Le traitement du coton

De nombreuses étapes précédaient la vente proprement dite de la récolte, un fait d’importance puisque la qualité des opérations conditionnaient le prix de vente 521 (Abernethy, 1990 : 81). Après l’égrenage et le pressage, deux opérations mécanisées requérant des machines coûteuses (l’égreneuse et la presse), le planteur devait encore payer les cordes et la toile utilisées pour l’emballage, et ensuite affréter un bateau pour transporter la cargaison au port maritime (la Nouvelle-Orléans) où se trouvaient les marchands et leurs agents. Jackson faisait preuve d’économie et de rigueur dans son utilisation de ce matériel, une prudence qu’observait rarement son fils :

‘When you calculate the amount of rope and balleing used by you this year for bout 38, 000 lb. of cotton you will find, that when I was at home, I sent to markett fifty thousand pounds of cotton at the same expence you have thirty-eight (Walker, 1943 : 23).

Jackson connaissait bien ce domaine puisqu’il obtint son certificat de contrôleur en 1808 afin de garantir la qualité du coton qui passait par sa presse, une exigence d’expertise requise par l’État du Tennessee 522. Jackson insistait également sur la nécessité de noter scrupuleusement le poids du coton égrené, ainsi que celui de chaque balle afin de prévoir le bénéfice de la vente et de planifier les remboursements dûs au 1er janvier (Bassett, V : 248, 256). Cette rigueur s’apparente à la fois au souci du profit qui animait le planteur, mais aussi à l’attention du fermier consciencieux. Le bon planteur était un gestionnaire d’entreprise et un connaisseur de la terre.

Dans une lettre à Robert Butler datée du 31 décembre 1815, Jackson requiert de filer le chanvre pour la confection de la toile d’emballage : ‘“say further to [the overseer]—to have as much hemp broke as will make a sufficient quantity of Bailing to Bale my cotton & set the wenches to spin it”’ (Moser, III : 397). Cette remarque montre bien l’auto-suffisance de la propriété, car le prix très raisonnable du chanvre à cette époque aurait permis à Jackson de l’acheter, puisque John Coffee le présentait à cinq cents en 1812 (Arnow, 1960 : 313-15). En outre, on se souviendra qu’à cette période, Jackson avait trop d’esclaves par rapport à la production de la ferme. Employer cette main-d’oeuvre surabondante était une priorité pour maintenir l’ordre dans la population servile. Enfin, la récolte cotonnière de Jackson était suffisamment imposante pour justifier de cultiver le chanvre sur la propriété 523.

Notes
521.

Jackson écrivait à Andrew Jackson Hutchings en 1834 : “I am happy to hear you have a good crop of cotton at markett. it will average you I think twelve cents per lb, mine only 11 1/2 owing to its being badly handled, the good sold for 13 cents” (Bassett, V : 265).

522.

Extrait des minutes de la cour du comté de Davidson : “I, Andrew Jackson, do solemnly swear that I will well and truly inspect or cause to be inspected, all balles of cotton that shall pass through my press, marking the balles according to the goodness thereof agreeable to the directions of the act of the Assembly in such cases made and provided. So help me God.” (Bassett, I : 190).

523.

Il semble que cela ne fut pas toujours le cas, si l’on interprète une lettre de 1804 dans laquelle Jackson écrit à Coffee qu’il est à court de chanvre : “I forgot to name to you that we will want Hemp” (Moser, II : 3). En 1836, il nomme le chanvre et “peut-être le tabac” comme cultures alternatives au coton (Bassett, V : 427).