La gestion du patrimoine des mineurs

Nous l’avons vu, les enfants recevaient déjà des préceptes de conduite très tôt dans leur existence. Le tracé de leur situation était établi, pour ainsi dire, à leur naissance, avec la même fixité qui dominait l’ensemble de la société sudiste. Chacun naissait avec le statut qui serait le sien dans la vie adulte. C’est pourquoi la gestion des avoirs de succession occupait les tuteurs depuis le premier jour jusqu’à la majorité des pupilles. Jackson était le tuteur des fils Donelson (les neveux de sa femme Rachel), mais il fut également nommé administrateur des biens de leur père. Cela impliquait des litiges avec les créditeurs et les débiteurs de Samuel, la gestion des affaires en cours avec tous les partenaires économiques du défunt et la poursuite des investissements (Moser, II : 546, 547, 552). On a vu dans l’étude intitulée “Les hommes du Tennessee” (II : 134-154) les affaires innombrables que ces hommes traitaient en même temps, et il est aisé d’imaginer les imbroglios juridiques causés par le paiement ou le recouvrement des dettes, la liquidation des biens, la vente des avoirs, la gestion du patrimoine.

Comme pour les biens de Samuel Donelson, Jackson veilla également aux intérêts des enfants Butler qu’il avait recueillis en 1803 . Il tenta pendant de nombreuses années de faire valider le droit des héritiers à des titres fonciers en Pennsylvanie. Il réglait aussi les dettes qui pesaient sur le patrimoine 307. Il existe même une lettre de Jackson à Isabella Butler Vinson datée du 9 mai 1817 (Moser, IV : 114-15), où il s’excuse de ne pouvoir subvenir pécuniairement aux besoins de la mère de ses pupilles car l’éducation des enfants coûtait cher et ses ressources étaient, disait-il, limitées 308. Cet exemple montre que la protection d’un patriarche pouvait s’étendre à des personnes n’ayant qu’un lien très distant avec sa famille de sang, mais il prouve également qu’une attention rigoureuse à l’intérêt des pupilles présidait à chacune de ses décisions.

Notes
307.

Voir la procuration remise à James Stephenson pour régler le contentieux des terres de Pennsylvanie (Moser, II : 522), ainsi que la lettre de James O’Hara faisant mention des dettes pesant sur les biens de Butler (Ibid, 556). Enfin voir “Agreement between William P. Anderson, William B. Vinson, Robert Bell, and AJ re Edward Butler’s estate”, un accord entre les beaux-frères et l’exécuteur testamentaire en faveur de la vente des biens, comme l’atteste un reçu en faveur d’Eliza Butler, (Ibid., 557).

308.

Voici un extrait de la lettre de Jackson à Isabella Vinson :“I regret My Dear Madam, yea, I much regret your present, unpleasant & unfortunate situation, & will with pleasure, yield every aid in my power to relieve you, , but when you reflect the situation of some of my near connections & how much they want, pecuniary aid, added to the sums necessary for the support of those, of an advanced age, now finishing their education, you will readily conceive, my streitened circumstances with regard to funds, when I add, that my farm for years has been unproductive” (114).