Rachel à l’Hermitage

Le problème du rôle de Rachel

On ne trouve pas dans la correspondance des Jackson un intérêt pour l’agriculture autre que financier. Jackson était un fermier capitaliste dont le but était de gagner de l’argent et assurer une existence confortable à sa famille : ‘“Farming for Andrew Jackson as for the cotton planter who settled in West Tennessee and the deeper south a capitalistic enterprize in which he invested, not himself, but only money"’ (Arnow, 1960 : 304). Cependant, il se donnait les moyens de réussir et souscrivait, par exemple, à l'American Farmer, l'un des principaux journaux agricoles de l'époque (Walker, 1943 : 27). Ainsi, ses absences fréquentes l’obligeaient à se reposer sur les autres pour le fonctionnement quotidien de sa “ferme” 204. Or, Rachel était la personne à qui une telle charge devait traditionnellement incomber (Clinton, 1982 : 16-35).

Tous les biographes s’accordent pour louer les talents de Rachel dans la gestion de l’Hermitage et son rôle primordial dans la bonne marche de l'entreprise : .:Hermitage:Talent;

‘His marriage not only added to his social stature (...) but provided a partner who proved indispensable in the management of his growing estate. He was away most of the time (...) Some historians are of the opinion that the ultimate success of the Jackson plantation was in large measure due to Rachel’s extraordinary administrative talents (Remini, I : 68).

Cependant, ni Remini.; ni les autres historiens n’étayent leurs affirmations de preuves tangibles. Il nous faut ainsi émettrent des réserves sur ces dires, d’autant que la correspondance reste ambivalente, voire muette, sur les activités réelles de Rachel dans la gestion de l’Hermitage. Dans son petit livre, Katherine Cruse (1994 : 6-7), met en doute l’implication de Rachel dans la conduite de la plantation. Le labeur traditionnel des femmes de planteurs semble avoir peu affecté Rachel, qui ne se plaint d’ailleurs jamais du travail harassant des femmes décrit par Clinton (1982 : 18-27) ou Blake (1978 : 85-86).

Jackson passait le plus clair de son temps loin de chez lui, et il fallait bien quelqu’un pour gérer un domaine où vivaient, selon les époques, entre vingt et cent trente esclaves, des enfants d’amis ou de parents, voire les pupilles des Jackson, d’autres membres de la famille, des amis. La plantation impliquait des champs à cultiver, des gens et des animaux à nourrir, des vêtements à fabriquer, des transactions à opérer. En règle générale, la maîtresse de la plantation devenait, en l’absence de son mari, la personne sur qui ces responsabilités étaient dévolues, même en présence d’un régisseur (Blake, 1978 : 85). Elle devenait la déléguée de l’autorité du maître et la détentrice de son pouvoir (Clinton, 1982 : 29-33). .:Hermitage:Maîtresse de plantation;

Le rôle de Rachel Jackson apparaît donc déterminant, quoique flou, pour diriger les esclaves et les régisseurs, en dépit des difficultés auxquelles elle devait faire face. Il est très difficile de donner une estimation précise et correcte du travail de Rachel à l’Hermitage. La correspondance ne dévoile que des bribes du fonctionnement de la plantation, mais c’est en comparant les époques qu’il nous est possible de déduire l’influence au moins régulatrice de Rachel Jackson. Clinton, dans son livre sur la maîtresse de la plantation, indique l’importance et la valeur du travail des femmes qui secondaient souvent efficacement leurs maris et prenaient même souvent en charge la conduite des opérations durant leur absence :

‘During the post-Revolutionary era, many planters elected to political office or forced to travel extensively on business confidently left the management of their estates to wives, as well as to overseers. Although they continued to supervise plantation finances—at home and from abroad—many planters allowed their wives total discretion in business affairs during their absence. Even when masters maintained control over planting, crops, and other concerns through postal directives, the daily decisions and business of farming were of necessity left in capable women’s hands when planters were called away (1982 : 30).

:Hermitage:Talent; Rachel semble avoir eu la confiance de Jackson qui lui déléguait bien des tâches sans inquiétude apparente, comme en 1813 : ‘“I leave this entirely to yourself”’ (Moser, II : 372). Les hommes de la famille Donelson épaulaient occasionnellement Rachel, mais on ne voit pas qui d’autre qu’elle pouvait gérer les transactions au jour le jour, selon les instructions de son mari :

‘I must ask you to say to fields to have as much land cleared as he can, take care of my stock, and see that you are comfortable—if Mr Trigg of Gallatine comes for Truxton, on his shewing you my letter and in making his election as to his choice of Terms on papers you will deliver him Truxton and Dinwodie if he wants Dun, for the Season—If Mr Trigg does not call for him Capt David Smith was saying that he would take [hi]m & thought he could do well with him—do my love for the best (Moser, II : 515).

On voit dans ces recommandations la séparation des sphères masculine et féminine, la politique, la guerre et les décisions d’un côté, l’exécution des tâches domestiques de l’autre, telle que la définissent Stowe (1990 : 249) ou Blake (1978 : 82, 85). Stowe souligne également que l’acceptation de ce partage des tâches et des statuts a pour but ultime de garder la cohésion d’une famille écartelée par l’absence du mari. Il explique ainsi la pérennité de l’union de la famille King, dont il traite dans son ouvrage :

‘[The union of the King family] lasted, despite considerable tension, because common understandings withstood the shock of disappointment, separation, death. It lasted because of the profound ability of each member to reinvent meaning within the family and to put up with—even cherish—the knot of intimacy and authority at the heart of their lives together (1990 : 247).

Le processus à l’oeuvre chez les Jackson est similaire. Le sentiment conjugal n’est pas absent de cette force d’adaptation et constitue même la clé de voûte du phénomène. .:Relations Conjugales; La réciprocité de l’attachement des Jackson l’un pour l’autre est formée d’un double “noeud” : l’amour entre homme et femme ; le code social des sphères dans lesquelles ils s’inscrivent. On voit cependant toute l’ambiguîté de la “relation d’affaires” entre les époux. Jackson détaille assez précisément les opérations à traiter ainsi que le mode sur lequel il les veut traitées. En outre, il demande constamment à ses amis d’épauler Rachel ou de lui rendre compte directement de l’état du domaine. Quel était le pouvoir de décision laissé à Rachel en son absence ? Quelle part active prenait-elle à la bonne marche de la plantation ? L’absence de lettres de Rachel pose évidemment un problème documentaire tout à fait aigu qui ne permet en définitive que des suppositions étayées par de trop rares témoignages. Il faut donc se garder de conclusions hâtives et définitives.

Le paternalisme était la règle et Jackson était le maître de son domaine. Mais, ses absences pouvaient s’étendre sur de longues semaines, voire de longs mois durant ses campagnes militaires, par exemple. Les décisions à prendre ne pouvaient attendre un tel délai ni même dépendre d’une correspondance livrée aux aléas de la distribution. Des événements pouvaient surgir et nécessiter l’improvisation. Malgré l’assurance de Jackson, il appréciait souvent la situation d’après les informations qu’on pouvait lui communiquer à distance. Ses ajustements souffraient de ne pouvoir examiner les circonstances exactes nécessitant des prises de décision. Le libre-arbitre et la qualité de son entourage étaient souvent mis à contribution. Dans la lettre déjà citée qu’il écrit à la majorité d’Andrew J. Hutchings (1833), il dresse un portrait de Rachel qui illustre l’étroite collaboration des époux dans la gestion du domaine : .:Hermitage:Talent;

‘recollect the industry of your dear aunt, and with what economy she watched over what I made, and we waded through the vast expence of the mass of company we had. nothing but her care and industry, with good economy could have saved me from ruin. if she had been extravagant the property would have vanished and poverty and want would have been our doom (Bassett, V : 60).

La vision de la femme est ici celle d’une assistante dans l’action de l’homme (she watched over what I made), mais Jackson mentionne à deux reprises son travail sans toutefois préciser ce qu’il entend par ce terme. La gestion de Rachel est également l’objet de sa louange, ainsi que son sens de l’économie, deux qualités indispensables quand on connaît l’hospitalité des Jackson et le volume énorme des invités à l’Hermitage. Ces qualités, sans être malheureusement détaillées plus avant, font également allusion à une participation de Rachel aux activités de la plantation. Toutefois, ce témoignage s’adresse à un jeune homme en âge de se marier. Il est possible que Jackson ait dressé un portrait édifiant de Rachel à des fins pédagogiques. Le doute subsiste.

Rachel Jackson .:Caractère:Matrone; appartient à une génération précédant celle du culte de la “Vraie Féminité” (Welter, 1966) 205 dont la Belle du Sud est le produit extrême. Elle reste du côté rude et pragmatique des pionniers, ayant fait l’expérience de la migration vers l’Ouest dans son adolescence. Andrew et Rachel Jackson étaient des planteurs de la vieille école selon laquelle le rôle de la femme participait plus de l’image active et puissante de la matrone du xviiie siècle révolutionnaire. Hagler 206 voit dans la survivance de l’image de la fermière au xixe siècle l’héritage d’une tradition antérieure : ‘“The farmwife ideal of the nineteenth century harked back to a much older tradition. Women in colonial America and in seventeenth-century England had worked the fields, cared for the poultry, and been solely responsible for the dairy, as well as engaging in numerous crafts”’ (1980 : 416) . Clinton (1982 : 22) affirme en outre que les planteurs sudistes furent très influencés par la renaissance néo-classique de la période révolutionnaire. Les similarités culturelles entre les deux cultures esclavagistes, même à dix-huit siècles de distance, sont étonnantes. Les planteurs imposaient ainsi souvent à leurs femmes le modèle romain de la matrone. À l’inverse, l’idéologie montante du xixe siècle bourgeois tendait à faire des femmes des êtres fragiles et doux aux mains faites pour les salons et non pour le dur labeur de la ferme 207. Selon Clinton (1982), pourtant, la dure réalité des circonstances prenait bien souvent le pas sur l'épure du mythe 208.

Malgré la présence des hommes de la famille, Rachel apparaît comme le seul pivot sur lequel puisse reposer les activités de l’Hermitage, à la fois par son statut de maîtresse, .:Hermitage:Maîtresse de plantation; mais aussi par sa présence régulière à la plantation. Stowe réaffirme clairement la position des femmes par rapport au travail :

‘That plantation mistresses worked, and that political ambition inspired most elite men far more than planting, is generally well-known but needs emphasis here as central to their vision of marriage. Women frequently were the daily managers of plantation affairs (1990 : 127).

Le terme capital ici est “quotidien” (daily). Ce ne sont pas les grandes décisions qui nécessitent une présence continue à la plantation, mais la gestion quotidienne des problèmes pratiques et humains de l’existence. Par exemple, Jackson laisse le soin à Rachel de régler la vente d’un esclave devenu trop rebelle : ‘“I am sorry Sandy has turned out such a rascal as Colo. Hays advises me—I hope the overseer has done his duty, and amply punished him—Colo Hays has stated that Mr Watson would give five hundred dollars for him—I leave this entirely to yourself”’ (Moser, II : 372). La décision à prendre appartient à Rachel, après que tous les rouages du mécanisme esclavagiste ont été examinés : l’admonestation par l’ami de Jackson, la punition par le régisseur et les contacts pris avec un acheteur potentiel (la vente de l’esclave était le recours ultime face à son insubordination ; Blassingame, 1979 : 277). La référence aux trois pôles d’autorité pour le propriétaire absent montre la dynamique de l’économie relationnelle liée à la gestion de la ferme, limitant de fait l’autonomie décisionnelle de la femme.

Stowe souligne que, malgré la distance, l’homme continue d’exercer sa suprématie : ‘“A man was apt to see such work as part of a mutual effort that he directed from afar, making the major decisions”’ (1990 : 127). La préférence des projets grandioses ou à long terme aux vicissitudes du quotidien peut avoir submergé Jackson au temps de ses campagnes militaires, alors qu’il avait le sentiment d’oeuvrer pour la nation et l’Histoire. En 1814, pendant la guerre, il écrit avec emphase à Rachel : ‘“[O]n the subject of my private & domestic concerns you & Colo. Hays, with Mr. John Hutchings must regulate it—I have not time to spend many thoughts upon worldly pelf or geer”’ (Moser, III : 20). Cependant, il serait impropre de généraliser cet exemple aux autres périodes de son existence. D’ailleurs, la citation ne représente même pas une constante de ces années-là. Au contraire, Jackson gardait un oeil vigilant sur les détails de son exploitation en sus de ses tâches officielles. Rachel et son entourage étaient d’utiles relais pour garder le contrôle sur son domaine.

Dans la lettre citée plus haut, il semble que Hays (le beau-frère) soit le rapporteur des tensions au sein du domaine, alors que le régisseur ne paraît pas avoir avec Jackson une correspondance suivie, puisqu’il n'est même pas nommé et existe en tant que fonction uniquement, sans relation directe avec le maître 209. En outre, son action est incertaine (I hope the overseer has done his duty), le maître ne lui fait pas entièrement confiance et n’avait pas le moyen d’exercer de pression sur lui autre qu’un renvoi à la fin de l’année. Jackson tient ses informations de Hays et non de Rachel qui ne semble pas avoir communiqué les problèmes de gestion à son mari.

Stowe apporte peut-être un élément de réponse à ce silence, selon lui typiquement féminin : ‘“For women there was no need to prove the importance of what they were doing”’ (1990 : 127). Toutefois, il ne précise pas si les femmes ne voyaient dans leur travail que la part du labeur leur étant réservée, ne nécessitant pas de discussion entre époux ; ou bien si la retenue qui devait leur être par convention, naturelle, les empêchait d’exposer leurs activités par écrit. C’est que l’idéologie du temps imposait la modestie (c’est-à-dire l’effacement) comme une qualité première (Stowe, 1990 : 80 ; Clinton, 1982 : 190). Jackson, lui, s’en remet à sa femme, en lui laissant l’entière responsabilité de régler l’affaire (I leave this entirely to yourself). Ici, c’est plutôt l’homme qui coupe court à la discussion en se déchargeant sur sa femme. Malgré le manque de documents attestant positivement de son activité soutenue, Rachel travaillait depuis les débuts à la direction de la plantation, si l’on se fie à une référence indirecte faite dans une lettre de 1799 par Jackson :

‘I am truly Sorry to learn from that letter, that you are not well, but I sincerely hope that you are much better than when I left you. (...) one thing I do request you, not to fatigue yourself, let business stop rather than you Should Either fatigue or fret yourself (Smith, I : 223).

Le paternalisme de cette phrase est comique à deux points de vue : on ne voit pas comment le travail pourrait être interrompu dans une exploitation où vivent humains et animaux ; Jackson avait beau jeu de professer une baisse d’activité à Rachel, quand on connaît l’état d’épuisement physique dans lequel il se trouvait périodiquement, ce que sa femme savait lui faire remarquer à son tour, comme ce 21 mars 1814 : ‘“I feare you are forgitfull of your Dear self”’ (Bassett, I : 482-84). Clinton mentionne cette pratique apparemment courante chez les planteurs : ‘“The plantation mistress was often over-burdened by a husband’s numerous directives, while being admonished not to exert herself” ’(1982 : 32). On a pu voir dans les missives de Jackson que cette pratique affectait également les relations entre Andrew et Rachel Jackson.

Pour revenir à la situation de 1814 (durant la guerre) et de la répartition des tâches entre les trois gestionnaires de la plantation (Rachel, Hutchings , Hays ), on ne connaît pas bien les responsabilités de chacun. Si Rachel avait eu l’habitude de ne rien faire, aurait-elle été sollicitée pour s’occuper de la plantation avec ses beaux-frères ? Probablement pas, mais il se peut que Hays ait arrangé l’accord avec l’acheteur, cette opération nécessitant transport, tractation et discussion, des activités externes au lieu clos de la plantation, et plus généralement réglées par les hommes (Cashin, 1991 : 82 ; Clinton, 1982 : 176). Une telle opération fut d’ailleurs traitée par le grand ami du couple, John Coffee , à la demande de Jackson :

‘I have enclosed to Mrs Jackson my certificates for my attendance as Judge at Jonesborough and Knoxville, on which there is two hundred Dollars due, I wish you to be good anough to apply to her for them and Draw the money for her (Moser, II : 14).

L’absence de raison explicite pour lesquelles Rachel ne pouvait pas effectuer ces opérations elle-même indique qu’il n’était pas de sa sphère d’aller chercher deux cents dollars à la banque de Nashville ; une raison culturelle inutile à signaler car évidente pour tout le monde. On sait par ailleurs que les femmes ne pouvaient se déplacer sans être accompagnées d’un homme, fût-il un esclave (Clinton, 1982 : 176).

Néanmoins, l’agencement spatial de la plantation était confié à Rachel, ainsi qu’en témoigne la disposition d'une cabane destinée à de nouveaux esclaves. Cette fois-là, les esclaves étaient des femmes, ce qui semblait nécessiter un arrangement spécial pour éviter les conflits :

‘I hope to be able to sell some of them on the way at good prices—but many of them I Shall be obliged to bring home and as most of that number will be females I leave you to point out to Mr. Fields where to have the house built for them (Moser, II : 272).

:Hermitage:Esclaves; Cette préoccupation des relations au sein de la communauté servile était l’apanage de la femme qui avait également en charge la gestion des relations humaines au sein de la plantation. L’idéologie promouvant la fibre maternelle des femmes, le rôle médical leur était dévolu, comme l’affirme Clinton : ‘“Plantation mistresses were dedicated to preserving the health and well-being of slaves on the plantation”’ (1982 : 187). Toutefois, un visiteur, John Jennings Moorman, se rappelle avoir accompagné Jackson lui-même dans une cabane d’esclaves après qu’un jeune enfant eut été étouffé par les deux femmes avec qui il dormait dans le même lit. Jackson tenta en vain de le ranimer. Le témoin ajoute qu’il vit le général réconforter la mère de l’enfant décédé sans lui adresser de reproche (memorandum, 1996, archives de la Ladies’ Hermitage Association). Le statut de Jackson explique sans doute la publicité de cette visite aux esclaves. Personne n’ira écrire dans un journal que Rachel se rend chez les esclaves pour les soigner, un fait normal et attendu par les contemporains 210.

Jackson était sans doute très conscient de ce que la plantation devait à Rachel (quel que fût son rôle), et c’est pourquoi il fait à Hutchings le portrait de la femme que le jeune homme doit épouser..:Hermitage:Compétence; Nous donnons enfin, après l’avoir tronqué pour les besoins de notre propos, le paragraphe entier qu’il adressa à son pupille :

‘One word to you as to matrimony—seek a wife, one who will aid you in your exertions in making a competency and will take care of it when made, for you will find it easier to spend two thousand dollars, than to make five hundred—Look at the economy of the mother and if you find it in her you will find it in the daughter—recollect the industry of your dear aunt [Rachel Jackson], and with what economy she watched over what I made, and—if she had been extravagant the property would have vanished and poverty and want would have been our doom. Think of this before you attempt to select a wife—when you can find such, and I think you can, then would I say to you that you cannot too soon settle yourself (Bassett, V : 60).

Quoi qu’aient été les atttributions et l’implication de Rachel dans la gestion de la propriété, elle y a joué un rôle et bénéficiait de la confiance de son mari qui lui adjoignait chaque fois qu’il le pouvait un proche de la famille afin de l’épauler. Le désir de préserver sa santé et son bien-être poussaient Jackson à agir ainsi, en raison des nécessités inhérentes à la bonne marche de la plantation. La compétence de Rachel n’est jamais mise en cause dans les lettres et il est peu probable que Jackson y eût fait allusion en cas d’erreur. Tout en gardant le contrôle des opérations, il confiait souvent leur réalisation à Rachel. Une confiance existait qu’il n’accordait que parcimonieusement à quelques amis intimes. La catégorie d’hommes à laquelle il faisait le moins confiance demeurait toutefois celle des régisseurs, censés pourtant remplacer le propriétaire absent dans la gestion agricole de la propriété.

Notes
204.

Ce terme, inadéquat pour une exploitation de cette importance, est explicité dans l’étude intitulée “L’Hermitage” (VI : 426).

205.

Welter écrivit son article à partir de magasines féminins de l’époque, mais aussi à partir des écrits féminins tels que mémoires, journaux intimes, etc. Elle identifie les quatre attributs de ce culte de la Vraie Féminité comme suit : “The attributes of True Womanhood, by which a woman judged herself and was judged by her husband, her neighbors and society could be divided into four cardinal vertues—piety, purity, submissiveness and domesticity. Put them together and they spelled mother, daughter, sister, wife—woman. Without them, no matter whether there was fame, achievement or wealth, all was ashes. With them she was promised happiness and power” (1966 : 152).

206.

Hagler (1980) précise que les deux images cohabitèrent dans le Sud d’avant-guerre : certains professaient un idéal féminin éthéré (voir le culte de la “vraie féminité”) que d’autres, et notamment les journaux de conseils agricoles, plus pragmatiques, rejetaient en mettant en avant les besoins quotidiens de la ferme ou de la plantation. Hagler souligne qu’en général, un panachage des deux était la norme et l’exigence.

207.

L’oeuvre des historiennes et des historiens des deux dernières décennies tend à montrer que dans l’Ouest pionnier, les femmes des planteurs s’identifiaient bien souvent plus à la terre qu’à l’éther (Cashin, 1991).

208.

Ceci concerne surtout le mythe de la “Southern Belle” et de la “lady”, extrêmement éloigné de la dure réalité quotidienne de la ferme. Catherine Clinton (1982) affirme que les hommes laissaient non seulement à leur femme la direction du domaine en leur absence mais la gestion interne quotidienne de la plantation tombait dans le domaine d’attribution de la maîtresse, un travail éreintant que Clinton qualifie de “service domestique non rétribué” (19).Voir son chapitre intitulé “Slave of Slaves”, 16-35.

209.

Voir infra les pages 193-196 concernant les régisseurs.

210.

Voir également un épisode similaire relaté dans le Nashville Republican du 3 septembre 1825 et reproduit dans notre étude intitulée “L’Hermitage” (VI : 511).