Rachel et Andrew Jackson : “I will fly on the wings of the purest attachment”

Les Jackson entretinrent leur vie durant un attachement profond l’un à l’autre.:Relations conjugales; , ainsi que l’affirme un témoin anonyme cité par Parton : ‘“Their affection for each other was of the tenderest kind. The General always treated her as if she were his pride and glory, and words can faintly describe her devotion to him”’ (III : 161). . Jackson; Il ne reste que 43 lettres de Rachel répertoriées (Moser et al., 1987 : 176-178) qui donnent une voix à cette femme finalement mal connue. Rachel y exprime un amour profond pour son mari, rendu plus aigü par les absences chroniques de celui-ci. Rachel en souffrait beaucoup. Jackson répondait à son angoisse par l’assurance de ses sentiments, mais ne manquait pas de mettre son devoir envers le pays avant le bonheur conjugal. Malgré l’attachement réel de Jackson à sa femme, la correspondance révèle ainsi .:Souffrance:le “gouffre émotionnel”; entre mari et femme dont parle Wyatt Brown 218 (1983 : 273).

Les hommes et les femmes de l’élite sudiste vivaient dans deux sphères dont il était difficile de réconcilier les attentes, en particulier lorsque le mari exerçait une activité publique qui requérait son absence de la plantation. Scott (1970 : 34) .; montre que la plupart des femmes demeuraient soumises à l’autorité de leurs maris, souvent cloîtrées chez elle : ‘“For most Southern women the domestic circle was the world”’ (Scott, 1970 : 42). Les désirs des unes et des autres ne s’accordaient que rarement, tant les codes, les demandes sociales et les activités différaient.

Pourtant, contrairement à l’avis de Wyatt-Brown précédemment cité, il pouvait exister des relations très fortes dans les couples, surtout lorsque le mari était souvent absent : ‘“Given the handicaps under which women suffered, the surprising thing is not that so many marriages were miserable, but that so many were happy over long periods of time”’ (Scott, 1970 : 42). L’exemple des Jackson démontre une complicité constante, malgré des séparations nombreuses et déchirantes. Le 26 mai 1803, Jackson concluait une lettre à Rachel en ces termes : ‘“Accept of the best wishes of a Tender and affectionate Husband for your health and happiness, from yours”’ (Smith, I : 331). Ces mots n’étaient pas seulement des formules de politesse conjugale. L’affection qui unissait les Jackson n’avait pas besoin de l’injonction émise par Benjamin Wadsworth en 1712, dans un manuel puritain sur les devoirs conjugaux :

‘They should have a very great and tender love and affection to one another. This is plainly commanded by God. Husbands love your wives, even as Christ also loved the Church. That is, with a great, steady, constant, operative love (...) This duty of love is mutual 219 (Scott & Wishy, 1982 : 86).

Bien qu’ils aient vécu un amour également fort, les Jackson ne le pensèrent jamais comme un devoir. Toutefois, cet attachement se construisit dans l’absence, le manque et la douleur de Rachel. Dans ce contexte, la correspondance s’inscrit comme un palliatif indispensable au couple séparé, voire un type différent de relation conjugale.

Notes
218.

Wyatt-Brown écrit : “The emotional chasm between husband and wife was then much greater than today.”

219.

 Benjamin Wadsworth, The Well-Ordered Family, or, Relative Duties, (Boston, 1712). Les caractères en typographie normale correspondent aux italiques du texte cité (et vice versa).