Les bâtiments

La maison fortifiée

La question des bâtiments en ce qui concerne le premier Hermitage est difficile à résoudre, car la documentation est rare et les avis sur la question, partagés. D'aucuns affirment que Jackson fit construire sa cabane en rondins avant d'y emménager, d'autres pensent, en se fondant sur les livres de comptes et les témoignages, qu'une maison fortifiée (blockhouse), antérieure à son arrivée, était issue de la période pionnière où les premiers colons du Tennessee subissaient la résistance armée des Indiens à leur installation. Les auteurs sont au moins d’accord sur la forme du bâtiment. Voici la description, standard, qu'en donne Parton :

‘A square, two story block house was General Jackson's first dwelling-place on the Hermitage farm. This house, like many others of its class, contained three rooms; one one the ground floor, and two up stairs. To this house was soon added a smaller one, which stood about twenty feet from the principal structure, and was connected with it by a covered passage. 495 (I : 307).

Brigance reproduit le témoignage de Sarah Chidress Polk, la femme du dixième président, qui fréquenta l'Hermitage dans les premières années. À 71 ans, Mme Polk s'était confiée à Augustus Buell (1904) 496 dans les années 1870. Voici le résumé qu'en donne Buell dans sa biographie de Jackson :

‘It was a group of log houses in close proximity to each other. The principal one had been built for a block-house in the days of Indian alarms, afterward used as a store and, about 1804, converted into a dwelling. It, like all blockhouses, was two story high. Near it were three smaller log houses, one story high with low attics. These were used as lodgings for members of the family or guests. The main buildings—the former blockhouse—had on the first floor one very large room with huge fireplace capable of taking in a good-sized load of wood at a time. A lean-to had been built on at the back containing two rooms, one of which was used as the family sleeping apartment, the other as a pantry—or “buttery”, as the phrase was then. But the great room, about twenty-four feet by twenty-six, was at once kitchen, dining-room, sitting-room and parlor, and the large table that stood in the middle of it, capable of sitting twelve to fourteen people comfortably, was always set. In this house, or group of houses, the Jacksons lived from 1804 to 1820 (cité dans Brigance, 1976 : 36).

Même si les années et les témoignages des autres ont pu altérer la mémoire d'une femme qui n'était qu'une très jeune enfant quand elle vint à l'Hermitage, les souvenirs de ce témoin oculaire sont précieux. Elle affirme que la maison fortifiée était bien là en 1804, ayant servi de magasin avant l’emménagement de Jackson. Le recyclage des bâtiments est caractéristique puisque le premier Hermitage sera transformé en cabane pour les esclaves après la construction du Second en 1819-21.

Brigance précise la différence possible entre une simple cabane en rondins et ce que nous avons traduit par maison fortifiée :

‘The term blockhouse was used in some instances to distinguish the square-log style house from the cruder logs-left-in-the-round style, but it was also used much more widely for the kind of fortification that was somewhat bullet proof and sometimes standing alone as an isolated standpoint. (1976 : 30).

Brigance et les archéologues du Tennessee apportent un élément nouveau qui tendrait à confirmer les descriptions présentées plus haut. En effet, on retrouve trace de cet édifice du côté des cabanes d’esclaves.

Notes
495.

James s’inspire visiblement de Parton et ajoute quelques détails puisés sans doute dans quelqu’autre bâtisse du même type : “one great room downstairs, puncheon floor, hewn joist overhead, blackened by the smoke of the fireplace that would devour a cord of wood on a wintry day, two rooms above and detached kitchen. Twenty-five feet away and connected by a passage Jackson built another log house for guests” (1938 : 99). Bassett présume également de l'existence d'une maison fortifiée à l'arrivée des Jackson. Il ajoute la vente d'un grand nombre d'esclaves qui n'est pas mentionnée ailleurs. Il n'avance aucune preuve tangible pour confirmer ses affirmations.

496.

Augustus C. Buell. History of Andrew Jackson (New York, 1904). La biographie de Buell est très controversée, car Buell a pris bien des libertés avec son sujet, comme le montre l’article de Milton W. Hamilton. “Augustus C. Buell, Fraudulent historian,” The Pennsylvania Magazine of History and Biography (1956), LXXX, 478-492. Nous avons cité Buell uniquement lorsque ses écrits étaient corroborés par d’autres études fiables (voir ci-dessous).