Description

Il est presqu’aussi difficile de trouver une description contemporaine précise de la nouvelle demeure que de l’ancienne. Le chapitre quarante-sept du deuxième volume écrit par James Parton (1861) est intitulé “The New Hermitage and its Inmates”, pourtant, le biographe ne révèle rien à propos de l’Hermitage et passe le chapitre entre la description de Nashville en 1860 et quelques anecdotes sur le caractère de Jackson. Remini donne, lui, une description de la maison 506 :

‘This was a large two-story brick house, nearly 90 feet across and almost 100 feet in depth. From a small porch, a long hall ran the length of the house with parlors on either side of the main entrance. Behind the left parlor was the dining room, with the kitchen in a small building immediately to the rear of the main house. There was a bedroom (occupied by the General and Rachel) behind the parlor on the right side along with several other sleeping rooms on the second floor. A sweeping staircase at the rear of the main hall connected the two stories; so did a smaller and narrower one tucked away on the far right of the building (I : 379-80).

Cette description reflète très exactement celle de toutes les maisons construites à cette époque. Toutefois, McKee (1992 : 175) conteste une partie de ses affirmations, concernant notamment les mesures de la maison et l’historique de la construction, sans illustrer son propos. Personne n’a été déçu par la maison comme le secrétaire et beau-fils du Marquis de Lafayette, Levasseur, qui, en bon gentilhomme français, voyait là une faute de goût surprenante de la part d’un héros si louangé par ses contemporains :

‘The first thing that struck me on arriving at the residence of Gen. Jackson, was the simplicity of his habitation. Still a little governed by my European habits, I demanded if this could really be the dwelling of the most popular man in the U. States; of him whom the country proclaimed one of its most illustrious defenders; and in fine, of him who, by the will of the people, had been on the point of arriving at the Supreme Magistracy! (New York Evening Post, 23 octobre 1829)

En effet, le style de la maison datait de l’époque révolutionnaire, lorsque le style anglais d’inspiration classique, dit Georgian style, faisait encore fureur. Comme son nom l’indique, le style fédéral avait accompagné les années de la jeune république, du temps où la simplicité républicaine n’avait pas encore péri sous les colonnes et les linteaux néo-classiques. Ce choix seyait parfaitement à Jackson :

‘Already outdated in the East, the style was a conservative choice, but the new dwelling would be reminiscent of the houses in which America's leaders had lived when Jackson was a youthful member of Congress (Hermitage, 1997 : 25-26).

Comme le fait remarquer Trescott (1981), les vagues successives de colonisation à l’Ouest transportaient des styles qui étaient déjà passés dans les régions d’où ils avaient été empruntés. Cependant, la rénovation de l’Hermitage quelque dix ans plus tard (1831) fit place au style néo-classique le plus en vogue, et l’aménagement de l’espace intérieur aux conceptions modernes du confort. L’une des descriptions les plus précises du deuxième Hermitage avant ces transformations est fournie par Henry A. Wise, qui passa sa lune de miel à l’Hermitage en 1828 :

‘The Hermitage house was a solid, plain, substantial, commodious country mansion, built of brick, and two stories high. The front was south. You entered through a porch, a spacious hall, in which the stairs ascended airy and well lighted. It contained four rooms on the lower floor, each entering the passage and each on either side opening into the one adjoining. The northwest room was the dining room, the southeast and southwest rooms were sitting rooms, and the northeast room had a door entering the garden (cité dans Trescott, 1981, I : 16).

Trescott suppose que le hall était séparé en deux par une arche, comme il était de mise dans les demeures de ce style. Il cite un autre visiteur qui donne quelques informations supplémentaires sur la décoration intérieure :

‘The walls of the [sitting rooms] are hung with the facsimile Declaration of Independence, the forth of July letters of Adams and Jefferson, with a print of the last supper, and with several medallions of Washington, & as well as I recollect of Franklin. The drawing room contains likenesses of the General, his lady, and several of his friends by Mr. Earl, a very eminent painter. The swords pistols, canes, medals, etc. which by various states, societies and individuals were presented to him, are in this room. On the mantel-piece are two small bronzed figures of Napoleon, exquisitely turned and made from a fragment of one of the cannon taken at Austerlitz. In the center is a superb circular table, presented by the Governor of Louisiana to Mrs. Jackson on which lie pamphlets and prints. The rooms are handsomely papered--that of the passage which is spacious and lofty, represents scenes from the noble epic of Fenelon (Ibid.).’

Juliana Conner passa elle aussi sa lune de miel à l’Hermitage et rapporta une description des lieux dans son journal :

‘To the right are two large handsome rooms furnished in fashionable and genteel style as drawing rooms—rich hangings, carpets, etc.
To the left is the dining room and their chamber. There was no splendor to dazzle the eye, but everything elegant and neat.’

Mrs Conner fut également impressionnée par le nombre de trophées et de cadeaux exposés dans les salons :

‘The precious reliques are placed together. On looking around the room, my eye rested on a rich, elegant silver urn and it was with feeling of pride and gratification that I read the inscription from the Ladies of South Carolina. T’was the only female offering which I saw, an elegant old snuff box presented by and with freedom of the cuty of New York and numberless other state and individual offerings which would be endless to enumerate (les deux derniers textes cités dans Trescott, 1981, I : 17).

Remarquons que Jackson concentrait ses récompenses et les témoignages d’admiration dans une pièce-musée symbole à la fois de son action glorieuse, mais aussi, peut-être, comme un hommage au pays qu’il aimait tant et à ses citoyens reconnaissants 507.

Les alentours de la maison n’ont pas fait l’objet d’une telle attention. Horn (1950 : 21) affirme cependant qu’une clôture entourait la maison et la cour, comme il était de coutume à l’époque. Malheureusement, il ne cite pas ses sources et mentionne simplement une gravure 508. Ce genre de document est à prendre avec précaution, car les graveurs tiraient leurs informations des articles publiés dans les journaux ou s’inspiraient de récits de visites qui ne sont pas toujours très fiables. Nombre de portraits de Jackson furent réalisés ainsi, par procuration (Barber, 1991).

Lorsqu’Andrew, Jr. et sa femme Sarah, une belle de Philadelphie, prirent possession de l’Hermitage en 1832, l’évolution de la demeure adhéra davantage aux goûts de ces années-là, sans réelles considérations financières. La maison subit de profondes transformations vers un style néo-classique complet. L’ajout, entre 1821 et 1828, d’un portique à quatre colonnes espacées régulièrement au-dessus de la porte, en témoigne. Le style fédéral requiert cependant quatre colonnes groupées deux à deux (Trescott, 1981, I : 13-14). L’adoption de l’espacement régulier, néo-classique, est une preuve d’une évolution progressive vers le goût dominant de l’époque, du temps même où Jackson dirigeait pleinement les affaires de la plantation 509.

Notes
506.

Remini ne cite aucune référence pour sa description. Sa source habituelle, la biographie de James Parton (1861) reste, nous l’avons dit, muette sur ce sujet. Il a dû, au mieux, compiler des témoignages de visiteurs contemporains.

507.

Nous admettons que cette dernière remarque est spéculative, mais nous citerons deux exemples qui prouvent l’importance symbolique de ces objets pour Jackson : l’affaire des pistolets de Lafayette offerts à Washington en 1778 et remis à Jackson en 1824 par le propriétaire des armes pour le remercier de sa victoire à la Nouvelle-Orléans (Simpson, 1985), souligne une dévotion extrême à la grandeur de l’action révolutionnaire ; dans son testament, Jackson lègue à son petit-fils l’épée remise par les habitants de Philadelphie en souhaitant que celui-ci la brandisse contre les ennemis de la nation si le besoin s’en faisait un jour sentir, citant la maxime suivante : “Draw me not without occasion nor sheath me without honor” (Bassett, VI : 222).

508.

Après une recherche dans l’ouvrage exhaustif de Barber (1991) sur les portraits de Jackson, aucune gravure n’est reproduite qui révèle une représentation de l’Hermitage tel qu’il est décrit par Horn.

509.

Il faut remarquer que la brochure officielle de l’Hermitage (1997 : 29) ne mentionne pas ce portique, bien qu’y soit présenté des croquis de la maison à différentes périodes.