses membres : de Royer, Premier président de la Cour des Comptes, le duc de Bassano, sénateur, Grand Chambellan, Schneider, vice-président du Corps législatif, Devienne, Premier président de la Cour impériale de Paris, l'abbé Deguerry, curé de la Madeleine (chargé de l'instruction religieuse du prince impérial)2606, Denière, président du Tribunal de commerce, etc., et enfin, précédant dans cette liste Uhlmann, grand rabbin du Consistoire central des Israélites, Arlès-Dufour, ‘ "président [sic] de la Chambre de commerce de Lyon."

A la première réunion du Conseil supérieur de la Société du Prince impérial, devant l'Empereur, l'Impératrice et ces importantes personnalités, Arlès-Dufour, toujours vif dans l'expression de sa pensée, devait faire un éclat. Son inépuisable bonté connue de tous (ses archives regorgent de lettres de reconnaissance), une nouvelle fois mise à contribution par la sollicitation d'un brave vicaire resté inconnu, il lui narre l'épisode : ‘ "[...] J'éprouve la plus vive sympathie pour les missionnaires catholiques et protestants qui risquent courageusement leur vie pour aller au loin convertir des populations sauvages ou ignorantes ; mais en même temps, je regrette et ne saurais encourager, même indirectement, un pareil dévouement. Bien plus, je le déplore quand je pense le bien que ces hommes d'élite pourraient faire tout bonnement en France en convertissant au Christianisme ou à sa morale un nombre immense de Français qui se disent catholiques ou protestants et qui ne sont rien moins que chrétiens et quant à côté de cela, je vois le peu de résultats qu'ils obtiennent. Le Père Huc ne nous a-t-il pas avoué qu'après trois siècles de propagande catholique en Chine dans une population de 400 millions d'habitants, on comptait à peine 80.000 chrétiens et Dieu sait quels chrétiens.

"Ce que je vous dis là, Mr. le Vicaire, je me suis permis de le dire dans la première séance de la Société du Prince Impérial présidée par l'Impératrice ; l'Empereur, l'archevêque ??? [sic], curés ?? [sic] de Paris étant présents. On citait comme exemple à suivre la Société de la Sainte Enfance. L'Empereur demandant le but de cette Société, j'ai pris la liberté de répondre que c'était de baptiser et d'instruire dans le christianisme des petits Chinois et j'eus la témérité d'ajouter qu'il n'était pas besoin d'aller en Chine pour trouver des enfants à instruire, que nos villes en fourmillaient2607."

L'Impératrice ne lui tint pas rigueur de cette incartade. Elle le connaissait bien ainsi que son franc-parler. Très certainement, il s'était déjà fait auprès d'elle l'avocat de l'égalité des sexes en obtenant, en 1861, pour Julie Daubié2608, âgée de 37 ans, la possibilité jusqu'alors refusée aux femmes de subir les épreuves du baccalauréat2609. Ce que la jeune fille fit avec le même succès qui lui avait permis de remporter le concours de l'Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de Lyon, ouvert par lui trois ans plus tôt.

Dés l'annonce du concours de cette Académie, il avait été sollicité par une certaine Stéphanie Geoffroy Saint-Hilaire dont la requête avait aiguisé son intérêt et, peut-être, marqué le début de ses rapports avec Julie Daubié. ‘ "Quoiqu'à peine connue de vous, permettez-moi de vous faire une demande que l'élévation de votre âme vous fera excuser, lui écrit-elle. Une de mes amies, Melle Daubié, distinguée de cœur et d'espoir, a, prêt à mettre sous presse, un volume dont les têtes de chapitres paraissent empruntés au rapport de M. Arlès-Dufour.[...] La digne Melle Daubié n'a pris la plume qu'après avoir traversé vaillamment les dures épreuves qui atteignent la femme pauvre." ’ ‘ "La femme pauvre", déjà quasiment le titre de l'ouvrage qui sera publié huit ans plus tard et qui reprendra intégralement, en avant-propos, les termes de la question - l'amélioration de la condition sociale des femmes - mise au concours de l'Académie de Lyon par le destinataire de cette lettre2610. Stéphanie Geoffroy Saint-Hilaire poursuit : ‘ "Quand elle arrive au moment de ne pouvoir plus vivre des secours paternels, désintéressée maintenant dans la question, elle veut servir au profit des autres femmes le fruit de son expérience, afin d'éviter à celles qui, peut-être moins à l'abri ou moins fortes, ne sortiraient point pures de l'épreuve si cruelle de la misère ! Melle Daubié est inspirée par un sentiment si généreux et si noble que vous le comprendrez, Monsieur, et voudrez bien, je l'espère, l'accepter aussi comme l'excuse à cette lettre. Recevez2611..."

Après des regrets de n'avoir pu le rencontrer à Lyon et des considérations religieuses et scientifiques sur la menstruation, Michelet n'avait guère tardé à complimenter l'initiateur du concours : "‘ J'ai reconnu votre cœur admirable à cette question, telle que les académies n'en proposent plus2612."

Mais, trois jours après, le quotidien parisien La Presse dans son numéro du 13 juillet 1858, inflige un involontaire démenti à l'historien2613. Sous le titre "Du travail des femmes", Adolphe Guéroult, après avoir rappelé les mérites de l'Académie de Lyon, signale le récent mémoire de la Société permanente des Amis des arts de Dijon sur l'utilité d'établir dans cette ville une école gratuite de dessin pour les femmes. En bon saint-simonien lui aussi, il plaide pour le relèvement du salaire des femmes et la recherche de nouveaux emplois à leurs aptitudes naturelles2614.

L'auteur du mémoire n° 15 ayant plusieurs épigraphes dont la suivante : Non ignara mali, miseris succerrere disco, remporte les deux tiers du prix de l'Académie de Lyon, c'est-à-dire une médaille de huit cents francs, malgré ses ‘ "tableaux exagérés des misères de la femme2615", ’ selon le rapporteur Jean Morin. C'est cette épigraphe, tirée de L'Enéide de Virgile, précédée de cette autre de Tancrède de Voltaire ("L'injustice, à la fin, produit l'indépendance"), qui figure en exergue de l'ouvrage La femme pauvre au XIXe siècle paru en l866, peut-être grâce à la générosité d'Arlès-Dufour. De la faveur de l'Impératrice, Arlès-Dufour espérait beaucoup, non sans certitude de succès. A nouveau, il obtient d'elle une intervention pour la remise du diplôme de bachelière de Julie Daubié, toujours volontairement retardée2616. ‘ "Je vous conterai alors comme quoi j'ai parlé de vous à l'Impératrice, à propos de l'égalité des salaires pour ’ ‘ l'homme et la femme lorsqu'il y a égalité de service2617" ’; ‘ "Je suis sûr que l'Impératrice vous appuierait2618", écrit-il, à diverses reprises à sa protégée.

Par ailleurs, c'est encore à la suite de sa sollicitation auprès d'Eugénie que, le 10 juin 1865, la Légion d'honneur sera décernée à Rosa Bonheur, peintre, la première femme à recevoir cette distinction ! "Presque malgré l'Empereur2619", précise-t-il à Julie Daubié2620. Si cette complaisance lui est accordée, il n'en cesse pas moins de guerroyer. Le 15 du même mois, il écrit à Dumas-Isnard, secrétaire particulier de l'Impératrice, le texte suivant : ‘ "Vous devez me trouver bien ingrat envers vous d'avoir tant tardé à répondre à votre obligeante lettre du 12 mai et, surtout, au bienveillant reproche de négligence que vous m'avez transmis au nom de S.M. l'Impératrice.

"Mon excuse est dans un excès de réticence contre la plume qui s'est emparé de moi depuis quelque temps et qui, sans l'acte courageux et important proclamé par Le Moniteur du 10, m'aurait probablement fait renvoyer jusqu'à mon prochain voyage à Paris une réponse verbale. La décoration donnée à Rosa Bonheur inaugure l'ère de justice religieuse et sociale dont l'annonce valait à mon ami et maître Enfantin, il y a seulement 34 ans, les sarcasmes, les injures, et même la prison. L'idée de l'égalité, non de l'identité, de l'homme et de la femme révoltait alors les hommes les plus éclairés et même les femmes. Et une surprise générale éclata en France et même en Europe lorsqu'il y a six ans, l'Académie de Lyon osa proposer un prix pour le meilleur mémoire en faveur du Principe de l'égalité de salaire pour l'homme et la femme lorsqu'il y a égalité de travail ou de service.

"Cette décoration prouvera du moins aux disciples ou amis de Proudhon et de Michelet que, même sur le trône, la femme a une âme, un cœur valant son esprit.

"Ce qui me [mot illisible] et m'humilie, moi homme, c'est que, jusqu'ici, L'Opinion Nationale [et pour cause, grâce à l'ami Guéroult ! ] est le seul journal qui ait glorifié cet acte qui, à lui seul, illustrerait un règne.

"S.M. trouvera dans le rapport très abrégé fait à l'Académie de Lyon, par M. Morin2621, les indications et détails avec lesquels la note explicite qu'elle me fait l'honneur de me réclamer ferait double emploi. Comme preuve de l'ignorance honteuse et immorale dans laquelle sont encore les hommes qui marchent à la tête du pays, je citerai à S.M. la dernière loi sur l'instruction primaire qui dit, ô honte ! que les minimums du traitement des instituteurs seront de 600, 700, 800 et 900 F, ceux des institutrices de 400 et 500 F !!! Pourquoi cette différence ?

"Est-ce parce que les femmes vieillissent plus tôt et sont souvent plus malades que les hommes ? Certes, ce n'est pas parce qu'elles enseignent moins bien - Ce qui se passe dans les écoles de la Société d'instruction primaire du Rhône, dont je suis le secrétaire général et qui compte 30 écoles de filles et 60 de garçons, prouverait le contraire - Et cette criante différence n'a soulevé aucune réclamation, aucun blâme !

"En allant à Plombières vers le 15 juillet, je m'arrêterai quelques jours à Paris et si, alors, S.M. veut me faire l'honneur de me recevoir, je répondrai de mon mieux aux questions qu'elle voudra bien m'adresser sur cet intéressant sujet. Il en est un autre qui, je le sais, l'intéresse vivement et sur lequel j'ai la prétention d'avoir sérieusement réfléchi, c'est le chômage avec la misère de nos ouvriers. Il y a près d'un demi-siècle qu'avec mes amis, nous étudions ce problème social, abordé par Napoléon III, sous le titre de Extinction du paupérisme - Cette publication2622..."

Malgré une chaleur de 33° à l'ombre, sans un soupçon d'air, il est à Paris, comme prévu, et, comme habituellement, avec un emploi du temps chargé : rejoint dans la capitale par son fils Gustave et sa belle-fille Lucy, la veille il a dîné chez Didion, le soir même "à Armanvilliers" (entendre le château des Pereire, récemment édifié), s'excuse auprès de "Michel" Chevalier de son impossibilité de le retrouver, assiste à "la seconde conférence de Duveyrier" - "magnifique" -, sans doute Henri, l'explorateur dont l'ouvrage Les Touaregs du Nord est sorti de presse depuis quelques mois. Et, le lendemain, avant de rejoindre Plombières "Dieu aidant", il ira dîner "aux Loges", c'est-à-dire chez Martin-Paschoud, si l'Impératrice ne le reçoit pas2623. Le Prince impérial souffrant, l'entrevue ne peut avoir lieu. Sa Majesté s'en fait excuser le lendemain, par l'intermédiaire de son secrétaire, dépêché spécialement2624.

Dans son hôtel de la station thermale vosgienne, en cure pour la cinquième année consécutive, c'est à la table de l'Empereur qu'il est, semble-t-il, convié. Il le narre à Pauline, au crayon faute de plume, dans une chambre provisoire attendant pour le lendemain celle du général de Lapérouse, : "Perdonnet2625 qui avait accompagné l'Empereur m'a attendu et l'on nous a mis à cette table aristocratique, mais, ce matin, sous prétexte de santé, je vais retourner à notre petit salon, à l'autre bout, où je n'entendrai pas la conversation stupide de huit ou dix fashionables badins. L'Empereur vit ici comme un simple mortel2626."

Rassemblant ses souvenirs à l'intention de ses enfants, après avoir rappelé les concours ouverts par son mari auprès de l'Académie de Lyon, Pauline écrit : ‘ "[...] toujours poussé par ses mêmes idées, il eut la grande satisfaction d'obtenir, par l'influence de Sa Majesté l'Impératrice, la croix d'honneur pour Rosa Bonheur et, je crois à la même époque, le château de Longchêne pour l'établissement de l'hôpital de l'Impératrice Eugènie2627."

L'Impératrice avait effectivement fait l'acquisition d'un important domaine, comportant château et dépendances, à la limite des communes d'Oullins et de Saint-Genis Laval. Par lettre du 9 juillet 1866, elle annonce au préfet et à la Commission des hospices de Lyon, réunis le 12, le don qu'elle en fait, en toute propriété, à ces hospices afin d'y établir un asile de convalescents2628. Dans la matinée du 25 août 1869, descendue la veille à l'Hôtel de ville, en compagnie du prince impérial, la première visite de son programme est réservée à l'inauguration de l'Hôpital Sainte-Eugènie que le cortège officiel rejoint par la rue Impériale, la place Louis-le-Grand, la place de la Charité, le cours Perrache et le pont de la Mulatière2629.

Comme il est à l'origine de l'établissement qui compte 233 lits lors de son ouverture en 18672630, Arlès-Dufour assiste sûrement à la cérémonie. Cette manifestation n'est pas la seule aux côtés de l'Impératrice. Une lettre du 18 août 1869, à lui adressée, quelques jours auparavant, en tant que "bien cher et honoré collègue", nous l'apprend.

Elle émane de M. Barreswil, secrétaire de la Société de protection des apprentis et des enfants employés dans les manufactures, 16 rue Saint-Florentin, Paris. Cette société, déclarée d'utilité publique par décret du 4 juillet 1868, ‘ "a pour but d'améliorer la condition des apprentis et des enfants employés dans les manufactures, par tous les moyens qui, en respectant la liberté de l'industriel et l'autorité du père de famille, agiront en conformité de la pensée des lois sur l'apprentissage et sur le travail dans les manufactures." ’ Arlès-Dufour est membre fondateur de cette société et même le censeur depuis 18672631. Déjà, le 4 juillet 1869, Barreswil le pressait au plan lyonnais : "[...] ‘ M. Pariset, M. Gillet se mettent à l'oeuvre. M. Brac de la Perrière les aidera. D'ici, les protestants sont sollicités de s'associer au mouvement. Tout le monde compte sur vous ’ ‘ 2632 ’ ‘ .[...]". Le 7 même mois, il revenait à la charge : "[...] Le jour où, d'accord avec le Cardinal [de Bonnald] qui vous apprécie, avec les hommes de toutes nuances, de tous partis et tous cultes, vous demanderez que les enfants ne soient plus victimes de l'industrie, vous assurerez un grand progrès ’ ‘ 2633 ’ ‘ .[...]"

"Lyon, ’ ‘ lui est-il donc écrit le 18 août 1869 ’ ‘ , va recevoir l'Impératrice ! Les journaux disent que vous vous préparez à mettre sous les yeux de S.M. les diverses phases du travail de la soie. Je vous en prie, lorsque l'Impératrice s'arrêtera devant des enfants roses et fraîches qui opèrent le dévidage, osez dire que ce tableau est menteur, que telles ne sont pas les enfants employées à ces travaux, qu'elles sont chétives, amaigries, hâves, épuisées par le travail et que la phtisie les décime. Dites cela afin que Lyon voie enfin et que la visite de l'Impératrice inaugure pour les enfants une existence meilleure. [...]

"Vous qui avez tant fait pour Lyon, vous lui devez encore le service de l'obliger à laver cette tache qui la souille, à guérir cette plaie répugnante. Nous vous serons tous reconnaissants2634."

Mais, deux années auparavant, les Lyonnais lui avaient-ils tellement marqué leur gratitude2635 ?

Notes
2439.

Expression d'Arlès-Dufour, citée par Hubert Bonin, "De l'apogée de la banque traditionnelle à la banque moderne (1830-1992)", in Yves Lequin [dir.], 500 Années lumière - Mémoire industrielle, op. cit., p. 337.

2440.

Présent à la séance de la CCL du 30 décembre 1847, il est absent aux séances suivantes des 13 et 27 janvier, 24 et 28 février, 1, 3 et 9 mars avant de reprendre le chemin de la Chambre de commerce pour celle du 15, CCL (Registre des délibérations).

2441.

Louis de Larrard, op. cit., p. 45.

2442.

Cf. XXI - Le "Printemps" et ses orages.

2443.

Cf. XVIII - Un "prolétaire enrichi"... et XXI - Le "Printemps" et ses orages. Selon le Registre des délibérations de la Chambre de commerce, après avoir assisté à la séance du 28 mars, il est absent à celles des 6 et 20 avril, pour être de retour le 4 mai.

2444.

Robert Bigo, op. cit., pp. 157-158. Cet auteur cite un "négociant en tissus", malheureusement resté anonyme, et, entre autres, outre deux économistes Léon Faucher et Aristide Guilbert, les banquiers Achille Fould, Pagnerre et Emile Pereire.

2445.

CCL, Registre des délibérations, 12 mars 1846. Pour mémoire, Arlès-Dufour est absent à cette séance présidée par Brosset.

2446.

Lettre d'Enfantin, 6 avril 1848, à Dufour-Feronce (OSSE, Vol. 12, p. 78).

2447.

Supposition faite sur la foi de la précision donnée supra par Arlès-Dufour, étant souligné cependant que Louis de Larrard, op. cit., p. 59/60, dont nous nous inspirons, ne fait pas état du nom de celui-ci.

2448.

Ainsi que déjà vu in XXIV - "Rien sans peine"...

2449.

CCL, "Dossier Banque de France- Comptoir national d'escompte 1814/1854", n° 93 D 19 / N° 1.

2450.

Registre des procès-verbaux CCL, séance extraordinaire du 23 mars 1848, et Registre des copies de lettres CCL, lettre n° 413 du 29 mars 1848 sur l'organisation du Comptoir d'escompte à M. le maire provisoire de Lyon.

2451.

Lettre du ministre de l'Agriculture et du Commerce à MM. les membres de la Chambre de commerce de Lyon, 24 mars 1848 (CCL n° 93 D 19 / N° 1, dossier cité).

2452.

Lettre du Comptoir national d'Escompte de Lyon, 5 avril 1848, à la Chambre de commerce de Lyon (CCL, n° 93 D 19 / N° 1, dossier cité).

2453.

CCL, n° 93 D 19 / N° 1, dossier cité.

2454.

Ibid.

2455.

L'Etat avait promis une dotation de 68 millions ; il n'en versa qu'un seul, Robert Bigo, op. cit., p. 159.

Le Comptoir national d'Escompte de Lyon fermera définitivement ses portes en 1889 (CCL, n° 93 D 19/ N° 1, dossier cité).

2456.

Cf. XVI - Des balles et des boulets.

2457.

Enfantin, Le Producteur, t. IV, p. 54, cité par H.-R. d'Allemagne, Les Saint-Simoniens, op. cit., p. 44.

2458.

Ibid., p. 66, cité par H.-R. d'Allemagne, ibid.

2459.

Lors de la première assemblée générale du 29 avril 1854, selon procès-verbal, A.N. 25/AQ2, cité par Jean Autin, Les frères Pereire, ... , op. cit., pp. 116-117.

2460.

Livre particulier, cité, au 30 septembre 1852.

2461.

Cf. XXIV - "Rien sans peine"...

2462.

Livre particulier, cité, arrêté du 30 septembre 1852. Ce Livre fait bien mention de 60.000 F, alors que la liste des premiers souscripteurs mentionne l'achat de 100 actions, chacune étant de 50O F selon les statuts.

2463.

Journal Le Crédit du 28 mai 1849, cité par H.-R. d'Allemagne, Prosper Enfantin et..., op. cit., p. 159.

2464.

Lettre d'Enfantin, ? janvier 1850, à Arlès-Dufour, déjà citée in XXI - Le "Printemps" et ses orages (OSSE, Vol. 12, p. 152).

2465.

Lettre d'Enfantin, 5 février 1850, à Dufour-Feronce, déjà citée in XXI - Le "Printemps" et ses orages (OSSE, Vol. 12, p. 155).

2466.

Lettre d'Enfantin, 13 mars 1852, à Arlès-Dufour (ARS 7843), citée par H.-R. d'Allemagne, Prosper Enfantin et..., op. cit., p. 175.

2467.

Statuts du Crédit foncier de Paris, transmis par le ministère le 7 juin 1852, pour servir de modèle aux statuts de la Société lyonnaise en projet (ADR dossier 8 MP 193-194 "Sociétés anonymes, banques").

2468.

H.-R. d'Allemagne, Prosper Enfantin et..., op. cit., p. 175.

2469.

Lettre de demande de création d'une société de Crédit foncier à Lyon, Lyon, 10 avril 1852, au ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Commerce, Paris (ADR, dossier 8 MP 193-194, cité). Les qualités précisées des intéressés sont les suivantes : Arlès-Dufour, "négociant, membre de la Chambre de commerce, censeur de la succursale de la Banque", Aynard, "négociant, président du tribunal de commerce, censeur de la succursale de la Banque, membre de la Commission municipale", de Boissieu, "propriétaire", A. Bontoux, "ancien négociant, administrateur de la succursale de la Banque", Th. Brölemann, "négociant, membre de la Commission municipale de Lyon", Brosset aîné, "président de la Chambre de commerce", A. Delahante, "receveur général des finances", Desgrand, "négociant, membre de la Chambre de commerce, administrateur de la succursale de la Banque", Oscar Galline, "négociant, administrateur de la succursale de la Banque", L. Guérin, "banquier, administrateur de la succursale de la Banque", Morin, "banquier, administrateur de la succursale de la Banque", F. Platzmann, "négociant", Saint-Olive, "ancien négociant, censeur de la succursale de la Banque", etc.

2470.

Ces départements sont les suivants : Rhône, Ain, Saône-et-Loire, Allier, Loire, Ardèche, Drôme et Isère, Lettre du 10 avril 1852, citée.

2471.

Lettre signée d'Arlès-Dufour et de A. Delahante, Lyon, 26 mai 1852, au ministre de l'Intérieur (ADR, dossier 8 MP 193-194 cité).

2472.

Lettre du "Crédit foncier de France - Direction de Lyon", 27 août 1853 (ADR, dossier 8 MP 193-194 cité).

2473.

Selon liste des premiers souscripteurs du Crédit foncier de Paris (ADR, dossier 8 MP 193-194 cité).

2474.

Raoul de Cazenove, Rapin Thoyras, op. cit., p. cxliv.

2475.

Ainsi que déjà précisé au chapitre XXIII - Gestion et spéculation. Pour mémoire, à nouveau, aucun détail de bilan au 30 septembre 1861. Celui de l'année suivante - le dernier du Livre particulier - ne mentionne plus cet investissement, suite peut-être au décès de Dufour-Feronce en novembre 1861.

2476.

Note d’Enfantin lue, en novembre 1846, aux fondateurs de la Société d’études du canal (OSSE, Vol. 12, p. 11).

2477.

Lettre d'Arlès-Dufour, 23 décembre 1848, à Schletter, Damiani et Gontard, Leipzig (Archives familiales).

2478.

Livre particulier au 30 septembre 1856, cité. Le nombre de 381 actions du "Crédit allemand" est ramené à 100 (Valeur 18.000 F) au 30 septembre 1857, 108 (ou 100) (Valeur 30.000 F) en 1858, 128 (valeur 30.000 f) en 1859, idem en 1860. Pour mémoire, aucun détail en 1861. Plus de trace de ces actions en 1862.

2479.

Cf. XX - "Une belle part dans l'histoire". Selon des renseignements de source différente (Andreas Beckmann, "A propos du développement de diverses banques privées à Leipzig", ms, Brême, septembre 1991, traduction Bärbel Plötner, février 1993) de celle visée dans ce chapitre XX, il s'agirait plutôt de Christian G. Frege.

2480.

Andreas Beckmann, texte cité ci-dessus.

2481.

Robert Bigo, op. cit., p. 165.

2482.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais... , op. cit., p. 107.

2483.

Jean Autin, Les frères Pereire,..., op. cit., p. 152.

2484.

Bertrand Gille, op. cit., p. 158.

2485.

William Gladstone, associé de la banque Thomson, Bonard & C° (Bertrand Gille, op. cit., p. 152) et administrateur du Paris-Orléans (Bertrand Gille, op. cit., p. 157, et Robert Bigo, op. cit., p. 164).

2486.

Donon, banquier parisien et administrateur du Paris-Orléans (Bertrand Gille, op. cit., p. 157), ami du duc de Morny (Robert Bigo, op. cit., p. 164), également d'Arlès-Dufour (Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 107).

2487.

Cf. XXIV - "Rien sans peine"...

2488.

Lettre d'Arlès-Dufour, 28 janvier 1859, à Enfantin (ARS référence non fournie), citée par Bertrand Gille, op. cit., p. 159.

2489.

David Hanseman fondateur en 1851 de la Disconto Gesellschaft (Robert Bigo, op. cit., note 4, p. 164), ancien ministre des Finances de Prusse et "directeur" du Comptoir d'escompte de Berlin (Ibid., p. 165).

2490.

Bertrand Gille, op. cit., p. 162.

2491.

Ibid.

2492.

Robert Bigo, op. cit., p. 165.

2493.

Bertrand Gille, op. cit., p. 162.

2494.

Ibid., p. 179.

2495.

Jean Rivoire, op. cit., p. 21. Le titre d'administrateur au Crédit industriel et commercial d'Arlès-Dufour est confirmé à l'annexe 1 de cet ouvrage, constituée de la liste des 35 plus importants actionnaires.

2496.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 123.

2497.

Ibid., p. 107.

2498.

Souscription ouverte pour une tranche de 40 millions, selon Bertrand Gille, op. cit., p. 162. Sur une première tranche de 4O millions, seul le quart fut appelé, selon Robert Bigo, op. cit., p. 165. Ce dernier montant fut porté à 60 millions en 1861, ibid. note 1.

2499.

Livre particulier, cité, arrêt au 30 septembre 1859. En 1860 : idem. En 1862 : 350 actions estimées 80.000 F. Au 17 mars 1873, selon arrêté de la succession, 225 actions représentant 62.005, 55 F.

2500.

A. N. F30, 209, dossier cité par Jean Bouvier, Histoire économique et... , p. 183.

2501.

Cité par Alphonse Courtois fils, op. cit.

2502.

Robert Bigo, op. cit., p. 167. La Société de dépôts et de comptes courants serait une maison lyonnaise, selon Lyonnaise de Banque 125 Ans de chroniques, op. cit., p. 8. A propos de cette Société, l'actif à la mort d'Arlès-Dufour précise "de Paris".

2503.

H. Moulard, président de la Lyonnaise de Banque, préface de Lyonnaise de Banque 125 Ans de chroniques, op. cit., p. 3. La Société lyonnaise de dépôts est devenue successivement Société lyonnaise de banque en 1982, puis Lyonnaise de Banque en 1988.

2504.

Lettre de demande de création de la Société lyonnaise de dépôts et de comptes courants et de crédit industriel, Paris, 29 septembre 1864, au préfet du Rhône (ADR, dossier 8 MP 193-194 cité).

2505.

CCL, Délibération du 20 octobre 1864 (ADR, dossier 8 MP 193-194 cité).

2506.

Lyonnaise de Banque : 125 Ans de chroniques, op. cit., p. 8.

2507.

Ibid.

2508.

Emilien Teissier, président de la Société lyonnaise de dépôts 1865-1866, Lyonnaise de Banque : 125 Ans de Chroniques, op. cit., p. 8. Arthur Brölemann, allié également d'Arlès-Dufour, en est le vice-président, Rapport du conseil d'administration à l'assemblée générale du 2 avril 1867.

2509.

Selon du moins le tableau du conseil d'administration, en annexe de Louis de Larrard, op. cit.. Son successeur Monet est signalé prendre ses fonctions en septembre 1866, année du décès d'Emilien Teissier.

2510.

Cf. XVI - Des balles et des boulets...

2511.

Robert Bigo, op. cit., p. 167.

2512.

Selon plaquette des statuts de cette Société, Paris, Imprimerie Henri Carion, 1868, 16 p., sur laquelle Arlès-Dufour a porté les éléments relatifs à sa souscription (Archives familiales).

2513.

Alain Plessis, op. cit., p. 180 et Robert Bigo, op. cit., p. 175. Selon Robert Bigo, op. cit., p. 174-175, Arlès-Dufour aurait également été, avec Enfantin et Talabot, l'un des 1200 actionnaires de la Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l'industrie en France, selon acte de constitution du 1er mai 1864.

2514.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., pp. 124-131.

2515.

Jean Rivoire, op. cit., p. 19-20, texte et notes. Certains éléments complémentaires sont empruntés au discours de rentrée du stage du Barreau de Lyon, 13 décembre 1985, Henri Germain, avocat, fondateur du Crédit lyonnais par Patrick Sorel, plaquette éditée par le Barreau de Lyon, 27 p., s.d.

2516.

Auguste Jouret, op. cit., p. 28. Toutefois, Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., note 7 p. 148, cite un acte du 6 novembre 1852 selon lequel Henri Germain cesse, à cette date, toute participation dans l'agence de change Joseph Maniquet.

2517.

Robert Bigo, op. cit., p. 259, l'affirme sans indication de source. S'agit-il de celle que nous indiquons ? Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 148 et note 5, même page, pose la question, rappelant Robert Bigo. Le préfet Rude, lors de la commémoration du centenaire de la Société d'enseignement professionnel du Rhône, le 16 janvier 1966, affirme que "Henri Germain [...] pendant plusieurs années avait fait partie de la maison de commerce Arlès-Dufour".

2518.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 147 et note 6 même page.

2519.

Courrier de l'Ain, s.d., reproduit dans L'Echo de la Fabrique, 25 décembre 1831.

2520.

H.-R. d'Allemagne, Les Saint-Simoniens..., op. cit., p. 202.

2521.

CCL, Registre des délibérations, 9 décembre 1841.

2522.

Ibid., 19 mai 1836.

2523.

L'un lui venant de son père à Saint-André-de-Corcy, l'autre, le château de la Pape, à Rilleux, acquis après son mariage, Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., pp. 146 et 148).

2524.

Henri Germain sera élu député de l'Ain le 23 mai 1869, Jean Rivoire, op. cit., p. 31.

2525.

J.-C. Bas, "La Compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est", Connaissance du Rail, N° 48, septembre 1984.

2526.

Cf. XXVI - "La mère des ouvriers".

2527.

Lettre d'Enfantin, 14 juin 1862, à Arlès-Dufour, Londres (OSSE, Vol. 13, p. 150).

2528.

Précision vraisemblablement apportée lors de l'édition.

2529.

Lettre d'Enfantin, 15 juin 1862, à Arlès-Dufour, Londres (OSSE, Vol. 13, p. 151).

2530.

Déjà, une première section de la voie ferrée devant relier Sathonay à la ville de Lyon était inaugurée le 5 juillet 1863, "Ephéméride 1863", Annuaire du Département du Rhône, Lyon, Mongin-Rusard, 1864.

2531.

J.-C. Bas, article cité.

2532.

B.M.L. cote 10651.

2533.

Selon état de la succession, 100 actions de la Compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est, valeur aux 28 octobre et 30 novembre 1876 34.652,95 F.

2534.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 124 et note 4, même p.

2535.

Lettre d'Arlès-Dufour, 7 octobre 1862, à Enfantin (ARS 7687), citée par Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., note 3, p. 125.

2536.

Titre relevé in ADR, dossier 8 MP 193-194 cité.

2537.

Lettre d'Arlès-Dufour à Heurtier, directeur général du ministre du Commerce, date non précisée, mars 1863 (ARS 7688), citée par Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., note 4, p. 125.

2538.

Souligné par nous.

2539.

Lettre d'Arlès-Dufour, 20 mars 1863, à Enfantin (ARS 7687), citée par Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 125.

2540.

L'intérêt manifesté par l'économiste à l'égard de l'entreprise vient-il confirmer la tradition familiale orale rapportée plus haut sur "l'homme qu'il nous faut pour notre Crédit lyonnais" ?

2541.

Lettre d'Arlès-Dufour, date non précisée [ ? mars 1863], à Enfantin (ARS 7687), citée par Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., suite note 4, p. 125.

2542.

Souligné par nous.

2543.

Lettre d'Arlès-Dufour, 15 avril 1863, à Enfantin (ARS 7687, à défaut 7688), citée par Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., fin note 4, p. 125.

2544.

OSSE, Vol. 13, p. 217. Lors de la publication de ce volume en 1867, les OSSE poursuivent, : "Cette partie de la correspondance d'Enfantin renferme des jugements et des portraits qui entreront nécessairement un jour dans l'histoire financière de notre temps."

2545.

Cette loi est promulguée le 23 du même mois.

2546.

Selon Liste des 352 souscripteurs initiaux au capital du Crédit Lyonnais [...] le 6 juillet 1863, fournie par cet établissement, s.d.

2547.

Jean Rivoire, op. cit., p. 16.

2548.

On remarquera le nombre important d'actions souscrites au nom du second fils Alphonse par rapport à celui de son aîné Gustave, a priori hiérarchiquement plus élevé dans l'organisation de la firme Arlès-Dufour et Cie.

2549.

Lettre d'Arlès-Dufour, 27 mars 1863, à Enfantin (ARS 6787), citée par Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais... , op. cit., p. 126.

2550.

Au Livre particulier, cité, simple mention dans l'arrêté au 30/9/1862 : "Rizières avec Vernes 10.000 F".

2551.

Lettre d'Arlès-Dufour, Plombières, 1er juillet 1863 à sa femme, (Archives familiales). Il s'agit de la naissance de François Max Arlès-Dufour, 30 juin 1863, Oullins. Pour mémoire, précédente naissance dans ce foyer mentionnée au chapitre XXV - De longs efforts couronnés de succès. Constatons que, grand-père pour la troisième fois, il est encore absent de Lyon pour cette naissance comme pour les précédentes.

2552.

MauriceEX \f nom «Chabrières (Adélaïde)» est porteur de dix pouvoirs (d'Arlès-Dufour, Michel Chevalier et Natalis Rondot notamment), Alphonse de quatre et son frère aîné d'aucun ! Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., pp. 128-129.

2553.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais, op. cit., p. 135, et Maurice Mogenet, op. cit., p. 19.

2554.

Selon fac-similé, s.d., publié par Le Progrès à l'occasion du 125e anniversaire du Crédit lyonnais.

2555.

Le Crédit Lyonnais séjourna au Palais du Commerce jusqu'en 1934 (Plaquette Le Palais du Commerce au fil du temps, Service des Archives de la CCIL, 1997).

2556.

Maurice Mogenet, op. cit., p. 23.

2557.

Christian de Montella, op. cit., pp. 8-9. Nous ignorons si cette "notice" est ou non différente de la "circulaire" citée par Maurice Mogenet, op. cit.

2558.

Maurice Mogenet, op. cit., pp. 11 et 94 et Christian de Montella, op. cit., p. 87.

2559.

Lettre d'Arlès-Dufour, 13 octobre 1863, à Michel Chevalier, citée par Jean Rivoire, op. cit., p. 24 (référence ARS non fournie).

2560.

Jean Rivoire, op. cit., p. 24.

2561.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 165.

2562.

Le 7 décembre 1865, démission de Sautter "administrateur-délégué", responsable de la nouvelle succursale de Paris, futur directeur de la Banque de Paris et des Pays-Bas en 1872 (Cité par Jean Bouvier , Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 186, et Jean Rivoire, op. cit., pp. 27-28). Démission du Lyonnais Jacquier (10 avril 1867) et, en bloc, des Genevois Charles Hentsch, Lenoir et Paccard (25 novembre 1868), citées par Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 189.

2563.

Rapports d'inspection des 16 juin 1864 et 8 juillet 1865 de la Banque de France, cités par Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., note 5, p. 167.

2564.

Lettre d'Arlès-Dufour, sur papier à en-tête Arlès-Dufour et Cie, Lyon, 2 juin 1864, à Henri Germain : "Cher Monsieur et ami". (Archives familiales).

2565.

Ibid.

2566.

Lettre d'Henri Germain, Francheville, 3 juin 1864, à Arlès-Dufour (Archives familiales).

2567.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 143. Dans un article "Le "bon sens" du crédit Lyonnais" publié dans la revue L'Histoire, Février 1983, n° 53, le même auteur fait à nouveau état d'un "Arlès-Dufour vieillissant". S'il n'est certes plus de la prime jeunesse, Arlès-Dufour fait toujours preuve du plus grand dynamisme.

2568.

Jean Bouvier, Le Crédit lyonnais..., op. cit., p. 124.

2569.

Lettre d'Arlès-Dufour, 2 juin 1864, à Henri Germain, citée : "[...] Ce qui prouvera, cher Monsieur et ami, que, malgré nos dissidences au sujet du Crédit lyonnais, je reconnais votre valeur ; [...]."

2570.

Lettre de Michel Chevalier, 27 avenue de l'Impératrice, Paris, 2 juin 1864, à Arlès-Dufour (Archives familiales). Michel Chevalier se dit prêt à avancer un millier de francs, s'il est donné suite au projet.

2571.

Lettre de Michel Chevalier, 7 juin 1864, à Arlès-Dufour (Archives familiales).

2572.

Selon la certitude de Jean Rivoire, et l'assurance du rôle important d'Arlès-Dufour au C.I.C. donnée par Bertrand Gille, comme vu plus haut.

2573.

Jean Rivoire, op. cit., p. 26.

2574.

Lettre d'Arlès-Dufour, sur papier à en-tête "Société générale de crédit industriel et commercial, 66 rue de la Chaussée d'Antin, Paris", 8 mai 1866, à sa fille Adélaïde, (Archives familiales).

2575.

Auguste Vitu, op. cit., p. 355. L'Opéra a été inauguré le 5 janvier 1875, ibid., p. 356.

2576.

Ibid., p. 325.

2577.

Cf. XXI - - Le "Printemps" et ses orages.

2578.

Sébastien Commissaire, op. cit., t. 2, p. 397.

2579.

Yves Lequin, Les ouvriers de la région lyonnaise... , op. cit., t. 2, p. 189.

2580.

Jean Gaumont, op. cit., t. 1, p. 518.

2581.

Ibid., p. 505.

2582.

Rapport du Conseil d'administration, lors de l'assemblée générale des actionnaires de la Caisse des associations coopératives du 7 avril 1870, 8 p., Paris, A. Chaix et Cie, 1870 (Archives familiales).

2583.

Jean Gaumont, op. cit., p. 505. De son côté, I. Tchernoff, op. cit., p. 435, confirme le montant de cette participation financière de l'Empereur, mais fait mention, à tort, de la création en "janvier 1866" (et non comme nous, selon Rapport du Conseil d'administration susvisé, d'"août 1866") de la Caisse des "sociétés" (et non "associations") coopératives.

2584.

Selon l'actif de la succession, avec mention "n'a pas donné de revenus - Recouvré capital de 7.000 F."

2585.

Selon le tableau du conseil d'administration figurant en tête du Rapport du Conseil d'administration susvisé.

2586.

Johannès Terme, élu député du Rhône en 1863, est le fils de cet excellent ami d'Arlès-Dufour, le docteur Terme, premier président de la Société d'instruction élémentaire du Rhône, ancien maire de Lyon et député du Rhône également, décédé en cours de mandat en 1847.

2587.

Arlès-Dufour, Un mot sur les fabriques étrangères..., op. cit., p. 152.

2588.

Selon Jean Gaumont, op. cit., p. 505, la Caisse des association coopératives ne devait avoir qu'une influence réduite. Le rapport du conseil d'administration lui-même, document cité, est quelque peu restrictif : "[...] L'expérience, qui ne semble pas favorable au prêt direct, a démontré en même temps, que l'escompte de leur [aux sociétés coopératives] papier commercial était la forme véritablement utile que devait revêtir notre intervention auprès des coopérateurs." Néanmoins 45 sociétés de production sur les 60 de Paris firent appel en 1869 aux services de la Caisse. En outre, il est noté "un appoint assez notable avec plusieurs crédits mutuels. Mais pour les Sociétés de consommation, il n'y a eu aucune proposition même d'affaire."

2589.

Lettre d'Arlès-Dufour, Paris, 6 mai 1866, à sa fille Adélaïde, épouseEX \f nom «Chabrières (Adélaïde)» (Archives familiales).

2590.

Jean Gaumont, op. cit., p. 481.

2591.

Cité par G. M. Trevelyan, op. cit., p. 691.

2592.

Lettre manuscrite de William Pare, Chatfield house, Putney, Surrey, 23 avril 1869, à Arlès-Dufour (Archives familiales).

2593.

Address of the Arrangement Commitee appointed at the conference held in the City of London, March 2, 1869 (Archives familiales).

2594.

Business of the Congress... (Archives familiales).

2595.

Jean Gaumont, op. cit., t. 2, p 629.

2596.

Jean Gaumont, op. cit., t. 1, p. 570, et t. 2, p. 629. Les précisions fournies par cet auteur sont extraites, selon les références qu'il en donne en p. 570, de l'ouvrage du docteur Hans Muller, Annuaire du mouvement coopératif international, 1ère année, 1910, avant-propos, pp. 12-13 de l'édition française. En ce qui nous concerne, nous ne pouvons confirmer la présence d'Arlès-Dufour au congrès du 31 mai 1869.

2597.

Selon correspondances d'Arlès-Dufour des 1er, Oxford, et 6 août 1869, "Athenaeum Club", à sa famille (Archives familiales).

2598.

Jean-Claude Lachnitt, op. cit., p. 63.

2599.

Lettre d'Enfantin, 11 avril 1862, à Arlès-Dufour, Breslau, citée (OSSE, Vol. 13, p. 149).

2600.

Février 1863 (OSSE, Vol. 13, p. 171).

2601.

Les noms qui suivent des personnes dirigeantes, présidente, vice-présidentes et membres du Conseil supérieur, ainsi qu'un extrait du règlement, figurent sur le diplôme de la société décerné, au titre du Conseil supérieur, à Arlès-Dufour, sous la signature de l'Impératrice, s.d. Les renseignements qui suivent émanent de ce diplôme (Archives familiales).

2602.

AML, Dossier ii/175, Société du prince impérial.

2603.

A la condition que cette société accepte sa transformation en société anonyme, cité par Jean Gaumont, op. cit., t. 1, p. 591, et Yves Lequin, op. cit., p. 190, t. 2. Sreten Maritch, op. cit., p. 108, cite à ce propos Le Progrès du 28 octobre 1866.

2604.

Jean-Claude Lachnitt, op. cit., p. 63.

2605.

Sous la Commune, Mgr Darbois et l'abbé Deguerry seront exécutés le 27 mai 1871 à la prison de la Roquette, G. Vapereau, op. cit.

2606.

Id.

2607.

Brouillon de lettre d'Arlès-Dufour, s.d. (1862 ?), non terminé et écrit au crayon, adressé à "Monsieur le Vicaire", sans nom de destinataire (Archives familiales).

2608.

Pour mémoire, cf. Bulletin du Centre Pierre Léon, Université Lumière Lyon 2, n° 2-3, 1993, entièrement consacré à Julie Daubié.

2609.

Il est frappant de noter que, au moment où elle vient passer ses épreuves du baccalauréat à Lyon, après les refus des Universités de Paris et d'Aix-en-Provence, Julie Daubié donne des leçons particulières aux enfants de Perdonnet (Emile Levasseur, Journal des Economistes, "Nécrologie", ? janvier 1875, cité par Raymonde A. Bulger, op. cit., p. 46). Au bénéfice des bonnes relations entretenues par Arlès-Dufour avec Auguste Perdonnet, d'une part, et Julie Daubié d'autre part, ne peut-on supposer que ces leçons ont été rendues possibles grâce à ces relations et qu'Arlès-Dufour a été l'artisan de ce rapprochement profitable à la bourse de la jeune femme ?

2610.

J.-V. Daubié, op. cit., déjà cité au chapitre XXII - Les premières expositions universelles. Un exemplaire de cet ouvrage a été dédicacé par Julie Daubié dans les termes suivants : "Hommage reconnaissant à l'Académie de Lyon, offert sous les auspices de Monsieur Arlès-Dufour. (Signé) J V Daubié". Curieusement, cet exemplaire a été recueilli dans les archives familiales.

2611.

Lettre de Stéphanie Geoffroy Saint-Hilaire, 55 rue Cuvier, sans indication de ville, ni de date [1858], à Arlès-Dufour (Archives familiales). Dans cette lettre, le nom de Daubié parait avoir été orthographié "Daubier" à chaque utilisation. Raymonde A. Bulger, op. cit., "chronologie", p. 301, nous apprend qu'en 1853 Julie Daubié suit à Paris des cours de zoologie avec Isidore Saint-Hilaire jusqu'en avril 1854.

2612.

Lettre de Michelet, Granville-sur-mer, 10 juillet 1858, à Arlès-Dufour (Archives familiales) : "La femme n'est pas impure à ce moment-là [...] c'est sa crise sacrée de fécondation". Les trois lignes suivantes de cette lettre ont été rendues illisibles, ne répondant sans doute pas à l'esprit qu'en attendait le destinataire ou un autre de ses lecteurs.

2613.

La Presse, 13 juillet 1858.

2614.

"Du travail des femmes", Ad. Guéroult, La Presse, 13 juillet 1858 : "N'est-ce pas une honte de voir, écrit Guéroult, dans les magasins de nouveauté, des espèces de Goliaths employés à déplier de la gaze ou à auner du ruban, des bras qui devraient labourer la terre ou conduire des locomotives ? Qu'arrive-t-il alors ? C'est que les femmes, chassées des emplois qui leur reviennent, sont obligées de porter la hotte ou de tirer la charrette du porteur d'eau. Les femmes s'hommassent, les hommes se féminisent, la race s'abâtardit et le monde va de travers. Déjà, dans les chemins de fer, on a eu le bon esprit de réserver généralement à des femmes la distribution des billets, dont elles s'acquittent avec beaucoup de prestesse et de présence d'esprit. [...]."

2615.

Rapport lu dans la séance publique de l'Académie de Lyon du 21 juin 1859 par Jean Morin.

2616.

Selon Agnès Thierce, "Julie-Victoire Daubié, première bachelière de France...", Bulletin Centre Pierre Léon, Université Lumière Lyon 2, 1993, N° 2-3, p. 55 et Raymonde A. Bulger, op. cit., p. 48 qui signale les démarches conjuguées de Francique Bouillier, doyen de la Faculté de Lyon, et d'Arlès-Dufour.

2617.

Lettre d'Arlès-Dufour, Plombières 31 juillet 1865, à Julie Daubié (Raymonde A. Bulger, op. cit., p. 91).

2618.

Lettre d'Arlès-Dufour, Oullins, 4 juin 1866, à Julie Daubié (Raymonde A. Bulger, op. cit., p. 99).

2619.

Lettre d'Arlès-Dufour, Plombières, 31 juillet 1865, à Julie Daubié, citée supra.

2620.

Pour mémoire, cf. XXII - Les premières expositions universelles. Jean Autin, in L'Impératrice Eugènie ou..., op. cit., p. 179, précise que l'Impératrice tint, elle-même, à remettre les insignes de la Légion d'honneur à Rosa Bonheur, dans l'atelier de l'artiste, à Bry, près de Fontainebleau, où elle demeure effectivement. Cet auteur ajoute que le décret de nomination dans cet ordre, signé par l'Impératrice elle-même le 8 juin 1865 comme elle y avait tenu également, est caduque pour vice de forme... Selon Vapereau, op. cit., la date exacte du décret est celle du 10, date du Moniteur. C'est bien cette date qu'Arlès-Dufour rappelle dans son courrier du 15 juin 1865 à Dumas-Isnard, reproduit plus loin. Ajoutons que Rosa Bonheur, depuis 1848, dirigeait une école gratuite de dessin pour les jeunes filles, Vapereau, op. cit.

2621.

Il s'agit du rapport lu au cours de la séance publique de l'Académie de Lyon du 21 juin 1859 par Jean Morin, déjà cité.

2622.

Brouillon de lettre d'Arlès-Dufour, "Montroses près Lyon", 15 juin 1865 à "Monsieur Dumas-Isnard, Secrétaire particulier de l'Impératrice" (Archives familiales). Ce brouillon s'interrompt brutalement ici.

2623.

Lettre d'Arlès-Dufour, "Paris, Dimanche" [Juillet 1865], à sa femme (Archives familiales).

2624.

Lettre d'Arlès-Dufour, Plombières, 22 juillet 1865, à sa femme (Archives familiales).

2625.

Auguste Perdonnet, ingénieur, Directeur de l'Ecole impériale centrale des Arts et Manufactures et Président de l'Association polytechnique.

2626.

Lettre d'Arlès-Dufour, Plombières, 22 juillet 1865, citée.

2627.

Notes prises par ma mère Pauline Arlès-Dufour sur la vie de notre père François Arlès-Dufour, Adélaïde Chabrières née Arlès (Archives familiales).

2628.

Lettre de l'Impératrice, 9 juillet 1866, au sénateur, préfet du Rhône ("Ephéméride 1866", 12 juillet 1866, Annuaire administratif et commercial de Lyon et du département du Rhône pour 1867, Lyon, Mongin-Rusand, 1867).

2629.

E. Pariset, Les entrées solennelles... , op. cit., p. 123.

2630.

Alain Roulet, op. cit., p. 162.

2631.

Bulletins SPAEM : t. 1, 1867, p. 35 - t. 7, 1874, p. 567-569 - t. 12, 1875, p. ?, déjà cités in chapitre XXII - Les premières expositions universelles. Ces renseignements obtenus par un tiers sont reproduits avec réserves. Vers 1867, par décision du ministre de l'Instruction publique, la SPAEM a été autorisée à faire le dépôt de ses documents et livres à la Bibliothèque de l'Arsenal (OSSE, 1867, Vol. 13, p. 238). A l'heure actuelle, il n'y en a pas été trouvé trace.

2632.

Sur papier à en-tête de la Société de protection..., lettre de Barreswil, Paris, 4 juillet 1869, à Arlès-Dufour. (Archives familiales). Les éléments concernant la Société de protection ont pour origine l'en-tête du papier ainsi utilisé.

2633.

Ibid., Paris, 7 juillet 1869.

2634.

Ibid., "de passage à Aix-les-Bains", 18 août 1869.

2635.

Allusion à son échec lors du renouvellement du Conseil général en 1867. Cf. chapitre XXX - Des bruits de bottes.