Déménagement

Malgré l’apparente facilité avec laquelle Jackson pouvait obtenir du crédit, les temps furent si difficiles qu’il dut se séparer de sa belle plantation de Hunter’s Hill et se retirer dans une cabane en rondins sur un terrain de 425 acres, à l’Hermitage, à quelque quinze kilomètres de Nashville (Moser, II : 523, 525) 172. James (1938 : 99) indique toutefois que malgré la précarité des bâtiments, le domaine de l’Hermitage s’enorgueillissait d’un millier d’arbres fruitiers, pêchers et pommiers. Jackson stipule dans une lettre de relance à son acheteur, écrite en 1805, les raisons pour lesquelles il a vendu sa propriété :

‘The press for cash compels me to inclose you the above statement, and when you recollect that I turned myself out of house and home, by the sale of my possessions to you, purely to meet my engagements—that the anxiety must be great in my mind to meet them with the sacrafice of ease and comfort, that I made upon that occasion. I need only add that my creditors are growing clamourous and I must have money from some source 173 .

Les créditeurs de Philadelphie commençaient à s’impatienter et à regretter de lui avoir fait confiance, ce qui piquait Jackson au plus vif de sa conscience d’homme de parole. Le docteur Felix Robertson, le fils du co-fondateur de Nashville James Robertson, avait dit de lui :

‘A man of soundest judgement, utterly honest, naturally honest ; would beggar himself to pay a debt and did so ; could not be comfortable if he thought he had wronged anyone. He was swift to make up his mind ; yet was rarely wrong ; but whether wrong or right, hard to be shaken....For his own part, law or no law, he would pay what he owed ; he would do what he said he would (Parton, I : 249).

A près de quarante ans, Jackson vivait dans une cabane en rondins alors qu’il était l’un des hommes les plus puissants du Tennessee. L’opinion de Robertson précédemment citée semble exagérer la justesse du jugement de Jackson en affaires. Celui-ci n’a jamais pleinement prospéré, certainement à cause de l’insatiable diversité de ses entreprises qui l’empêchait d’en faire réellement fructifier aucune, comme si tout ne faisait que passer, comme si là n’était pas le sens de sa vie.

De toute façon, il n’en avait pas le temps, car il était constamment sollicité. En 1804, une lettre du secrétaire Dearborn rappelait Jackson à ses fonctions de commandant en chef de la milice du Tennessee. Sur la frontière, de telles fonctions se mêlaient aussi à l’économie.

Notes
172.

Jackson vendit Hunter’s Hill le 6 juillet 1804 pour 10 000 dollars afin de régler ses dettes aux marchands de Philadelphie. Pour se faire une idée de l’appréciation de la propriété, on se souviendra qu’il avait donné 700 dollars à John Shannon en 1796.(Smith, I : 84). Le 23 août, il acheta l’Hermitage à Nathaniel Hays pour 3 400 dollars.

173.

Ce texte est extrait du catalogue de l’American Art Association, datant du 8 avril 1926, qui décrit une lettre du 7 mai 1805 à Edward Ward, laquelle a aujourd’hui disparu (Moser, II : 60n2).