Le caractère

Définitions

Le Larousse donne les définitions suivantes du “caractère”, dont l’étymologie laisse déjà entendre tout l’aspect sédimentaire auquel ce concept est rattaché :

‘> grec, graver ; v. 1200, “empreinte”
1. 1- trait gravé, écrit
2. 1-signe distinctif, marque particulière qui signale à l’attention une chose ou une personne, qui en exprime l’attrait remarquable ;
4-(sans complément ni adj. qual.) trait ou ensemble de traits donnant à quelque chose son originalité ;
3. 1-ensemble de traits psychologiques et moraux d’une personne, des tendances qui conditionnent le comportement particulier d’un animal ;
2-ensemble des dispositions innées qui constituent la structure psychique d’un individu
3-aptitude à affirmer vigoureusement sa personnalité, à agir avec décision (1989 : 270-271).

Ces définitions traitent bien sûr de “caractères” différents, mais il est frappant de reconnaître dans chacune d’elles des bribes de ce que les Sudistes entendaient dans ce terme. Nous aurons l’occasion d’illustrer notre propos plus tard dans le texte. Notons tout de même l’intrication du psychologique et du social, de la norme imposée et de l’individualité, des thèmes que nous ne cesserons de voir ressurgir dans cette discussion. Les définitions que donne le Webster’s sont similaires, mais le dictionnaire américain fournit quelques synonymes qui ne sont pas inintéressants de citer ici :

‘5. a dictinctive trait, quality, or attirbute; characteristic
6. essential quality; nature; kind or sort.
8. moral strength, self-discipline, fortitude, etc.
9. a-reputation; b-good reputation
11. status, position (1988 : 235).

Les “dispositions innées” du Larousse deviennent la “nature” pour le Webster’s qui ajoute aux définitions françaises celles qui correspondent plus précisément à notre étude, celles de réputation, de bonne réputation (essentielle ici) et celle de statut et position que le Larousse ne mentionne pas. On pourrait gloser longtemps sur l’étymologie du mot, sur cette “empreinte” gravée au fond de l’individu comme une écriture interne et constitutive, ces “traits” définis par le dictionnaire. Ricoeur (1991 : 146) en décrit le processus de constitution par ce qu’il appelle les “identifications acquises” qui sont autant de “sédiments” déposés au cours de la vie des individus par les processus d’apprentissage d’évaluation et d’identification, “par [lesquels] de l’autre entre dans la composition du même.” C’est-à-dire que le sujet engrange à l’intérieur de lui-même des savoirs, des principes, des comportements qui lui sont présentés par sa culture et s’accumulent, se déposent progressivement en strates. Ces apports sont intégrés dans la personnalité sous forme de “dispositions acquises”, ce qui fait dire du caractère qu’il est “le signe distinctif à quoi on reconnaît une personne”, “par quoi la personne se rend identifiable et réidentifiable” (Ricoeur, 1991 : 195).