En ce 14 février 1863, la "fête impériale" bat son plein à l'Hôtel de Ville. Vaïsse, le sénateur, administrateur du Rhône, donne un grand bal, marquant l'inauguration de cinq des salons de l'ancien Consulat magnifiquement restaurés2636. Une autre occasion de sortie, pour le ménage Arlès-Dufour, s'offre dès la semaine suivante. Dans le cadre de ses nombreuses tournées, Clara Schumann vient charmer le public lyonnais des accents romantiques des pièces pour piano, celles en particulier de son défunt mari2637. Pauline ne peut manquer d'évoquer la mémoire du père de l'artiste, Fr. Wieck, remarquable professeur de musique à Leipzig, dont à l'époque elle a, peut-être, reçu les premiers rudiments et, de toutes façons, connu la grande réputation.
Mais l'heure n'est pas toute aux festivités. L'annonce des élections législatives prochaines ranime les ressentiments nés de la situation économique et politique. Arlès-Dufour voit venir cette échéance sans nervosité particulière, sans espoirs démesurés. Du gouvernement quel qu'il soit, il s'en arrange, mais à certaines conditions. Ainsi, l'explique-t-il ‘ : "La forme d'un gouvernement est d'un intérêt secondaire et relatif : monarchie, empire, république, qu'importe l'étiquette du sac ? C'est ce qu'il contient qui en fait la valeur et l'utilité. Tout gouvernement qui ne prend pas pour objectif continu : l'amélioration progressive du sort physique, moral et intellectuel de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre, bâtit sur le sable et ne porte en lui-même aucune condition de durée ’ 2638 ‘ ." ’
Les listes s'organisent dans chacun des camps. Une fois encore, Arlès-Dufour est sollicité. ‘ "Au nom d'un grand nombre d'électeurs ’ 2639 ‘ ", ’ précise César L'Habitant qui reproduit, comme suit, la lettre par laquelle le pressenti repousse les ouvertures faites ‘ : "Sous le règne de la bourgeoisie (règne de Louis-Philippe), j'ai toujours refusé la députation, parce que je voyais que je pouvais plus hors de la Chambre que dedans pour la propagation de mes idées et leur application." ’
‘ "L'étude que mes amis et moi (on nous appelle socialistes) avons faite du sphinx qu'on appelle Napoléon III nous attache à lui parce que, par ses écrits et par ses actes, qui, quoiqu'on en dise, sont d'accord, il applique et appliquera de plus en plus nos idées, nos rêves d'amélioration ’ ‘ du sort physique, intellectuel et moral de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. ’
‘ "Mais, direz-vous, pourquoi donc refuser la députation, qui vous permettrait de soutenir et même de provoquer les améliorations auxquelles vous avez travaillé depuis quarante ans ? C'est, cher ami, que les habitudes de ma vie, toujours indépendante, me rendent ingouvernable, et d'une franchise presque sauvage qui fait dire au Prince Napoléon que je suis un homme impossible. L'administration se tromperait en me soutenant, mais il est vrai, et je l'ai dit aux ouvriers, que l'opposition se tromperait aussi en me soutenant. ’
‘ "Je ne puis être dévoué, quand même, à personne et à aucun parti - c'est contre ma nature - ; je ne le suis qu'aux idées qui sont devenues mon ’ ‘ dada ’ ‘ [...] afin qu'on arrive progressivement au classement selon la vocation, et à la rétribution selon les œuvres ici-bas ’ 2640 ‘ ." ’
‘ Toutefois, est-ce bien là toute la vérité ? La totale vérité, après l'avoir confessée à Vaïsse, il l'exprime à son ami, le Prince Napoléon, le 7 mars, affirmant à l'un et à l'autre que le cousin de l'Empereur ’ ‘ a "le sentiment politique plus juste que M. de Persigny". "[...] je n'aurais pas refusé la candidature, avoue-t-il, si j'avais pu espérer qu'on laisserait arriver une soixantaine de députés libéraux indépendants qui auraient suffi pour arrêter la marche du gouvernement vers le suicide - suicide inévitable, si l'on persiste à fermer toutes les soupapes de sûreté, à ne vouloir écouter et même entendre que des chants de louange et d'adoration, comme ainsi : ’
‘ "- La France est assez riche pour payer sa gloire ! [...] ’
‘ "- Les contribuables seront trop heureux de voir doubler leurs contributions, surtout les petits. ’
‘ "- Les mères le seront encore plus de voir leurs fils aller mourir de vomito ’ 2641 ‘ pour rétablir, au Mexique ’ 2642 ‘ , le régime des couvents et les biens du clergé. ’
‘ "- L'Empereur aurait tort de donner aux Français la liberté anglaise, c'est bien assez de leur avoir donné un commencement de liberté ’ 2643 ‘ . [...]" ’
La situation politique présente fait l'objet de nombreux échanges entre les deux hommes, le prince Napoléon et Arlès-Dufour, pour se réjouir, rarement, pour maugréer contre le gouvernement, le plus souvent. Deux exemples suivent. A propos d'un discours du prince du 14 mars sur la Pologne2644, celui-ci reçoit ces compliments de Lyon : ‘ "Monseigneur, Cette fois au moins, les bravos partent de tous les cœurs, de tous les partis ! Ils vous sont même adressés par les hommes qui, comme moi, n'aiment ni la guerre, ni les guerriers, ni les lauriers. Ici, on pense, malgré le beau parlage [sic] de M. Billeault que, dans son for intérieur, l'Empereur aussi aura crié "Bravo Prince". Votre très dévoué serviteur (Signé) Arlès-Dufour ’ 2645 ‘ ." ’
A la suite d'une autre de ses interventions - certes parfois fort discutables... -, voici ce que le prince rapporte à Arlès-Dufour ‘ : "J'ai reçu vos deux lettres. Ce que vous me dites, je ne le sais que trop. Mais il ne m'appartient pas de le changer. [Au lieu ?] de diriger la politique, je la subis et je suis parmi les suspects, les blâmés, mon dernier discours a dû vous le prouver. Je vous l'ai fait envoyer. Que me reste-t-il à faire sinon à gémir sur l'aveuglement du gouvernement ! Je vous serre affectueusement la main et vous renouvelle l'expression de toute mon amitié. (Signé) Napoléon (Jérôme) ’ 2646 ‘ ." ’
"L'aveuglement du gouvernement" ? "La marche du gouvernement vers le suicide" ? On sait que, de ces élections législatives de 1863, l'opposition devait sortir renforcée, ailleurs comme à Lyon. Ici, deux des cinq candidats de l'administration sont battus, Cabias par Henon au premier tour, et, au second, Démophile Laforest par Jules Favre2647.
Ces scrutins à peine achevés, la préfecture s'inquiète déjà des élections suivantes, celles au Conseil général et aux Conseils d'arrondissement du Rhône afin de procéder au remplacement des vacances existant par suite de décès, démissions ou autres causes. De plus, une loi du 6 juillet 1862 a créé à Lyon (3e arrondissement) un 8e canton de justice de paix, au moyen du partage par égale moitié de l'ancien 7e canton. Or, le conseiller général de ce canton est justement Arlès-Dufour. Est-il indispensable de soumettre à réélection l'ensemble de ce canton, avec les problèmes qui pourraient en résulter ? Avec le souhait qu'il soit possible de se soustraire à cette nécessité, la question est posée par le préfet au ministère de l'Intérieur, accompagnée du jugement suivant : ‘ "Les conseillers actuels, MM. Arlès-Dufour et Combes ’ ‘ 2648 ’ ‘ , ’ ‘ sont dévoués au gouvernement de l'Empereur et marchent dans un parfait accord de vues avec l'administration qui tient à ne pas être privée de leur concours. Malheureusement, dans la disposition actuelle des esprits de la population électorale du 7e canton, et d'après ce qui vient de se passer pour les élections au Corps législatif, la réélection de ces deux personnes ne serait rien moins qu'assurée et il y aurait un grand risque de voir nommer à leur place des conseillers d'une opposition très avancée ’ ‘ 2649 ’ ‘ . ’ ‘ " ’ L'administration centrale ayant argué d'un usage contraire2650, la préfecture excipe à nouveau des dangers encourus, renouvelle ses appréhensions : ‘ "Enfin, je ne saurais trop le répéter à Votre Excellence, M. Arlès-Dufour est un conseiller sérieux, honorable et dévoué à l'administration. Il y aurait grand risque de voir nommer à sa place un conseiller d'une opposition trop avancée, et c'est bien assez que le nombre de vacances à pourvoir dans la ville de Lyon nous laisse la menace de voir arriver au Conseil général quatre candidats de la démagogie sans y en ajouter sans nécessité bien démontrée un cinquième ’ 2651 ‘ . [...]" ’ Il semble que Paris se soit en définitive rangé à ces arguments en vue de ces élections partielles du mois d'août 18632652.
Le renouvellement triennal des 18 et 19 juin 1864 s'annonce maintenant. Des élections qui, une fois passées, ‘ "embêtent bien M. Vaïsse qui jure contre les conservateurs sans admettre l'opinion ’ ‘ d'Ollivier au banquet de Turin ’ 2653 ‘ ." ’ En vue du renouvellement prévu, ‘ "en principe, le gouvernement ne veut pas renoncer aux candidatures officielles", a indiqué une circulaire officielle du cabinet du ministre de l'Intérieur en date du 15 mars. Ce texte stipule en outre : "Par conséquent, toutes les fois qu'une élection présentera un intérêt politique, vous devrez intervenir nettement ’ 2654 ‘ "... ’
Point n'est besoin pour Arlès-Dufour de recevoir l'aval du pouvoir. D'ailleurs, nous l'avons vu, trop jaloux de sa libre expression, de son indépendance, il le rejetterait. Ses actes suffisent. Et, sur la liste des membres du Conseil général de 1864 - liste apparemment2655 postérieure à ce renouvellement triennal -, il figure bien au titre du 7e canton, avec pour le 8e, l'avocat François Varambon, et pour les six premiers, respectivement Jacques Hénon, docteur et député, Jean-Paul Ferrouillat, avocat, Jean-Marie Giraud, avocat, Antoine Réjanin, négociant, Jean Carle, rentier et Jean-Marie Bacot, avocat. Dans la perspective de la convocation en session ordinaire, le 22 août, des Conseils généraux dans les départements2656, sont respectivement nommés, par décret de Saint-Cloud du 11 août, président, vice-président et secrétaire du Conseil général du Rhône, MM. Devienne, Premier président de la Cour impériale de Paris, Laurent-Descours, député et de Mornas, Procureur général près le Cour impériale de Paris.
Un rapport confidentiel des services du "Commissariat spécial - Police politique" ne tarde pas à l'intention du préfet, daté du 7 juillet, sur les nouveaux élus de juin 18642657. Il doit comporter des indications détaillées sur la personnalité et les sentiments politiques de chacun d'eux2658. Au sujet d'Arlès-Dufour, le rapport précise : ‘ "La position que M. Arlès-Dufour, homme de cœur et de haute intelligence, occupe dans le commerce lyonnais, son amour pour les ouvriers et même ses entraînements vers les utopies humanitaires lui assurent une grande influence dans son canton. ’ ‘ Son attachement à l'Empereur, aux idées impériales n'est pas équivoque ["est très vif", lit-on, avant rature] et ses vues élevées en font un auxiliaire précieux à l'action administrative ’ 2659 ‘ ." ’
Parmi ces "vues élevées", la croisade d'Arlès-Dufour contre l'ignorance est loin d'être la dernière. Ses nombreuses activités exercées dans ce domaine se trouvent également mises en avant pour fortifier son refus, vu plus haut, de candidature à la députation : ‘ "Que diable voulez-vous, cher ami, qu'avec mes opinions j'aille faire à la Chambre, dans ce milieu rétrograde de privilégiés ! Je suis plus utile au dehors avec La Martinière, mes huit mille enfants et mes deux mille adultes de nos écoles laïques, mon Ecole Centrale lyonnaise, la Chambre de commerce, le Conseil municipal, le Conseil général, les sociétés de secours mutuels, etc. C'est déjà trop pour un homme qui a commencé sa vie de travail et de lutte à seize ans ’ 2660 ‘ ." ’ Mais cet impressionnant tableau d'activités ne saurait être considéré comme définitif.
‘ "Donner l'instruction et l'éducation professionnelle au plus d'enfants possibles et le mieux possible, voilà la question ’ 2661 ‘ ." ’ Telle la posait-il déjà en 1832, dans L'Echo de la Fabrique. Lui emboîtant le pas dans le même hebdomadaire quelques mois plus tard, Trélat - vraisemblablement Ulysse Trélat, l'un des chefs de l'opposition démocratique après la Révolution de 1830 - dénonçait les difficultés de l'entreprise, sous la forme suivante : ‘ "[...] Qu'on cesse de nous dire que l'égalité règne chez nous : cela n'est pas. - Qu'on cesse de nous dire que toutes les carrières sont indistinctement ouvertes à tous les citoyens : c'est un mensonge. Il y a encore ici deux classes d'hommes, l'une devant laquelle s'abaissent, l'autre devant laquelle s'élèvent les barrières. [...] Il n'y aura d'instruction et de moralisation pour le peuple que du jour où un nouveau système d'éducation vraiment publique et national appellera tous les enfans [sic] au libre développement de leurs facultés ’ 2662 ‘ [...]." ’
La charte de l'enseignement primaire de 1833, la loi Guizot, ne devait pas résoudre toutes les insuffisances de l'enseignement, pas davantage la loi Falloux de 1850, qui, avec son équitable principe de la liberté de l'enseignement, reste un facteur de discorde récurrent entre le militantisme laïque et le militantisme clérical2663. Dans la lettre qu'il adresse le 29 janvier 1865 au clergé du diocèse d'Orléans, Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, n'écrit-il pas : ‘ "Si on veut que ce pays-ci se tire d'affaire, il faut que l'école se fasse dans la sacristie ’ 2664 ‘ ." ’ De quoi faire bondir Arlès-Dufour !
L'instruction primaire est toujours ni gratuite ni obligatoire, ce dernier système repoussé au nom de la liberté. Aussi, le tableau de cette plaie de l'ignorance, tel que le dressera encore, en 1867, Charles Robert, reste des plus sombres2665. Selon la carte statistique des pays de l'Europe classés en quatre catégories d'après leur degré d'instruction2666, parmi les pays "très avancés" figurent la Saxe, la Suisse, les petits Etats de l'Allemagne du Nord, la Prusse, la Hollande, etc. La France, l'Angleterre, la Belgique composent la catégorie des pays "assez avancés". Plus précisément en ce qui concerne notre pays, le résultat est affligeant : sur cent conscrits en 1867, vingt-trois, c'est-à-dire le quart en moyenne, ne savent ni lire ni écrire et, sur cent jeunes Français, dix ne savent pas un mot de la langue nationale et pour vingt autres elle n'est encore qu'un idiome étranger2667. ‘ "Dans le pays du suffrage universel, a pourtant dit l'Empereur, tout citoyen doit savoir lire et écrire ’ 2668 ‘ ." ’
Dès lors, on comprend les raisons pour lesquelles Arlès-Dufour, dans son rapport de l'Exposition universelle de 1862, se félicite des efforts accomplis dans ce domaine à Lyon2669. On comprend aussi qu'il n'en prêche pas moins la valeur de l'exemple des voisins, même britanniques. Il loue les progrès enregistrés dans le dessin et les couleurs dus à l'établissement, dans toute l'Angleterre et depuis l'Exposition de 1851, d'écoles de dessin, pour les deux sexes tient-il à préciser, dépendantes toutes du musée de South Kensington qui centralise et dirige cet enseignement, sous l'autorité de Henri Cole2670. De la Suisse, il vante l'excellence des écoles primaires et supérieures qui, avec la liberté des transactions, constituent la principale cause de ses succès dans le commerce et dans les manufactures2671. Quant aux écoles primaires et secondaires du Zollverein, elles sont qualifiées d'admirables2672.
Pour la France, dans le même document, il met tous ses espoirs dans l'importance des écoles professionnelles pour le commerce, l'industrie et l'agriculture, importance "comprise par l'Empereur" lequel a chargé deux ministres "bien dignes d'interpréter sa pensée", MM. Rouher et Rouland2673, d'en préparer l'établissement dans les principaux centres. ‘ "Lorsque ces écoles, complète-t-il, auront fonctionné pendant plusieurs années, nous ne serons plus forcés d'aller chercher beaucoup de nos employés en Allemagne et en Suisse. Ces écoles répondront aux besoins de l'avenir qu'elles assureront ’ 2674 ‘ ." ’ Voici pour le futur mais pour le présent ?
A la fin de l'année précédente, le 30 décembre 1861, le préfet du Rhône a accordé à la Société d'instruction primaire un crédit de 2.500 F pour l'entretien de six écoles primaires de filles établies rue Tupin, place de l'Eglise dans le quartier de Vaise, rue de Mizy, place des Capucins, rue de l'Annonciade et rue de Trion2675. Quelques mois après, un autre motif de satisfaction comble le secrétaire général de la société : la possibilité d'ouvrir le 28 avril 1863, après celle de Monplaisir, une seconde bibliothèque pour les ouvriers, rue de Cuire, comprenant 1200 volumes2676. Outre ces deux bibliothèques, ce sont 75 écoles, classes et cours qui sont en charge sur l'ensemble de l'agglomération lyonnaise dont dix-huit écoles élémentaires de filles et sept cours élémentaires pour les adultes femmes. Deux nouvelles classes élémentaires, toujours pour les femmes et filles adultes, viennent compléter cet effectif le 29 novembre de la même année2677. Les cours, simplement qualifiés de "divers" pour les "femmes et les adultes filles", sont, par contre, bien spécifiés pour les "adultes hommes" : cours de chimie appliquée à la teinture, de dessin appliqué aux arts et à l'industrie, de théorie pour la fabrication des étoffes de soie, avec ceux destinés aux chauffeurs mécaniciens2678.
Des bureaux de la Société d'instruction primaire, situés au 85 rue de la Bourse, il n'y a qu'un pas, si le temps n'est pas trop compté, pour visiter soit à la Chambre de commerce son président et ami Brosset, soit ce vieux camarade René Holstein, agent comptable à la Bourse2679. A moins que, toujours de là, ce ne soit l'occasion pour l'associé commanditaire de la Société Arlès-Dufour et Cie de rejoindre ses bureaux, près du quai Saint-Clair depuis peu garni de platanes et repavé en grès cubique avec la place Tholozan (sic)2680, où ils sont installés au n° 19.
Certes, comme il l'affirme toujours dans son rapport de l'Exposition universelle de 1862, grâce à la Société pour l'instruction primaire, Lyon a pris les devants dans le domaine de l'enseignement, avec ses cours d'adultes ou non, de garçons et de filles, d'adultes femmes et hommes2681. En ce qui concerne les cours d'adultes, la Société polytechnique de Paris - ainsi que la société philotechnique qui en est issue - lui sert de référence2682. Fondée au lendemain de la Révolution de Juillet par de jeunes élèves de l'Ecole polytechnique, ayant son siège à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, elle a pour but, selon l'article premier de ses statuts, de donner aux ouvriers une instruction appropriée à leurs besoins. A cet effet, elle établit des cours publics, faits par des professeurs non rétribués ; elle organise des conférences et fonde des bibliothèques populaires2683. Son président à vie2684 et son secrétaire dès 1830, Auguste Perdonnet, directeur de l'Ecole impériale centrale des Arts et Manufactures, qui se présentait dans une conférence précédente comme un "vétéran des chemins de fer2685", revendique cette fois le titre de "vieux défenseur, [de] vieil athlète de cette noble cause de l'instruction2686." Des relations cordiales régulièrement cultivées depuis des décennies avec Arlès-Dufour ont largement entretenu entre eux le culte de cette cause, au profit aussi bien de l'élément masculin que féminin.
Pour satisfaire aux besoins du présent "qui sont impérieux", expose celui-ci toujours dans son rapport de l'Exposition de 1862, il convient que le gouvernement favorise, dans les départements, l'ouverture de cours d'adultes à l'instar de ceux de la Société polytechnique et de la Société philotechnique. Et c'est pour énumérer les cours qui s'imposent : ‘ "cours professionnels d'arithmétique, de comptabilité, de tenue de livres, des langues anglaise et allemande, de dessin, de lithographie, de gravure en bois ’ ‘ "... Une énumération qui se poursuit de façon quelque peu ’ ‘ inattendue pour qui ne connaît pas l'impétueux féministe ’ ‘ : "... pour les filles et les femmes, que l'Etat, entièrement dirigé par des hommes, oublie presque toujours, et qui, cependant, si elles avaient, comme le voudrait la justice, les mêmes moyens d'instruction que les hommes, seraient de bien utiles auxiliaires dans le commerce et l'industrie ’ 2687 ‘ ." ’
Eugène Rouher et Gustave Rouland, en leur qualités respectives de ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, et de ministre de l'Instruction publique et des Cultes, sont personnellement interpellés dans ce rapport. Sauf évidemment ce dernier domaine, la formation professionnelle ressortit en effet à chacun de leur compétence. Du premier personnage, le rédacteur a l'oreille fort attentive. De l'autre, un ancien magistrat appelé à ce poste en 1856, il a suivi avec soin les mesures prises, sans publicité tapageuse, pour relever le niveau des études et la situation matérielle des maîtres2688. Malheureusement, les emplois ministériels sont, sinon éphémères, du moins instables. Le 22 juin 1863, Rouher, tout en lui annonçant le prochain mariage de sa fille au fils du marquis de Lavalette, renseigne Arlès-Dufour ‘ : "Rien n'est encore décidé au sujet [? mot illisible] de mon maintien au ministère des Travaux publics et de mon envoi au Conseil d'Etat, mais je crains bien, comme vous, un changement de situation ’ 2689 ‘ ." ’ Il venait d'adresser à l'Empereur un rapport jugé très remarquable sur la formation professionnelle ! Le lendemain même, son départ est rendu officiel, le voici ministre présidant la haute institution. Le surlendemain, Rouland abandonne son portefeuille. Victor Duruy prend sa suite à la tête de l'Instruction publique, séparée à cette occasion de l'administration des cultes. Le nouveau ministre a enseigné l'histoire depuis 1833 au Collège Henri IV à Paris, avant de devenir successivement inspecteur de l'Académie de Paris, puis inspecteur général de l'enseignement secondaire. A la fin de l'année suivante, son secrétariat général sera tenu par un jeune maître de requêtes au Conseil d'Etat, Charles Robert, âgé de 36 ans, qui lui apportera un appui aussi large qu'efficace.
Mais le nouveau président du Conseil d'Etat n'abandonne pas pour autant le dossier de l'enseignement professionnel - il en avait donné l'assurance, semble-t-il de son écriture difficilement lisible, à son correspondant du 22 juin. Consécutivement à son rapport, dans des délais les plus brefs et au grand plaisir d'Arlès-Dufour, dès le 4 juillet, Le Moniteur annonce la création d'une commission chargée de régulariser et d'étendre cet enseignement particulier2690. Alphonse Valois, président de la Société d'instruction primaire du Rhône, ne tarde guère à féliciter de sa nomination au sein de cette commission son secrétaire général et ami, après Paris déjà à Plombières. ‘ "Vous connaissez ces questions mieux que personne, lui écrit-il le 9 même mois. N'avez-vous pas coopéré à la création de l'Ecole de la Martinière et plus tard à l'Ecole centrale de commerce [sic] ’ 2691 ‘ à Lyon ? Longtemps auparavant n'aviez-vous pas été avec nous un des fondateurs de notre belle et puissante Société d'instruction primaire ? N'avez-vous pas toujours siégé dans son conseil d'administration ? Enfin, n'avez-vous pas toujours observé et étudié la classe ouvrière dans ses tendances, dans ses aptitudes et surtout dans ses efforts pour se procurer et acquérir l'instruction ? ’
‘ "L'enseignement professionnel est donné en France avec trop de parcimonie ; nous avons, sans doute, d'excellentes écoles de commerce, d'industrie, d'arts et métiers ; mais le nombre en est trop restreint et, en général, la classe ouvrière proprement dite ne profite de rien. Rien n'est fait pour elle : cette vérité ressort clairement du rapport du ministre. Vous aurez beaucoup à entreprendre si vous voulez combler les lacunes. Mais dans vos discussions, n'oubliez pas notre chère ville de Lyon. Si elle a su se placer en avant des autres centres d'industrie, non moins actifs et non moins entreprenants, ce n'est pas une raison pour qu'on la néglige. C'est au contraire un motif pour qu'on l'encourage ; plus elle a fait d'efforts, plus elle est digne de protection et de faveurs. [...]" ’
Et pour les obtenir, le président Valois adresse huit longues pages, rappelant par le menu la spécificité de chacun des enseignements prodigués. Déjà, il espère beaucoup du destinataire : ‘ "Cependant, vous êtes à la source des grandes oeuvres. Avant de quitter Paris, demandez beaucoup et acceptez tout ce qu'on offrira. Dans nos mains, tout a son utilité ’ ‘ 2692 ’ ‘ ." ’
La nomination à la commission d'étude de l'enseignement professionnel dont il s'agit est aussi à l'origine de trois copieuses pages de réflexions, adressées au même dont la notoriété transparaît à travers elles. Elles émanent d'un ancien élève de l'Ecole centrale des Arts et manufactures, ancien directeur de l'Ecole professionnelle de Nantes et actuel directeur de l'Ecole professionnelle du Centre à Ménars : une école qu'il n'a pas hésité à acheter en 1859 pour en remanier les études. ‘ "En quelques mots, résume-t-il, et pour ne pas abuser de vos précieux moments, le but que je me suis toujours proposé depuis treize années a été de faire triompher, dans la sphère que je me suis ’ ‘ choisie, des idées que vous avez tant de fois émises et auxquelles vous êtes aujourd'hui appelé à faire porter le plus de fruits possibles ’ 2693 ‘ ." ’
Cette lettre et la précédente font-elles partie de ces divers documents dont Rouher, depuis Carlsbad, accuse réception à Arlès-Dufour, ainsi que d'un livre de Cobden ? En tout état de cause, Rouher tient à effacer les doutes qui percent chez son correspondant, à propos de l'efficacité de la future commission. Estime-t-on déjà que créer une commission équivaut à enterrer un problème ? ‘ "J'ai plus de confiance que vous dans les travaux de la commission sur l'enseignement professionnel. J'espère que M. Béhic ’ 2694 ‘ vous occupera. Au besoin, je demanderais à devenir votre collègue, car j'ai cette affaire à cœur." ’ Et le ministre confie : ‘ " Qu'on me regrette un peu au ministère des Travaux publics, j'ai la vanité, peut-être déraisonnable, de le croire. Mais qu'on fonde des espérances sur ma situation nouvelle, je ne puis l'admettre. Je ne vois dans cette position, jusqu'à présent, que sujets d'inquiétudes ou périls ’ 2695 ‘ ." ’
De retour, l'un et l'autre, de leurs cures respectives, le ministre est relancé par le fidèle de Plombières qui propose l'adjonction de diverses personnes à la commission, une commission dont Rouher continue de bien faire son affaire personnelle. Il répond, en effet, le 27 septembre à son interlocuteur : ‘ "Lorsque vous viendrez à Paris, nous causerons des travaux de notre commission" ’. Par la même occasion, il l'assure de ses vifs regrets quant à ‘ "l'ajournement dont M. Tisseur a été victime" ’et ‘ "de tous ses efforts pour que cette distinction honorifique lui soit donnée le plus tôt possible ’ 2696 ‘ ." ’ Des "quatre Tisseur", sans doute vraisemblablement s'agit-il de Jean Tisseur, le dévoué et distingué secrétaire de la Chambre de commerce de Lyon depuis 1853, fort apprécié d'Arlès-Dufour et de Brosset.
Les espoirs placés dans l'aménagement de l'enseignement technologique ne peuvent faire perdre de vue, bien au contraire, à l'un de ses sept administrateurs - depuis 1862, nous le savons2697 - les buts et les conditions de fonctionnement de La Martinière. Ils sont honorés depuis longtemps à l'échelon national, nous l'avons dit précédemment2698. En 1839, l'école avait reçu la visite détaillée et attentive d'un ancien élève de l'Ecole polytechnique, le duc d'Orléans. La même année, courant mars, Enfantin avait souhaité que Arlès-Dufour fasse au général Edhem-Bey‘ , "un homme que vous aimerez et qui a un grand avenir", ’ revenant d'Angleterre et retournant en Egypte, ‘ "les honneurs de votre belle industrie et de votre ville, et nous lui montrerons ensemble La Martinière" ’ ; ainsi en fut-il fait2699. Le 6 juillet 1847, la Chambre de commerce se rend, en corps, dans l'établissement, sur la suggestion du président Brosset2700. Elle en revient ravie, ‘ "frappée de l'ordre merveilleux, de la précision et de la promptitude qui y règnent dans toutes les parties de l'enseignement, et des progrès prodigieux qu'y font les élèves. C'est l'organisation qu'il serait à désirer de voir adopter pour type de la création d'une école de commerce ’ 2701 ‘ ." ’ Un autre dessein auquel, on s'en doute, Arlès-Dufour s'était attelé avec enthousiasme l'année précédente, dans le cadre d'une commission spéciale, avec Mouterde et Bodin2702, et qu'il avait malheureusement dû abandonner en raison de sa non-rééligibilité le 25 juin suivant. Enfin, le président de la République, lui-même, visite à son tour La Martinière le 16 août 18502703.
Deux ans après, Arlès-Dufour couche, sur le papier - simple brouillon ou copie de lettre effective, nous l'ignorons -, ses intentions libellées comme suit, à l'adresse de M. Monmartin, l'un des sept premiers membres de la commission administrative depuis sa création en 1832, : ‘ "Au sortir d'un danger auquel j'échappais miraculeusement, je me suis promis à moi-même d'affecter de mon vivant, ou après ma mort, une partie de ma fortune à des institutions ayant pour but l'amélioration du sort physique, intellectuel et moral des classes ouvrières. ’
‘ "Je viens tenir une partie de cette promesse en faisant don à l'école de la Martinière de la somme de 20.000 F qui devra être placée soit en rentes de l'Etat, soit en bons de la ville de Lyon, dont le produit doit être à tout jamais affecté à réunir tous les ans, le lendemain de la distribution des prix aux élèves de l'école, en un banquet modeste, dont la dépense ne dépassera pas 3 F par tête, tous les administrateurs et professeurs de l'école et tous les lauréats vivants et présents à Lyon. ’
‘ "Le but du banquet sera plutôt moral que matériel, il sera bien plus une communion qu'un repas ; il permettra de constater par l'inscription du nom, de l'âge, de l'état ou position sociale de chaque convive, les bienfaits de l'école ; il établira entre eux un lien de fraternité morale qui les fera ’ ‘ s'entraider dans le monde et qui entretiendra ou fera naître entre eux le sentiment de reconnaissance envers l'admirable institution que vous avez si puissamment contribué à fonder. ’
‘ "A ceux auxquels la fortune aura souri, il leur rappellera leurs frères moins heureux et leur inspirera sans doute le désir de leur venir en aide. Une quête sera faite au dessert et son produit, joint à l'excédent des revenus du legs sur les dépenses, sera distribué en primes de 50 F chaque, aux parents les moins aisés des lauréats de l'année, sous forme de livrets de la caisse d'épargne. (Signé) Arlès-Dufour ’ 2704 ‘ ." ’
Quel que soit le sort réservé à ce vœu, la résolution ne fut pas abandonnée. Dans son testament daté du 1er janvier 1871, l'administrateur de La Martinière2705 lui lègue une ‘ "somme de 10.000 F, les intérêts pour être affectés en livrets de la caisse d'épargne d'une valeur de 50 F chaque et donnés en prix tous les ans aux meilleurs élèves, et, à mérite égal, aux plus pauvres ’ 2706 ‘ ." ’ En 1884, sa veuve renouvellera cette libéralité pour un montant identique. Dans un testament antérieur, le 20 septembre 1863 il avait écrit - et il le renouvellera dans celui du 1er janvier 1871 - ‘ : "Je lègue toutes mes décorations à l'école de la Martinière afin qu'elles servent de stimulant aux élèves qui ne sont pas plus pauvres que je ne l'étais au début de ma carrière ; ils le sont même infiniment moins, car ils reçoivent une instruction que les fils de famille ne recevaient même pas sous le Premier Empire ’ 2707 ‘ ." ’ Lors de sa séance du 4 juillet 1872, le Conseil municipal de Lyon, sur le rapport du "citoyen maire", acceptera, au nom de La Martinière, le bénéfice de ce testament, soit 10.000 F d'une part, d'autre part les décorations et médailles léguées2708. Hélas, ces décorations et ces médailles demeurent introuvables dans l'actuelle institution2709. Néanmoins, le souvenir des donations des époux Arlès-Dufour en reste perpétué par une plaque de marbre, sous l'objet "Fondations de prix", apposée dans le hall d'honneur de l'établissement, devenu l'Ecole nationale professionnelle de Lyon en 1926, et maintenant lycée technique d'Etat.
Dans le même temps où Arlès-Dufour rédige son testament de 1863, son fils cadet, Armand, lui écrit, le 6 octobre, de Leipzig. A son tour, après ses frères, le diplômé de l'Ecole centrale lyonnaise suit avec grand intérêt les cours de l'Ecole de commerce saxonne dont il exalte la qualité des professeurs. Indépendamment, il s'est inscrit aux cours de philosophie de la Faculté pour se familiariser avec la langue parlée, assure-t-il avant de se ‘ "replonger dans [ses] comptes courants et "comptes en partie troubles ’ ‘ " ’ ." Auparavant, il décoche quelques flèches à l'égard des bacheliers français, ou, plus précisément, de l'enseignement qu'ils reçoivent. ‘ "Mais puisque nous sommes sur le chapitre de l'instruction et que je sais combien tu t'intéresses à cette belle question, je joins à cette lettre le plan d'une institution fondée par mon professeur de comptabilité. Il s'agit d'une école de commerce pour les jeunes filles et femmes. Quoique ce soit une idée toute nouvelle en Allemagne, l'école, après six mois, compte déjà cinquante élèves, autant que l'Ecole centrale de Lyon après six ans. [...] Charles Dollfus ou M. Guéroult en pourraient tirer de quoi faire un article intéressant et utile. Quand ce ne serait que pour montrer combien les idées nouvelles se développent plus facilement ici que chez nous ’ 2710 ‘ ." ’ Un fils bien digne de son père... Une école de commerce pour jeunes filles et femmes certes, mais, depuis l'année précédente, il n'en existe pas moins, à Paris, la première école publique laïque d'enseignement professionnel féminin, fondée par Elisa Lemonnier, l'épouse de Charles, avocat et ancien professeur de philosophie au lycée de Sorèze, aussi bonne saint-simonienne que lui.
C'est, apparemment loin de toutes préoccupations, à Rome, fin mars 1864, qu'Arlès-Dufour achève un séjour de près de trois mois en Italie méridionale, comme il l'écrit à un destinataire - "My dear Sir2711" - qui nous est inconnu. Dans une lettre du 6 juin 1864 à Julie Daubié, toujours bénéficiaire de son aide généreuse, il confirme au passage cette présence dans la péninsule : ‘ "[...] je vous prie d'envoyer votre travail imprimé, ainsi que ce qui a pu l'être sur l'enseignement des femmes, Ecole Lemonnier à Leipzig, à Madame Emma Marwedel ’ 2712 ‘ qui s'occupe d'organiser pour les jeunes filles, un enseignement plus pratique même que celui qui fonctionne déjà à Lyon depuis longtemps. [...] Ayant passé tout l'hiver en Italie, je suis peu au courant de la grande ’ ‘ question de l'émancipation des femmes, mais je sais et vois que cela avance, surtout depuis que les femmes elles-mêmes ont pris sérieusement leur cause en main. Quoiqu'il arrive, vous aurez la satisfaction d'avoir contribué à ce religieux mouvement ’ 2713 ‘ ." ’
A propos de ce séjour italien, une question se pose. S'est-il exclusivement déroulé là où il est dit ? Quel a été l'emploi du temps de notre personnage toujours si remuant ? Sauf état de santé précaire, nous l'imaginons mal au repos ou faisant exclusivement du tourisme, durant un trimestre, même en compagnie de Pauline, certes si souvent abandonnée, à qui il le doit pourtant bien... Dans le but de s'assurer des sources d'approvisionnement, ce séjour prolongé n'aurait-il pas été mis à profit pour faire l'acquisition de... deux moulins, l'un à Rivolta (province de Crémone) sur la rivière Adda, l'autre à Gandino (province de Bergame) sur un torrent affluent de la Seria, situés dans les régions séricicoles de la Lombardie2714 ?
La chose ne serait pas surprenante. En effet, sensiblement dans le même temps, la Société Arlès-Dufour et Cie a fait l'acquisition, à Clérieux, dans le canton de Romans (Drôme), d'une "fabrique à soie" installée sur un canal de dérivation de la rivière L'Herbasse, affluent de l'Isère2715. L'existence de ces trois installations est découverte dans un acte sous-seing privé du 1er octobre 1869, le même jour qu'un acte notarié passé chez Maître Lombard, à Lyon. ‘ "Les pouvoirs énoncés dans l'acte notarié, est-il précisé dans le document additionnel, sont les seuls qu'il a convenu aux associés de rendre publics, mais ils se sont réservé de réglementer en d'autres termes et dans les rapports entre les associés entr'eux les pouvoirs des associés en nom collectif" ’. Il fixe notamment la limite financière des avances et les délais à accorder ‘ "aux meilleurs clients de France", "d'Italie", "du Levant", "de Chine et du Japon" ’(les villes de Shangaï et de Hong-Kong étant mentionnées), tous nominativement cités2716.
Quant à l'acte notarié, il s'impose de lui-même. La société Arlès-Dufour et Cie, créée en 1859 pour une durée fixée à dix ans, a pris fin2717. Une nouvelle société, sous la même raison sociale et à la même adresse du 19 place Tholozan, Lyon, est formée entre les mêmes, soit Arlès-Dufour et deux de ses fils2718, Gustave et Alphonse, ainsi qu'avec son gendre Maurice Chabrières, avec effet du 1er octobre 1869 pour une durée de six ans2719. Toutefois, elle ne reste en nom collectif qu'à l'égard des deux frères, et la commandite, exclusive antérieurement à l'égard de François, s'étend désormais à Chabrières2720. Indépendamment des "maisons mères" de Lyon et Paris, aux succursales de Saint-Etienne, Marseille, Bâle et Zurich, est venue s'ajouter, entre-temps, celle de Crefeld, ville de Prusse rhénane célèbre par sa production de soie, et se soustraire la succursale de Grenoble. En ce qui concerne le personnel, la même année 1869 voit l'arrivée comme collaborateur d'Ennemond Morel, rejoignant Victor Bizot entré l'année précédente2721.
Mais revenons en 1864. Sentant vraisemblablement sa fin prochaine, Enfantin refait son testament. Egalement, il s'occupe aussi activement que possible de la mise en ordre de ses affaires personnelles, et surtout des archives saint-simoniennes auxquelles il souhaite joindre divers livres en vue de la constitution d'une bibliothèque. Dans ce dernier but, le 16 juin 1864, il sollicite son éternel ami : ‘ "[...] Vous devez certainement avoir des livres de socialistes divers et aussi des livres d'homéopathie, et des livres d'économie politique qui n'ont pas une fameuse utilité dans votre bibliothèque, et seraient très bien dans l'esprit de celle-ci. [...] Vous devez avoir beaucoup de choses sur des projets financiers, industriels, importants par eux-mêmes ou par leurs inventeurs ; de même sur votre concours pour les femmes. Figurez-vous d'ailleurs que ni Lambert, ni moi, n'avons un seul volume d'économie politique, sauf Michel [Chevalier], et que, ni Say, ni Smith, ni Malthus ne sont là. Débarrassez-vous en faveur du fonds commun ’ 2722 ‘ . [...]" ’
La réponse tarde. Au crayon, elle est datée du 27 juin. Un refroidissement, attribué à un bain, en est la cause : il ‘ "m'a tellement abattu que, depuis dix jours, c'est la première fois que j'ai le ’ ‘ courage et l'envie d'écrire à qui que ce soit. Le brave Holstein a passé cette dernière quinzaine avec moi, exprimant à plusieurs reprises ses regrets que vous ne fussiez pas de la partie, regrets bien partagés par toute la colonie. Je ne sais quand j'aurai le courage de réunir les livres, documents et correspondances et je crois bien que, pour cela, il faudra que vous me veniez en aide ’ 2723 ‘ . [...]" ’ Cette lettre restée sans écho, Arlès-Dufour rompt le silence le 12 juillet : ‘ "On pourrait bien trépasser sans que vous y preniez garde. Voici la première fois depuis vingt-cinq jours que je puis écrire à la plume et ce n'est pas brillant. Cette terrible attaque de zona ’ 2724 ‘ qui n'a été que le symptôme ou l'éruption d'un mal, d'un volcan intérieur, m'a laissé faible, engourdi, hébété, redoutant la plume et même le crayon et la lecture. Je pense toujours aller à Plombières, mais j'attends cependant un mot de Love ’ 2725 ‘ [...]. Bowring a passé quelques jours avec nous - ça m'a d'abord remonté, mais, le troisième jour, sa verve intarissable m'a fatigué. J'aurais mieux aimé garder l'ami Didion ’ 2726 ‘ qui nous a donné à peine un jour." ’
‘ "Cette sacrée attaque de zona qui, pendant quinze jours, reprend-il auprès d'Enfantin le 14 juillet, m'a complètement anéanti, me pousse à tout mettre en ordre, sauf les livres, lettres et papiers qui m'inspirent une sainte horreur ’ 2727 ‘ ." ’ Un état général et des dispositions qui ne doivent guère satisfaire son impatient ami, d'autant que le départ est maintenant fixé au 21 du même mois à destination de la station thermale. Avant son départ, eut-il seulement le temps d'accéder à la prière du prince Napoléon, parrain de la fille du colonel Roux, commandant le 9e de ligne à Lyon, de le représenter au baptême2728 ? Sa cure terminée, et non sans avoir espéré rencontrer Julie Daubié à Fontenoy-le-Château2729, à peu de distance de là, il quitte Plombières le 20 août pour être de retour à Lyon pour la session ordinaire du Conseil général qui débute deux jours après2730.
Pour lui, ce second semestre 1864 va être fertile en événements satisfaisants au plan pédagogique auquel il reste fort attentif, mais par ailleurs fort douloureux et éprouvants, par suite de la disparition d'Enfantin.
C'est absolument seul, au cours de son errance allemande de jeunesse, qu'il s'est pris de passion pour l'économie, cette science qui est loin d'en être encore une. Lors d'un séjour à Paris, il a eu la chance d'approcher "le respectable M. Say" et d'en suivre quelque temps les cours d'"économie facturière2731" au Conservatoire des Arts et Métiers. Rencontrant ensuite le saint-simonisme, il a retrouvé dans les théories du mouvement les traces de cet enseignement ; les contacts entre Saint-Simon et Jean-Baptiste Say sont d'ailleurs formellement attestés par leurs échanges épistolaires de 18152732. Sans rappeler ses liens amicaux anciens avec Michel Chevalier, nommé professeur d'économie politique au Collège de France en 1840, le maniement de ses affaires commerciales, ses relations tant françaises que britanniques proches de ses convictions, ses lectures comme ses luttes, l'ont rompu à l'ensemble des principes économiques. Le 21 novembre 1857, il écrit à Henri Duveyrier, n'omettant pas bien sûr le saint-simonisme dans son énumération, : ‘ "J'ajouterai que tout en gagnant ta vie en travaillant dans le commerce, rien ne t'empêchera quand tu auras fini ton apprentissage de cultiver la science. N'ai-je pas à travers une lourde et grande affaire, même lorsque je n'avais pas un sou vaillant, étudié, pratiqué, de même propagé [...], l'économie politique ’ 2733 ‘ , [...] ? " ’
Cette doctrine, il avait su la faire appréhender par ses collègues de la Chambre de commerce. Ceux-ci prennent-ils cependant connaissance avec attention de l'envoi que le ministre du Commerce a eu soin de leur faire le 14 mars 18432734 ? Il s'agit de la nouvelle édition du premier volume de l'ouvrage d'Adam Smith intitulé Richesses sur la nature et les causes de la richesse des nations, traduit par le comte Garnier et augmenté des notes et éclaircissements de Blanqui2735 - Blanqui l'aîné, l'un des meilleurs disciples de Say et son successeur au Conservatoire des Arts et Métiers.
En 1843 encore et à un mois d'intervalle, la Compagnie consulaire, qui s'en était déjà soucié l'année précédente2736, est sollicitée, à deux reprises2737, la première, le 23 mars, par M. Accarias, avocat, docteur en droit et professeur intérimaire de la chaire de droit commercial2738, l'autre, le 27 avril, par un certain Peyret-Lallier, toutes deux en vue de l'établissement d'une chaire d'économie industrielle et commerciale. Au grand désappointement d'Arlès-Dufour, les contraintes budgétaires ministérielles et municipales empêchent que ces propositions prennent davantage consistance. Même si, plus tard, le Conseil municipal se déclare disposé à concourir pour moitié au traitement du professeur2739. Même si le Conseil général donne à deux reprises, dont en 18432740, son assentiment aux vœux de la Chambre2741. En 1848, la Révolution, elle, doit se préoccuper de problèmes plus pressants que le sujet resté en suspens. Michel Chevalier pousse à s'en saisir à nouveau. Le 16 avril 1851, il écrit à Arlès-Dufour, en proie aux problèmes liés à l'incendie de ses locaux professionnels, : ‘ "Je verrai Brosset un de ces jours prochains. Je voudrais l'exhorter à ressusciter le projet enterré par Sénac [?] d'une chaire d'économie politique à Lyon ’ 2742 ‘ ." ’
Le moment vient enfin, mais il aura fallu patienter jusqu'au 23 juin 1864 ! "‘ Les temps sont aujourd'hui assez calmes, les esprits assez tournés vers les travaux de la paix", estime ce jour-là le président Brosset, pour que la Chambre reprenne ses intentions remontant pour lui à "plus de quinze ans"... "Plus de quinze ans" ’, certes, vingt-deux en réalité ! Selon le rapport qu'il présente, l'économie politique compte encore un certain nombre d'adversaires. Cependant, leur nombre se réduit. A condition de l'étudier avec désintéressement, en dehors de tout parti pris d'école et de système, peu, en définitive, persistent à la traiter de dangereuse et d'inutile. Parmi les causes "d'ombrages, [de] défiances", ‘ "les partisans de la protection se sont toujours efforcés de la faire considérer comme subversive en ce qu'elle préconise la liberté des échanges, comme conséquence de la liberté du travail ; [...] "Mais, se rassure plus loin l'orateur, le système protectionniste est à peu près définitivement répudié." ’ Pense-t-il au modèle vivant et proche qu'est son ami Arlès-Dufour, instigateur vraisemblable de cette formation dès l'origine, lorsqu'il s'écrie : ‘ "[...] l'économie politique n'est pas seulement utile dans les hautes sphères de l'Etat. Un chef d'industrie qui possède les notions de la science économique a évidemment, dans mille circonstances de la vie, une supériorité réelle sur celui qui en est dépourvu, il a des vues d'ensemble, des points de repère qui le guident dans les opinions qu'il a occasion d'émettre." ’ Enfin, Brosset esquisse sa conclusion : ‘ "[...] cet enseignement si approprié aux besoins de ce temps mérite d'être encouragé et propagé dans notre ville ; [...] il faudrait se féliciter s'il pouvait pénétrer dans le sein des classes ouvrières, car il est bon que cette vérité devienne de plus en plus éclatante, à savoir que le travail libre est essentiellement et exclusivement l'instrument organisateur du travail ’ 2743 ‘ ." ’ Dans "la diffusion des lumières économiques", d'autres villes ont déjà devancé Lyon, celles de Bordeaux, Nice, Toulouse et Montpellier. Il n'est que temps de rattraper ce retard. Pour ce faire, le président de la Compagnie consulaire propose de solliciter un professeur à l'Académie de Genève, M. Dameth2744, auteur d'un livre Le juste et l'utile. Il s'agit, non pas de créer une chaire, mais simplement d'organiser, aux frais de la Chambre, une série de leçons publiques d'économie politique, durant l'hiver. Son rapport est adopté.
Malgré cela, "l'autorité supérieure" saisie s'inquiète de la nationalité du professeur. Arlès-Dufour est présent à la Chambre, convoquée le 29 septembre 1864, pour entendre ‘ "le contentement témoigné par le ministre de l'Instruction publique d'apprendre que M. Dameth est Français" ’ et son assurance que toutes formalités seront promptement remplies2745. Le 19 octobre, impatient de connaître le nouveau représentant de l'Etat, il assiste certainement à la réception des autorités organisée par le préfet Henri Chevreau, nommé le 12 septembre à la suite du décès, en fonctions et dans son cabinet même, de son prédécesseur Vaïsse2746. Là, s'il ne l'a déjà fait, Brosset s'empresse de lui faire part, en attendant la séance de la Chambre du lendemain où elle sera officiellement annoncée, de la décision ministérielle. Transmise par le Recteur de l'Académie, elle autorise ‘ "M. Dameth à faire provisoirement à Lyon un cours libre d'économie politique, sous le patronage de la Chambre de commerce ’ 2747 ‘ ." ’ Les cours débutent le 19 novembre dans l'ancienne salle de la Bourse du Palais Saint-Pierre. Ils s'y poursuivront avec succès le samedi de chaque semaine, à 20 heures. A leur terme apparent en mars 1865, l'organisme consulaire laisse éclater une bien légitime délectation : ‘ "Les leçons du professeur [...] ont été constamment suivies avec une ferveur d'empressement qui a dépassé toutes les prévisions ; plus de mille personnes y assistaient régulièrement et ce n'est pas la moindre satisfaction de la Chambre de pouvoir constater que l'auditoire est, en grande partie, composé d'ouvriers. La parole méthodique et claire du professeur est certainement pour beaucoup dans ce succès ; mais il serait injuste de ne pas y voir un nouveau signe de ce besoin d'instruction dont sont éprises, en ce moment, les classes populaires ’ 2748 ‘ ." ’
Décidément, l'année 1864 voit les premiers actes de justice que l'économie politique eût obtenus depuis longtemps. Sur un rapport de Victor Duruy - regrettant que l'état des ressources de son budget ne permette pas une extension à toutes Facultés de province et décernant des éloges aux villes et Chambres de commerce qui ont fondé elles-mêmes ces cours -, un décret du 17 septembre 1864 crée une chaire d'économie politique à la Faculté de droit de Paris. Batbie en est le professeur titulaire2749. Un autre décret du 26 octobre, pris sur l'initiative du ministre du Commerce, rétablit le nom de la science dans le programme des cours du Conservatoire des Arts et Métiers. Wolowski est désigné pour la professer. Il est heureusement éloigné le temps où Barillon, député de l'arrondissement de Compiègne, déplorait dans la Revue du Lyonnais de 1842 : ‘ "Les principes de cette science nouvelle se sont lentement développés au milieu des tâtonnements, des incertitudes, des systèmes absolus et des utopies. C'est à peine si, aujourd'hui, ses bases sont bien assises, c'est à peine si son nom est bien arrêté ’ 2750 ‘ ." ’
A peu près à l'époque où la Chambre de commerce applaudit au succès des cours organisés sous son égide, quelques amis ont pris pour habitude, en 1865, de se regrouper autour de Jean Buy, avocat - aussi "vigneron, agronome et même écrivain à ses heures", nous dit Pierre Dockès - afin de débattre des problèmes de l'heure2751. De cette conjonction d'événements va naître la Société d'Economie politique. Le 13 janvier 1866, au restaurant Casati, rue du Bât-d'Argent, ils sont exactement quinze à être réunis à l'occasion d'un dîner. Tous pénétrés de la pensée saint-simonienne sur les bienfaits de la prépondérance de l'industrie dans l'activité économique, ils partagent les mêmes idées sociales et de libéralisme politique et économique. Le repas s'achève sur la concrétisation du projet, déjà dans les esprits, de fonder cette Société. Elle sera officialisée le 22 février suivant. Contrairement à ce qu'on aurait pu attendre, Arlès-Dufour ne figure pas au nombre des convives. Mais si, comme l'observe Pierre Dockès, il ne participe pas, de près ou de loin, à cette fondation, ‘ "l'importance d'Arlès-Dufour à Lyon était telle que ses idées ont pu influencer notablement celles de l'élite intellectuelle de cette ville ’ 2752 ‘ ." ’La famille est malgré tout représentée par Maurice Chabrières. Avec Eugène Flotard, le protagoniste du mouvement coopératif lyonnais, il est chargé de la vice-présidence du premier bureau, présidé par le conseiller à la Cour d'appel Valantin. A leurs côtés, on note la présence du professeur Dameth, Henri Germain, l'avocat Ferrouillat, Jean Tisseur, Bonnardel, Rougier qui sera le premier titulaire de la chaire d'économie politique à la future Faculté de droit de Lyon, etc. Second membre de la famille, Gustave, fils aîné d'Arlès-Dufour, figure parmi les premiers des soixante-et-onze membres de la Société qu'elle comptera en 1867. A l'heure actuelle, la Société d'Economie politique se définit toujours comme ‘ "société de libre examen et de libre discussion dont les membres se réunissent périodiquement à l'effet de conférer sur les questions d'économie politique". ’ Et, grâce à un dynamisme sans faille, son effectif dépasse les six cents membres.
Tandis que l'économie politique parvient, au milieu de 1864, à acquérir droit de cité dans le pays, l'enseignement professionnel stagne au plan national. On sait combien Arlès-Dufour y est attaché et de longue date. En 1845, comparant, à Zurich, l'essor des fabriques suisses à celui des entreprises françaises, il réclame pour notre pays des ‘ "hommes pour les diriger, malgré les médailles d'exposition et les décorations. Il faut des mécaniciens, des ingénieurs, des travailleurs", ’ avant de poursuivre à destination d'Enfantin : ‘ "On fait des bacheliers et le grand maître de l'Université de France invente toutes les blagues inimaginables pour exagérer encore cette fatale disparition ’ 2753 ‘ ." ’
Des "blagues" sont-elles en passe d'être renouvelées ? Au moment où, presque vingt ans plus tard, en 1864, son ami Michel Chevalier, nourri dans le sérail impérial, lui écrit le 2 juin : ‘ "A l'intérieur, le gouvernement est devenu stationnaire. Rouher lui-même est près de cette maladie. Il commence à croire, ce que croyait Guizot, que tout est accompli quand on a prononcé un beau discours et obtenu une forte majorité de votes. Il a été au Sénat, dans la discussion sur la banque, la copie de Duchatel de 1847 qui croyait la France perdue si l'on émettait le billet de cent francs. Son discours sur la banque est celui d'un avocat qui bloque son tribunal qu'il sait ignorant, et, ce qui est pis, celui d'un avocat du monopole. Il fait tous ses efforts pour renvoyer du ministère, Duruy, le seul ministre qui ait la fibre populaire, et pour y faire entrer Lavalette dont le fils a épousé sa fille... C'est bien le cas de répéter, comme nous le faisions si souvent avec Cobden : "Allez voir avec combien de sagesse le monde est gouverné". Sous tous les régimes c'est du même... Il faut aussi être indulgent pour ceux qui respirent la fumée du pouvoir, elle fait tourner la tête ’ 2754 ‘ ." ’
Fort rapidement, la campagne contre Duruy prend de l'ampleur dans la coulisse. Cinq jours après l'avoir déjà entretenu du sujet, Michel Chevalier y revient, mais cette fois le successeur éventuel n'est plus le même : ‘ "En ce moment, on travaille à faire sortir Duruy du ministère et je tiens de Duruy que Rouher est à la tête de l'entreprise. On y mettra, si l'on réussit, et je le crains, un clérical ou un évêque même. Il est question de La Guéronnière ’ 2755 ‘ ." ’
De plus, on se déchire à propos de la Banque de Savoie. Michel Chevalier s'insurge contre le reproche que lui adresse Arlès-Dufour ‘ "d'avoir parlé de la Banque de la Savoie ’ 2756 ‘ ." "Vous n'étiez pas dans un moment de bienveillance quand vous m'avez écrit", ’ lui fait-il remarquer le 7 juin. On se déchire dans cette affaire, où se mêlent les noms de Rouher et d'un Henri Germain "injurieux contre les Pereire". Contre ces derniers également, Rouher se prend d'une hostilité systématique, alors que ‘ "c'est lui qui a adressé à Emile Pereire les clefs de la Banque de Savoie. En politique, les mauvais procédés de ce genre paraissent être le pain quotidien dont on se nourrit. C'est un banquet où je ne suis pas désireux de m'asseoir ’ 2757 ‘ ." ’
Que faut-il donc attendre de l'Etat ? Lors de la distribution des récompenses aux exposants de Londres, en 1863, l'Empereur lui-même faisait l'éloge de l'entreprise privée en Angleterre et exprimait le regret qu'en France on fût toujours porté à réclamer l'assistance de l'Etat2758. En proposant à ses pairs de la Chambre de commerce les cours du professeur Dameth, le 23 juin 1864, Brosset, encore imprégné de ces propos, déclare : ‘ "[...] Il est d'usage aujourd'hui de faire sans cesse appel à l'initiative privée ; et on a raison. Il est à souhaiter seulement que cet usage passe des discours aux actes. Mais qu'on veuille bien le remarquer : cette glorification de l'initiative privée, qui est comme la racine de la liberté du travail, cette glorification est un des points sur lesquels l'économie insiste le plus, et c'est certainement par son enseignement que cette vérité entrera dans les esprits et produira les heureux fruits qu'on est en droit d'en attendre ’ 2759 ‘ . [...]" ’
Si, au cours de son long séjour en Italie, Arlès-Dufour n'y reçoit pas L'opinion nationale, son ami Guéroult se charge assurément de lui faire part du manifeste paru dans son quotidien le 17 février 1864. Ce manifeste, dû à l'ouvrier Tolain déjà rencontré et signé par soixante ouvriers, deviendra célèbre sous le nom de Manifeste des soixante. Les revendications suivantes y sont exprimées : ‘ "Le suffrage universel nous a rendus majeurs politiquement, mais il nous reste encore à nous émanciper socialement ’ 2760 ‘ ." ’ Plus loin, : ‘ "Nous qui, dans un pays où nous avons le droit de nommer les députés, n'avons pas toujours le moyen d'apprendre à lire." ’ ‘ Et aussitôt après, ce qui devait notamment retenir l'attention de l'expatrié provisoire ’ ‘ : "nous qui, faute de pouvoir nous réunir, nous associer librement, sommes impuissants pour organiser l'instruction professionnelle, et qui voyons ce précieux instrument du progrès industriel devenir le privilège du capital ’ 2761 ‘ . [...]" ’ L'été suivant, Arlès-Dufour, curiste à Plombières et y recouvrant progressivement ses forces, mûrit-il son projet ?
Malgré son vif chagrin de la "transformation" - comme dit tout saint-simonien de la mort - d'Enfantin, malgré la lourde charge de légataire universel impartie par les dernières volontés de son ami, les choses sont menées rondement. ‘ " ’ ‘ Soixante jours seulement séparent son inauguration, rappellera-t-il dans son discours ce jour-là, le 27 novembre 1864, de la première ’ ‘ réunion dans laquelle elle a été sérieusement discutée ’ 2762 ‘ ." ’ La Société d'Enseignement professionnel du Rhône, il y songeait depuis longtemps et il avait sûrement pris, avant cette réunion, des contacts sérieux avec cette création pour objectif. Il avait fondé l'Ecole centrale lyonnaise qu'il désignait comme ‘ "l'école des officiers de l'industrie" ’. L'école de La Martinière pour laquelle il se passionnait depuis des années et qui répond aux besoins d'instruction de la prime jeunesse en fait les "sous-officiers2763". Sans pour autant concurrencer la Société d'instruction primaire, mais ‘ "au contraire en agrandir, en fortifier l'action ’ 2764 ‘ " ’, il appartenait, une nouvelle fois, à l'initiative privée dont il se proclame le chantre, de former le gros de la troupe...
La première réunion à laquelle il fait allusion dans son discours d'inauguration ne remonte qu'au 5 octobre 18642765. Ce jour-là, à 8 heures du soir, le co-fondateur et ancien administrateur du Crédit lyonnais - fonction abandonnée six mois plus tôt - organise une réunion dans l'une des salles de la banque. Douze personnes sont rassemblées autour de lui : le maître des lieux, Henri Germain, Maurice Chabrières, Désiré Girardon, directeur de l'Ecole centrale lyonnaise, Félix Mangini, un jeune ingénieur de l'Ecole des mines - constructeur avec son frère Lucien du chemin de fer de la compagnie des Dombes d'Arlès-Dufour, de Germain et de Sellier2766 -, Charles Gaumont, directeur-gérant du bimensuel parisien L'Enseignement professionnel - une "revue scientifique et industrielle" qui compte Arlès-Dufour parmi ses lecteurs2767 -, Monet, gérant de l'association des tisseurs, le docteur Pelletier et six militants ouvriers (mécanicien, fondeur, typographe et mouleur en fonte) ; avec Monet, ils ont été délégués ouvriers, à l'Exposition de Londres2768. Le projet de statuts relatif à l'institution projetée est étudié pour être soumis à la préfecture du Rhône. Sans tarder, l'administration demande son avis à la Chambre de commerce. Brosset se charge lui-même, le 20 octobre, de présenter le rapport au nom de la Commission des intérêts publics : ‘ "Vous avez reçu en communication, explique-t-il à ses confrères, les statuts d'une société que votre collègue M. Arlès-Dufour se propose de fonder à Lyon [...]. L'organisation de ’ ‘ l'enseignement professionnel intéresse tout à la fois l'amélioration de la situation des classes ouvrières et la prospérité de nos industries. Procurer à l'ouvrier toutes les facilités pour se perfectionner dans le métier ou la profession qu'il exerce, c'est lui donner les moyens d'aspirer à un salaire plus élevé, lui rendre l'épargne plus facile, relever sa dignité et dégager devant lui la voie qui conduit aux rangs supérieurs de la société ’ 2769 ‘ . [...]" ’ Qui, en présence d'un tel plaidoyer, aurait pu émettre un avis défavorable ?
Dès réception de la délibération de la Chambre de commerce, la préfecture fait diligence pour arrêter sa décision. Elle entérine les statuts sans aucune modification. Le 29 octobre, les membres qui ont accepté de former officieusement le Conseil d'administration de la S.E.P.R. tiennent réunion pour la première fois, sous la présidence d'Henri Germain. La réponse préfectorale, adressée directement à Arlès-Dufour, est communiquée : ‘ "[...] La mission que la Société s'est donnée est digne d'être encouragée, et l'administration ne peut que suivre avec sollicitude ses efforts et ses travaux. J'autorise donc très volontiers ses réunions, et je suis tout disposé à faciliter, autant qu'il sera en mon pouvoir, l'accomplissement de la tâche qu'elle entreprend, dans le double intérêt de l'amélioration morale des classes ouvrières et de la prospérité de nos entreprises. Agréez ’ 2770 ‘ ..." ’
Dès lors, le conseil d'administration peut officiellement se mettre à l'ouvrage et, pour concrétiser ses vœux, rapidement organiser le début des cours de l'année 1864-1865. Brosset, en qualité de président de la Chambre de commerce, en est le président d'honneur et Arlès-Dufour prend le seul titre de "fondateur". Tous deux, ainsi que le directeur de l'enseignement, Désiré Girardon, sont membres de droit du dit Conseil. La présidence qui semblerait devoir revenir au fondateur est volontairement confiée, tout comme pour le Crédit lyonnais un an plus tôt, à Henri Germain. Celui-ci est assisté de deux vice-présidents : Monet et Félix Mangini2771. Jules Fayolle, directeur de la Société La Fuschine, est chargé du secrétariat et Maurice Chabrières, là encore, de la trésorerie. Parmi les autres administrateurs, notons les présences suivantes : MM. Désiré Girardon, Bonnet, président du Conseil des Prud'hommes, de La Saussaye, Recteur de l'Académie et membre de l'Institut, l'avocat Ferrouillat2772, Jacques Letourneur, directeur du Crédit lyonnais, Luuyt, ingénieur au corps impérial des mines, Piaton, ancien notaire et président de la Société industrielle de Lyon, l'avocat Léon Riboud, Jules Rolland, professeur de comptabilité, etc., et de divers ouvriers. En résumé, outre les trois membres de droit, vingt-et-un membres du Conseil d'administration sont choisis dans les catégories suivantes : deux membres de la Chambre de commerce, deux du Conseil des Prud'hommes dont son président, deux membres de l'enseignement et "quinze autres membres de la Société", selon l'article 14 des statuts.
La commission de l'enseignement, placée sous la responsabilité de Désiré Girardon - neveu de Tabareau, l'illustre fondateur de La Martinière -, professeur à La Martinière et directeur de l'Ecole centrale lyonnaise, réunit notamment les personnalités suivantes : l'avocat libéral Flotard, La Saussaye, Félix Mangini, Paul Michel, Piaton, le docteur Desgranges, etc. Le directeur de l'enseignement est déclaré responsable envers l'Université de l'enseignement des divers cours (art. 12 des statuts) de vingt élèves minimum chacun (art. 10). Les leçons seront données entre 7 et 10 heures du soir, et le dimanche, s'il y a lieu, conformément à l'article 4 des statuts.
Dans ces statuts, il n'est pas fait mention de l'adresse du siège social de la S.E.P.R.2773 : le fruit peut-être de la grande précipitation qui entoure la fondation. L'adresse du secrétariat, remplissant ce rôle, est celle du 13 rue Sainte Catherine2774, sur les premières pentes de la Croix-Rousse. Leur article premier stipule : ‘ "Il est établi à Lyon une Société d'enseignement professionnel ayant pour but d'organiser à l'usage des adultes, âgés de seize ans au moins, des leçons de : calcul appliqué au commerce et à l'industrie ; géométrie pratique ; mécanique élémentaire ; chimie et teinture ; théorie du tissage ; physique générale ; dessin industriel et dessin de machines ; comptabilité et droit commercial ; hygiène. [...] Des cours distincts pourront également être ouverts aux apprentis." ’ En bref, le moyen pour l'individu d'acquérir la promotion sociale par la formation professionnelle. Sous réserve bien sûr de la décision du Conseil d'administration, des cours pourront être ajoutés sur demande des élèves dont, spécificité, la discipline est en partie assurée par des "Commissaires", nommés par eux et parmi eux ; ces élus, électeurs avec les sociétaires des membres du conseil d'administration, sont chargés de prélever, non seulement les cotisations mensuelles de 50 centimes2775, mais aussi des amendes pour manque d'assiduité, retard, absence non légitimée ou tout autre motif intéressant l'ordre2776...
En vue de l'ouverture des cours, fixée au 5 décembre 18642777, la publicité est lancée par voie de presse. Dans ces conditions, c'est à la hâte qu'Arlès-Dufour annonce le 11 novembre à Julie Daubié, avec l'espoir de la rencontrer dans la capitale, sa prochaine installation, à Paris - au Grand Hôtel ! - ‘ "pour quelques semaines, afin d'exécuter la volonté du Père à l'égard de sa propagation saint-simonienne. Avant cela, enchaîne-t-il, je compte organiser la Société d'instruction professionnelle du Rhône, vous voyez qu'il me serait de toute impossibilité de m'occuper d'autre chose ’ 2778 ‘ [...]" ’ Il est grand temps, en effet, et les tâches s'accumulent. Le choix des professeurs se poursuit, sous l'égide de la Commission d'enseignement. Il faut trouver des salles disponibles dans différents quartiers de la ville et sa banlieue. Les inscriptions affluent. Huit cents auditeurs s'inscrivent, désireux de suivre seize matières différentes, comprenant l'ensemble des connaissances qui intéressent l'ouvrier et l'employé lyonnais. Ils sont répartis, dans six lieux différents, soit vingt-quatre cours à mettre en place2779.Pour être membre de la Société, c'est-à-dire sociétaire précise l'article 16 des statuts, il suffit de verser une cotisation annuelle de six francs et d'être parrainé par deux membres ; les professeurs des cours sont de droit sociétaires. Le rapport financier présenté à la première assemblée générale qui se tiendra le 16 juillet 1865, dénombre 415 sociétaires2780.
En outre, ‘ "afin de donner la plus large expression à l'Institution des Cours populaires, une souscription, indépendante de la cotisation annuelle de 6 F, est ouverte. Les souscripteurs ’ ‘ recevront le titre de Membres donateurs ’". ‘ "Convaincu depuis bien des années que l'ignorance est le plus grand ennemi du peuple", ’ Sébastien Commissaire relèvera avec reconnaissance : ‘ "Plusieurs citoyens, firent des sacrifices considérables pour sa fondation [de la S.E.P.R.]. M. Arlès-Dufour et M. Henri Germain donnèrent chacun dix mille francs, M. Mangini cinq mille ; d'autres, mille francs, cinq cent francs, etc., etc. ’ 2781 ‘ " ’ En ce qui concerne la souscription d'Arlès-Dufour, une précision s'impose : la somme de 10.000 F est payable par annuité de 2.000 F2782, sans doute pour assurer la pérennité de l'entreprise. Indépendamment d'un tableau placé dans chaque salle de cours (art. 17), la publication du nom des souscripteurs sera faite comme prévu à la suite des statuts2783. 116 donateurs se manifestent pour un total de 37.888 F. Après Mangini et le gendre Chabrières, en quatrième position (2.500 F), chacun des fils d'Arlès-Dufour souscrit, Gustave et Alphonse pour 500 F, Armand, qui débute dans les affaires, pour la moitié. Arthur Enfantin, 23 rue Bourbon, orphelin de père depuis peu, verse 200 F. Parmi ces contributions individuelles, les Pères Dominicains de l'école Saint Thomas d'Aquin d'Oullins (200 F) côtoient les loges maçonniques "Le Parfait Silence" (200 F), "Simplicité Constance" (100 F), et "Tolérance et Cordialité" (50 F) ; les modestes oboles de 14 F, 10 F, et même 4 F, qui viennent s'ajouter n'en sont pas moins émouvantes. Comme le dit encore Sébastien Commissaire, ‘ "l'argent n'est pas seulement le nerf de la guerre, il l'est aussi de beaucoup d'autres choses ’ 2784 ‘ ." ’
Voici enfin la cérémonie d'inauguration. Pour cette grande date du 27 novembre 1864, le plus grand nombre de personnes possible a été invité, à la demande du Conseil d'administration2785. Il ne sera pas déçu, notamment le "fondateur". Plus de trois mille personnes s'entassent dans la salle de la Bourse au Palais du Commerce ! Auguste Perdonnet, président de l'Association polytechnique, est venu spécialement de Paris pour témoigner son évidente sympathie à la nouvelle Société et, cela va sans dire, apporter une preuve renouvelée de son amitié à son solide partenaire de route. Ces ‘ "nobles travailleurs de l'enseignement populaire qui se nomment ’ ‘ Marguerin, Menu de Saint-Mesmin, Sauvestre ’ ‘ 2786 ’ ‘ , Félix Hément, Moynier, Guémied" ’, ont également fait le déplacement. Avec une humilité non feinte, c'est aussi certainement avec une vive émotion qu'Arlès-Dufour - qui s'est chargé de tous les préparatifs, assure Fernand Rude2787 - ouvre la séance : ‘ "Mes collègues m'ont fait l'honneur de m'attribuer le titre de fondateur de la Société d'enseignement professionnel du Rhône que nous inaugurons aujourd'hui. Je tiens, avant tout, à déclarer que je n'ai pas plus de droit que chacun d'eux à ce titre exceptionnel ; car, tous, ouvriers et bourgeois, ont compris, aussi bien que moi, l'importance et l'opportunité de cette création à laquelle tous on travaillé plus que moi. On peut dire d'ailleurs de cette oeuvre, comme de toutes les grandes choses qui se réalisent dans le monde, qu'elle était dans l'air." ’ L'empressement bienveillant de l'autorité préfectorale vaut la peine d'être souligné : ‘ "Si l'autorité montre partout le même bon vouloir envers l'initiative privée, la France n'aura bientôt plus rien à envier aux pays qui l'ont devancée dans la voie de l'enseignement populaire et de toutes les institutions modernes qui ont pour but l'amélioration du sort physique, intellectuel et moral des classes laborieuses." ’ Le thème obsessionnel du saint-simonien ne peut échapper au discours !
Avant de rendre hommage à la Société d'instruction primaire du Rhône et à son président M. Valois, aux professeurs dont les enseignements sont attendus, à l'antériorité des ‘ "actes de nos frères de Mulhouse, de Guebwiller, d'Amiens, des Dollfus, des Koechlin, des Schlumberger, des Bourcart, des Rossat, des Fergusson" ’, l'orateur tient à attester l'importance de la formation permanente pour chacun. Il sait de quoi il parle, lui, l'autodidacte qui, au cours des épreuves de sa difficile jeunesse, puis tout au long de sa carrière, n'a jamais cessé de chercher à apprendre et à se perfectionner : ‘ "[...] Nos cours s'adress[e]nt à tous, aux patrons comme aux ouvriers, aux hommes de toutes les professions, libérales ou manuelles ; car, Messieurs, pour rester au courant de progrès incessants et rapides de notre grande époque, tous, tant que nous sommes et qui que nous soyons, nous avons besoin de suivre les enseignements des hommes spéciaux." ’ ‘ Des propos, ô combien, toujours d'actualité en nos jours de technologie insatiablement innovante qui impose, plus que jamais, cette nécessaire et permanente adaptation ! Et il poursuit : "Ne sommes-nous donc pas tous solidaires, et une fraction de notre population peut-elle souffrir de l'ignorance ou de la misère sans que toutes en souffrent, au moins indirectement ?" ’
Enfin, pour terminer, après un hommage à l'expérience et au zèle intelligent avec lesquels Charles Gaumont2788 a facilité sa tâche d'organisation, il laisse éclater sa joie et sa gratitude de la présence de son "digne ami" : ‘ "Auguste Perdonnet, dont le nom est depuis tant d'années en tête des enseignements populaires, est pour moi un vieux compagnon d'armes, mais d'armes pacifiques, dans l'armée des amis de la paix. Il est cependant une guerre que nous avons longtemps faite ensemble et que, Dieu aidant, nous ferons ensemble jusqu'à notre dernière heure : c'est la guerre à l'ignorance et à la misère, dont la campagne que nous ouvrons aujourd'hui ne sera pas, je l'espère, la moins glorieuse ’ 2789 ‘ ." ’
Il appartient ensuite au président Henri Germain de retracer les étapes des travaux préparatoires, non sans souligner à son tour le but exclusif assigné à la nouvelle Société, à savoir ‘ "propager parmi les hommes laborieux les connaissances techniques de leur métier", avec "pour seul programme la recherche des moyens de concilier la dure nécessité du travail salarié avec les besoins de l'intelligence ’ 2790 ‘ ." ’
Après quoi, le vice-président Monet, puis Charles Gaumont se succèdent à la tribune, s'attachant à démontrer les avantages de l'instruction, avant de céder la parole au président de séance Auguste Perdonnet. C'est pour se réjouir, bien sûr de la naissance de la Société, de l'évolution des esprits depuis plus de trente ans et des progrès intellectuels accomplis, grâce au besoin de l'instruction ressenti, devenu "général, universel". Un hommage est évidemment rendu à chacun des artisans de l'oeuvre que l'on inaugure : Brosset, "si aimé, si estimé, si vénéré de tous" - Henri Germain ‘ "dont les débuts nous promettent non seulement un éminent financier, mais [...] un ami sincère et éclairé du travailleur" - Mangini - "homme de cœur autant de talent" - Girardon "qui a amplement fait ses preuves" - Charles Gaumont "qui a déjà prêté un concours si actif, si dévoué au bureau". ’ ‘ Préalablement à cette pluie d'éloges, il avait marqué sa satisfaction à propos de la composition de la Société, significative ’ ‘ "de l'excellent esprit qui l'animera", ’ ‘ avant de poser cette question et d'y répondre ’ ‘ : "Et, en effet, quel en est le fondateur ? Mon ami Arlès-Dufour, qui vient, en faisant mon éloge, de me jeter dans un grand embarras, car je ne sais plus comment dire ’ ‘ ce que je pense de lui, ce que tout le monde pense d'un homme qui a fait de si grandes, de si belles, de si bonnes choses ’ 2791 ‘ ." ’
Le lendemain de cette manifestation, Perdonnet occupe à nouveau la tribune pour faire une conférence publique sur les chemins de fer. L'article 19 des statuts de la S.E.P.R. prévoit, effectivement et indépendamment des cours, l'organisation de ces conférences, le dimanche ou la semaine. Elles sont données par les enseignants eux-mêmes ou toutes autres personnalités ‘ "sur des sujets se rapportant aux inventions nouvelles, aux connaissances technologiques et professionnelles que la Société a pour but de répandre et de vulgariser." ’ La conférence de Perdonnet inaugure donc une série en vue de laquelle il se propose d'amener de Paris ‘ "d'illustres savants, d'illustres littérateurs". ’ Parmi eux, au cours de la première année d'exercice, vont se succéder, chaque dimanche ‘ "à 1 heure, au Palais Saint-Pierre, salle de l'Ancienne Bourse ’ 2792 ‘ ", ’ pour évoquer des sujets variés, par exemple : Desgranges avec "Conditions d'une bonne alimentation", Gobin "Percement du Mont-Cenis, Jules Simon "Les bibliothèques populaires", Jourdan "Fabrication des soieries", Ferdinand de Lesseps "Le canal de Suez", ... Comme quoi le fondateur, s'il est maître du choix des sujets, est loin d'être vindicatif ! Et c'est le début d'une longue suite, avec en moyenne une vingtaine de réunions par an, rassemblant des auditoires attentifs dans une salle souvent insuffisante. Dans l'ordre de l'économie politique et de la science sociale, il sera question des associations ouvrières, des sociétés coopératives de production, des sociétés commerciales, des crises économiques, de l'économie et des classes ouvrières, du travail, du progrès, de l'émancipation et de la colonisation, etc. Pour traiter ces sujets, se succéderont Wolowski, Levasseur, Batbie, Frédéric Passy, Dameth, Horn, Audiganne, Rougier, Le Royer, etc.
A la fin du premier exercice et lors de la réunion du bureau consécutive à l'assemblée générale du 16 juillet 1865, Piaton est élu secrétaire général. Ses occupations ne lui permettant pas de faire face à ces fonctions, Gaumont, présenté et unanimement reconnu comme réunissant toutes les conditions afférentes à cette charge, est appelé à sa succession. Malheureusement, des intérêts de famille l'amèneront à quitter Lyon et à abandonner ce poste le 1er janvier 18662793. Le titre de membre correspondant lui sera accordé et celui de membre honoraire sera décerné à Jules Simon, lors de l'assemblée générale suivante du 2 mai 18662794.
La même assemblée générale du 16 juillet 1865 décide l'ouverture d'une bibliothèque2795. Dès l'élaboration des statuts, la création d'une "bibliothèque populaire" était prévue "comme complément des cours [...] ouverte aux élèves et aux sociétaires". Les personnes étrangères à la Société y seront admises moyennant le paiement annuel d'une somme de 1 F, durant le même horaire, de sept heures à dix heures du soir en semaine et de dix heures du matin à heure le dimanche, dès son ouverture fixée au 1er novembre suivant2796.
Simultanément, une autre décision est prise par la Société, celle d'accorder son patronage à une bibliothèque créée par les travailleurs à Oullins. Qui est l'auteur de cette idée ? Comme il fut sans doute le promoteur de la clause statutaire qui voit maintenant son accomplissement à Lyon, en ce début de quatrième trimestre 1865, il y a bien des raisons de penser que l'initiative incombe à l'Oullinois Arlès-Dufour.
Point n'aura été besoin pour lui d'être stimulé dans cette voie par une lettre, du 18 décembre 1864, de la Société des bibliothèques communales du Haut-Rhin à Bebleinheim qui souhaite ne pas circonscrire l'action menée à son seul département. Dans ce but, son secrétaire Jean Macé sollicite le concours du destinataire dont il vient de lire le discours d'inauguration de la S.E.P.R., afin d'‘ "inspirer à quelques bons citoyens l'idée d'imiter ce qui a réussi si bien chez nous : les cours et les bibliothèques populaires sont deux oeuvres parallèles dont l'une appelle l'autre." ’ Pour le moment, les deux hommes ne semblent pas se connaître mais ils ne s'ignorent pas. Le président de la Société des bibliothèques communales fait la liaison entre eux : il s'agit de l'ami intime d'Arlès-Dufour, le philanthrope et libéral Jean Dollfus, maire de Mulhouse, son compagnon des Expositions internationales. De plus, Jean Macé est très lié avec Charles Gaumont.
Tous les ans, outre l'assemblée générale purement administrative, la distribution des prix aux élèves constitue un temps fort dans la vie de la S.E.P.R. Elle revêt un caractère prestigieux et solennel, dans le cadre de l'Alcazar ou de l'Eldorado, voire même du Grand Théâtre Impérial, en présence des plus hautes autorités locales, du préfet notamment. Chaque fois, elle est placée sous la présidence d'une personnalité éminente, telles celles du général Morin, membre de l'Institut, mathématicien et auteur la même année d'une Enquête sur l'enseignement professionnel 2797 (? 1865), Jules Simon, défenseur de la liberté de l'enseignement et futur ministre de l'Instruction publique 1870-1873 (20 mai 18662798), Victor Duruy, "le meilleur ministre de l'Instruction publique que la France ait eu sous l'Empire2799" (23 juin 18672800), Wolowski, membre de l'Institut et professeur au Conservatoire des Arts-et-Métiers (24 mai 1868), Frédéric Passy, Secrétaire général de la Ligue internationale de la paix (4 juillet 1869).
Durant ce temps, le nombre d'élèves et de cours est allé sans cesse croissant : 978 élèves dans 24 "cours d'hiver" en 1866/1867, 1100 dans 26 cours en 1867/1868, 1200 dans 34 cours en 1868/1869. A tel point que le secrétariat de la rue Sainte-Catherine s'est avéré trop exigu et qu'il a été nécessaire de s'installer au 7 rue des Marronniers, "2e montée au 3e2801", pour y réunir bureau, bibliothèque et deux salles de cours2802. Hormis l'en-tête de chaque composition du conseil d'administration dans les bulletins de la S.E.P.R., le nom d'Arlès-Dufour n'apparaît plus durant ce laps de temps. Le fondateur s'est effacé discrètement, laissant à chacun le soin de remplir son rôle, jouant, sans doute et seulement, de ses relations pour la venue des personnalités citées plus haut. Tel est justement le cas de la distribution des prix organisée au cours du second trimestre de 1870.
En cette circonstance, il se prépare à accueillir Charles Robert, Conseiller d'Etat en service ordinaire depuis son retrait du ministère, par solidarité avec Victor Duruy, en juillet 1869. Ils se connaissent au moins depuis l'Exposition de Londres de 1862, où chacun présidait un jury. Depuis et curieusement, à trois jours d'intervalle, en 1866, le secrétaire général du ministre de l'Instruction publique a été amené à viser deux textes, sur proposition du recteur M. de La Saussaye, concernant celui qui s'apprête maintenant à le recevoir quatre ans plus tard. Le 20 mai, ès qualités et pour le ministre, il signe le décret faisant Officier de l'Instruction publique, le "fondateur de la Société d'enseignement professionnel de Lyon2803". De même, le 23, pour l'ampliation de l'arrêté ministériel du même jour : pour une durée de trois ans, cet arrêté nomme Arlès-Dufour "membre des Conseils de perfectionnement institués près les lycées et collèges de l'Académie de Lyon", en ses titres de "membre du Conseil général du Rhône, président honoraire, fondateur de la Société d'enseignement professionnel2804". Les conseils en question sont appelés à se prononcer sur les améliorations à apporter aux programmes de l'enseignement secondaire spécial, provisoirement appliqués depuis plusieurs mois. Dès septembre 1864, dans la perspective d'une discussion au Corps législatif, une circulaire avait été adressée par le ministère aux recteurs, leur demandant de consulter "officieusement" les cinq à sept personnes susceptibles de faire partie de ces Conseils et choisies "parmi les notabilités de l'industrie, du commerce, de l'agriculture et de l'administration2805."
Toutes dispositions d'organisation sont prises par Arlès-Dufour en vue de cette distribution des prix 1870 de la S.E.P.R. En témoigne la lettre du 27 mai qu'il reçoit du prochain hôte d'honneur : ‘ "Bien Cher Monsieur, J'accepte de grand cœur votre très gracieuse invitation puisque dans votre sollicitude si aimable vous avez arrangé tout cela avec M. le Recteur auquel j'écris en même temps qu'à vous. [...] J'espère pouvoir m'arranger pour être à Lyon le dimanche matin et ne partir que mardi soir, heureux de rester ainsi un peu plus longtemps avec vous et de visiter vos beaux établissements d'instruction. Je m'en fais une fête. S'occuper d'instruction, d'enseignement professionnel, et ne connaître La Martinière que de réputation ’ 2806 ‘ ! Quelle hérésie. [...] (signé) Charles Robert ’ 2807 ‘ ." ’
Mais Arlès-Dufour ne doit pas se contenter de faire le cicérone. L'ouverture de la solennité dans la grande salle de l'Alcazar lui incombe également. Il n'est plus à un discours près. Quelques semaines plus tôt, le 12 février, il a déjà pris la parole au cours du premier banquet de l'Association des élèves des Cours professionnels, due, comme la fondation de l'école, à son initiative. Il y a aussi rappelé avoir contribué, "quoique moins directement2808", à l'association des anciens élèves de La Martinière. Cette fois-ci, accueillant Charles Robert, il déclare : ‘ "En ’ ‘ l'absence de M. le Président et de M. le Vice-Président ’ 2809 ‘ , j'ai accepté la tâche de vous exposer, au nom du Conseil d'administration, la marche de la Société pendant l'année scolaire qui vient de finir. Cette tâche me sera d'autant plus facile que je n'aurai à signaler que des progrès dans toutes les branches de notre enseignement. Ainsi, le nombre des sociétaires qui, l'année dernière, n'était que de 600 s'est élevé à 800, et celui des élèves qui ont suivi nos cours s'est élevé de 1200 à 1600. Le nombre des abonnés aux conférences s'est aussi accru. Si celui des cours est resté stationnaire à 34, celui des élèves qui les ont suivis a augmenté d'un tiers, et leur assiduité et leurs progrès ont été plus remarquables." ’
La satisfaction du féministe, aussi, est évidente : ‘ "Mais, nous devons surtout des éloges aux cours de dames, qui ont fait des progrès sensibles sur ceux de l'année dernière, et, notre devoir est de le dire, ont été supérieurs, pour l'assiduité, à ceux des hommes. [...] Or, il faut observer que ces élèves sont des ouvrières qui viennent aux cours après une longue journée de travail ’ 2810 ‘ ." ’ L'amateur des langues étrangères prend maintenant le relais : ‘ "Certains cours ont vu, dans le courant de l'année, presque doubler le nombre des élèves ; le cours d'anglais, entre autres, a compté 150 inscriptions, ce qui prouve en faveur du professeur et aussi du besoin que la jeunesse éprouve d'apprendre les langues vivantes et surtout la langue anglaise qui ouvre à ceux qui la parlent facilement les cinq parties du monde." ’ A l'égard de cette appétence d'instruction qui ‘ "anime notre sérieuse et brave population", il relève avec émotion avoir vu dans plusieurs cours d'hommes, "sur le même banc le père et le fils, les cheveux blancs et les cheveux blonds s'instruisant avec le même zèle et la même foi dans l'avenir." ’ Les encouragements reçus, énumérés longuement, du ministre, de la mairie, de la Chambre de commerce, de diverses sociétés et associations, fournissent l'occasion au vétéran saint-simonien de placer sa chère formule. Ces témoignages de sympathie, ajoute-t-il avant de présenter le président de séance, ‘ "font comprendre à tous la portée sociale de notre Œuvre qui, en répandant l'instruction, contribue, dans sa petite sphère, à l'amélioration du sort physique, intellectuel et moral du plus grand nombre ’ 2811 ‘ "... ’
Lorsque "ce grand vieillard aux longs cheveux blancs, à la physionomie bienveillante, ouverte, sympathique2812," quitte cette tribune, il ignore qu'il s'agit là de la dernière fois. L'assemblée générale annuelle de l'année scolaire 1869-1870 ne peut évidemment se tenir à la période habituelle en raison des circonstances. Elle se déroule avec retard le dimanche 2 avril 1871, sous la présidence de Girardon. Arlès-Dufour semble absent, même de Lyon. Thibule Lang, directeur de la Société qui, dit-il‘ , "prend sa part, comme tout le monde, des frais de cette funeste guerre" ’, présente le compte-rendu administratif. Après lecture du bilan financier, il commente, comme suit, un "détail" du budget : "A l'article "Recettes extraordinaires" dans le budget 1868-1869, on lisait : ‘ "Cinquième et dernière annuité de M. Arlès-Dufour, 2.000 F" ; et cependant, cette année encore, vous avez entendu : "sixième annuité de M. Arlès-Dufour, 2.000 F". C'est que M. Arlès, fondateur de la Société d'enseignement professionnel, et qui a un faible pour elle comme pour tout ce qui est grand, noble et généreux, n'a pas voulu lui fermer encore les cordons de sa bourse ; il est si facile à séduire quand il s'agit de faire le bien ! Nous ne le remercions pas ; la Société n'en est plus avec lui à compter les bienfaits ’ ‘ 2813 ’ ‘ ." ’
A la fin de l'année scolaire 1870-1871, la traditionnelle distribution des prix est également différée. Durant cet hiver, aucun cours d'adultes hommes n'a été ouvert par suite de leur présence sous les drapeaux. L'habituelle solennité de la cérémonie n'est pas de mise. Les récompenses, pour la plupart féminines, seront seulement décernées à l'occasion de l'assemblée générale du dimanche 24 décembre 1871, au Palais Saint-Pierre. Cette manifestation sera à nouveau placée sous la présidence de Charles Robert, à l'issue de sa conférence intitulée "L'instruction obligatoire2814". Dans cette perspective, avec Arlès-Dufour, ils sont convenus, bien entendu, de se retrouver. Futur directeur de la Compagnie d'assurances sur la vie "L'Union" avec effet du 1er janvier suivant, occupant déjà ces fonctions, Charles Robert le confirme par lettre du 29 novembre à son ami "affectionné2815". La chose est entendue, acceptant son invitation, il déjeunera à Oullins et, de là, se rendront ensemble à la séance.
Apparemment, il ne pourra guère en être ainsi, en raison d'un départ anticipé dans le Midi du fondateur de la S.E.P.R.2816. Ce sera son ultime voyage. Dans sa séance extraordinaire du 31 janvier 1872, le bureau des Commissions de cette Société prend la résolution d'ouvrir une souscription dans tous les cours de la Société, pour offrir, au nom des élèves, un souvenir à la mémoire d'Arlès-Dufour. Dans la circulaire qu'il diffuse dès après, son président Mazand écrit : ‘ "Vous savez aussi bien que nous ce que fut M. Arlès-Dufour, non seulement pour l'Enseignement professionnel [la Société d'Enseignement professionnel] dont il était le fondateur, mais encore pour La Martinière, l'Ecole centrale, la Société d'Instruction primaire, et toutes les institutions qui ont pour but de répandre l'instruction. Partout où il y avait une œuvre utile, bienfaisante, humanitaire, on était sûr de l'y rencontrer au premier rang. Déposer sur la tombe de ce grand Citoyen un témoignage de reconnaissance simple, sans prétention et durable comme ses oeuvres, notre initiative n'a pas d'autre but ’ 2817 ‘ . [...]" ’
La paix retrouvée, la tradition reprend ses droits à la S.E.P.R. sous la direction de T. Lang. La distribution des prix, présidée par Etienne Vacherot, membre de l'Institut, se pare à nouveau de tout son éclat, dans la salle de l'Alcazar pleine à craquer, le 23 juin 18722818. Depuis l'exercice 1870-1871, Félix Mangini assume la présidence, Henri Germain étant président honoraire. Oscar Galline, successeur de Louis Guérin à la présidence de la Chambre de commerce, est le président d'honneur. Maurice Chabrières, également président du Bureau de Bienfaisance, gère toujours la trésorerie. A la faveur de cette distribution des prix, Eugène Anjou, commissaire des cours dresse le bilan de la reprise d'activité, puis ajoute : ‘ "Nous nous abandonnerions sans réserve à notre satisfaction, si la Société n'avait eu à déplorer cette année un malheur privé, et celui-là est irréparable, M. Arlès-Dufour n'est plus ! Fondateur de la Société d'Enseignement professionnel, il mettait au service de cette société son temps, sa personne et sa bourse, comme il le faisait pour toutes les œuvres qui tendent à améliorer les masses par l'instruction, idée dont il était l'un des plus ardents propagateurs. Quel vide dans vos rangs, Messieurs ! Ne sentez-vous pas, comme nous, combien cette douce et intelligente figure manque dans nos réunions, et ne pleurez-vous pas comme nous sa mort prématurée ? C'est avec un profond sentiment de vénération que nous ’ ‘ évoquons ici la mémoire de cet homme de bien, dont toute la vie, si dignement remplie, peut se résumer en ces mots : ’ ‘ Il aimait l'humanité." ’
L'assemblée générale 1871-1872 se tient le 27 octobre 1872, comme à l'accoutumée, dans la salle de l'Ancienne Bourse, au Palais Saint-Pierre. Dans le cadre du rapport administratif, le directeur de la S.E.P.R., T. Lang, ne peut pas ne pas évoquer à son tour l'image du fondateur disparu : ‘ "Pourquoi faut-il, Messieurs, qu'à notre satisfaction pour les résultats obtenus, à nos espérances pour l'avenir, vienne se mêler le souvenir d'un deuil tout récent, d'une perte irréparable de la Société ? Il y a quelques mois nous avons conduit M. Arlès-Dufour à sa dernière demeure. Tout a été dit sur la vie de cet homme de bien, et par nous, et par d'autres plus autorisés que nous, sinon plus sympathiques, mais je suis certain d'exprimer votre pensée à tous, Messieurs, en déclarant ici que la Société d'Enseignement professionnel mettra le nom et les bienfaits de M. Arlès parmi ses plus pieux et ses plus profonds souvenirs. Du reste, il a légué à la Société une somme de 3.000 F dont le revenu doit être employé, suivant sa volonté, à donner tous les ans un livret de caisse d'épargne à chacun des trois élèves les plus méritants ’ 2819 ‘ ." ’ Il sera décidé par le conseil d'administration qu'une année sur deux, deux de ces livrets seront accordés aux cours de dames2820. Parmi les bienfaits d'Arlès-Dufour, le directeur de la Société en omet un. Il s'agit de son dernier don, effectué de son vivant, au titre de l'année 1871-18722821, pour un montant de 500 F, aux côtés de Mangini (1200 F), Edouard Aynard, banquier (500 F), Maurice Chabrières (360 F), Sigismond Lilienthal, négociant, (100 F), Edmond Fitler, négociant, (100 F), Charles Robert (50 F), Jules Bizot, agent de change (50 F), Jules Cambefort, banquier (50 F), etc.
Au fil du temps, l'Ecole voit sa fréquentation prendre de plus en plus d'ampleur. A l'issue de l'année scolaire 1873-1874, la dixième de l'existence de la Société, le président Félix Mangini se plaît à le souligner, lors de l'assemblée générale du 13 décembre 18742822. En 1871, 2.015 élèves sont répartis en 48 cours. L'augmentation du nombre de cours s'impose. Il est porté à 56, puis à 71, chacune des années suivantes, suivis respectivement par 2.568, puis 3.384 élèves, avec l'espoir d'atteindre le chiffre de 4.000 pour l'exercice qui débute. Devant ce succès, la S.E.P.R. ne tarde pas à être reconnue comme établissement d'utilité publique, par décret du 29 novembre 1878, sous la signature de Mac-Mahon, président de la République2823.
A l'heure actuelle, la S.E.P.R. conserve pieusement le culte de son fondateur. Sa forme juridique est toujours celle d'une association privée Loi de 1901, à but non lucratif. Devenue acteur incontournable de la formation professionnelle, son budget global dépasse, en 1999, cent millions de Francs. Elle occupe 375 salariés. Près de 5.000 élèves, apprentis, stagiaires, la fréquentent annuellement dans le cadre de l'enseignement de 65 métiers différents2824.
L'assemblée générale du 27 octobre 1872 avait vu le renouvellement partiel statutaire du Conseil d'administration, Emile Guimet en particulier étant démissionnaire. Le fils aîné du fondateur, Gustave, avait été élu par 152 voix sur 154 pour une durée de trois ans2825.
Peu de jours avant sa mort, son père lui avait dit : ‘ "Veuf sans enfants, je te laisse le soin de mener l’œuvre capitale de ma vie. Il faut y vouer toute ton intelligence ; s'il te reste du temps disponible, consacre-le à l'instruction ’ 2826 ‘ " ’
"Ephéméride 1863", Annuaire du département du Rhône pour 1864, Lyon, Mongin-Rusand, 1864.
Concert du 21 février 1863, "Ephéméride 1863", cité.
Cité par C.[ésar] L. ['Habitant], op. cit., p. 155.
Lettre d'Arlès-Dufour, date et destinataire inconnus, citée par C.[ésar] L. ['Habitant], op. cit., pp. 155 et 166.
Ibid.
Fièvre jaune.
Guerre du Mexique de 1862 à 1867.
Brouillon de lettre d'Arlès-Dufour, 7 mars 1863, au prince Napoléon, écrit au crayon et non achevé (Archives familiales). Persigny est ministre de l'Intérieur.
Selon annotation particulière d'Arlès-Dufour sur la copie de sa lettre du 21 mars 1863 au prince Napoléon, dont texte suit (Archives familiales).
Lettre d'Arlès-Dufour, Lyon, 21 mars 1863, au prince Napoléon, citée.
Lettre du prince Napoléon, Paris, Palais Royal, "ce dimanche 22 mars 1863", à "Mon cher Arlès", Lyon (Archives familiales).
Les candidats de l'administration Laurent Descours et Johannés Terme furent réélus au premier tour, Perras au second, "Ephéméride 1863", cité.
Vraisemblablement conseiller d'arrondissement.
Lettre de la préfecture du 12 juin 1863 au ministère de l'Intérieur (ADR, Dossier 3 M 1386, Elections cantonales partielles 1862 et 8-9 août 1863).
Lettre du ministère de l'Intérieur, 1er juillet 1863, à préfecture du Rhône (ADR Dossier 3 M 1386, cité supra).
Lettre de la préfecture de Lyon, 16 juillet 1863, au Cabinet du ministre de l'Intérieur (ADR Dossier 3 M 1386, cité supra).
Selon l'affiche du 20 juillet 1863 convoquant les électeurs pour les 8-9 août 1863 en vue du renouvellement partiel du Conseil général, visant en particulier "Lyon 8e nouvelle création". Selon la "liste des membres du Conseil général nouvellement élus, appelés à prêter serment", François Varambon, avocat, est élu pour ce canton (ADR Dossier 3 M 1386, cité).
Lettre au crayon d'Arlès-Dufour, Montroses, [Oullins], 27 juin [1864], à "cher ami" [Enfantin] (Archives familiales).
Circulaire du Cabinet du ministre de l'Intérieur, 1er Bureau, 15 mars 1864, aux préfets (ADR Dossier 3 M 1387, Renouvellement triennal de 1864).
Liste des membres du Conseil général du Rhône, datée au crayon de "1864" (ADR Dossier 3 M 1387 cité supra). Est-elle antérieure ou postérieure aux élections de cette année ? Cette liste nous paraît contradictoire avec l'enquête du Commissariat spécial du 7 juillet 1864 (cf. ci-après) qui porte, par exemple, sur Valois bien que ne figurant pas sur cette liste.
Selon décret de Fontainebleau du 2 juillet 1864 transmis par circulaire ministérielle du 12 même mois (ADR Dossier 3 M 1387 cité).
Lettre n° 1249, Préfecture du Rhône, Commissariat spécial - Police politique, 7 juillet 1864, au sénateur, administrateur du Rhône (ADR Dossier 3 M 1387 cité).
Du moins, ceci fut demandé par circulaire du ministre de l'Intérieur du 10 novembre 1864, rappelant la précédente du 18 juillet de la même année (ADR Dossier 3 M 1387 cité).
Le texte qui semble définitif, relatif à Arlès-Dufour, sans date sauf celle apportée par les ADR ("1864"), ni indication de destinataire, sous le titre Renseignements confidentiels sur le personnel des Conseil général et Conseil d'arrondissement du département, est le suivant : "M. Arlès-Dufour est un homme de cœur et de haute intelligence. Son amour pour les ouvriers, ses entraînements pour les utopies humanitaires, lui assurent une certaine popularité [aux lieu et place de "grande influence"] dans son canton. Son attachement à l'Empereur et aux idées impériales n'est pas équivoque." (ADR Dossier 3 M 1387 cité).
C.[ésar] L. ['Habitant], op. cit., p. 118.
Arlès-Dufour : "Ecole de la Martinière", L'Echo de la Fabrique, 15 juillet 1832, déjà cité au chapitre VII - L'antidote à la pauvreté.
Trélat, "De l'éducation et de l'instruction du peuple", L'Echo de la Fabrique, 10 mars 1833.
Et toujours d'actualité ! Pour mémoire, l'arrêt du Conseil d'Etat du 18 novembre 1998 relatif au financement des établissements privés par les collectivités territoriales et ses conséquences syndicales (La presse des 30 et 31 décembre 1998).
Cité par Charles Robert, De l'ignorance, op. cit., p. 66.
Charles Robert, Conseiller d'Etat est à cette époque Secrétaire général de l'Instruction publique aux côtés de Victor Duruy.
Carte dressée par Manier, citée par Charles Robert, op. cit., p. 7.
Charles Robert, op. cit., pp. 34 et 39.
Ibid., p. 46.
Arlès-Dufour, Exposition universelle de 1862 -..., op. cit., pp. 10-11. Pour mémoire, cf. XXVI - "La mère des ouvriers".
Cette exposition avait, en effet, amené les Britanniques à relever leur infériorité dans ce domaine par rapport à la production française.
Arlès-Dufour, Exposition universelle de 1862 - ..., op. cit., p. 11.
Ibid., p. 12.
Respectivement ministre du Commerce et ministre de l'Instruction publique.
Arlès-Dufour, Exposition universelle de 1862 - ..., op. cit., pp. 18-19.
Lettre du Sénateur, chargé de l'administration du Rhône, du 30 décembre 1861 à la Sté d'instruction primaire du Rhône (Dossier AML 176 WP 50 "Instruction publique : Société d'instruction élémentaire du Rhône 1829-1880").
"Ephéméride 1863", 28 avril 1863, Annuaire du département du Rhône 1864.
Ibid., 29 novembre 1863.
"Société d'instruction primaire du Rhône", Annuaire du département du Rhône 1864.
"Organisation commerciale... Bourse de Lyon", ibid.
"Ephéméride 1863" respectivement au 9 mars et au 10 mai et 3 octobre, ibid.
Arlès-Dufour, Exposition universelle de 1862 -... , op. cit., p. 19.
Ibid.
Statuts de l'Association polytechnique reproduits intégralement en pp. 58-63, suivis de la liste des cours enseignés et de celle des conférences publiques et gratuites faites en 1866, pp. 63-72, in A.[uguste] Perdonnet, De l'utilité de l'instruction..., op. cit.
Article additionnel des statuts susvisés.
Cf. XXIV - "Rien sans peine"...
A. Perdonnet, De l'utilité de l'instruction..., op. cit., p. 6.
Arlès-Dufour, Exposition universelle de 1862 - ..., op. cit., p. 19.
G. Vapereau, op. cit., pour ce qui suit immédiatement en ce qui concerne également Rouher, Duruy et Charles Robert.
Lettre de Rouher, Cabinet du ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, Paris, 22 juin 1863, à "Mon Cher Arlès", avec l'assurance de ses "sentiments affectueux". (Archives familiales).
Selon lettre de F. Puillet (ou Guillet), Ménars (Loir-et-Cher), 15 juillet 1863, à Arlès-Dufour, qui sera mentionnée plus loin (Archives familiales).
Rappelons que la dénomination d'origine est "Ecole centrale lyonnaise pour l'industrie et le commerce".
Lettre du président Valois, sur papier à en-tête de la Société d'instruction primaire du Rhône, Lyon, 9 juillet 1863, à Arlès-Dufour (Archives familiales).
Lettre de F. Puillet (ou Guillet), Ménars (Loir-et-Cher), 15 juillet 1863, citée.
Successeur de Rouher à son précédent poste ministériel.
Lettre de Rouher, Conseil d'Etat - Cabinet du Ministre Président du Conseil d'Etat, Paris rayé et remplacé par Carlsbad, 24 juillet 1863, à Arlès-Dufour (Archives familiales).
Lettre de Rouher, Conseil d'Etat - ..., Paris, 27 septembre 1863, à Arlès-Dufour (Archives familiales).
Cf. XXVI - "La mère des ouvriers".
Cf. XXIV - "Rien sans peine"...
Lettre d'Enfantin, Curson, 11 janvier 1839, à Arlès-Dufour (OSSE, Vol. 31, p. 200) et lettre d'Enfantin, Alger, janvier 1840, au général Saint-Cyr Nugues (OSSE, Vol. 31, p. 228).
CCL, Registre des délibérations, 24 juin 1847.
Ibid., 9 octobre 1847. Arlès-Dufour, cette année "en sommeil" à la CCL, n'est sans doute pas du nombre.
Ibid., 7 mai 1846. Pour mémoire, cf. chapitre XXXI - Aux portes de la nuit.
T.[Thibule] Lang, op. cit., p. 241.
Texte de la main d'Arlès-Dufour (Archives familiales), précédé des mentions suivantes : "1852 Lyon - M. Monmartin - restée sans réponse"... Le "danger" auquel il est fait allusion est, bien entendu, l'incendie de l'immeuble de ses bureaux et entrepôts de mars 1851 (Cf. XXIII - Gestion et spéculation).
Son fils Gustave siégera au Conseil d'administration de La Martinière, à la suite de son père, de 1873 à 1884 (T. Lang, op. cit., p. 71).
Testament d'Arlès-Dufour, 1er janvier 1871 (Archives familiales) et AML dossier 176 WP 67 "La Martinière" (s/ dossier Legs Arlès-Dufour).
Testament d'Arlès-Dufour, 20 septembre 1863 (Archives familiales).
Registre des délibérations du Conseil municipal de Lyon, Extrait, séance du 4 juillet 1872 (AML 176 WP 67, dossier "La Martinière", cité supra).
Arlès-Dufour avait légué "toutes" ses décorations. Par lettre du 7 août 1872, La Martinière, sous la signature de son vice-président Piaton, reconnaît avoir reçu des mains de Mme Arlès-Dufour "l'écrin contenant les seize décorations léguées à l'école par feu Arlès-Dufour, ancien administrateur de l'Institution." (Archives familiales).
Lettre d'Armand Arlès-Dufour, Leipzig, 6 octobre 1863, à "mon bon père" (ARS 7688/49) Cette référence paternelle a fait attribuer, par erreur à la Bibliothèque de l'Arsenal, à Enfantin la destination de ce courrier. D'ailleurs, pour mémoire, dans ce même courrier, Armand s'étonne : "Tu ne me dis rien dans ta dernière lettre sur le séjour du père Enfantin."
Lettre d'Arlès-Dufour, Rome, 27 mars 1864, à "My dear Sir" (Archives familiales). La ville de Naples semble avoir été le but premier de ce voyage effectué, comme le lui écrit Enfantin, "en prince du monde actuel, et comme les rois d'autrefois n'auraient pas voyagé.(OSSE, Vol. 13, pp. 225-226).
Dans sa lettre à Julie Daubié du 6 juin 1864, citée, Arlès-Dufour précise en P.S. au sujet d'Emma Marwedel qu'elle est "une amie du fameux philanthrope Schülze-Delish." Jean Gaumont (op. cit., t. 2, p. 623) qui orthographie ce nom Schulze-Delitzsch, précise qu'il s'agit du fondateur de la coopération allemande et d'un "homme considérable" et de "réputation universelle".
Lettre d'Arlès-Dufour, Oullins, 6 juin 1864, à Julie Daubié (Raymonde Bulger, op. cit., p. 81).
Nous n'avons pas trouvé le moindre élément complémentaire au sujet de ces moulins.
L'acquisition de ce moulinage de Clérieux ne peut qu'approximativement être située entre 1863 et 1867, au travers d'un différend de voisinage relatif au régime hydraulique alimentant cette industrie. Anciennement propriété d'un certain Gustave de Lacour, il apparaît avoir été vendu d'abord "aux sieurs Charrin, Richard [banquier à Tournon], Arlès et (sic) Dufour", puis aux sieurs "Arlès et [sic] Dufour" selon un rapport de l'ingénieur des Ponts et Chaussées de l'arrondissement de Valence du 25 septembre 1868, ADD - Dossier 56 S 34 "L'Herbasse - Usines".
Michel Laferrère, op. cit., p. 140, signale, à juste titre, la propriété par la maison Arlès-Dufour d'un moulinage à Clérieux (Cf. note précédente), mais nous n'avons relevé aucune trace relative à celle d'une filature à Beaucaire (Gard) également mentionnée par cet auteur.
Acte sous-seing privé du 1er octobre 1869 entre François Barthélemy Arlès-Dufour, Gustave Arlès-Dufour, Maurice Chabrière, et Alphonse Arlès-Dufour, constituant "acte additionnel" à l'acte notarié devant Maître Lombard, notaire à Lyon, du même jour (Archives familiales).
Cf. XXV - De longs efforts couronnés de succès.
Le troisième fils d'Arlès-Dufour, Armand, est installé en Algérie comme exploitant agricole dans la Mitidja depuis 1867. Les domaines qu'il créé deviendront exemplaires dans toute l'Algérie et lui vaudront de multiples distinctions dont la Légion d'honneur. Mais de mauvaises récoltes et les engagements financiers pris le conduiront à se dégager de cette activité.
Société Arlès-Dufour et Cie, 1er octobre 1869 (ADR, "Actes de sociétés").
Des dissensions s'étant élevées particulièrement entre Gustave Arlès-Dufour et MauriceEX \f nom «Chabrières (Adélaïde)».
Lettre circulaire du 21 février 1885 annonçant la formation, à partir du 1er mars 1885, d'une société en commandite sous la raison sociale : "Ancienne Maison Arlès-Dufour -EX \f nom «Chabrières (Adélaïde)», Morel et Cie", déjà citée in XXIII - Gestion et spéculation (Archives familiales).
Lettre d'Enfantin, Paris, 16 juin 1864, à Arlès-Dufour (OSSE, Vol. 13, pp. 237-239).
Lettre au crayon d'Arlès-Dufour, Montroses, 27 juin [1864], à "Cher ami" [Enfantin], citée même chapitre (Archives familiales).
Pour mémoire, dans sa lettre du 27 juin [1864] à Enfantin, Arlès-Dufour parlait d'un "refroidissement" (ainsi qu'il le fait encore à Julie Daubié, dans sa lettre du 19 juillet, in Raymonde Bulger, op. cit., p. 84), maintenant, le 12 juillet, d'un zona. Ce qu'il confirme au même destinataire, Enfantin, par lettre du surlendemain, 14 juillet 1864, (Archives familiales), pensant toujours "prendre les bains et les douches de Plombières" et partir le 21. Raymonde Bulger, op. cit., pp. 83-84, cite, en s'en étonnant à juste titre, une lettre d'Arlès-Dufour à Julie Daubié, datée, à Plombières, du 7 "juillet" 1864. En fait, l'expéditeur s'est trompé de mois et il convient en réalité de lire 7 "août". En effet, cette session ordinaire débutant le 22 août, comme vu dans le texte du présent chapitre, il lui faut "rentrer à Lyon le 20 courant pour le conseil général", comme il l'écrit dans ladite lettre à Julie Daubié.
Love, médecin homéopathe parisien souvent consulté soit à Paris, souvent par écrit, tant pour lui-même que pour les membres de sa famille.
Brillant élève de Polytechnique, ami d'Enfantin et de Paulin Talabot - celui-ci en fera son brillant second -, ingénieur des chemins de fer, Directeur du chemin de fer du Bordeaux-Sète en 1845, Directeur du Paris-Orléans en 1852 et jusqu'en 1862. (Vapereau, op. cit., et "Paulin Talabot - Recherches pour une biographie", Revue d'histoire des mines et de la métallurgie, t. II, N° 1, 1970, Genève, Droz).
Lettre d'Arlès-Dufour (à l'encre), Montroses, 12 juillet 1864, à Cher et dur [ou pur ?] ami [Enfantin], (Archives familiales).
Lettre du prince Napoléon, 15 juillet 1864, à Arlès-Dufour (Archives familiales).
Lettre d'Arlès-Dufour à Julie Daubié, 7 août (et non juillet comme vu en note supra) 1864, citée.
Cf. note supra relative à la lettre d'Arlès-Dufour à Julie Daubié, datée par erreur du 7 juillet au lieu du 7 août 1864.
Cf. II - L'errance allemande.
Jean Dautry, "Pour le cent-vingt-cinquième anniversaire de Saint-Simon", La Pensée, Nelle série, décembre 1950, N° 33.
Lettre d'Arlès-Dufour, 21 novembre 1857, à Henri Duveyrier, citée in XVI - Des balles et des boulets..., et XXIII - Gestion et spéculation.
Envoi du ministre du Commerce à la Chambre de commerce du 14 mars 1843 (CCL, Registre des délibérations, 23 mars 1843).
Selon l'accusé de réception de la CCL au ministre du Commerce, 3 avril 1843 (CCL, Registre Copies de lettres, 3 avril 1843).
Selon rapport du président Brosset, 23 juin 1864, p. 287 (CCL, Registre des délibérations - Annexe à la séance du 23 juin 1864).
CCL, Registre des délibérations, 23 mars 1843 et Registre Copies de lettres, lettre de la CCL, n° 894, 10 avril 1843, au maire de Lyon, en ce qui concerne Accarias - CCL, Registre des délibérations, 27 avril 1843, en ce qui concerne Peyret-Lallier. Pour mémoire, cf. délibérations des 5 octobre 1843, 4 juillet 1844, 13 mars 1845, 11 septembre 1845.
Ce cours de droit commercial déjà subventionné par la CCL (Registre des délibérations, 4 juillet 1844).
Rapport du président Brosset, 23 juin 1864, cité supra.
Lettre CCL n° 1019 du 6 novembre 1843 au préfet du Rhône (Registre Copies de lettres, suite à délibération du 5 octobre 1843).
Selon rapport du président Brosset, 23 juin 1864, cité supra.
Lettre de Michel Chevalier, 16 avril 1851 à Arlès-Dufour (Archives familiales).
Rapport du président Brosset, 23 juin 1864 cité.
Le choix de ce professeur, "quelque peu solennel [...] à la barbe blanche d'apôtre", incombe à Jean Tisseur, secrétaire de la Chambre, de passage à Genève, Pierre Dockès, op. cit., p. 23.
CCL, Registre des délibérations, 29 septembre 1864.
Ibid., 20 octobre 1864 : Invitation du 18 octobre pour le lendemain à une heure, consignée à la date du 20.
Ibid., 20 octobre 1864.
Ibid., 16 mars 1865.
Louis Guémied, "Bulletin" daté du 30 septembre 1864 in L'Enseignement professionnel, 1er octobre 1864, n° 48, 2e année (Archives familiales) et Louis Reybaud , "Les chaires d'économie politique en France", Revue des Deux Mondes, novembre-décembre 1864.
Barrillon, "Etudes d'économie politique", Revue du Lyonnais, Tome XV, 1842. Dans le texte ci-dessus, cet auteur est signalé député de l'arrondissement de Compiègne, selon Vapereau, op. cit., sauf homonymie.
Pierre Dockès, op. cit., p. 24, et pp. suivantes pour ce qui suit.
Ibid., pp. 31-32.
Lettre d'Arlès-Dufour, Zurich, 16 août 1845, à Enfantin (ARS 7682/175), déjà citée in XIX - "Le cadeau de l'Angleterre au monde".
Lettre de Michel Chevalier, 27 avenue de l'Impératrice, Paris, 2 juin 1864, à Arlès-Dufour, citée au chapitre précédent.
Lettre de Michel Chevalier, 7 juin 1864, à Arlès-Dufour (Archives familiales).
Ibid. Nous ignorons dans quel cadre eut lieu l'intervention de Michel Chevalier, intervention apparemment démentie par l'économiste : "Vous aurez donc pris le discours de Germain ou celui de Rouher pour le mien."
Ibid.
Rapporté par Auguste Perdonnet, De l'utilité de l'instruction..., op. cit., p. 54.
Rapport du Président Brosset à la CCL du 23 juin 1864, cité supra.
Début de l'article paru dans L'Opinion nationale, cité par Jean Favier [dir.] , Chronique de la France...., op. cit., p. 920.
Suite de cet article de L'Opinion nationale citée par le préfet Fernand Rude, Commémoration du centenaire de la SEPR, op. cit.
Discours d'Arlès-Dufour pour l'inauguration de la Société d'enseignement professionnel du Rhône, 27 novembre 1864, Société d'enseignement professionnel du Rhône - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 18. La Société en question sera désormais désignée par nous par son sigle : "SEPR".
Cf. XIV - "Rien sans peine" ...
Discours de Perdonnet, inauguration de la SEPR, 27 novembre 1864 (SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 23).
Fernand Rude, Commémoration du centenaire de la SEPR, op. cit., parait être le seul à donner la composition complète de cette assemblée.
Cf. XXVII - "La révolution du crédit".
Si nous en jugeons par la présence d'un numéro de cette revue, cité par ailleurs, dans les archives d'Arlès-Dufour.
Discours de Perdonnet, inauguration de la SEPR, SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 23.
CCL, Registre des délibérations, 20 octobre 1864.
Lettre de la préfecture de Lyon, sous la signature de E. Cezan, Secrétaire général pour l'administration, à Arlès-Dufour, SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 17. La date de la correspondance de la préfecture n'est pas donnée dans ce texte.
Félix Mangini succédera à Henri Germain à la présidence de la SEPR à compter de l'exercice 1870/1871.
Par suite de démission, Ferrouillat sera prochainement remplacé par un certain Pelletier - présent comme dit ci-dessus à la réunion du 5 octobre 1854 (SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., en note p. 8).
Article premier des statuts de la SEPR : "Il est établi à Lyon une société..."
Selon SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 2.
Cette cotisation mensuelle de 50 centimes sera remplacée l'année suivante, à la demande des "commissaires", en un droit d'inscription de 3 F par cours (SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 4 en note).
Articles 5 et 8 des statuts de la SEPR. Selon l'article 6, les sommes ainsi recueillies "sont destinées à l'achat du matériel, tel que : papier, plumes, crayons, etc. dont les élèves ont besoin pour suivre les leçons."
Selon SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 27. D'après une annotation manuscrite portée sur cet exemplaire détenu par la SEPR, cette ouverture aurait eu lieu le 29 novembre.
Lettre Arlès-Dufour, Oullins, 11 novembre 1864, à Julie Daubié (Raymonde A. Bulger, op. cit., p. 87).
Selon le tableau de la distribution des prix 1865 (SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., pp. 36-41), les cours sont donnés comme suit :
- à l'Ecole centrale [19 quai Castellane], les cours de calcul, grammaire, comptabilité, arithmétique commerciale, droit commercial, dessin pour la fabrique, dessin pour les carrossiers, dessin pour les serruriers, dessin pour les menuisiers, dessin de machines, mathématiques appliquées, pratique des chantiers, chimie pour teinturiers,
- à La Martinière, les cours de comptabilité, théorie de fabrique, chimie pour teinturiers,
- à l'ancien Hôtel des Monnaies [34 rue de la Charité], les cours de dessin pour les menuisiers, dessin de machines, chimie pour teinturiers,
- dans la localité de La Mulatière, les cours de calcul, grammaire,
- à La Croix-Rousse, le cours de calcul, grammaire
- à Oullins, les cours de calcul, dessin de machines.
Parmi eux, selon liste "Sociétaires" (SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 12) : Bizot agent de change, Brosset, Emilien Belz, négociant, Emile Bonnardel, Raoul de Cazenove, Sébastien Commissaire, négociant, Eugène Flotard, docteur en droit, Jacques Letourneur, Directeur du Crédit lyonnais, Plantin jeune, géomètre, Richard-Vitton, maire, Rambaud, rentier, de La Saussaye, recteur, Clair Tisseur, architecte, Tisseur [Jean], secrétaire de la CCL, Vingtrinier, et bien sûr des Lyonnais, également de nombreux Oullinois.
Sébastien Commissaire, Mémoires et souvenirs, op. cit., t. 2, pp. 189-191.
"Nota", "Compte rendu financier" de la première assemblée générale du 16 juillet 1865 (SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 41).
SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., pp. 9-11. Les deux premiers et plus importants donateurs sont effectivement "Arlès-Dufour, négociant, port Saint-Clair, 19", et "Germain Henri, Président du Crédit Lyonnais", chacun pour 10.000 F, suivis de "Félix Mangini, ingénieur, rue Saint-Joseph, 2", 5.000 F. Outre les membres de la famille Arlès-Dufour dont détail suit dans le texte, on relève également parmi les donateurs les noms suivants : Victor Pignatel, administrateur du Crédit lyonnais 1.000 F, Heckel aîné, Brosset et Cie, négociants, 18 port Saint-Clair, 500 F, Galline, banquier, 13 rue Impériale 500 F, Michel, membre de la CCL, 9 rue Ravez, 500 F, Frossard de Saugy, constructeur de machines, à la Buire, 500 F, etc.
Sébastien Commissaire, op. cit., t. 2, p. 191.
Pour ce qui suit relativement à la séance d'inauguration : SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-65, 1865-1866, op. cit., pp. 17-27. Cette date d'inauguration du 17 novembre 1864 a été ajoutée à la main sur l'exemplaire détenu par cette société.
Sans doute convient-il de lire "Souvestre" [Charles] en p. 19 de ce compte rendu.
Fernand Rude, Commémoration du centenaire de la SEPR..., op. cit..
Il semble qu'Arlès-Dufour ait spécialement fait venir Charles Gaumont de Paris pour recevoir son concours lors de la gestation de la SEPR, à laquelle collabora Sébastien Commissaire, notamment auprès "des républicains [...] désireux de propager l'instruction." Celui-ci, qui figure au nombre des sociétaires, indique avoir refusé sa cooptation au Conseil d'administration de la Société, Sébastien Commissaire, op. cit., t. 2, pp. 190-191. D'après ce républicain, élu conseiller d'arrondissement en 1863, Perdonnet aurait envoyé Gaumont à Lyon dans le but d'y fonder une Société d'enseignement, à l'image de la Société philotechnique qu'il présidait à Paris, et l'aurait adressé à Arlès-Dufour qui "approuva le projet". Bien que ne partageant pas cette thèse, il nous a cependant paru utile de la signaler.
Discours d'Arlès-Dufour, Cérémonie d'inauguration du 27 novembre 1864 (SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., pp. 18-19).
Discours d'Henri Germain, ibid., pp. 19-21.
Discours d'Auguste Perdonnet, ibid., pp. 21-27.
"Ecole professionnelle", Guide indicateur de la ville de Lyon, p. 40, Lyon, Labaume, 1867.
Le titre de Secrétaire général sera de nouveau accordé à Piaton.
SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., p. 50 en note.
Ibid., p. 51.
Ecole professionnelle", Guide indicateur de la ville de Lyon, "cité, et "Bibliothèque - Règlement", SEPR - Compte rendu Années scolaires 1864-1865, 1865-1866, op. cit., pp. 61-62. Apparemment, cette bibliothèque dont l'adresse n'est pas précisée, fonctionne au bureau de la rue Sainte-Catherine.
Selon Vapereau, op. cit. : Arthur-Jules Morin, Enquête sur l'enseignement professionnel, 1865, 2 vol.
La date exacte est extraite de "Ephéméride 1866", Annuaire administratif et commercial du Rhône pour 1867. Le même jour, a lieu sur la pelouse du Parc de la Tête d'Or un match de cricket entre les clubs de Lyon et de Grenoble... (Ibid.).
Maxime Du Camp, Souvenirs d'un demi-siècle, op. cit., t. 1, p. 173.
"Ephéméride 1867", Annuaire administratif et commercial du Rhône pour 1868, Lyon, Mongin-Rusand, 1867. Duruy saisit l'occasion de ce déplacement pour visiter, le lendemain 24 avril 1867, les principaux établissements d'instruction publique, la faculté, et présider une séance extraordinaire de l'Académie de Lyon.
SEPR - Compte rendu Année scolaire 1869-1870, nota, p. 3.
Assemblée générale SEPR. du 7 juin 1868 (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1867-1868, p. 34).
Lettre du "Recteur de l'Académie de Lyon - Université de France" du 13 juin 1866 transmissive à Arlès-Dufour, avec une lettre du ministre, du brevet et des insignes de cette décoration (Archives familiales).
Lettre du "Recteur de l'Académie de Lyon - Université de France" du 12 juin 1866 transmissive à Arlès-Dufour d'un extrait, certifié conforme par le Secrétaire de l'Académie de Lyon, d'un arrêté du 23 mai 1866 le nommant "membre des Conseils de perfectionnement près les lycées et Collèges de l'Académie de Lyon", et signé de Duruy et de Charles Robert (Archives familiales).
Louis Guémied, "Bulletin", cité supra.
Son ministre la connaissait. Lorsqu'il étudiait la question de l'enseignement professionnel, Victor Duruy, de passage à Lyon pour quelques heures, avait visité La Martinière le 18 août 1865. Il avait déclaré aux administrateurs - dont Arlès-Dufour, si présent à Lyon - : "Vous êtes la première des écoles professionnelles ; votre passé m'est garant que vous saurez conserver cette éminente primauté." (T. Lang, op. cit., p. 241). La SEPR n'avait encore que quelques mois d'existence...
Lettre de Charles Robert, 27 mai 1870, à Arlès-Dufour, (Archives familiales). La date exacte de la distribution des prix 1870 n'est pas précisée dans le Compte rendu Année scolaire 1869-1870 de la SEPR.
Arlès-Dufour, "Mon discours au banquet du 12 février 1870 Association des Elèves des cours professionnels" (Archives familiales). C'est la concrétisation du projet consécutif à l'incendie de son immeuble, vu dans le présent chapitre, exposé sous le titre "1852 Lyon" Cette association des anciens élèves de La Martinière a été créée le 4 juillet 1867, "Ephéméride 1867", Annuaire administratif et commercial de Lyon... pour 1868.
Le président de la SEPR est toujours Henri Germain, assisté de deux vice-présidents Félix Mangini et Fontaine, membre du Conseil des prud'hommes, SEPR - Compte rendu Année scolaire 1869-1870, p. 7. Le second vice-président est passé sous silence ! Quant au président d'honneur, Brosset, il a achevé son mandat à la Chambre de commerce qui aura duré trente ans. Louis Guérin, banquier et marchand de soie, lui succède à la tête de l'assemblée consulaire, et par voie de conséquence à la présidence d'honneur de la SEPR
10 cours de dames (grammaire, calcul, écriture, comptabilité) ont été ouverts en cinq lieux au cours de l'hiver 1869-1870 (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1869-1870, pp. 20-21).
Discours d'Arlès-Dufour à la distribution des prix de la SEPR de [juin ?] 1870 (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1869-1870, pp. 22-23).
"Discours de M. Sevenne, président de la Chambre de commerce de Lyon", Inauguration de la statue de Monsieur F. Arlès Dufour père, offerte par M. Gustave Arlès Dufour aux actionnaires de la Sté Arlès-Dufour & Cie, le 4 juillet 1881, Lyon, Pitrat, 1881, 26 p.
SEPR - Compte rendu Année scolaire 1869-1870, pp. 47-51.
Liste des conférences du 26 novembre 1871-24 mars 1872 (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1871-1872, p. 50).
Lettre de Charles Robert, sur papier de la Compagnie L'Union, 13 rue de la Banque, Paris, 29 novembre 1871, à Arlès-Dufour (Archives familiales). Pour mémoire, Charles Robert présidera, une nouvelle fois, le 15 juin 1873, la distribution des prix (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1872-1873, pp. 24 et s.).
A cet égard, la lettre adressée par Arlès-Dufour à Julie Daubié, datée à Oullins du "28 novembre (1871)", telle que reproduite par Raymonde A. Bulger, op. cit., pp. 147-148, nous laisse perplexe. Dans cette lettre, Arlès-Dufour déclare attendre avant de partir à Cannes "la visite de Charles Robert qui vient faire une conférence dimanche." Or, cette conférence sera donnée, effectivement un dimanche, mais celui du 24 décembre 1871 (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1870-1871, p. 23). Et, selon le Carnet de Mme Arlès-Dufour "A mon cher Auguste, dernier souvenir de son vénéré grand-père, Cannes, villa Bruyères - 9 décembre 1871 - 22 avril 1872, Arlès-Dufour, accompagné de Pauline, quitte Oullins le 10 décembre 1871, à destination de Golfe-Juan.
Circulaire du Président Mazand à ses collègues du Bureau des Commissions, SEPR, 2 février 1872 (Archives familiales).
Distribution des prix SEPR, 23 juin 1872 (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1871-1872, p. 51 et s.).
Assemblée générale SEPR, 27 octobre 1872, (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1871-1872, p. 77).
"Livrets Arlès-Dufour" (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1872-1873, p. 51).
"Donateurs 1871-1872" (SEPR - Compte rendu Année scolaire 1871-1872, p. 32).
SEPR - Compte rendu Année scolaire 1873-1874, p. 48.
Fac-similé du décret de reconnaissance d'utilité publique du 29 novembre 1878, in plaquette du centenaire : 1864/5-1964/5 - 100 ans d'enseignement professionnel et technique - Société d'Enseignement Professionnel du Rhône, Lyon, SEPR, s.d. [1964/1965].
La SEPR en quelques chiffres, SEPR, Janvier 1999.
Egalement donateur au titre de l'année en cause pour un montant de 100 F ("Donateurs 1871-1872", SEPR - Compte rendu Année scolaire 1871-1872, p. 32).
"Discours de M. G[ustave] Arlès-Dufour", Inauguration de la statue de Monsieur F. Arlès Dufour père, offerte par M. Gustave Arlès Dufour aux actionnaires..., 4 juillet 1881, cité supra.