Le premier Hermitage

Genovese rappelle un fait que l’idéologie et la mythification du Sud ont contribué à occulter :

‘The overwhelming majority of the big planters, as well as the moderate to small planters, lived in simple two-story log houses, tolerably spacious and comfortable, but hardly the mansions of Gone with the Wind and the plantation legend (1976 : 532).

Un grand éventail de conditions de vie s’offrait aux planteurs, indépendamment même de leur richesse. L’accès à un confort plus ou moins grand dépendait du lieu et de l’ancienneté de résidence, mais aussi de l’environnement. La frontière offrait rarement des conditions acceptables. Les femmes souffraient davantage de ces conditions en raison de leur présence constante dans la maison, surtout celles dont le mari avait décidé de quitter le confort des États côtiers pour l’aventure opportuniste de la frontière du Sud. Joan Cashin résume ainsi le sentiment dominant de ces nouvelles pionnières des années 1820-1830 :

‘Planter women were shocked by the conditions of their new homes. Most families lived in tents when they first arrived and then moved into log cabins with floors made of hard-packed earth or wooden planks. Many cabins had only a single room, while others consisted of two rooms linked by an open breezeway or “dog trot”; some were crawling with spiders and insects (1991 : 66).

Rachel Jackson dut avoir une réaction différente, car elle avait connu ces dures conditions depuis l’âge de treize ans, mais elle avait passé son enfance dans une plantation douillette de Virginie. Le sentiment alors, et les conditions d’installation dans une région vierge d’occupation blanche, durent être très similaires à celles décrites par Cashin 489.

L’Hermitage était surtout le lieu familial par excellence et Jackson nourrissait pour les membres de son clan une dévotion souvent touchante. De la vie quotidienne à l’Hermitage Andrew Jackson était la source et l'inspiration, comme le lui écrit Rachel : ‘“the stock wants ther Masters Eye all your household regrets your absence all wishing & praying your Return”’ (Moser, II : 362). Une remarque à laquelle Jackson lui-même fait écho quelques jours plus tard : ‘“I have no doubt but my presence at home would be agreable to all—and beneficial to our interest ”’ (Moser, II : 372). Il ne parle pas ici de son propre sentiment sur ce retour...

Notes
489.

Voir la conclusion du journal tenu par le père de Rachel, John Donelson, jusqu’à leur arrivée sur le site de la future Nashville : “Though our prospects at present are dreary, we have a few log cabins which have been built on a cedar bluff above the Lick” (cité dans Heiskell, 1919 : 111).