Un marathon juridique

Le 12 avril, Pierce Butler, un sénateur de Caroline du Sud qui avait vendu une propriété de 170 000 dollars à Allison juste avant la banqueroute de ce dernier, signait une procuration à Jackson pour que celui-ci — (my trusty friend) — obtienne de Blount et d’Allison les sommes dues à Butler. On remarquera au passage que Jackson n’hésitait pas à représenter un créditeur de Blount, alors que dans le même temps, il soutenait l’ex-sénateur contre le Congrès qui voulait le destituer pour complot sécessionniste (Broder, I : 24-25).

En 1801, Jackson rédigea à l’intention d’Overton une déclaration (“Statement Regarding the Allison Transaction“) rappelant les faits et insista sur le partenariat secret d’Allison et Evans ainsi que sur la dette dont Evans serait redevable envers Allison, ce qui complique encore les choses si l’on se souvient que Jackson avait payé John B. Evans & Co. avec un billet à ordre émis par Allison lui-même lors de l’achat des terres de Jackson. Qu’Evans réclame ensuite la somme due à Jackson quand Allison n’a plus été en mesure de régler ses dettes semble en effet plus qu’une hypocrisie : Jackson y voit un dessein malhonnête (Smith, I : 251-252).

L’affaire Allison n’en finit pas de s’étirer dans le temps et d’infiltrer les réseaux, à moins que ceux-ci ne constituent qu’une immense toile aux ramifications sans fin. Norton Prior était un marchand de peaux de Philadelphie à qui Allison devait 21 800 dollars en 1795. Ce dernier hypothéqua 85 000 acres de terres situées dans l’ouest du Tennessee (dans le futur comté de Bedford) comme garantie de sa dette à Prior et ultime sursaut pour se dégager de ses dettes. Mais, il mourut en prison en 1798. En 1800, Prior demanda à Joseph Anderson, un sénateur du Tennessee, de déposer une demande de saisie des terres au tribunal fédéral de grande instance (federal district court) et d’organiser une vente aux enchères des biens en vue de régler la dette (Remini, I : 129-130).

Anderson chargea Jackson de l’affaire, qui à l’époque étant juge à la Cour supérieure, fit à son tour appel à Overton pour entamer la procédure. La vente se fit le 19 avril 1802, au cours de laquelle Jackson acheta en tant qu’agent 40 000 acres pour Prior, 35 000 pour Anderson, et 10 000 pour lui-même, à 1,8 cent l’acre. Jackson paya les services d’Overton en lui donnant 1 000 acres de ses 10 000 achetés (qui constituaient deux parcelles de 5 000 acres) et il lui vendit les 4 000 acres restants pour la somme de 33,1/3 cents l’acre 135 : le rapport de cette transaction est de 1 à 18,5 environ, soit un profit de1850% 136.

Notes
135.

Memorandum for payment of Debt Owed by John Overton, 27 Mai 1802 (Smith, I : 297 et 298n1). Ajoutons qu’Overton acheta les parcelles en association avec Jenkins Whiteside qui avait acquis par la suite la moitié des 1000 acres donnés par Jackson en paiement à Overton pour avoir traité l’affaire.

136.

Lettre de Joseph Anderson du 20 mars 1802 (date probablement fausse) et notes attenantes (Smith, I : 283-84). Pour le profit réalisé, voir Ibid., 296-98n1.