Jackson envoya tous ses pupilles à l’université de Nashville (qui dispensait également de l’enseignement primaire et secondaire), dans les grandes institutions de la côte Est, ou à West Point, considéré comme la voie royale pour tout serviteur de l’État 360. En qualité de premier soldat du pays, Héros de la fameuse victoire de la Nouvelle-Orléans, il lui fut plus aisé au sortir de la guerre de proposer ses pupilles à l’entrée de l’institution militaire et d’y chercher, nous l’avons vu, le soutien de son président. Andrew J. Donelson fut sans doute le plus brillant de ses pupilles masculins et la correspondance de l’oncle et du neveu durant les années d’apprentissage du jeune homme relatent précisément les rapports qu’entretenaient l’oncle et le neveu, ainsi que l’attitude de Jackson en tant que mentor. Mais son comportement envers l’attitude difficile d’Andrew Jackson Hutchings montre une affection capable de transcender les “extravagances” de jeunes gens aux prises avec leur fin d’adolescence et leur entrée dans le monde des adultes.
Steven Stowe décrit ainsi les attentes parentales à l’orée de l’âge adulte : ‘“[Y]oung planter-class men also received advice pushing them to grand achievements no matter what. Manhood was not to be found in a passive wish for harmony”’ (1990 : 156). Jackson est plus mesuré dans ses espoirs et sa rhétorique. On peut même dire que ses attentes envers ses jeunes pupilles restent très conventionnelles. Dans un mémorandum non daté, mais sans doute rédigé au printemps 1832, Jackson rappelle son devoir à Junior qui s’apprêtait à regagner le Tennessee avec sa jeune femme :
‘you will have now to begin to learn the wants of a family and supply it. This will require oeconomy and care, which you will have to learn and attend to, if you expect to get thro life well—by always knowing your means, and living within them, you will get well thro life. This has been my rule and I recommend it to you (Bassett, IV : 431). ’Ces conseils de prudence et de sérieux étaient prodigués également à Andrew Jackson Hutchings, le pupille qui créa le plus de difficultés à Jackson. Toutefois, Hutchings rentra finalement dans le rang et devint un planteur consciencieux. Le résultat satisfaisait pleinement Jackson, comme il l’écrivait à Mary Coffee le 15 septembre 1833 :
‘I have just received a letter from A. J. Hutchings—he begins to write like a man who reflects well and draws just conclusions. I have now confidence that he will become a worthy member of society and manage his estate with economy and care. His views of his future course are founded on wisdom and if carried into effect will insure his happiness (Bassett, V : 188). ’Cette lettre n’était pas dénuée d’arrières-pensées quand on sait qu’Hutchings épousa Mary Coffee l’année suivante. D’ailleurs, Jackson voyait dans le mariage le moyen de calmer le bouillant jeune homme : ‘“I have long advised him to settle himself. that he will never do until he marries, which I have long since advised him to do. If I could hear of his being well married I would be satisfied (...) I am sure he would make his wife and family happy”’ (Bassett, V : 188). Jackson pouvait parfois se révéler le meilleur des entremetteurs.
Le 7 juin 1834, après le mariage de Hutchings . Hutchings;avec Mary, Jackson lui adressa une sorte de bilan où il se félicitait du comportement de son pupille face à ses nouvelles responsabilités :
‘I know you must be happy with as amiable a wife as Mary. if you ever are not so, I am sure, Andrew, it must be your fault ; but you are happy and those anxieties, which I often felt in your minority that you should come into life, well, are all banished from my mind, and I am now sure you will realise my best wishes by becoming not only a respectable, but valuable member of society—for which my councils were given, and my prayers ascended to heaven, and have thus far be heard. the balance, my dear Andrew, rest with yourself to realise, referring you to my former advice, if attended to, must ensure it (Bassett, V : 269). ’La réussite du jeune homme dépend tout autant de ses propres talents que de son attention aux conseils prodigués par ses aînés. Entre conformité et initiative personnelle, la voie à suivre apparaissait comme un compromis entre les aspirations de l’individu et les obligations sociales liées à sa caste. Jackson détaille ainsi les éléments propices à l’épanouissement du jeune planteur :
‘Present my love to Hutchings, say to him, that I have regretted his failing to write me, as he promised when he last left me at the Hermitage. Whatever he may think, I know I have performed all my pledges to his father on his dying bed, and to bring him into life, with a good education, pure morals and a good estate, has been a subject of great attention, and much solicitude, and to hear of his prosperity, happiness, and good standing in society will be a source of high gratification. his welfare has been my last, and greatest solicitude, and my prayers will be continued for his long life, and prosperity (Bassett, V : 31). ’L’éducation, la moralité et la fortune assurent la prospérité, le bonheur et la réputation. La vie du planteur repose sur ce double triptyque . Le mentor est responsable de ce résultat et doit employer toute son expérience à fournir au jeune homme les moyens pour l’atteindre. Dans ce but, Jackson s’attacha à organiser rigoureusement le parcours de ses protégés afin de leur donner les plus grandes chances de réussite dans leur vie future.
Les filles fréquentèrent les académies, à Nashville, Charleston ou Philadelphie, dans l’optique domestique réservée aux jeunes femmes de cette époque. La femme était vue à travers le “culte de la Vraie Féminité” décrit dans les magasines et les publications religieuses du xixe siècle (Welter, 1966 : 151). L’éducation visait ainsi à les transformer en de plaisants ornements de salons, mais ne devait pas les empêcher de remplir les tâches domestiques afférentes à leur condition : “a true woman’s education was never “finished” until she was instructed in the gentle science of housemaking” (Welter, 1966 : 166).