Atmosphère

Issus le plus souvent de milieux sociaux élevés ou influencés par le renom de leur hôte, les visiteurs s'étonnaient de la “simplicité” de l’Hermitage, de son caractère pratique et sans ostentation :

‘His house is large, but very plain—the furniture, what in America is termed “elegant,” in Great-Britain “decent.” The grounds around the house are not laid out with any pretention to taste; I do not recollect that I have ever known an estate where nature has done so much—that art has contributed so little to adorn (The Pittsfield Sun, 2 juillet 1829, p. 2).

L’Hermitage néo-classique que nous connaissons aujourd’hui ne fut construit qu’en 1831. Toutes les réactions antérieures font référence à la maison en brique construite en 1821. Un autre visiteur écrit : ‘“We halted in front of a large gate, which led into a yard covered with blue grass and shaded by black locusts, to a spacious brick building, nearly in the form of a square”’ (Nashville Republican, 3 septembre 1825). Jackson semble avoir été conscient de l’absence d'ornementation qui s'oppose, par exemple, à la minutie avec laquelle Washington avait créé la splendeur esthétique de Mt Vernon. Le 1er juillet 1843, un témoin rapporte indirectement une remarque du gentleman farmer : ‘“The General complains himself that he has not cultivated a taste for rural elegance”’ (Nile's Register, , v. 64, n° 18, p. 279). Ceci explique peut-être en partie les transformations opérées en 1831, lorsque Jackson résidait à la Maison-Blanche.

Cependant, même plus tard, d’autres observateurs conservent le même regard. Moore fait l’équation de l’homme et de son logis : ‘“The Hermitage looks like Andrew Jackson, strong, unpretentious, simple, grand”’ (1845 : 145). Pourtant, cette élégance “naturelle” était le fruit, à cette époque (les années 1830-1840), du labeur journalier d’une centaine d’esclaves. Un autre visiteur fait état de l’équilibre entre un environnement “cultivé” et une nature laissée raisonnablement à elle-même :

‘The grounds immediately around the house are shaded by locusts, catalpas, sugar trees, &c., interspersed with cedars and shrubbery, and at this moment are as fragrant with flowers as the groves of orange or the coton plantations of Cuba. On one side of the lawn (...) is the garden which embosoms the monument which covers the grave of Mrs. Jackson and that prepared for himself (...) the other side of the lawn is the orchard; and in front is a large woodland (whose extent cannot be seen) for the most part of the tall poplar tulip poplars, which are left almost in a state of native wildness. In the rear, on a smooth velvet pasture, rolls out a spring, or rather a flood of lurid cool waters which bring a peculiar darkness to the green of the foliage by which the fountain and stream are overshadowed (Nile’s Register, v. 64, N° 18, 1er juillet 1843).

Comme bon nombre d’autres “Grandes Maisons” sudistes, l’Hermitage après 1831 affichait sans vergogne la richesse du maître, dressant clairement la barrière sociale entre ce dernier et ses esclaves (McKee et al., 1992 : 174). Le visiteur précédemment cité concluait sur l’adéquation de la maison à son propriétaire, excusant celui-ci de son manque d’éducation paysagère : ‘“his farming is like his fighting, for, although not done by rule, it turns out well”’ (Nile’s Register, 1843). Contrairement à cette opinion, Jackson, nous l’avons vu à plusieures reprises, respectait souvent les conventions, même si son orgueil et sa volonté le distinguaient parfois de la norme.