XXIX - LA "TRANSFORMATION2827" D'UN AMI

Après l'installation de Pauline à Lyon, ses parents, Paul Emile et Adélaïde Dufour, n'avaient guère tardé à quitter leur résidence de Leipzig pour rejoindre le jeune couple Arlès. Les deux ménages restèrent très unis et, singulièrement, les relations entre les deux hommes. Cinq ans après la mort de son mari, le 3 septembre 1858, Adélaïde Dufour disparaît à son tour le 7 mai 1863, chacun à l'âge respectable de 79 ans. Son décès était redouté. Dans cette perspective, les concessions à perpétuité achetées au cimetière de Loyasse à Lyon, les 16 septembre 1829, 5 février 1833 et 14 septembre 18462828, où sont enterrés deux jeunes enfants d'Arlès-Dufour et leur grand-père, apparaissent insuffisantes.

En raison de l'attachement au village d'Oullins depuis de nombreuses années, un "changement de dernier domicile2829" apparaît préférable à l'unanimité de la famille. Arlès-Dufour opte, le 29 décembre 1862, pour un emplacement de 3m50 sur 3m, au prix de 2.000 F, proche de la tombe de ‘ "[s]on bon et illustre ami Jacquard2830". ’ Ce devait être ‘ le "brandon qui alluma des querelles et une polémique sans fin2831" ’ avec la mairie et le curé d'Oullins, se souviendra Pauline, notamment lors des obsèques de sa mère, Mme Dufour. Cet ensevelissement à peine achevé, l'autorité municipale demande l'exhumation du corps au motif que la tombe, pourtant dûment autorisée par elle et la religion familiale étant unanimement connue, est située dans le cimetière catholique. De plus, la famille apprend que le terrain réservé aux protestants l'est aussi aux suicidés, aux noyés, et aux enfants morts avant le baptême !

La coupe est pleine, justifiant des courriers courroucés, nombreux et longs, de la part du co-fondateur du Crédit lyonnais malgré la proximité de l'ouverture de cet établissement. C'est successivement, le 19 mai, une lettre à Enfantin - qui prend apparemment la liberté d'en référer à Mocquart2832 - le 25, une lettre personnelle à cet ami, chef de cabinet de l'Empereur2833, puis une consultation auprès de M. Valois qui ‘ "croit remonter au Moyen-Age" ’ et livre un copieux rapport sur la réglementation du 23 pairial an 122834. Enfin, suite semble-t-il à un entretien, cette véhémente protestation officielle à son ami, le préfet Vaïsse : ‘ "[...] Maintenant, c'est au nom de la religion, de la civilisation, des lois civiles, des sentiments qui règnent dans le cœur de tous les hommes de cœur, à quelque culte qu'ils appartiennent, que je demande promptement éclatante justice. Si, quoique administrateur du Rhône, vous ne pouvez la rendre, ou la faire rendre, je la demanderai aux tribunaux de France, et à l'opinion publique de l'Europe civilisée. Je suis navré de devoir m'exprimer ainsi, mais je suis sous l'impression d'un sentiment que votre cœur comprendra ; et j'accomplis aussi un devoir de bon citoyen en appelant l'attention et la justice du gouvernement sur des actes dignes du Moyen-Age ou de l'Espagne et de Rome, actes qui, depuis l'Empire, vont chaque jour se multipliant et qui, s'ils n'étaient enfin réprimés et flétris, finiraient par le déconsidérer et le perdre, au grand regret des hommes qui, comme moi, conservent encore pleine confiance en son illustre chef. Recevez2835..."

En possession d'une copie de cette lettre, Enfantin l'interroge : ‘ "Cher ami, qu'entendez-vous par la justice que vous attendez du sénateur [préfet] ? Qu'il vous donne un nouveau cimetière où vous puissiez transporter le corps de Mme Dufour ? Mais c'est à peu près ce que veut l'Eglise, ’ ‘ vous expulser ’ ‘ . - La justice serait au contraire de vous conserver ce qu'on vous a vendu. Au reste, voilà enfin Puebla pris2836 ; jusqu'à présent cela éclipse l'intérêt de votre combat de sacristie [...]. D'après ce que vous me dites des dispositions du peuple de Lyon à l'égard des cléricaux, je ne vois pas que ceux-ci soient bien à craindre. Quant à vos bourgeois, ils prouvent une fois de plus que l'industrialisme égoïste abrutit parfaitement là où il domine ; c'est pourquoi j'apprécie moins que vous la perfide Albion. - Vous croyez que c'est l'Eglise qui abrutit, pas du tout ; c'est l'amour du lucre, de l'épargne, du grattage de sous ; l'Eglise en profite, voilà tout2837. [...]"

Plus tard, Pauline égrénant ses souvenirs, rappellera ‘ : "[...] après l'ensevelissement de ma mère, une procession à la tête de laquelle se trouvait M. le curé, suivi de la majeure partie du village, fut faite pour purifier le cimetière qui avait donné asile à une famille protestante." ’ Et, évoquant la mémoire de son mari, elle ajoutera : ‘ "Avec l'âge, ses opinions anti-cléricales s'accentuèrent et prirent un caractère de violence et d'aigreur. Le fanatisme des cléricaux et celui de notre curé en furent la cause2838."

"Il est un temps où la mort nous attend. Attendons-la partout ! " ’ Cette citation de Montaigne, Arlès-Dufour l'avait placée en exergue de son Journal de Jeunesse. L'âge venant, il peut encore moins l'oublier d'autant qu'autour de lui la faux du temps poursuit inexorablement son oeuvre, maintenant, parmi ses congénères. La mort, Enfantin s'y prépare également. Coïncidences ou effets de leurs confidences ? Tous deux, presque simultanément, établissent ou complètent leurs dispositions testamentaires. Le 9 juillet 1857, le soyeux traite et règle la part de chacun dans sa maison de commerce2839. La même année, son ami le nomme légataire universel, le chargeant, avec leurs intimes, d'administrer la conservation et l'exploitation de ses archives, correspondances, manuscrits, ouvrages publiés et à publier2840. En 1861, le 10 janvier, il substitue César L'Habitant à Holstein en raison de son intransigeance à l'égard de sa vie privée, à défaut d'Arlès-Dufour en qualité d'exécuteur testamentaire, et prévoit quelques clauses diverses2841. Huit jours plus tard, Arlès-Dufour complète d'un second additif ses Instructions pour ma femme en cas de mort du 11 mai 1843, dans les termes suivants : ‘ "Armand a près de 19 ans, et les goûts et les aptitudes qui se développent normalement et incessamment chez lui depuis sa naissance me déterminent à lui confier, de préférence à Gustave, la mise en ordre et la publication des correspondances les plus intéressantes que je laisserai ’ ‘ 2842 ’ ‘ ." ’ Dans ses Instructions primitives, il avait consigné : ‘ "Que Gustave réunisse soigneusement toutes les lettres du Père ; un jour viendra où leur publication sera demandée. Il s'entendra pour le faire avec ceux de nos amis, ou des fils spirituels de nos amis, qui nous survivront2843."

Par suite de la création, fin 1859, de la Société en commandite Arlès-Dufour et Cie, certaines dispositions du testament de 1857 sont devenues caduques. Nous l'avons vu2844, celui du 20 septembre 1863 les réactualise. Il s'élève contre la prolifération ‘ "de maisons, succursales ou agences" ’ - certaines ‘ "presqu'inutiles" ’ - et ‘ "la folie qui s'est emparée de Gustave". ’ Un autre paragraphe situe les amitiès du moment ‘ : "Dans le cas où des difficultés surgiraient du présent testament, ou des legs, ou dispositions qu'il conviendrait de faire en dehors, je désire qu'elles soient réglées amiablement, par un conseil de famille composé de mes bons et vieux amis P. Enfantin, Brosset, Holstein et Valois2845."

Le 24 novembre 1863, ‘ "en dehors de [s]on métier du ’ ‘ chemin ’ ‘ et ’ ‘ des eaux ’", le Père ne s'occupe guère que de son testament2846. S'il y réfléchit, ayant abandonné toute vie mondaine, cette intention n'est mise à exécution que dans les premiers mois de 1864. Au milieu du mois de mars, la mort de Lambert, - le "digne", le "cher Pacha", le "brave Bey", le "brave Turc", comme lui écrivait affectueusement Arlès-Dufour - atteint depuis longtemps d'un mal irrémédiable, lui en fournit la triste occasion. Les obsèques religieuses, voulues par ses proches, ne respectent pas les croyances du défunt. Enfantin, suivi de Laurent de l'Ardèche, se retire du cortège et Guéroult s'indigne, dans L'Opinion nationale du soir même, du comportement de la famille. Le 8 avril suivant, la détermination d'Enfantin devient enfin réalité. Parmi ses dernières volontés, une clause expresse stipule que ses propres obsèques soient à l'abri de toute démonstration contraire à sa foi. Dès lors, les archives saint-simoniennes sont prestement emballées dans les semaines suivantes de mai-juin 1864. Leur conservation - copie et classement - commencée dès Ménilmontant, poursuivie dans sa prison de Sainte-Pélagie, sujet permanent d'inquiétude par la suite, même depuis les bords du Nil, en bref la survivance de ses écrits à sa personne, occupe tout son esprit et toute son activité.

Ces archives soucient fort, également, son ami lyonnais, pour le moment en proie à son zona ou/et à son refroidissement. ‘ "Pensez-vous, demande-t-il à son correspondant parisien le 27 juin, que j'aie le droit de livrer à l'Arsenal toutes les lettres de Michel [Chevalier]2847 ?" ’Une autre fois, le 14 juillet, : ‘ "Pourquoi donc Fournel veut-il faire argent de sa bibliothèque et de ses archives ? Je le croyais brouillé avec son gendre2848." ’ Pour recevoir tous leurs documents, la Bibliothèque de l'Arsenal constitue le lieu idéal. Saint-Simon, lui-même, n'en a-t-il pas été le bibliothécaire sous Napoléon2849 ? De plus, Laurent de l'Ardèche, l'un de ses conservateurs à la sortie de sa carrière politique, en est maintenant l'administrateur. Les formalités notariales relatives à cette donation sont prévues le 23 août. Laurent de l'Ardèche est fidèle au rendez-vous. Enfantin ne paraît pas, victime dans la nuit d'une indisposition. Son état ne devait pas s'améliorer, malgré la saignée pratiquée.

La session du Conseil général du Rhône à peine terminée, Arlès-Dufour, avisé télégraphiquement, accourt, le 26 août, au chevet parisien du malade dont il précède le fils, Arthur, de quelques heures. Le mercredi 31 août 1864, à six heures du matin, Prosper Enfantin s'éteint, après avoir serré une dernière fois, la veille à dix heures du soir, la main du plus intime de ses amis ‘ : "une des sommités de la France industrielle2850", précise Timothée Trimm, chroniqueur attitré du Petit Journal qui raconte le fait. Le Pape du saint-simonisme venait encore d'insister pour faire porter à la bibliothèque de l'Arsenal un volume toujours chez le relieur2851. Sur le dossier "Hoirie Enfantin" qu'il ouvrira avec l'accablement que l'on devine, le légataire universel après avoir rappelé les dates de naissance et de mort de son inestimable ami, note cette troublante coïncidence de l'Histoire : ‘ "Anniversaire de sa condamnation en cour d'assises2852". Le 32e !

Depuis quelque temps, Arlès-Dufour s'inquiétait du sort des filles de Laurent de l'Ardèche dans l'éventualité de la disparition de leur père. Le 27 juin précédent, sachant qu'Enfantin se préoccupait de ménager une protection financière en faveur de sa compagne, Mme Guillaume, il lui demandait de se renseigner, par la même occasion, sur la possibilité de souscription ‘ d'"une assurance sur la vie de Laurent pour constituer à sa mort une somme de 25.000 à 30.000 [F] à répartir entre sa femme et ses trois filles2853." ’ Le 14 juillet, Arlès-Dufour revient sur la question2854. Très symboliquement datée du 31 août, il fait parvenir à Laurent la lettre suivante : ‘ "Mon cher Laurent, Quoique la mort marche vite, je ne veux plus attendre la mienne pour donner à vos bonnes filles, ou plutôt à vous, le souvenir que je leur destine par testament et dont j'avais entretenu le Père. C'est pourquoi, et pour honorer le jour de sa transformation, j'ai aujourd'hui 31 août, fait créditer par mon débit Marie Laurent de 6.000 F, Augustine Laurent de 6.000 F, Mathilde Laurent de 5.500 F, qui leur porteront intérêt de 5% jusqu'au jour où il leur conviendra d'en disposer. Je suis certain que dans sa vie éternelle notre ami jouit de l'acte que j'accomplis pour l'inspiration de son souvenir. (signé) A-D2855."

Le jour même, le donateur ouvre le testament de son regretté ami, en l'étude du notaire Me Dufour. Ils ne l'ignorent pas, l'un et l'autre : l'officier ministériel est nommé exécuteur testamentaire et "Barthélemy-François Arlès" institué légataire universel à raison des cinq-huitièmes de la succession, à titre de don et legs, à charge pour lui de remettre à la Société des Amis de la famille la somme de six mille francs, maximum de ce qu'elle peut recevoir. Quant à Alexandre-Arthur Enfantin, "fils et seul héritier", il reçoit ‘ la "part de succession que lui réserve la loi, soit les trois-huitièmes" ’. En cas de décès "d'Arlès" ou à son défaut, l'ordre des légataires universels est prévu comme suit : César L'Habitant, 32 rue de Bellechasse, Paris, Gustave d'Eichthal, 34 rue Neuve des Mathurins, P. M. [Paul Mathieu] Laurent [de L'Ardèche], conservateur de la Bibliothèque de l'Arsenal, Henri Fournel, inspecteur général des mines, 58 bis rue de la Chaussée d'Antin, Adolphe Guéroult, député, rue d'Amsterdam, Paris. Outre les charges générales incombant à l'exécuteur testamentaire, une lui est particulièrement assignée à l'égard des obsèques : qu'elles soient ‘ "extrêmement simples, qu'elles n'aient pas lieu dans une église, ou avec assistance quelconque de prêtre, d'aucun clergé, ne voulant être ainsi l'occasion d'aucun scandale pour la foi d'autrui, ni d'aucune atteinte au respect de la mienne." ’ Et, après la révocation de tout testament antérieur, le présent se conclut par cette formule : ‘ "Fait à Paris, le huit avril mil huit cent soixante-quatre, dans ma soixante-neuvième année, plus croyant que jamais en Dieu, père et mère de tout ce qui est, vie universelle, et aussi en ma propre vie passée, présente et future dans le sein de Dieu, plus confiant que jamais dans sa volonté de progrès pour tous, plus aimant de ceux que j'aime. P. Enfantin2856."

Des "intentions spéciales" accompagnent l'acte déposé chez le notaire, à l'intention d'Arlès-Dufour, ou, à défaut, des sus-nommés, et même avec leur concours, dans cette "fonction d'amitié". Elles visent spécialement ce que le testateur regrette de n'avoir pu réaliser de son vivant. Il s'agit de la constitution des archives saint-simoniennes, ‘ "soit par une donation à l'Etat, pour une bibliothèque publique, soit par la constitution d'une société libre, ayant pour but la conservation de nos archives, la propagation de notre foi, l'exploitation de [s]es œuvres ’ ‘ ." ’ ‘ Il est demandé d'associer son fils Arthur à cette tâche. Enfin, comme chacun n'y aura pas manqué, Enfantin écrit : ‘ "Vous remarquerez que mon testament n'assigne à Arthur que la part de ma succession qui lui est réservée par la loi, c'est-à-dire les trois-huitièmes. Je ne voulais pas qu'un acte public constatât que j'ai fait plus en faveur de l'hérédité que ne stipule la loi. Toutefois, si mon fils ou d'autres se plaignaient de ma décision à cet égard, vous pouvez leur dire et leur prouver, par mes livres et par ma correspondance avec Arthur, que j'ai compensé par donation entre vifs, à diverses reprises, l'apparente rigueur de mes dernières dispositions. A vous, cher ami, chers amis, pardonnez-moi le mal que j'ai pu vous faire. [Signé] Enfantin2857."

Dans la précipitation, Arlès-Dufour se préoccupe des diverses démarches propres aux obsèques. A la préfecture du département de la Seine, il fait l'acquisition d'une concession (N° 822) de "‘ trois mètres soixante centimètres carrés dans le cimetière de l'Est pour y fonder la ’ ‘ sépulture particulière et perpétuelle de M. Enfantin.". ’Curieusement, le document "Concession et quittance provisoires2858", établi à son nom pour un montant de 1362,80 F, est daté du 2 septembre 1864. C'est le jour même des obsèques ! Les quittances définitives et le titre de concession parviendront ultérieurement au pétitionnaire, ‘ "membre de la Chambre de commerce de Lyon agissant comme légataire universel du défunt". ’ Fait d'un providentiel hasard, la sépulture, est proche de celles de Saint-Simon, d'Olinde et Eugène Rodrigues et d'Edmond Talabot2859.

A dix heures et demie, les amis et admirateurs d'Enfantin - cette ‘ "grande intelligence [qui] venait de s'éteindre" ’ - sont réunis au pied de son immeuble, 36 rue de Boulogne, Paris ‘ : "tout ce que Paris renferme de notabilités dans les sciences, les lettres, les arts et l'industrie2860", ’ rend compte Adolphe Guéroult dans L'Opinion nationale. A onze heures précises, le corbillard s'ébranle. Le deuil est conduit par Arthur Enfantin et Arlès-Dufour. Dans le cortège, on reconnaît César L'Habitant, Laurent de l'Ardèche, Fournel, Guéroult, désignés pour assister le légataire, auxquels s'étaient joints Isaac Pereire, Duveyrier père et fils [Charles et Henri], Félicien David, Perdonnet, Guéroult, d'Eichthal, Vinçard, Charles Gaumont, Lemonnier, etc. Pour rejoindre le cimetière du Père-Lachaise, le convoi passe devant le 19 rue Chaptal, là où Enfantin a demeuré quelques années plus tôt, avant d'emprunter la rue Notre-Dame-de-Lorette, le faubourg Montmartre, la rue Richer et le boulevard du Prince-Eugène jusqu'à la rue de la Roquette. Autour de la tombe, Guéroult prononce le premier discours pour rendre hommage à l'initiateur de ce grand courant de pensée que le Père Lacordaire2861 a osé définir ‘ comme "le plus grand mouvement de l'intelligence humaine depuis Luther2862".

Arlès-Dufour, le visage altéré, lui succède : ‘ "Craignant une trop vive émotion, j'avais hésité, et puis renoncé à parler sur cette tombe ; mais ce matin, quand le soleil est venu me rappeler que ce ’ ‘ jour serait celui de notre séparation, j'ai senti que je devais vaincre cette émotion, que vous comprendrez d'ailleurs, et prononcer quelques mots d'adieu.

"Pendant près d'un demi-siècle, j'ai marché la main dans la main avec l'homme de bien et de génie dont nous nous séparons en apparence aujourd'hui. Nous avons donc traversé ensemble bien des épreuves de bonne et de mauvaise fortune, de joie et de douleur, et quoique nos idées n'aient pas toujours été d'accord, parce que nos natures étaient dissemblables, différentes, jamais ces dissentiments n'ont troublé sérieusement notre amitié. C'est, Messieurs, qu'elle était indissolublement cimentée par une passion commune qui n'avait cessé de nous posséder et de grandir, et qui avait pris pour nous, et pour lui surtout, un véritable caractère religieux. Cette passion, ce lien, c'est le désir, le sentiment de l'amélioration du sort physique, intellectuel et moral de la classe qui vit du salaire quotidien, de cette classe qui ne mange que lorsqu'elle travaille, et qui, malheureusement, est encore partout la plus nombreuse comme elle est la plus pauvre.

"Dans le cours de ma vie active, Dieu m'a fait la grâce de me lier, dans tous les rangs et dans presque tous les pays, avec des hommes éminents par leurs lumières et par leur bonté. Eh bien ! Prosper Enfantin les domine tous dans mon long souvenir.

"En me nommant son légataire universel, moi qui ai son âge, et qui ne puis longtemps lui survivre, il a voulu couronner notre amitié par cette sainte mais rude tâche. Je la remplirai religieusement, soutenu que je serai par les amis qu'il m'a adjoints, et qui la continueront quand l'heure de la transformation aura aussi sonné pour moi. Tous ses amis, j'en suis sûr, sentent, comme moi, que l'absence apparente du maître impose aux disciples, aux amis qui restent, des devoirs nouveaux, une activité nouvelle ; tous comprendront, ainsi qu'il le dit dans ses dernières volontés, que nous devons travailler à développer le germe qu'il a déposé en présence de Dieu et de la mort. J'ai foi qu'il en sera ainsi2863."

Ensuite, le docteur Guyon, au nom de leurs anciens collègues de la Commission scientifique de l'Algérie de 1839, atteste de la qualité de la collaboration d'Enfantin dans ce pays, à l'origine "d'un de nos meilleurs ouvrages sur la colonisation de l'Algérie2864". Enfin, comme le précisent les OSSE, un ouvrier "professant les doctrines de la religion fusionienne2865" clôt la série des hommages.

Mais il est un discours dont il n'est nulle part rendu compte, à notre conaissance du moins. A-t-il seulement été prononcé ? En tout état de cause, il a bien été rédigé dans cette intention, une intention peut-être restée vaine. Les archives d'Arlès-Dufour en contiennent le texte original. C'est celui d'une femme. De quelle femme, saint-simonienne des premières heures, peut-il bien s'agir ? Anonyme, d'une écriture inconnue, en voici les termes : ‘ "Femmes, est-il écrit, nous ne pouvons quitter ce cercueil sans lui adresser, non pas un éternel adieu car nous ne croyons pas à la mort ; mais bien à l'Eternelle vie, comme notre Maître, Le Père que nous pleurons ; nous ne pouvons, au bord de cette tombe ne pas exprimer nos sentiments de respectueuse affection et de profonde gratitude. Le premier, Le Père, nous a assez estimées, assez respectées, pour faire en faveur de notre droit un appel à l'esprit de justice. Il a accepté les railleries amères, les critiques sanglantes, non pas sans en souffrir sans doute ; mais sans défaillir à la tâche qu'il s'était donnée. Il a eu foi en nous sinon dans le présent peut-être ; mais certainement dans l'avenir.

"Femmes, nous n'avons pas compris l'appel du Père à la femme libre comme une excitation à la liberté licencieuse. C'est pourtant l'interprétation calomnieuse et outrageante qu'on a faite trop souvent. Le Père demandait pour la femme le droit de discuter, de participer à la rédaction de la loi à laquelle elle devait se soumettre. Et aujourd'hui que trente quatre ans se sont écoulés depuis que les premiers enseignements du dogme Saint-Simonien ont été exprimés au monde, aujourd'hui qu'ils se sont vulgarisés c'est toujours en lui que se trouve l'expression la plus large de la pensée et des aspirations sociales et philosophiques de notre époque, car l'idée Saint-Simonienne repose sur la foi au Progrès indéfini et cet appel à la Liberté de la femme n'excite plus aujourd'hui autant d'épouvante. Nous ne sommes plus hors la loi sinon en fait, du moins en droit, et nous savons trouver dans le sentiment vrai de notre dignité le respect de nous-mêmes, l'amour de la vérité. La Morale n'y perdra rien et l'humanité y gagnera beaucoup. Merci donc au Père dont la grande vie se continue en nous toutes qui avons eu le si grand bonheur de l'aimer, de le comprendre2866."

Le lendemain de la cérémonie, en compagnie d'Arthur Enfantin, commence le douloureux tri. Chaque dossier, chaque papier remué évoque nombre de souvenirs, souvent anciens. L'âme sensible d'Arlès-Dufour en est bouleversée. L'émotion est à son comble lorsqu'il découvre dans le bureau de son ami, aux côtés d'un calendrier saint-simonien de 1833, l'expression de ses dernières pensées2867 :

‘"Voici l'automne ! l'hiver de ma vie approche, j'ai froid.
"Voici l'automne ! Buvons et chassons ; les fruits et le gibier abondent.
"Voici l'automne ! mes enfants, n'attendez pas de votre Père qu'il vous donne ; donnez-lui.
"Voici l'automne ! mes enfants, travaillez, élevez-vous, je me repose et je baisse. [...]
"Je ne veux plus grandir qu'en vous et par vous, élevez moi sur vos fortes épaules.
"Croyez-vous donc que l'humanité ne serait pas plus avancée, si vous aviez été seulement aussi justes et reconnaissants pour moi, que je le suis pour Napoléon III2868.
"Je vous ai appris à être justes et reconnaissants envers les papes, envers les rois, envers tous les grands hommes du passé, même envers St-Just et Robespierre, et je ne vous ai pourtant pas caché leurs fautes et leurs crimes2869. [...]"’
« Voici l’automne ! » dernières lignes d’Enfantin (Archives familiales).
« Voici l’automne ! » dernières lignes d’Enfantin (Archives familiales).

Porté par son amitié et leur foi commune, Arlès-Dufour ne se dissimule pas que la tâche, bien que "sainte", s'avère "rude". Il la saisit avec dévotion et avec son enthousiasme habituel sans faille. Le voici déjà submergé de courrier à faire, de lettres de condoléances à répondre. Il est une correspondance qu'il s'empresse certainement d'expédier pour mettre un terme à une rumeur relative à la situation de fortune d'Enfantin : ‘ "Il laisse, précise-t-il, en tout et pour tout, et pour tous, à peine deux cent vingt mille francs ; mais depuis environ vingt ans qu'il gagnait plus qu'il ne dépensait, il a éprouvé le plaisir de donner, à ma connaissance, plus de 500.000 francs. A quoi lui servirait maintenant de s'être privé de cette religieuse jouissance2870 ? "

Outre les amis présents à l'enterrement qui tiennent à redire leur peine au légataire, tels Duveyrier, L'Habitant, Charles Lemonnier, de nombreux autres se manifestent également par écrit. La liste est établie sur le dossier "Hoirie", mais certains de ces témoignages ne figurent plus dans ce dossier. En tête, celui d'Emile Ollivier : ‘ "Il faut que je dise le chagrin profond que j'ai éprouvé lorsque en ouvrant un journal dans ma solitude, j'y ai lu : P. Enfantin est mort. A mon affection pour cette belle et noble individualité se joignait une véritable reconnaissance. Je l'ai connu à une époque (1849) où, quoique très apaisé, j'avais encore en moi un peu du sectaire. Il m'a aidé à me défaire tout à fait de la vieille défroque révolutionnaire. [...] j'ai appris du Père Enfantin à être juste. C'était au temps de la rue de la Victoire, à ces déjeuners du dimanche qui restent un de mes plus délicieux souvenirs. Il m'a semblé que ce témoignage est une partie du legs qui vous a été fait et que je vous le devais. Vous savez quelles tendresses pour vous j'y joins de tout cœur2871."

Une autre lettre vient d'Alger, sur papier du Gouvernement général de l'Algérie - Cabinet du Secrétaire général, datée du 17 septembre. Emanant d'un certain Lapaine [?], elle accuse réception à Arlès-Dufour d'une lettre dirigée à la double intention du général Desvaux, Sous-Gouverneur de l'Algérie, et de l'officier signataire, tous deux amis des saint-simoniens2872, : ‘ "Aucun témoignage de sympathie ne pouvait m'être plus agréable et plus précieux. [...] Vous envoyez le souvenir d'un homme que j'aimais et respectais à un haut degré [...]. Je ne puis oublier que je lui dois de m'avoir fait vous connaître2873. [...]" ’ Une lettre du général Desvaux suit2874, comme celles, selon la seule énumération du dossier, d'Emile Barrault, Auguste Antoine, ouvrier, Warnier, Blaize, Yvan, Michel Chevalier, Mathieu, Saint-Hilaire, sans doute les plus significatives. Le prince Napoléon, lui, est également affecté par la disparition de Vaïsse et celle d'Enfantin : ‘ "Je vous remercie de la lettre que vous m'avez écrite au moment où je partais pour le camp de Chalons. J'ai apprécié le mérite de M. Vaïsse comme administrateur de votre département ; il a dans une position difficile rendu de véritables services. Je regrette très vivement la mort de M. Enfantin ; c'était un homme de bien pour qui j'avais une véritable estime2875."

D'après le post-scriptum de cette lettre du prince, Arlès-Dufour a déjà quitté Paris. Mais c'est pour y revenir en octobre, non sans avoir entre-temps posté, de Lyon, le 24 septembre, au Times une lettre faisant, à n'en pas douter, le panégyrique d'Enfantin2876. Un séjour à nouveau rapide et agité dans la capitale ! Cependant, il sera mis à profit pour retrouver, si possible, son ami britannique Bowring, également de passage. Le 14 octobre, il déjeune chez le prince Napoléon et "fai[t] le bonheur de Mathine" en allant dîner chez elle avec le médecin homéopathe Love et sa femme. Ce même jour, il espérait bien signer l'acte de donation des archives, manuscrits et livres, à la bibliothèque de l'Arsenal ; ce qu'Enfantin n'avait pu faire, comme prévu avec Laurent de l'Ardèche. Mais après trois heures d'entretien avec le notaire, cette régularisation est reportée au lundi suivant. ‘ "Comment la journée passe vite à Paris, s'interroge-t-il, je n'en sais rien, mais quoique me levant à six heures et me couchant à minuit, je ne trouve pas le temps d'écrire. Il est vrai que les formalités de la succession, sans me fatiguer, m'énervent, et je serai joliment content quand cela sera fini. Maintenant, c'est le bail à résilier, et puis ce sera l'entente avec Madame Guillaume pour le mobilier2877. Arthur me quitte demain après la signature du partage et je resterai seul sur la brèche." Enfin, cette recommandation : "Soignez bien notre Délide à qui la bonne Marie fera bonne compagnie2878." ’ Si nous savons que "Délide" est sa fille Adélaïde, qui est cette Marie ? Une domestique attentionnée de Montroses, au prénom précédemment relevé et spécialiste des pâtés de lièvre2879 ? Ou Marie Duveyrier, la fille de Charles, en séjour à Oullins ?

Le 18 octobre voit le signataire de retour à Lyon. La date est impérative pour célébrer en famille le quarantième anniversaire de son mariage. De plus, le surlendemain, Brosset présente à la Chambre de commerce son rapport sur la création de la S.E.P.R., et, doutant fort peu d'un rejet consulaire et/ou préfectoral, il faut s'atteler à son organisation dans les moindres délais.

De nouveau à Paris courant décembre, confortablement installé au Grand Hôtel, il peut s'employer, sur place et pleinement, ‘ à "exécuter la volonté du Père2880". ’ Toutefois, compte tenu du tempérament et de la susceptibilité de certains - cités ou non dans son testament - rassembler dans le souvenir de l'absent n'est pas chose aisée. Dès le 3 septembre, il avait jeté les bases de cette pieuse mission et écrit à Barrault, sans doute comme aux autres, : "Je compte sur vous pour m'aider à réaliser la plus grande, la plus religieuse des volontés, celle de continuer son oeuvre. Au revoir donc et que Dieu vous garde2881." Mais le 6 novembre, Barrault apprend "fortuitement et imparfaitement" que le concours d'Isaac Pereire et de Lemonnier a été sollicité dans l'intervalle, sans que l'invitation antérieure lui ait été renouvelée. Bien que les termes employés attestent du contraire, Barrault assure que, de "l'exception" dont il est l'objet, il ne se plaint pas. En effet, depuis 1855, il est chrétien, comme il rappelle l'avoir écrit en décembre 1861 à Enfantin. Et, au bout de neuf ans de recherches, de réflexions, de rédaction, est né un ouvrage Le Christ, dialogues théologiques entre des gens du monde, à paraître, courant du mois, chez Dentu. Il se propose d'ailleurs d'en porter un exemplaire à l'interlocuteur et de lui serrer ‘ "la main avec [s]a vieille affection cordiale2882." ’ Pareille déconvenue survient avec Gustave d'Eichthal qui, reniant ainsi l'idéologie commune, se refuse à contribuer à la ‘ "constitution d'une société ayant pour but la propagation de notre foi2883". ’ Finalement, Arlès-Dufour est contraint de signer seul, en 1865, la circulaire destinée A la famille saint-simonienne pour la tenir avertie. Il y rappelle un écrit du début 1863 du Père, ses derniers instants, le déroulement des obsèques, le convoi "modeste comme celui d'un pauvre", le corps "porté directement, sans assistance d'aucun prêtre," au cimetière, les discours prononcés, des extraits de ses testaments de 1857 et de 1864. Et il conclut : ‘ "Les dernières volontés du PERE ont été, sont et seront accomplies. La constitution des archives a été réalisée par une donation à l'Etat, pour la bibliothèque de l'Arsenal, à la condition exprimée par le Père, de former pendant trente ans un fonds spécial et de rester à perpétuité dans le même établissement. Le conseil, chargé d'assister le légataire universel dans La PROPAGATION DE NOTRE FOI, est entré en fonctions et s'occupe activement de sa tâche. Il s'efforce, nous nous ’ ‘ efforçons tous, de FAIRE REVIVRE NOTRE GRAND MORT, comme il nous l'a demandé dans ses recommandations suprêmes. (Signé) Arlès ’ ‘ , légataire universel2884."

Débuté en décembre 1864, le séjour parisien du légataire se poursuit en janvier et même février, sans doute entrecoupé de quelques allers et retours à Lyon. En particulier, l'avènement de l'année 1865 l'a fort vraisemblablement ramené auprès de sa famille. Mais le 4 janvier, de retour au Grand Hôtel2885, la vie de la capitale reprend vite ses droits. Ce jour-là, il est invité à dîner chez Marie d'Agoult. Il y retrouve les autres familiers du lieu, Emile Ollivier, le prince Napoléon, Edmond Scherer, l'un des chefs du mouvement libéral au sein du protestantisme français, le pasteur Martin-Paschoud, le chimiste Marcellin Berthelot, Emile de Girardin, l'économiste Dupont-White2886. Dans son Journal, Emile Ollivier évoque ce repas, au cours duquel la conversation a roulé sur l'éducation et la liberté, et reproduit les termes de la confidence reçue du prince au sujet de son cousin : ‘ "L'empereur ne pense pas à la liberté. Il ne fait rien et il ne sait rien : il ne travaille qu'à la Vie de César parce que cela l'amuse. Il est très préoccupé de l'instruction gratuite et obligatoire : il la fera probablement. - Apprendre à lire à une nation, ce serait beau, m'a-t-il dit ; puis cela rendrait populaire2887..."

La popularité ! Ce n'est certes pas ce qui guide Arlès-Dufour en se préparant à ouvrir l'école libre laïque d'Oullins ! A Pâques, le 4 avril 1865, cette école, installée à ses frais, dans la maison dite Madinier au 36 rue Dumont (actuelle rue de la République), accueille ses premiers élèves2888. Elle est probablement dirigée par M. Chaintreuil, également enseignant à la S.E.P.R. Décidément, malgré la co-fondation du Crédit lyonnais, puis la création de la S.E.P.R., les forces de l'infatigable entrepreneur semblent loin d'être épuisées ! Oui, décidément, il conserve toute sa vitalité. Cette fois-là, elle s'était exercée violemment à l'encontre de Béhic, ministre du Commerce. C'était quelques semaines plus tôt.

Ce 23 février 1865, dans le cadre - supputé mais non confirmé - de la commission chargée du projet de loi sur les associations coopératives, projet à présenter le 26 mars au Corps législatif2889, un échange hardi l'oppose au ministre, verbal, puis épistolaire. Ce dernier est éloquent quant à la vigueur de l'autre : ‘ "Monsieur le Président, lui écrit-il le jour même, sous l'empire d'une colère à peine contenue, Depuis 38 ans sans interruption, je remplis des fonctions publiques gratuites ; j'ai donc fait souvent partie de commissions présidées par de hauts personnages, et je puis vous assurer que jamais je n'ai vu aucun d'eux présider comme vous l'avez fait, à mon égard du moins, la séance de ce matin. N'étant ni d'âge, ni de caractère à me laisser manquer impunément par qui que ce soit et ne voulant pas m'exposer à une nouvelle épreuve, je vous prie de recevoir ma démission. J'ai l'honneur de vous saluer. (Signé) Arlès-Dufour - Secrétaire général de la Société pour l'instruction primaire du Rhône - Fondateur de la Société pour l'instruction professionnelle - L'un des fondateurs de l'Ecole centrale lyonnaise - Administrateur de l'Ecole de la Martinière2890."

Cette démission est-elle irréversible ? Par courrier du surlendemain, Béhic tente de calmer la fougue, l'esprit révolté de l'un des animateurs les plus dynamiques de la commission. Le ministre répond : ‘ "Monsieur, J'aurais aimé vous voir reconnaître qu'en mettant en doute dans une question où l'humanité semblait intéressée, la délicatesse de ceux de vos collègues qui ne partageaient pas votre manière de voir, vous avez dû leur causer une cruelle et insupportable blessure. Quant à moi, c'est sans embarras et avec empressement que je reconnais que la vivacité, peut être exagérée de cette blessure, m'a emporté au-delà des justes bornes. L'idée préconçue de vous désobliger ne peut pas se supposer de ma part. Elle serait démentie par des relations déjà anciennes. Je serais donc très satisfait et j'irais très volontiers au devant de toute conciliation qui aurait pour résultat de clore ce fâcheux incident, de rétablir les bons rapports et de ne pas priver l'étude que nous faisons en commun du concours de votre expérience et de vos lumières. Veuillez agréer, Monsieur, la nouvelle assurance de mes sentiments les plus distingués. (Signé) Armand Béhic2891."

Si, dans l'immédiat du moins, les rapports avec le ministre du Commerce sont tendus, par contre ceux entretenus avec le ministère de l'Instruction publique s'avèrent satisfaisants. Une lettre de Duruy du mois de mai rassure Arlès-Dufour sur la situation administrative des archives, déposées officieusement jusqu'alors à la Bibliothèque de l'Arsenal2892. La donation est entérinée et un décret impérial met fin à l'incertitude de leur sort, autorisant officiellement l'administrateur à les accepter. Ce décret porte que le legs Enfantin formera un fonds spécial et restera pendant trente ans dans une salle spécialement réservée, l'ancien cabinet de Sully, dans laquelle se trouvent livres et manuscrits des disciples de Comte et de Fourier.

Cette fin de premier semestre 1865 est décidément une période faste pour le légataire du Père. Une autre satisfaction vient, effectivement, le combler. C'est la sortie, courant juin, du premier volume des Oeuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, précédées de deux notices historiques et publiées par les membres du conseil institué par Enfantin pour l'exécution de ses dernières volontés 2893. Le contrat d'édition intervenu avec l'éditeur parisien E. Dentu parait avoir été signé par lui ; du moins fut-il conservé, un temps, dans son dossier "Hoirie2894". Ce premier ouvrage s'ouvre sur un "Extrait des instructions données par Enfantin à son légataire universel Arlès-Dufour, pour l'exécution de ses dernières volontés." Un avant-propos suit, signé, dans l'ordre par "Arlès-Dufour, Arthur Enfantin, César Lhabitant (sic), Laurent (de l'Ardèche), Henri Fournel, Adolphe Guéroult." D'Eichthal ne parait évidemment pas en raison de sa position antérieure. Un précis historique, successivement consacré à Saint-Simon et à Enfantin, est annoncé. Il occupera treize volumes de la collection, la majeure partie réservée au second.

Ce travail s'annonce d'ores et déjà considérable. L'auteur en reste anonyme. Sans doute, s'agit-il de Laurent de l'Ardèche, bien placé pour ce faire. Est-ce justement pour saluer l'immensité du religieux travail qui s'ébauche et l'énergique détermination de celui qui l'accomplit que, de passage à Paris, Arlès-Dufour procède à cet échange de lettres du 18 juillet 1865 avec l'administrateur de la Bibliothèque de l'Arsenal ? Succédant à son bienfait de l'année précédente en faveur des trois filles de Laurent, il se propose maintenant, dans la perspective du mariage de l'aînée d'entre elles, de faire à Marie un don de dix mille francs, avec effet du jour de la célébration. Mille francs sont destinés à son trousseau, le reste portant intérêt de cinq pour cent, sera à toucher semestriellement auprès de la maison Arlès-Dufour et Cie de Paris. La motivation n'en est pas déguisée : ‘ "Vous devez comprendre, mon brave ami, que ce que je fais pour vos ’ ‘ enfants que je connais peu, c'est pour vous que je le fais en souvenir de notre maître et du dévouement incessant que vous avez témoigné et que vous témoignez encore à son œuvre sainte2895."

Malgré un dîner, jugé "ravissant", "chez Vinçard au 5e étage", ce séjour parisien, précédant son traitement habituel à Plombières, lui met du vague à l'âme. Il ne le dissimule pas à Pauline, dès son arrivée dans la station thermale, installé, il est vrai, dans des conditions provisoires : ‘ "[...] J'allais commencer cette lettre, quand j'ai reçu la tienne, si jolie, si bonne, que j'en ai pleuré. Oui, certes, nos enfants en valent bien d'autres, et nos belles-filles valent nos enfants, et nos petits enfants sont les plus ravissants du monde. Aussi, nos séparations d'eux, quand nous approchons de notre transformation, sont-elles de plus en plus douloureuses, de plus en plus regrettables. Pendant mon séjour à Paris, j'ai éprouvé un véritable chagrin en me séparant, pour l'envoyer à l'Arsenal, de la correspondance du Père. J'en ai pleuré et j'en pleure encore, comme de sa mort2896."

Dans le courant du second semestre, paraissent trois autres volumes des Oeuvres de Saint-Simon et d'Enfantin. Six autres suivent en 1866. Au début de cette année, le 19 janvier, Marie d'Agoult se rapproche d'Arlès-Dufour : ‘ "Je viens de lire, Monsieur et ami, le cinquième volume de votre publication et je viens vous remercier du plaisir qu'il m'a causé. Ce volume est pour moi d'un intérêt extrême ; la lettre de Lamoricière, celle d'Auguste Comte, tout cela nous remet vivement sous les yeux un mouvement intellectuel auquel les plus indifférents, les plus hostiles ont dû faire des progrès qu'ils méconnaissent2897. [...]"

La mémoire d'Enfantin est dans tous les esprits, en ce début février, à l'approche de la date du 8, celle de l'anniversaire de sa naissance. Même en voyage, à Bologne, Adélaïde ne l'omet pas et souhaite que la lettre qu'elle expédie à son père ‘ "[lui] apporte pour ce triste anniversaire [sa] part de sympathie, de souvenir et d'affection pour celui qu'[il] a et que nous avons tous aimé2898." ’ Lui non plus ne l'oublie pas.

Quelques mois plus tard, outre celui de Marie d'Agoult, un nouveau témoignage de satisfaction lui parvient. Il émane de Laurent lui-même. Ce neuvième volume, l'assure-t-il le 24 juillet 1866‘ , "fait ’ ‘ dire à tout le monde que nous devenons de plus en plus émouvants et intéressants. C'est ce que nous a dit hier Mme Mathieu, ce que m'ont répété tous mes bibliothécaires et ce que Guéroult m'a confirmé2899. [...]" ’ Ce volume, envoyé par Vinçard, atteint Arlès-Dufour à Kehl. Le même jour, il apprend la mort de son vieil ami Holstein, peint comme ‘ "l'un des hommes les meilleurs, les plus dévoués aux siens, à ses devoirs2900."

Hélas, parmi les survivants du saint-simonisme, les rangs s'éclaircissent grandement autour de lui. Et sans se douter que, le soir, il recevrait cette triste nouvelle, ‘ "j'avais pleuré silencieusement, l'avoue-t-il à un destinataire proche mais non identifié, en lisant dans le neuvième volume les noms des frères morts pendant et depuis la glorieuse mission d'Egypte dont ce bon et brave ami [Holstein] faisait partie avec le Père, Lambert, Bruneau, Hoart, Ollivier, Cognat, Reboul, Machereau, et bien d'autres, tous morts avant lui. Et je ne puis retenir mes larmes en pensant que j'aurais pu et dû assister à sa dernière heure [Holstein], comme j'ai assisté à celle du sien, de notre meilleur ami [Enfantin]. C'est cependant pour moi une consolation de penser que j'y étais en toi2901." ’ Dans un codicille tout récent du 10 juillet 1866 à son testament de 18642902, Holstein, ‘ "le baron2903", de son "lit de douleur", ’ avait consigné : ‘ "Si le bonheur veut pour les siens, pour ses amis, pour la société entière à laquelle il rend continuellement tant de services, que mon excellent ami Arlès me survive, c'est à lui que cette somme de dix mille francs ["destinée à la propagation de la religion saint-simonienne"] devra être comptée, sinon il faudra rechercher la personne chargée de le remplacer dans son œuvre de légataire universel du Père." ’ Bien que profondément éprouvé par son absence des dernières volontés d'Enfantin, son ami d'enfance et son maître apostolique, Holstein continuait de proclamer sa foi : ‘ "Je meurs saint-simonien, et je suis heureux. Gloire à Dieu, gloire au Père2904 ! " ’ Quelques semaines auparavant, à Paris, le 3 mai, Arlès-Dufour avait enterré Pascal Jourdan que, écrivait-il, toujours féru d'homéopathie, ‘ "j'avais traité de la dysenterie à son passage d'Alger à Lyon, il y a vingt-cinq ans2905."

Toujours en 1866, le 10 novembre, l'un des premiers apôtres, Charles Duveyrier, quitte aussi ce monde. Sur sa tombe, également au cimetière du Père-Lachaise et gagnée directement sans office religieux, Arlès-Dufour reprend les paroles mêmes de son ami Duveyrier à la mort d'Olinde Rodrigues, témoignant de la plénitude de la foi du "poète de Dieu" en Saint-Simon et à la vie éternelle2906. Au sujet du disparu, le rédacteur de la rubrique nécrologique du journal Le Siècle écrit : ‘ "Contrairement au procédé des messieurs de l'Académie qui, dés les premières lignes de leur panégyrique, mettent en relief les qualités de leur mort, je commence par déclarer que le mien avait de grands défauts qu'on n'a plus guère aujourd'hui : il était généreux, enthousiaste, désintéressé, chevaleresque comme Tancrède ou Saladin, un fou. Né riche, il est mort pauvre. Toutes les carrières étaient ouvertes à son ambition et, toute sa vie, il lutta en simple soldat de l'Idée. Tous ceux qui ont vécu avec lui ou près de lui se demandaient pourquoi ce paladin d'un autre âge, ce croyant du temps des croisades s'était fourvoyé dans ce siècle raisonnable. Bref, il avait été affligé en naissant d'une maladie incurable : l'extravagance du cœur2907." ’ Il laissait trois enfants, Henri, Pierre et Marie, orphelins de mère depuis douze ans, la dernière venant d'atteindre sa dix-septième année.

Resté malgré les dissensions récentes "le plus chéri2908" des disciples d'Enfantin, Charles Duveyrier sera, bien sûr, fréquemment cité dans les Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin dont la collection ne comprendra pas moins de quarante-sept volumes. Le dernier, édité par Ernest Leroux, rue Bonaparte à Paris paraît en 1878, l'année suivant la mort de Laurent. Qui des très rares saint-simoniens survivants se chargea, alors, de la fin de la publication ? Arthur Enfantin, dans un dernier hommage filial ? De toutes façons, à son sujet, notons au passage qu'une collection complète de cet ouvrage se trouve notamment à la Bibliothèque universitaire de Lyon (ou du moins s'y trouvait2909) et que chacun des volumes qui la composent [aient] porte la griffe du descendant génétique du "Père".

La guerre de 1870 devait interrompre la parution, jusqu'ici régulière. Elle reprend, en 1872, avec la sortie du vingt-quatrième volume. A sa préface, le post-scriptum suivant est ajouté à la hâte : ‘ "Pendant que s'achevait l'impression de ce volume, le conseil institué par Enfantin pour l'exécution de ses dernières volontés perdait celui de ses membres que le maître avait chargé principalement de le faire revivre par la publication de ses œuvres, et qu'il avait nommé à cette fin son ’ ‘ légataire universel ’ ‘ : Arlès-Dufour ! La correspondance que nous allons livrer à la publicité mettra en relief, bien mieux que nous ne saurions le faire ici, l'importance du concours ardent, énergique et fécond qu'Arlès ne cessa d'apporter à Enfantin, à toutes les phases de l'étonnante carrière de cet homme extraordinaire, sans que ce chaleureux dévouement ait jamais altéré dans Arlès l'indépendance de son caractère et la vivacité de sa rare et loyale franchise. [...] Cet homme-là, possédait en effet au plus haut degré le sentiment religieux, et il en avait fait depuis longtemps l'application à une doctrine également satisfaisante pour sa raison et pour son amour de Dieu et de l'humanité. Cette doctrine, devenue sa religion, Arlès l'avait professée solennellement sur la tombe d'Enfantin, en face de celle de Saint-Simon ; et cette religion est celle dont il poursuivait hier encore la propagation, avec nous, et qu'il continue à confesser et à répandre par ses dernières volontés, et par tous ceux qui le sentent vivre en eux2910."

Même trois ans après sa mort, les OSSE font encore appel à la prose et à la signature d'Arlès-Dufour. Tel est le cas, en 1875, du 38e volume où, en P.S. de sa préface, Laurent traite de l'assistance apportée par les personnes aisées aux défavorisés et, particulièrement, d'une campagne de secours organisée par un prêtre parisien. Et il rappelle en quels termes le philanthrope Arlès-Dufour, inlassablement ouvert à la misère d'autrui et atteint à l'époque par la circulaire adressée, s'empressa d'y répondre par l'envoi d'un secours : ‘ "C'est une triste mais instructive vérité à reconnaître et à mettre à profit que cette impuissance de la charité collectivement et individuellement exercée. [...] C'est une triste et instructive vérité à proclamer bien haut, que la charité, alimentée par tant de canaux et tant de sources intarissables, ne peut pas préserver la cité qui se dit et se croit la plus civilisée de l'univers, d'avoir dans son sein, à côté des merveilles d'une reconstruction gigantesque, à côté de ses fastueux palais et de ses riches comptoirs, des populations nues et affamées, dont les privations et les souffrances extrêmes ne sont pas purement locales... Il y a là un excès de mal qui devient de plus en plus difficile à supporter : il faut se hâter de chercher et d'appliquer le remède. Il faut que la charité se fasse aider par l'équité dans la distribution des fruits du travail et que la récompense selon les œuvres ne laisse plus rien à faire ’ ‘ à l'aumône2911. " ’ Toute sa vie avait été ainsi faite de lutte contre l'impécuniosité, à essayer de faire le bien, généreusement et toutes les fois possibles. ‘ "Il n'y a rien au monde que je craigne tant que les services que je ne puis reconnaître2912", ’ avait-il écrit un jour à un destinataire inconnu...

Malgré quelques soutiens, dont celui fort agissant du publiciste M. de Jouvencel, auteur d'une gratifiante brochure2913, la "dernière et grandiose conception2914" d'Enfantin n'avait pas reçu le succès escompté ; bien plus, elle se solda par un échec. Pire encore, cette idée de Crédit intellectuel2915, pourtant appelée selon le mot de Perdonnet à "un grand avenir2916", devait sonner, nous l'avons dit, l'heure de la séparation avec Michel Chevalier, Duveyrier et les Pereire. De cette "conception" avortée, subsiste un manuscrit qu'Arlès-Dufour retrouve dans les papiers d'Enfantin et dont il a été destinataire en son temps2917. Le legs qui lui est fait comporte les manuscrits du testateur et la propriété intellectuelle de ses oeuvres. Un temps, son vieux compagnon avait insisté pour qu'il s'occupe, lui-même, de cette matière dont il le savait fort pénétré. Désormais, avec la dévotion d'une affection perdue, il mesure que cette tâche lui est définitivement dévolue et qu'il est de son devoir de la mener à bien.

De ce fait, il s'attache à faire éditer la lettre qu'Enfantin avait lue à un cercle restreint d'intimes à propos de son projet "d'Institut encyclopédique - Société de crédit intellectuel ou de crédit des professions libérales" et fait autographier à l'usage de quelques autres. Préalablement, il prend soin d'expurger son texte de toute allusion à la "religion nouvelle" et à l'encyclopédie, et de protéger certains anonymats. En définitive, ce sont 32 pages, composées du contenu allégé de l'original (17 pages), suivi du Procès verbal d'une séance où fut discuté le projet de M. Enfantin (2 pages) constituant constat d'échec, puis d'une Note de M. Alfred de Courcy concluant sur sa préférence pour le patronage personnel (8 pages), enfin de la Réplique de P. Enfantin (5 pages). Sous le titre Le crédit intellectuel, œuvre dernière et inédite de P. Enfantin, le tout est publié en 1866, vraisemblablement en début d'année, chez Dentu, l'éditeur des Œuvres de Saint-Simon et d'Enfantin 2918. L'avant-propos est signé ‘ : "Pour les membres du conseil institué par le testament de Prosper Enfantin pour la publication de ses œuvres, le légataire universel, Arlès-Dufour."

Estimant que, du projet, les difficultés furent surtout retenues à l'époque et non l'ensemble de ses ressources, le rédacteur de l'avant-propos lance un appel à tous les "esprits avancés" afin qu'ils fassent connaître les moyens propres à le conduire à une réalisation pratique. Pour lui, travail et conversations d'Enfantin à l'appui écrit-il, ‘ "la banque de Crédit intellectuel devrait être conçue, non comme une fondation charitable ou philanthropique, mais comme un vaste établissement d'utilité publique, pouvant et devant donner des bénéfices." ’ Et il échafaude tout un système, fort lourd, groupant autour de la banque centrale, des sous comptoirs correspondant chacun à une grande spécialité. ‘ "Il y aurait, par exemple, un sous-comptoir dont les prêts embrasseraient les beaux-arts : musique, peinture, sculpture, gravure. Un autre pour la littérature, le théâtre, la librairie. Un troisième pour les écoles supérieures [...]. Un quatrième pour les sciences appliquées (...]. Un cinquième pour les professions libérales [...]." ’ Chacun de ces sous-comptoirs serait administré par un conseil d'administration, le tout chapeauté par un autre conseil d'administration, celui de la banque centrale. ‘ "Ainsi, estime-t-il, il ne serait pas impossible d'arriver à constituer un crédit personnel, basé sur une connaissance réelle des individus et sur les garanties que peut offrir un système bien entendu de solidarité." ’Le résultat des réflexions de chacun est attendu à l'adresse du 32 rue de Bellechasse, qu'il donne comme la sienne, en réalité celle de César L'Habitant à Paris. Les difficultés, il les connaît. ‘ "Mais quelle est la grande idée qui n'a pas soulevé de difficultés ? ", ’ interroge-t-il avant de conclure : ‘ "Il y a d'ailleurs, dans le monde, deux natures d'esprit différentes : il y a ceux qui cherchent et qui trouvent les difficultés ; il y a ceux qui cherchent et qui trouvent les solutions." ’ Bien évidemment, c'est surtout des derniers qu'il attend une réponse !

Dans un second temps, la plus large vulgarisation de la plaquette ainsi conçue est étudiée. Dans l'un des passages caviardés par le légataire dans l'écrit d'Enfantin, celui-ci ‘ évoquait "la prodigieuse puissance de propagande qui réside dans la presse2919" ’. Il en parlait en parfaite connaissance de cause, son passé en était garant. Homme de relations publiques comme lui, Arlès-Dufour n'a jamais, non plus, négligé cet outil, voire cette arme. Selon la "liste des personnes qui ont reçu la brochure2920", parmi les cent-trente destinataires, de toutes qualités, les journalistes, souvent nominativement cités, apparaissent les plus nombreux, où qu'ils exercent, non seulement à Paris et à Lyon, mais encore à Marseille, à Bordeaux, au Havre, à Nantes. A côté de ces commentateurs de l'actualité, figurent des personnalités, toutes aussi haut placées les unes que les autres, dans le domaine de la politique, des finances ou de la littérature, que ce soit en France2921 ou à l'étranger. Là, en Angleterre, il s'agit du duc de Manchester à Londres, de Stuart Mill, Gladstone, Bright, Bowring, etc. ; en Prusse, du Docteur Brandis, secrétaire particulier de la Reine de Prusse, von der Heydt, ministre des Finances ; en Autriche, le baron Fredéric de Diergardt (ces trois derniers, ses amis des expositions internationales) ; en Suisse, de James Fazy. Même, le clergé, catholique ou protestant, n'est pas omis : Monseigneur Dupanloup, évêque d'Orléans, le père Gratry et le père Félix à Paris, le père Mermet, dominicain à Oullins, l'abbé Rambaud à Lyon, l'abbé Joly, curé d'Oullins, les pasteurs Fontanès et Magnin, respectivement pasteurs au Havre et à Vernon (Ardèche) et son ami et "co-beau-père" Martin-Paschoud.

A cette liste des destinataires de la brochure, en est jointe une autre intitulée "Invitations à faire". Elle s'achève sur le brouillon d'un texte ainsi conçu :

‘"M. Arlès-Dufour, légataire universel de Prosper Enfantin, prie M. ..... de lui faire le plaisir de venir dîner le ... mars au Grand Hôtel à 7 heures.
"Le but de la réunion est de s'entretenir de la création d'une Société de crédit intellectuel.
"M. Arlès-Dufour prie de lui adresser réponse le plus tôt possible au Grand Hôtel2922. »’

Cette invitation concerne environ quatre-vingt-dix personnes, dont certaines ayant déjà reçu la brochure : journalistes, artistes, gens de lettres dont le vice-président de leur Société, auteurs dramatiques, banquiers et hommes d'affaires2923. Devant quelle assistance, dense ou clairsemée, Arlès-Dufour prononce-t-il en définitive, le "toast" qu'il a préparé pour promouvoir la "Société de crédit aux professions libérales" ? ‘ "Dans l'exercice de vos professions, déclare-t-il, vous avez dû souvent souffrir ou voir souffrir, même s'éteindre ou s'étioler des vocations, et même des génies, faute d'avoir trouvé au début de leur vie d'adultes un peu d'assistance, de crédit, de pain matériel, intellectuel et moral ’ ‘ ." Et il poursuit, rappelant la précarité de son état de jeune homme : ‘ "Malgré le demi-siècle qui s'est écoulé depuis mon entrée dans la vie pratique, je n'ai pas oublié, je n'oublierai jamais que les privations et la misère que je rencontrai faillirent me perdre physiquement, intellectuellement et moralement." ’ Si l'idée qui revient à Enfantin s'est propagée, force lui est de reconnaître qu'elle n'a pas débouché sur un résultat concret. Tout au plus, ajoute-t-il,‘ "il s'est formé un comité d'hommes de cœur et de bonne volonté qui a élaboré un projet d'organisation et même de statuts2924." ’Quels sont ces fidèles ? Peu nombreux sans doute ? Quand et comment ces statuts ont-ils été conçus ? Par qui ? Lui seul ? Quoi qu'il en soit, ses archives comportent effectivement des statuts formant une S.A.R.L. dénommée "Société centrale de Crédit intellectuel - Banque des Lettres, Sciences, Arts et Professions libérales", au capital de dix millions de Francs2925. L'appellation de la société est, une nouvelle fois, différente. Prévus comme devant être passés en l'étude de Me Arsène Aumont-Théville, notaire à Paris, ces statuts - imprimés de fraîche date (1866) et à... Abbeville (!) - ne sont qu'à l'état d'épreuve, le cadre destiné aux noms des comparants laissé vierge. Leurs stipulations, objets de 66 articles, ne prévoient plus l'échafaudage de sous-comptoirs et de conseils d'administration imaginé et décrit dans l'avant-propos du Crédit intellectuel. Néanmoins, largement imprégnées de clauses commerciales et financières, telles que dépôts d’œuvres dans des magasins généraux avec warrants, elles sentent toujours fortement... le président de la Société lyonnaise des magasins généraux et le commissionnaire en soieries.

Qu'advint-il de ce projet ? Sur un papier à en-tête de la "Société générale de Crédit industriel et commercial", 66 rue de la Chaussée d'Antin, Paris, le 5 mai 1866, dans une lettre à sa "bonne fille", son auteur constate laconiquement : ‘ "[...] mon Crédit intellectuel marche lentement2926 [...]". ’ Nous n'en savons pas davantage en la matière. Le mécénat d'entreprise, l'encouragement à la production d’œuvres scientifiques, littéraires ou artistiques par des fondations diverses ou des sociétés d'auteurs, sont encore loin d'être d'actualité !

Au cours de son séjour précédent du mois de mars 1866, un autre devoir avait fait l'objet de sa diligence : l'exécution d'un buste en marbre blanc d'Enfantin. Le 21 de ce mois, le sculpteur Aimé Millet, déjà exposant à l'Exposition de Paris de 1855, lui confirme sa commande écrite de la veille2927. Le coût s'élèvera à la somme de 4.500 F, payable par cinquième au fur et à mesure de l'avancement, à l'exception du premier, payable au plus tôt en vue de l'acquisition du marbre. La livraison est prévue, soit entre les mains de l'acquéreur, soit lors de l'Exposition universelle de Paris de l'année suivante. Le "beau et bon buste qui sera autant au-dessus du plâtre que le soleil est au-dessus de la lune", tel que promis par l'artiste, sera terminé, à bonne date, et exposé avec d'autres de ses oeuvres à cette Exposition de 18672928.

Le 31 août 1868, une cinquantaine de saint-simoniens sont réunis au Père-Lachaise pour le quatrième anniversaire de la mort du Père. Laurent, dans une chaleureuse improvisation exprime les regrets et les espérances de l'assistance et Babic dit la prière des morts suivant le rite de la doctrine fusionienne2929. Une plaquette rappellera l'évènement2930. Le buste‘ , "envoyé de Lyon, par Arthur Enfantin, au nom d'Arlès-Dufour2931" ’, occupe sa place définitive. Il surmonte la pierre tombale sur laquelle on lit :

‘LE
Père
L'âge d'or n'est pas dans le passé
Il est dans l'avenir
Dieu est tout ce qui est
Tout est en Lui, tout est par Lui
Aucun de nous n'est Lui
-
Chacun selon sa capacité
Chaque capacité selon ses œuvres
Egalité de l'homme et de la femme
1832
-
1796 - 1864’

A l'heure actuelle, outre celui du cimetière du Père-Lachaise, deux autres bustes d'Enfantin existent, l'un à la Bibliothèque de l'Arsenal, l'autre, en marbre2932, àproximité de l'ancienne maison d'Arlès-Dufour à Oullins, dans le parc municipal désormais dénommé parc Chabrières-Arlès.

A Oullins, dans sa seconde patrie d'adoption après Lyon, l'affaire du cimetière paraît apaisée, tout au moins auprès d'une partie de la population moins sectaire et reconnaissante du zèle désintéressé avec lequel Arlès-Dufour y a porté ses efforts pour propager l'instruction. Bien que non escomptée, la gratitude ne se fait pas attendre quelques semaines plus tard. Dans la perspective des élections communales, il lui est demandé, par lettre du 1er juillet 1865, d'accepter le mandat de conseiller municipal. Elle émane d'une quinzaine de signataires dont la liste, ils l'espèrent, ‘ "sortira victorieuse du scrutin et comprendra mieux que le conseil actuel les besoins et les intérêts de la commune." "Vous avez déjà fait de grandes choses, Monsieur, lui est-il exprimé, mais nul mieux que vous ne connaît les besoins réels de la localité et n'est à même de pousser à la réalisation des vœux sincères et utiles des habitants. Après avoir doté la commune de deux écoles professionnelle et primaire2933, vous nous avez fait espérer que, plus tard, vous organiseriez une école secondaire (une petite Martinière). Mais en même temps que vous achèverez votre œuvre pour nos besoins intellectuels, il en est d'autres plus matériels dont l'urgence se fait vivement sentir, nous voulons parler des eaux et de l'éclairage. N'est-il pas malheureux que, depuis quinze ans, cette question des eaux ne puisse se résoudre, semblable au supplice de Tantale ; toutes les années, on nous fait espérer de l'eau en abondance. C'est pour nous en faire sentir plus cruellement la privation quand vient la sécheresse2934."

Selon toute vraisemblance, Arlès-Dufour n'accepta pas. Cependant, son patronyme est mentionné dans le cadre d'une commission municipale, comprenant son ami le docteur Lortet en particulier, réunie le 6 mai de l'année suivante, à propos d'un pourvoi en cassation introduit par la commune contre celle de Sainte-Foy, sa voisine2935. Le différend entre les deux communes porte sur la propriété de certains terrains vagues de l'Izeron, des brotteaux, et pour lequel, pour le bien comprendre, il convient de remonter à l'an de grâce... 1285 ! S'il s'agit bien de notre personnage, il devait fort s'en divertir, comme lorsqu'il siégeait au Conseil municipal de La Guillotière. A défaut, serait-ce de son fils Gustave dont il est question et qui sera le président de la commission municipale d'Oullins, de septembre 1870 à mai 1872, puis conseiller ?

Conseiller municipal ou non, le père de Gustave ne perd pas de vue son projet de création, sous le patronage de la S.E.P.R.2936, d'une bibliothèque à l'intention des travailleurs d'Oullins. Malheureusement, ce projet se heurte à plusieurs inconvénients, tels qu'analysés, dans la séance du conseil d'administration de la S.E.P.R. du 19 septembre 1865, par son secrétaire général, Charles Gaumont2937. Il sont, à la fois, d'ordre administratif et financier. ‘ "L'ouverture d'une salle de lecture, expose le rapporteur, entraîne à des dépenses considérables puisque l'on évalue les frais d'installation à 230 F et les dépenses permanentes à 720 F, en tout 1.OOO F pour la première année ; et cela sans avoir même un seul volume à mettre entre les mains des lecteurs ! " ’ Dans ces conditions, l'installation prévue ne peut être que reportée.

Le 15 novembre 1866, un "appel définitif2938" est lancé par Jean Macé en faveur de l'établissement en France d'une Ligue de l'Enseignement, à l'image de celle qui existe depuis deux ans en Belgique. C'est ce qui apparaît d'un premier bulletin, daté du 15 décembre, sous le titre Projet d'établissement d'une Ligue de l'Enseignement en France. Il reproduit le texte, daté à Bebleinhem du 3 même mois, d'une lettre explicative adressée à Bader, rédacteur en chef de L'Industriel Alsacien. Jean Macé y fait les recommandations suivantes : ‘ "Elargissez le ’ ‘ cadre de notre oeuvre des Bibliothèques [populaires] pour y faire entrer toutes les formes possibles de l'enseignement populaire ; étendez à toute la France ce qui est circonscrit ici dans un département : vous aurez juste notre Ligue de l'Enseignement telle que je la conçois2939." ’ En d'autres termes, il s'agit d'un ‘ "projet de confédération universelle pour toute la France des hommes qui veulent travailler à propager l'instruction dans leur pays2940, [...]". ’ Aux yeux de Jean Gaumont, la Ligue de l'Enseignement apparaît comme un véritable centre de propagande coopérative, d'ailleurs à l'origine, de la future Association générale coopérative de l'Enseignement libre en 1868. Le but affiché de cette Association sera de lutter ‘ "contre la concurrence formidable de l'enseignement donné par les congrégations religieuses, solidarisées et privilégiées ; contre les tendances de l'enseignement officiel ; contre l'empire funeste de l'ignorance, de la routine et du préjugé2941."

Cette première parution de la Ligue de l'Enseignement récapitule la liste initiale des adhérents arrêtée dans le mois suivant "l'appel définitif". Sur les quelques centaines de noms, parmi les tout premiers, du 12e au 16e rang, se trouvent tous les éléments mâles de la tribu Arlès-Dufour : ‘ "Arlès-Dufour père, Gustave Arlès-Dufour, Alphonse Arlès-Dufour, Armand Arlès-Dufour et Chabrières Arlès-Dufour" ’. Chacun, "fabricant à Lyon", a déjà versé sa cotisation annuelle de 20 F et s'est engagé à souscrire annuellement pour cette somme2942. Quelle est l'exacte part prise par Arlès-Dufour dans la création de la Ligue ? S'est-elle seulement limitée au soutien moral de l'homme d'expérience apporté à Jean Macé et à la promptitude de son adhésion ? Au contraire a-t-il, concrètement, été mêlé à l'élaboration de l’œuvre ? Il n'en est pas moins vrai que, dans une lettre à l'Impératrice du 9 mai 1868, il fait suivre sa signature de ses divers titres en matière pédagogique, dont celui, en particulier, de ‘ "l'un des fondateurs de la Ligue de l'Enseignement2943".

Eu égard apparemment à cette qualité, Edouard Robert, inspecteur des lignes télégraphiques au Havre - frère de Charles Robert -, le 21 novembre 1869, souhaite bénéficier, par l'intermédiaire du pasteur Martin-Paschoud, de son concours2944. Avec quelques amis et au nom de la Ligue dont il est le secrétaire local depuis l'année précédente2945, Edouard Robert a, en effet, l'intention d'organiser une campagne pour demander à la presse et aux pouvoirs publics ‘ "de discuter et, s'il y a lieu, de voter l'obligation en matière d'instruction élémentaire." ’ Ce concours fut-il accordé et sous quelle forme ? Nous l'ignorons.

Par contre, ce que ne pouvait évidemment imaginer Arlès-Dufour, c'est que, par un curieux concours de circonstances, le 13 juin 1896, à Alger, sa petite fille Lucie Arlès-Dufour, fille de son fils Armand, épousera Henri Robert, fils de son solliciteur de l'époque. Après la guerre de 1870, et notamment après le siège de Belfort dont il avait été le chef du service de la télégraphie militaire2946, Edouard Robert et sa famille s'étaient installés en Algérie.

A la fin de l'année 1866, Arlès-Dufour est encore une fois absent d'Oullins et de Lyon. Il n'est ni à Paris, ni en Angleterre, ni en Allemagne, ni d'ailleurs en Europe. Son voyage n'est pas d'ordre professionnel, bien qu'il n'ait pas mis un terme à une activité commerciale, du moins financière, pour son compte exclusivement personnel.

Il n'y a pas si longtemps, le 25 septembre 1865, qu'il a formé, avec effet du 1er octobre suivant, une société en commandite, pour sa part, et commerciale, de la part de Karl Haegler, domicilié en Egypte, pour l'établissement d'une agence ou maison de commission sous la raison "K. Kaegler and C°" à Alexandrie, en vue de l'achat à la commission de produits d'Egypte et plus spécialement de cotons2947. Le capital de la société s'élève à cent mille francs, montant de la commandite portant intérêts à 6%, les profits et pertes étant répartis par 75% au commanditaire. Dernièrement encore, juste avant son départ, il a négocié la formation d'une autre société, prenant effet du 1er janvier 1867, en termes identiques et à des fins analogues, avec Adolphe Ringier, sous la raison "A. Ringier and C°", Alexandrie, apportant le même capital social2948.

Il ne se rend pas pour autant en Egypte, afin de s'assurer de la bonne gestion de ses capitaux, ni même pour retrouver, sur les bords du Nil, les traces de ses amis saint-simoniens et celles du plus cher d'entre eux. Le voici, en effet, en Algérie. Ce n'est pas, non plus, pour y mettre avec nostalgie ses pas dans ceux de l'ancien membre de la Commission scientifique de la colonie. Ce n'est pas davantage pour y connaître l'état de la production de la soie, envisagée, trente ans plus tôt, par la Chambre de commerce d'Alger2949. Sensiblement à la même époque, visant la prospérité du commerce de Lyon, il s'était félicité, en 1834, de la position officielle : ‘ "La conservation de nos possessions d'Afrique a été décidée et proclamée à la face de l'Europe2950." ’ L'affirmation était aventureuse, car, depuis des mois et dans les mois suivants, la Chambre de commerce d'Alger, notamment, exprimait ses craintes "d'un lâche abandon2951", puis réclamait l'appui de son homologue lyonnais ‘ "en faveur des démarches qui sont faites pour la conservation de cette conquête de la France2952." ’ Le patriote sensible et le nouvel élu du parlement consulaire ne pouvait qu'être ébranlé par ces appels angoissés parvenus de l'autre rive de la Méditerranée2953. Néanmoins, est-ce par conviction politique et économique ou, plus banalement, par amitié, qu'il accorde plus tard son soutien financier au journal L'Algérie d'Enfantin, publié, à Paris, dans les premiers mois de 18442954 ?

L'année suivante, se crée la Société Jules Talabot dont Warnier est le promoteur et le correspondant en Algérie. Elle a pour but l'exploitation de forêts, dans le Constantinois, pour le bois et le liège. Arlès-Dufour fait partie de son conseil d'administration aux côtés d'Enfantin, Carette, Rey, Martin et Jules Talabot, tous saint-simoniens. L'autorisation gouvernementale tarde. En février 1847, le ministre de la Guerre oppose un refus formel pour des raisons de sécurité2955. Est-ce pour tenter de fléchir le duc d'Aumale, Gouverneur général de l'Algérie, qu'Arlès-Dufour se rend à Alger, ainsi qu'il le semble fort, en décembre de la même année ? Pour ce motif - ou tout autre, d'agrément par exemple - l'hypothèse de ce déplacement est appuyée par une annotation et un écrit. Quelques années après, mettant de l'ordre dans ses papiers, il récapitule certaines lettres importantes reçues. Entre autres, il note : ‘ "Gouvernement général Algérie - L'officier d'ordonnance de Son Altesse le duc d'Aumale à M. Arlès-Dufour Alger2956 Xbre 1847" ’. Nous reproduisons les termes de cette lettre du 13 décembre 1847, à l'entête du "Cabinet du duc d'Aumale - Gouverneur général de l'Algérie" ‘ : "Monsieur, S.A.R. Monseigneur le Duc d'Aumale me charge d'avoir l'honneur de vous accuser réception de la lettre que vous avez bien voulu lui adresser en date du 27 novembre.

"Le Prince avait aussi gardé un agréable souvenir des relations de courte durée qu'il avait eues avec vous à son passage à Lyon.

"En ce qui le concerne, il vous verra avec grand plaisir venir vous associer à l'oeuvre de la colonisation africaine2957 ; il espère que votre résolution lui fournira l'occasion de discuter encore avec vous la thèse que vous soutenez si bien. Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée. L'officier d'ordonnance E. Douleut (?)2958."

En 1861, Richard Cobden passe l'hiver à Alger. Le 19 janvier, il se déclare fort désappointé qu'Arlès-Dufour n'ait pas mis dans ses plans de le rejoindre2959. Il l'est encore le 23 avril, au moment où son séjour s'achève et qu'apparemment son ami français se ravise : ‘ "My dear friend, lui écrit-il, Like the Bourbons and Orleanistes you are "trop tard". - Why did you not make up your mind earlier to come here2960 ?" ’Malgré cela, Arlès-Dufour renonce-t-il à traverser la Méditerranée ?

De toutes façons, dans la ville blanche au bord de sa magnifique baie, ce n'est que partie remise pour les deux initiateurs du traité de commerce de 1860. En 1865 ou 1866, rapportant à Pauline son émouvant pèlerinage au cottage familial de Cobden, son mari évoque les divers membres de la famille de l'homme d'Etat britannique, père d'un fils mort peu avant lui et de trois filles. La plus jeune est à Paris. Nelly, la seconde, qui l'a accueilli aux côtés de sa mère, bien qu'elle ne soit pas jolie, lui plaît infiniment, tellement qu'il la verrait fort bien comme épouse de son cadet Armand... Quant à l'aînée, Ketty - épouse Fischer -, ‘ "voulant achever le devoir envers [s]on ami", ’ il lui rend visite le lendemain. ‘ "Peut-être viendra-t-elle nous voir [l'été suivant, à Saint-Maurice (Suisse)]. C'est elle qui était en Algérie avec son père2961", ’ rappelle-t-il à son épouse.

Si ces retrouvailles algéroises avec Cobden ne peuvent être exactement fixées dans le temps, il en est d'autres, avec cette même terre africaine, qui le sont parfaitement. Nous en sommes redevables au prince Napoléon, tout éberlué de l'origine du message qui lui parvient à Paris. Le 2 janvier 1867, répond-il à ‘ "[s]on cher Arlès, Je ne m'attendais pas à recevoir de vous une lettre datée de la Kabylie ; pour venir de si loin, vos félicitations ne m'en sont pas moins agréables parce que je sais qu'elles sont dictées par votre amitié éprouvée. J'ai tenu à vous en remercier et à vous envoyer tout mon bon souvenir dans ce pays que vous visitez. Ma femme va très bien et vous fait ses compliments. Je vous serre la main, mon cher Arlès, et vous renouvelle l'assurance de ma sincère amitié. Votre affectionné Napoléon (Jérôme)2962."

C'est encore en Algérie que le rejoint une autre lettre officielle. Datée du 1er février suivant, elle émane du nouveau ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics. Comme quoi, même éloigné de la mère patrie, il convient de se tenir au courant des événements et de ne pas négliger ses relations publiques ! M. de Forcade lui répond : ‘ "Je suis bien sensible à vos félicitations qui ont traversé la Méditerranée avant d'arriver rue Saint-Dominique. Soignez votre santé et jouissez du bon climat d'Afrique. J'ai visité notre belle colonie et j'ai aussi pour elle un grand fond d'affection et de dévouement. J'ai vu ces derniers jours à Paris M. Gladstone. J'ai dîné avec lui chez Michel Chevalier et chez M. Rouher, à la Société des [illisible] et aux Tuileries. Nous avons souvent parlé de Cobden et votre nom n'a pas été oublié. Je vous serre la main bien cordialement. (Signé) : de Forcade2963."

A proprement parler, le voyage n'est pas entrepris à des fins essentiellement touristiques. Il s'étend sur plusieurs semaines, en compagnie de Pauline peut-être, de son fils Armand avec certitude. Pendant une quinzaine mois, celui-ci âgé de près de 25 ans aurait étudié le pays2964, avant que son père vienne réaliser à son profit l'acquisition de deux importants domaines agricoles dans la Mitidja, près de Oued-el-Alleug. Quelque temps plus tard, l'Algérie apparaît déjà bien lointaine au cœur du père. De retour à Londres, arrivant du fin fond du Surrey, à Sand Holme près de Woking, et après avoir assisté au Women Suffrage Meeting 2965, il s'épanche auprès de ‘ "[S]a chère femme, [s]on amie". ’ ‘ "Je souffre, lui écrit-il, du silence, de l'éloignement d'Armand, et je me reproche un peu la bonté ou la faiblesse qui l'y a autorisé. Encore vaut-il mieux l'Algérie que les Indes ou le Japon2966." ’C'est le contraire qu'il avait espéré pour son jeune ami Henri Duveyrier, mais il est vrai que, lui, partait à la découverte des dunes du Grand Erg !

Enfantin, lorsqu'il était en Algérie, avait su l'intéresser à la spécificité de ce territoire. Désormais, il s'inquiète de son sort plus que jamais. L'algarade avec Béhic, devenu sénateur après sa démission du ministère, semble chassée de son esprit. Il convient aussi de rappeler que, selon l'article 27 de la Constitution de l'Empire, le Sénat doit régler la Constitution de l'Algérie... Aussi l'interroge-t-il à propos de la politique impériale, le 26 mai 1868 : ‘ "Monsieur, Le bruit court que l'Empereur, enfin éclairé sur la véritable position de l'Algérie, se déciderait à suivre l'exemple de l'Angleterre dans le gouvernement de sa colonie et remplacerait l'administration militaire qui depuis trente-huit ans stérilise cette belle et intéressante colonie par une administration civile dont vous assure[rie]z la haute et suprême direction. Si ce bruit était fondé, je n'hésiterais pas à doubler, tripler même la somme que j'y ai déjà enfouie. C'est donc une question intéressée que je me permets de vous adresser, mais j'ose assurer que cet intérêt est grandement dominé par celui qui m'inspire, qui souffre dans son amour-propre, dans son honneur autant que dans sa fortune de l'incapacité dont il [es]t fait preuve aux yeux de l'Europe étonnée et, peut-être, charmée. Agréez2967..." ’ La réponse, datée du 29 mai, ne tarde guère : ‘ "Monsieur, le bruit auquel vous faites allusion dans la lettre que vous m'avez fait l'honneur de ’ ‘ m'écrire n'est qu'un bruit de journal tel que ceux que fait naître chaque matin l'imagination des rédacteurs. A ma connaissance, il n'est question ni de prés ni de loin de changer le système de gouvernement en Algérie et encore moins de faire appel à mon dévouement pour accomplir une aussi rude tache. Je me félicite d'ailleurs beaucoup de cet incident puisqu'il me vaut de votre part un témoignage de confiance qui ne saurait être que trop précieux. Veuillez croire, Monsieur à mes sentiments dévoués très distingués. (Signé) Armand Béhic2968."

L'année suivante, le 25 novembre 1869, c'est le général de Wimpfen, commandant de la province d'Oran, après avoir été celui de la province d'Alger et, huit ans plus tôt, de la division d'infanterie de Lyon, qui lui apporte des nouvelles d'Armand : ‘ "J'ai vu il y a peu de temps votre fils et l'engageais à ne pas trop entreprendre dans ses premières opérations. Ici, le sol est riche, mais nécessite dans son exploitation des travaux considérables et de fortes dépenses. J'ai vu beaucoup d'hommes intelligents et courageux succomber pour n'avoir pas su limiter leurs efforts à leurs ressources. Les meilleures combinaisons amènent parfois des résultats négatifs, les courants du commerce et de l'industrie n'étant pas encore suffisamment assurés. Ma dernière conversation avec votre fils m'a prouvé que ses travaux avaient mûri son esprit et je ne doute pas qu'il ne devienne un jour un des hommes heureux et des plus dignes de notre colonie. Veuillez présenter mes respectueux hommages à Madame Arlès-Dufour et croire, Monsieur, à l'assurance de ma plus haute considération. (Signé) Wimpfen2969."

Un concours de circonstances tout à fait fortuit avait amené cette rencontre du général de Wimpfen et d'Armand. Au vrai, l'objet premier de cette correspondance de l'officier supérieur n'était pas d'en rendre compte. Elle avait surtout pour but de marquer émotion et reconnaissance, après lecture de la brochure, consacrée à la part prise par les saint-simoniens à l’œuvre de Suez et diffusée par le père du jeune colon, au moment de l'inauguration en grande pompe du Canal. Les termes de cette correspondance ont été rapportés précédemment2970.

En son temps, Prosper Enfantin s'était écrié : ‘ "Si l'isthme est percé, fût-ce sans nous, c'est surtout à nous qu'il appartiendra de s'écrier : Allah Kerim2971 ! "

Au moment où les eaux de la Méditerranée rejoignaient celles de la Mer Rouge, le légataire universel s'était acquitté de cette ultime tâche.

Notes
2827.

La mort, rappelons-le, en langage saint-simonien.

2828.

Registre alphabétique des concessions, Pompes Funèbres Municipales, Lyon.

2829.

Lettre d'Arlès-Dufour, Lyon, 4 juin 1863, au sénateur chargé de l'administration du Rhône, (Archives familiales et ARS 7688/45).

2830.

Lettre d'Arlès-Dufour, Lyon, 4 juin 1863, au sénateur chargé de l'administration du Rhône, citée. 3 achats de concession sont relevés en mairie d'Oullins les 29 décembre 1862, 15 octobre 1863, 22 septembre 1873 (Renseignements aimablement communiqués par Mme Mascarello, "Association pour l'Histoire d'Oullins").

2831.

Copie de notes prises par ma mère Pauline Arlès-Dufour sur la vie de notre père, citée.

2832.

Lettre de Mocquard, Cabinet de l'Empereur, Palais des Tuileries, 25 mai 1863, à Enfantin (Archives familiales) : "Monsieur, Vous pouvez donner l'assurance à notre ami Arlès que sa lettre, après communication à l'Empereur, vient d'être envoyée au Ministre du Culte..."

2833.

Selon réponse légèrement dilatoire de Mocquard (se rend avec l'Empereur à Fontainebleau avant de rejoindre Vichy avec lui), papier libre, à "Mon Cher Arlès", 4 juin 1863 (Archives familiales).

2834.

Lettre de Valois, Lyon, 27 mai 1863, à Arlès-Dufour (Archives familiales).

2835.

Lettre d'Arlès-Dufour, Lyon, 4 juin 1863, au sénateur chargé de l'administration du Rhône, citée.

2836.

Expédition du Mexique par les troupes françaises.

2837.

Lettre d'Enfantin, 11 juin 1863, à Arlès-Dufour (OSSE, Vol. 13, p. 219).

2838.

Copie de notes prises par ma mère Pauline Arlès-Dufour sur la vie de notre père, citée.

2839.

Selon le testament d'Arlès-Dufour du 20 septembre 1863 (Archives familiales).

2840.

Testament d'Enfantin 1857, sans date, in OSSE, Vol. 13, p. 224 et note. Ce testament est, en fait, daté du 10 décembre 1857 (Archives familiales).

2841.

Modifications apportées par Enfantin le 10 janvier 1861 à son testament du 10 décembre 1857 (Archives familiales).

2842.

Second additif en date du 18 janvier 1861 aux "Instructions pour ma femme en cas de mort" d'Arlès-Dufour du 11 mai 1843 (Archives familiales).

2843.

Arlès-Dufour, "Instructions pour ma femme en cas de mort", 11 mai 1843 (Archives familiales).

2844.

Cf. XXVI - "La mère des ouvriers".

2845.

Testament d'Arlès-Dufour, 20 septembre 1863 (Archives familiales).

2846.

Lettre d'Enfantin, 24 novembre 1863, à Arlès-Dufour (OSSE, Vol. 13, pp. 224-225). Il s'agit évidemment du chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, d'une part, et, d'autre part, de la Compagnie des eaux.

2847.

Lettre d'Arlès-Dufour, Montroses, 27 juin [1864], à Enfantin, citée au chapitre précédent.

2848.

Lettre (au crayon) d'Arlès-Dufour, Montroses, [Oullins], 14 juillet 1864, à Enfantin, citée au chapitre précédent.

2849.

OSSE, Vol. 13, pp. 236-237. Saint-Simon avait été nommé sous-bibliothécaire en 1815 (OSSE, Vol. 1, p. 74).

2850.

Timothée Trimm, "Jeudi 1er septembre - Mort du Père Enfantin", in Le Petit Journal, quotidien parisien, 2 septembre 1864, art. déjà cité en Introduction. Ce quotidien, fondé par Moïse Milland, tirera en décembre 1865 à 259.000 exemplaires (Jean Favier [dir.], Chronique de la France et des Français, op. cit., p. 924).

2851.

OSSE, Vol. 13, p. 243.

2852.

Ce qui est exact, à trois jours près... La date du 31 août 1832 est celle du pourvoi en cassation, à la suite du procès des 27 et 28 août 1832 des saint-simoniens Enfantin, Michel Chevalier, Barrault et Duveyrier. Dossier "Hoirie Enfantin" (Archives familiales), déjà cité au chapitre XXVI.

2853.

Lettre d'Arlès-Dufour, Montroses, 27 juin [1864], à Enfantin, citée.

2854.

Ibid., 14 juillet 1864, à Enfantin, citée, : "en tout cas, aujourd'hui je les ai inscrites [les trois filles Laurent] pour 15.000 [F]."

2855.

Lettre d'Arlès-Dufour, Paris, 31 août 1864, à Laurent de l'Ardèche (Archives familiales).

2856.

Testament d'Enfantin (OSSE, Vol. 13, pp. 244-247).

2857.

Texte d'Enfantin, s.d.n.l., sans en-tête avec seulement "Mon cher ami", visant le testament "fait aujourd'hui huit avril mil huit cent soixante-quatre", 3 p. (Archives familiales). H.-R. d'Allemagne ne reproduit pas le texte du testament, ni celui dont il s'agit ici. Le premier l'est, comme il est dit plus haut, dans les OSSE, le second n'y figure qu'en extrait, Vol. 1, pp. V-VI. On les trouve cependant, l'un et l'autre, en "texte inédit", in fine de Jean Walch, Bibliographie du saint-simonisme, op. cit. En bas de quatrième page de cette reproduction, il semble qu'ait été reporté, sans précision quelconque, un extrait du premier testament d'Enfantin de 1857.

2858.

"Concession et quittance provisoires, Cabinet du préfet, Préfecture du département de la Seine", 2 septembre 1864. Titre de concession du 28 septembre 1864 et reçus de la Recette municipale de la Ville de Paris et de la Caisse de l'administration publique du 15 octobre 1864 (Archives familiales).

2859.

OSSE, Vol. 13, p. 248. Le Petit Journal, cité plus haut, fait seulement mention du voisinage des tombes de Saint-Simon et d'Olinde Rodrigues.

2860.

Adolphe Guéroult, "Obsèques de M. Enfantin" (L'Opinion nationale, 3 septembre 1864). Nous nous référons à cet article pour quelques détails. Un extrait de ce journal est donné in OSSE, Vol. 13, p. 258.

2861.

C.[ésar] L.['Habitant], op. cit., p. 50, fournit cette définition du Père Lacordaire en termes voisins : "C'est le plus grand effort de l'esprit humain depuis Luther."

2862.

Les discours de Guéroult, Arlès-Dufour et du docteur Guyon, publiés dans L'Opinion nationale, 3 septembre 1864 sont également reproduits in OSSE, Vol. 13, pp. 248-257.

2863.

Cf. note ci-dessus.

2864.

Pour mémoire : Enfantin, Colonisation de l'Algérie, op. cit.

2865.

OSSE, Vol. 13, pp. 257-258. Selon la "religion fusionienne", fondée vers 1845 par Louis-Jean-Baptiste de Tourreil, disciple de Saint-Simon et de Pierre Leroux, l'homme tend à s'assimiler à l'Etre parfait et, à cette fin, il doit obéir aux lois et à la morale naturelles (Quillet, op. cit.).

2866.

Texte donné in extenso et rigoureusement reproduit en l'état (Archives familiales). Sur le dossier "Hoirie Enfantin", cité, où sont récapitulés les documents contenus, seule figure la mention "Discours de Guéroult et de moi".

2867.

"Voici l'automne" (Archives familiales). Sur ce document, Arlès-Dufour a mentionné : "Trouvée dans son bureau Sept 1864". Ainsi que signalé, en note du chapitre XXVI où il y est déjà fait allusion, ce texte est intégralement reproduit in OSSE, Vol. 13, pp. 258-260 (Il ne convient d'ailleurs pas d'y lire "tombé dans le suicide", mais "jusqu'au suicide"). Pour mémoire, reproduction partielle in d'Allemagne, Prosper Enfantin..., p. 200.

2868.

Ces trois lignes ne sont pas reproduites in d'Allemagne, Prosper Enfantin et..., op. cit., p. 200.

2869.

La fin de ce texte est donnée en note citée du chapitre XXVI.

2870.

Extrait de lettre d'Arlès-Dufour à un destinataire non précisé, in Maxime Du Camp, Souvenirs littéraires, op. cit., note 2, p. 422. La date figurant dans la reproduction de cet extrait est celle du "11 août 1864" ; il y a vraisemblablement lieu de lire "31".

2871.

Lettre d'Emile Ollivier, 8 septembre 1864, à Arlès-Dufour, citée in Emile Ollivier, op. cit., p. 137. (Pour mémoire, cf. XXV - De longs efforts couronnés de succès). Cette lettre, récapitulée sur la couverture du dossier "Hoirie Enfantin", cité, est absente de ce dossier.

2872.

Selon Marcel Emerit, op. cit., p. 231 en ce qui concerne le général Desvaux. Lapaine [?] ou nom voisin n'est pas cité dans cet ouvrage.

2873.

Lettre de Lapaine [?], Gouvernement général de l'Algérie - Cabinet du Secrétaire général, 17 septembre 1864, à Arlès-Dufour (Archives familiales). Pour mémoire, cf. note précédente.

2874.

Lettre du général Desvaux, Alger [?], à Arlès-Dufour. Cette lettre, récapitulée sur le dossier "Hoirie Enfantin", cité, par Arlès-Dufour, en est absente. Il en est de même de celles énumérées immédiatement après.

2875.

Lettre du prince Napoléon, Paris, 9 septembre 1864, à Arlès-Dufour, signée de sa main et écrite par un tiers, sauf le P.S. Le prince lui adresse "la nouvelle assurance de ses sentiments affectueux." (Archives familiales).

2876.

Selon annotation d'Arlès-Dufour sur dossier "Hoirie Enfantin", cité, : "Ma lettre du 24 septembre au Times".

2877.

Sur le dossier "Hoirie Enfantin", cité, Arlès-Dufour note : "Décharge et acquit de Madame Guillaume 7 mars 1866."

2878.

Lettre d'Arlès-Dufour, Paris, 14 octobre 1864, à sa famille (Archives familiales).

2879.

Chapitre XXVI - "La mère des ouvriers".

2880.

Lettre d'Arlès-Dufour, Oullins, 11 novembre 1864, à Julie Daubié, citée au chapitre précédent.

2881.

Lettre d'Arlès-Dufour, 3 septembre 1864, selon la lettre de Barrault, 28 rue de l'Oratoire du Roule, Paris, 6 novembre 1864, à Arlès-Dufour, 25 rue du Conservatoire, Paris, adresse vraisemblablement indiquée par l'expéditeur lors de l'envoi de son courrier du 3 septembre 1864 (Archives familiales).

2882.

Lettre de Barrault, 6 novembre 1864, citée.

2883.

Lettre de d'Eichthal, date non donnée [fin 1864], à Arlès-Dufour (Archives Pereire), citée in d'Allemagne, Prosper Enfantin..., op. cit., p. 201.

2884.

Arlès (sic), A la famille Saint-simonienne, s.d. [début 1865], Paris, Imprimerie Dubuisson, 3 p. (Archives familiales). La typographie donnée est celle du document cité.

2885.

Lettre d'Armand Arlès-Dufour, Londres, 9 janvier 1865, à son père "Grand Hôtel, Paris". (Archives familiales).

2886.

Charles Dupêchez, Marie d'Agoult, op. cit., p. 358. Selon cet auteur, il s'agit d'un dîner type chez la comtesse.

2887.

Emile Ollivier, op. cit., p. 175

2888.

René Laplace, op. cit., p. 91. Cet auteur se borne à indiquer l'ouverture de cette école, sans mentionner le nom de son fondateur. Cette ouverture, à cette date, est confirmée par le dossier ADR FF III "Histoire d'Oullins" ("Notes sur l'enseignement primaire à Oullins par M. d'Héré") De quelques recoupements, il semble bien qu'il s'agisse de l'école créée par Arlès-Dufour, en avril 1865. Alain Roulet, op. cit., p. 139, à propos de l'"école du centre", fait mention de l'"immeuble Arlès". Mme Arlès-Dufour (Copie de notes prises par ma mère.., cité) fixe la création de l'école en question à une date antérieure à 1868 (à propos de la bibliothèque également créée par son mari), semblant toutefois confondre cette école "libre laïque" avec l'école "primaire supérieure", ouverte, elle et toujours par Arlès-Dufour, en novembre 1871. De cette bibliothèque et de l'école primaire supérieure, il sera question plus loin.

2889.

Cf. Jean Gaumont, op. cit., t. I, pp. 501-504.

2890.

Lettre d'Arlès-Dufour, Paris, 23 février 1865, à Béhic, ministre du Commerce (Archives familiales), citée en note chapitre XXIV.

2891.

Lettre de Béhic, ministre du Commerce, 25 février 1865, à Arlès-Dufour (Archives familiales), déjà citée en note chapitre XXIV .

2892.

Sur le dossier "Hoirie Enfantin", cité, Arlès-Dufour note : "Donation à la Bibliothèque de l'Arsenal - Lettre du ministre Duruy mai 1865". La date de cette lettre est celle du 22 mai (selon Sébastien Charléty, op. cit., p. 366). La date de promulgation du décret n'a pas été trouvée. La note en page 238 du Vol. 13, OSSE, d'où sont extraits les éléments qui suivent, ne la précise pas.

2893.

Oeuvres de Saint-Simon et d'Enfantin, précédées de deux notices historiques et publiées par les membres du conseil institué par Enfantin pour l'exécution de ses dernières volontés, Vol. 1, Paris, Dentu, 1865, 225 p. Il s'agit des volumes dénommés OSSE dans notre texte, selon note antérieure.

2894.

Annotation d'Arlès-Dufour sur le dossier "Hoirie Enfantin", cité, d'où ce contrat a disparu, : "Traité avec Dentu pour nos publications".

2895.

Copie de lettre (un exemplaire devant servant de titre auprès de la maison Arlès-Dufour et Cie) sur papier à en-tête, barré, de la "Bibliothèque de l'Arsenal", Paris, 18 juillet 1865, de la main de Laurent et signée par Arlès-Dufour, à "Mon cher Laurent", (Archives familiales).

2896.

Lettre d'Arlès-Dufour, Plombières, 22 juillet 1865, à sa femme, citée in chapitre XXVII.

2897.

Lettre de Marie d'Agoult (Daniel Stern), Paris, 19 janvier 1866, à Arlès-Dufour (Archives familiales).

2898.

Lettre d'Adélaïde Chabrières , née Arlès, Bologne, 4 février 1866, à "Mon trop bon père" (Archives familiales).

2899.

Lettre de Laurent, papier à en-tête "Bibliothèque de l'Arsenal", Paris, 24 juillet 1866, à Arlès-Dufour (Archives familiales). Le mariage de la fille aînée de Laurent, prévu en 1865, est annoncé comme provisoirement fixé au 20 août 1866.

2900.

Lettre d'Arlès-Dufour, 17 août 1866, Kehl (?) à "Mon ami" (?), citée au chapitre II - L'errance allemande. Holstein est décédé le 12 août 1866. Dans la même lettre : "Je prévoyais bien qu'il s'en irait avant mon retour et cependant j'avais oublié de te remettre son testament. Heureusement que Prosper [S'agit-il de Prosper Alphonse Arlès-Dufour ? ] en avait le double [...]" Pour mémoire, cf., à ce sujet, OSSE, Vol. 10, note, p. 151.

2901.

Ibid. Rappelons que, dans le chapitre II - L'errance allemande, nous citions le P.S. de cette lettre : "Notre amitié [avec Holstein], ainsi que celle du Père, datait de 1817 - un demi-siècle ! C'est bien beau et peu d'hommes jouissent d'un pareil bonheur! Bénissons donc Dieu Père et Mère, quelque impénétrables soient ses décrets!"

2902.

Selon mention par Arlès-Dufour sur dossier "Hoirie Enfantin", cité : "Mort d'Holstein 1866 - Son testament de 1864 et son religieux codicille de 1866."

2903.

Lettre d'Enfantin, Lyon, 23 novembre 1842, à Arlès-Dufour (OSSE, Vol. 11, p. 184). Ce titre nobiliaire lui parait bien dû, bien qu'il ne le portât pas, "conséquent au moins avec ses principes libéraux et ses folies saint-simoniennes d'autrefois", juge Raoul de Cazenove, Notes sur la société lyonnaise..., op. cit., p. 144.

2904.

Codicille au testament d'Holstein, Lyon, 10 juillet 1866 (OSSE, Vol. 11, note, p. 151).

2905.

Lettre d'Arlès-Dufour, Paris, sur papier "Société générale de crédit industriel...", 8 mai 1866, à sa fille Adélaïde, citée.

2906.

OSSE, Vol. 11, Note 1, p. 230.

2907.

Le Siècle, ? novembre 1866, cité par Jean de Lander, La famille du Veyrier - Généalogie et historique, p. 117, h. c., 1990, 127 p.

2908.

OSSE, Vol. 13, p. 213.

2909.

OSSE, collection complète des 47 volumes à la Bibliothèque universitaire de Lyon sous la cote 25.395. Cf. à ce sujet note dans l'introduction du présent ouvrage.

2910.

OSSE, Vol. 24, "Préface - P.S.", pp. LVI à LX. Cet ouvrage reproduit l'hommage de Guéroult paru dans L'Opinion nationale du 23 janvier 1872 et le discours prononcé sur la tombe d'Arlès-Dufour par le pasteur Martin-Paschoud.

2911.

OSSE, Vol. 38, "Préface", pp. XXIX-XXX, Paris, Dentu, 1875.

2912.

Extrait d'un brouillon d'Arlès-Dufour, sans date ni destinataire, papiers épars (Archives familiales).

2913.

OSSE, Vol. 13, p. 216. Selon lettre de M. de Jouvencel du 1er mai 1863 à Arlès-Dufour (Archives familiales), celui-là se proposait de publier une seconde brochure, les élections, auxquelles il est candidat, une fois passées. Battu à ces élections, il eut plus de chances à celles de mai 1869 comme candidat démocratique (Vapereau, op. cit.).

2914.

Selon l'expression d'Arlès-Dufour sur le dossier "Hoirie Enfantin", citée chapitre XXVI.

2915.

Cf. chapitre XXVI.

2916.

Lettre d'Enfantin, ? février 1863, à Arlès-Dufour (OSSE, Vol. 13, p. 162).

2917.

Cette "épître apostolique" est intégralement reproduite in OSSE, Vol. 13, pp. 165-192.

2918.

P. Enfantin, Le crédit intellectuel - Oeuvre dernière et inédite de P. Enfantin, Paris, Dentu, 1866, 32 p.

2919.

"Epître apostolique" précitée (OSSE, Vol. 13, p. 181).

2920.

"Liste des personnes qui ont reçu la brochure" [du Crédit intellectuel], s.d., (Archives familiales).

2921.

Entre autres : George Sand, Pierre Leroux, Docteur Guépin à Nantes, Jean Macé, Michelet, comtesse d'Agoult, Henri Martin, Emile Ollivier, Juliette Adam, Sainte-Beuve, président Bonjean, Premier président Devienne à Paris, Renan, duc de Persigny, princesse Mathilde, Donon, Jules Simon, Garnier-Pagès, Alexandre Dumas fils, etc. (Archives familiales).

2922.

Brouillon d'invitation à dîner, au Grand Hôtel, Paris, pour le ? mars [1866] lancée par Arlès-Dufour, en vue de la création d'une Société de crédit intellectuel, figurant en fin de liste "Invitations à faire" (Archives familiales).

2923.

Parmi eux, selon liste "Invitations à faire" (Archives familiales), : Paul Féval, Henri Rochefort, Léon Say, Alphonse Duchesne du Figaro, Jules Vallès de L'Evénement, John Lemoinne des Débats, Champfleury, Didion, Charles Robert, Pierre Véron du Charivari, Armand Donon, Jules Clarétie de L'Avenir national, les sculpteurs Millet et Roubaud, Talabot, Sainte-Beuve, Augier, Berthelot, Renan, Martin-Paschoud, Laurent de l'Ardèche, Fournel, d'Eichthal, L'Habitant, Vinçard, Michel Chevalier, Isaac Pereire, Barrault, etc.

2924.

Brouillon du "toast", "à la prochaine réalisation d'une Société de crédit aux professions libérales" de la main d'Arlès-Dufour, prononcé en mars 1866 au Grand Hôtel, Paris, ou, tout au moins, prévu comme tel (Archives familiales).

2925.

Statuts "Société centrale de Crédit intellectuel - Banque des Lettres, Sciences, Arts et Professions libérales", avec mention manuscrite "Epreuve", Abbeville, Imprim. J. Gamain, 1866, 17 p. (Archives familiales).

2926.

Lettre d'Arlès-Dufour, sur papier à en-tête de la "Société générale de Crédit industriel et commercial, Paris, 5 mai 1866, à Adélaïde (Archives familiales), citée.

2927.

Lettre d'Aimé Millet, 7 Bd des Batignolles, Paris, 21 mars 1866, à Arlès-Dufour Grand Hôtel, Paris, (Archives familiales). Selon la couverture du dossier "Hoirie Enfantin", un buste en marbre a été payé 5.000 F par Arlès-Dufour et un second en bronze par l'hoirie, chacun à Millet. Dans un codicille du 1er juillet 1868 (Archives familiales), Arlès-Dufour écrit : "Après mon décès, le buste en marbre du Père, qui est un chef d'oeuvre et l'emblème du culte de l'avenir, sera soigneusement emballé et envoyé à Paris à la Société des Amis de la Famille, pour qu'elle le fasse placer sur le piédestal qui l'attend au Père Lachaise, à moins qu'elle trouve plus sûr et plus convenable de le mettre à la bibliothèque de l'Arsenal dont le buste en bronze irait au Père Lachaise." Dans un second codicille du 18 octobre 1869 (Archives familiales), Arlès-Dufour stipule : "Un buste en pierre du Père ayant été inauguré au Père Lachaise, le buste en marbre restera dans la famille."

2928.

Vapereau, op. cit., "Millet".

2929.

Cf. note relative à la doctrine fusionienne dans le présent chapitre.

2930.

Plaquette Quatrième anniversaire de la mort du Père, Paris, Imprim. de Cusset, 1868, 8 p. (Archives familiales). Le bref compte-rendu de cette commémoration du 31 août 1868 (une page) est suivi du texte de quelques poèmes récités, par Vinçard et Ferrand, à la fin d'un modeste repas. L'édition est faite en "Hommage de Julien Gallé, Cornu-Saunier, Sauvage et Jules Thorier, à la famille saint-simonienne de Paris, réunie aujourd'hui chez Richard, au Palais-Royal, pour fêter le 108e anniversaire de la naissance de Saint-Simon. Paris, le 17 octobre 1868." La présence d'Arlès-Dufour n'est pas mentionnée. son nom est simplement cité à propos du buste envoyé de Lyon en son nom.

2931.

Plaquette Quatrième anniversaire de la mort du Père, citée supra.

2932.

Le buste d'Enfantin en bronze et celui en plâtre, ayant permis la réalisation des uns et des autres, sont actuellement conservés à la Bibliothèque de l'Arsenal.

2933.

Il s'agit des cours donnés au titre de la SEPR. et, bien sûr, de l'école laïque fondée par Arlès-Dufour.

2934.

Lettre d'une quinzaine de signataires, Oullins, 1er juillet 1865, à Arlès-Dufour, Oullins, (Archives familiales). Pour autant que l'on puisse déchiffrer les noms, citons, avec réserves, J. Monnet, Bouchard, Voisin, Mourlotte, Lanfrey, Brison, etc.

2935.

Commission municipale d'Oullins, réunie le 6 mai 1866, composée de Vernon, conseiller municipal rapporteur, Arlès-Dufour, Derognard, et Lortet (ADR, Dossier FF III Histoire d'Oullins 1).

2936.

Cf. chapitre précédent.

2937.

"Extrait du procès-verbal de la séance du 19 septembre 1865", sur papier SEPR, à l'adresse du "Secrétariat - 13 rue Sainte-Catherine", sous la signature du secrétaire général Charles Gaumont (Archives familiales).

2938.

Projet d'établissement d'une Ligue de l'Enseignement en France, 1er bulletin, 15 décembre 1866, Colmar, Imprim. Camille Decker, 1966, 30 p. (Archives familiales).

2939.

Ibid., p. 20.

2940.

Ibid., p. 23.

2941.

Jean Gaumont, op. cit., t. 1, p. 549.

2942.

Projet d'établissement d'une Ligue de l'Enseignement en France, op. cit. supra, p. 28.

2943.

Lettre d'Arlès-Dufour, 9 mai 1868, à l'Impératrice Eugènie (Archives familiales). Par cette lettre, il lui transmet la plaquette Réponse à M.(sic) Dupanloup, membre de l'Institut, Evêque d'Orléans sur sa lettre à un cardinal dénonçant les écoles professionnelles de filles, la Ligue de l'Enseignement, les cours publics autorisés,..., les saint-simoniens, etc., etc. par "les membres du Conseil institué par Prosper-Barthélemy Enfantin,...", Paris, Dentu, 1868, 32 p. Cette Réponse est signée de "Arlès-Dufour, légataire universel, César Lhabitant (sic), Laurent (de l'Ardèche), Henri Fournel, Adolphe Guéroult, Arthur Enfantin."

2944.

Lettre d'Edouard Robert, Le Havre, dimanche 21 novembre 1869 au pasteur Martin-Paschoud (Archives familiales).

2945.

Edouard Robert, op. cit., page de garde. Cet ouvrage est dédié à Jean Macé et à son collaborateur Emmanuel Vauchez.

2946.

Ibid.

2947.

Acte sur papier timbré entre F. B. Arlès-Dufour (Lyon) et Karl Haegler, (Alexandrie), fait à Lyon le 25 septembre 1865 (Archives familiales). Le père de l'associé, S. Haegler, à Bâle, se porte garant pour son fils de 15.000 F, en cas de malversations ou de fautes lourdes. La durée de cette société est de cinq ans, soit jusqu'au 30 septembre 1870, sauf prolongation éventuelle.

2948.

Acte sur papier timbré entre F. B. Arlès-Dufour (Lyon) et Adolphe Ringier, (Alexandrie), s.l.n.d. (!), (Archives familiales). Le père de l'associé, C. L. Ringier, à Aarau (Suisse) - qui signe "Chancelier d'Etat" - se porte garant pour son fils de 10.000 F, en cas de malversations ou de fautes lourdes. Cette société expirera le 30 septembre 1871, sauf prolongation éventuelle.

2949.

Lettre de la Chambre de commerce d'Alger - "Possessions Françaises du Nord de l'Afrique", 26 mars 1836, à Chambre de commerce de Lyon (CCL : "Fonds Missions Boite 12"). Sur les expériences tentées dans ce domaine en Algérie, cf. CCL, Registre des délibérations, 9 février 1843, 3 août 1843.

2950.

Arlès-Dufour, Un mot sur les fabriques étrangères..., op. cit., p. 145.

2951.

Lettre de la Chambre de commerce d'Alger, 13 février 1835, à Chambre de commerce de Lyon (CCL : "Fonds Missions Boite 12").

2952.

CCL, Registre des délibérations, 20 mars 1835.

2953.

Pour mémoire, cf XIV - Lyon, tremplin de l'Orient.

2954.

Cf. Chapitre XIX - "Le cadeau de l’Angleterre au monde".

2955.

Marcel Emerit, op. cit., p. 156-157. En 1861, une concession de chênes-lièges dans le département de Constantine sera accordée au sénateur Ferdinand Barrot, "parti pour Stora", selon Le Progrès du dimanche 16 octobre 1861, "Nouvelles des départements".

2956.

Souligné par nous.

2957.

Id.

2958.

Lettre du Cabinet du duc d'Aumale - Gouverneur général de l'Algérie", 13 décembre 1847, à Arlès-Dufour, Alger (Archives familiales).

2959.

Lettre de Cobden, Algiers, 19 january 1861, à Arlès-Dufour. Il lui envoie une photo de lui et lui demande la sienne (Archives familiales).

2960.

Lettre de Cobden, Algiers, 23 april 1861, à Arlès-Dufour. (Archives familiales).

2961.

Lettre d'Arlès-Dufour, Straham [demeure de son ami Leaf], datée "samedi soir" [1865 ou 1866] à sa femme, déjà citée au chapitre XXV (Archives familiales). La période de cette rencontre algéroise n'a pu être située.

2962.

Lettre du prince Napoléon, 2 janvier 1867, à Arlès-Dufour, Algérie (Archives familiales). Nous ignorons la raison de ces félicitations.

2963.

Lettre de Forcade, (sur papier à en-tête "Ministère de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics - Cabinet du Ministre"), 1er février 1867, à Arlès-Dufour, [Alger ?] (Archives familiales).

2964.

Charles Pourcher, op. cit., p. 225.

2965.

Au sujet de ce meeting, Arlès-Dufour écrit à Pauline : "Samedi soir - Le meeting présidé par une dame timide et digne a été ennuyeux mais intéressant. J'ai reconduit Mme Bodichon chez elle, où nous avons trouvé Miss Smith et Miss Blaight." Il poursuit : "Je rentre pour m'habiller et aller chez le duc d'Argylle. Louis Blanc et Stuart Mill et Lord Haughton étaient au meeting ; les deux derniers ont parlé. J'ai un peu dormi grâce à la chaleur"...

2966.

Lettre d'Arlès-Dufour, débutée à Sand Holme near Woking, "samedi" [1867 ?], poursuivie le soir à Londres et achevée le lundi à Steatham [chez les Leaf], à Pauline (Archives familiales).

2967.

Lettre d'Arlès-Dufour, 26 mai 1868, à Béhic (Archives familiales).

2968.

Lettre de Béhic, Paris, 29 mai 1868, (sur papier sans en-tête) à Arlès-Dufour (Archives familiales).

2969.

Lettre du général de Wimpfen, Oran, 25 novembre 1869, à Arlès-Dufour (Archives familiales), déjà citée au chapitre XX - "Une belle part dans l'histoire"...

2970.

Cf. XX - "Une belle part dans l'histoire"...

2971.

OSSE, Vol. 12, p. 248.