Ce grand champ ouvert à l’esprit d’initiative qu’était la frontière du Sud permettait à des hommes entreprenants de gagner de l’argent par un nombre incalculable de moyens. Le grand dénuement de la région, son isolement des grands centres économiques, l’absence d’un réseau de communication adéquat jusqu’à la guerre de 1812, rendaient les activités économiques à la fois lucratives et difficiles. Un de ses amis à Natchez dit un jour d’Andrew Jackson que la variété de ses activités dépassait même les normes de la frontière : ‘“embarking in many schemes for the accumulation of fortune, not usually resorted to by professional men’ 150”. Voici un aperçu des activités économiques multiples de Jackson, ce à quoi il faut ajouter ses responsabilités officielles, telles que juge de la Cour supérieure de 1798 à 1804, représentant puis sénateur au Congrès américain de 1797 à 1798, major-général de la milice à partir de 1802.
Parmi les nombreuses et disparates transactions effectuées par Jackson, on trouve dans la correspondance un accord passé avec Francis Preston, un ancien politicien propriétaire d’installations sidérurgiques et de mines de sel en Virginie . Jackson lui acheta douze tonnes et demie de fer : ‘“assorted as is customary at ironworks except that of Waggon tire and lieu thereof to substitute plow moulds, to wit eighteen plow moulds to each Ton & two setts of sledgehammers & Crowbars”’ (Smith, I : 328). Le magasin de Jackson ne se cantonnait pas aux petits articles, mais distribuait également du matériel lourd difficile à transporter et certainement rare dans une région récemment colonisée. En outre, le manque de liquidités rendait le troc indispensable et chaque article devenait une précieuse monnaie d’échange.
Lors de son voyage à Philadelphie, Jackson ne put acheter de clous, jugés trop chers. Il proposa à Coffee un moyen détourné pour en présenter dans leurs magasins : ‘“nails I have not any—I think it might be well if the iron has reached you to make an exchange of a ton with Wm & Jas Jackson for nails—If you can this will give [us a] supply of that article”’ (Moser, II : 23). À la fin de sa missive, Jackson insistait sur l’absence de liquidités dans la cité et prévenait que l’indulgence montrée par les marchands et les créanciers cette année-là ne se renouvellerait pas.
Jackson remarqua également que le commerce des peaux avec Philadelphie pouvait leur rapporter quelque argent. Il achetait la fourrure aux Indiens par l’intermédiaire de son magasin situé sur le fleuve Tennessee, dans un campement militaire (Moser, II : 22n6) :
‘The Peltry business I find will be a profitable business, with a carefull hand at the Tennessee I think business can be done to advantage (...) say to Major Tatam to write to the youn[g] man at the Tennessee to take in all the Peltry he can let them be smoked with sulpher they will keep through the summer (Moser, II : 21-22). ’Le but premier de Jackson était de gagner de l’argent, par tous les moyens imaginables. Le premier d’entre eux, et le plus lucratif sans doute, était le coton. Toutefois, les premières années du siècle commençaient tout juste à révéler l’émergence du futur “roi”. En outre, la latitude du Tennessee permettait seulement à la partie médiane et occidentale de l’État de cultiver l’or blanc. Le climat se prêtait beaucoup moins à cette culture que le bassin méridional du Mississippi 151.
W. H. Sparks, Memories of Fifty Years, (1870), cité dans James (1938 : 59).
Une discussion plus complète du coton se trouve dans notre étude intitulée “L’Hermitage” (VI : 466-474).