Corpus

Andrew Jackson était un épistolier extraordinairement prolifique. Les nécessités de la communication dues à son engagement politique, social, économique, militaire, mais aussi à son éloignement chronique de sa famille sont les raisons principales de cette production gigantesque. Délimiter un corpus dans une correspondance si énorme est une gageure. On s’expose à rater la lettre capitale, la réponse au mystère, ou simplement la référence indispensable au propos. Quels critères doivent présider à la sélection ?

Le choix est affaire de circonstances, mais aussi de précision et de rigueur. Depuis 1980, la publication d’une sélection de la correspondance d’Andrew Jackson par le Andrew Jackson Papers Project et l’université du Tennessee, d’abord sous la direction de Sam D. Smith, puis dès le deuxième volume (1984), d’Harold D. Moser s’est révélée indispensable pour régler les problèmes soulevés ici. L’autorité de cette édition est reconnue par tous et le mode éditorial fournit des garanties scientifiques de représentativité.

Avec plus de 100 000 éléments recensés, le volume documentaire des papiers d’Andrew Jackson est gigantesque. L’édition de la correspondance nécessite une rigueur d’approche toute particulière. Moser et ses collaborateurs ont procédé de la manière suivante : la sélection des lettres tente de couvrir à la fois la vie privée de Jackson et ses activités publiques, avec un souci constant de représentativité et de variété. Tous les documents non publiés sont recensés à la fin de chaque volume dans un calendrier et résumés succinctement afin de permettre des prolongements de recherche. En outre, un index général de tous les documents classés par expéditeur, publié en 1987 suite à l’édition d’une seconde série de microfilms, a permis une lecture exhaustive de certaines correspondances (les lettres familiales notamment).

Ces recoupements confirment la pertinence des choix opérés dans l’édition papier dont la représentativité est suffisamment marquée pour constituer un corpus solide et fiable dans lequel notre propos a trouvé les éléments nécessaires et suffisants à une étude en profondeur. À cela s’ajoute une édition plus ancienne de six volumes établie entre les années 1926 et 1933 par John Spencer Bassett.; . Les deux éditions ont un certain nombre de lettres en commun, mais présentent également des différences de sélection qui enrichissent encore le nombre de documents publiés. S’ajoutent à ces deux sources majeures des lettres inédites révélées à l’occasion d’articles, de biographies ou de monographies ⁹.

Le sujet de cette étude n’est pas vraiment une biographie de Jackson, mais repose cependant sur des phases de son existence quotidienne. Les différrentes parties ne couvrent pas l’ensemble de sa vie, mais traitent de thèmes afférents à l’homme privé (affaires, famille, plantation) et prennent en compte la vision que Jackson avait de lui-même et de sa société. Cela requiert en priorité une certaine classe de documents concernant principalement ses affaires privées et ses relations familiales. L’édition de Bassett contient un index important par thème, et chaque volume édité par Moser un index des personnes (ainsi qu’une sous-classification par thèmes) et des mots-clés. Les biographies renvoient souvent à des documents dans les notes nombreuses qui les enrichissent et procurent de nouvelles sources, de nouvelles pistes qui pourraient avoir été classées dans le calendrier par Moser.

Les éditeurs des deux séries ont conservé l’orthographe et la syntaxe souvent aléatoires des lettres. Seules les répétitions de mots intempestives et l’utilisation systématique et abusive des tirets ont été corrigées. Nous avons suivi cette pratique sans ajouter à chaque fois un sic pour signaler l’abus, et ce afin de ne pas surcharger le texte. Cette stratégie participe du désir de conserver une certaine tonalité et de retrouver une ambiance sonore dissoute par le temps. Sauf erreur de frappe de notre part, la totalité des fautes présentes dans les citations sont le fait des épistoliers.