Aventures et mésaventures

Les incidents de parcours augmentaient encore les aléas de la culture. Le 2 novembre 1815, Robert Butler informa Jackson qu’il n’avait pu trouver quelqu’un pour réparer son égreneuse. La cause en est inconnue : ‘“I have been sending over the whole country to procure a workman to repair your Ginn and mill and have been disappointed as yet”’ (Moser, III : 390). Ces incidents étaient fréquents et pouvaient faire perdre un temps précieux aux planteurs, car nous l’avons vu, le coton ne gardait de la valeur marchande que pendant une courte période. En outre, Jackson égrenait le coton de plusieurs planteurs et la panne de sa machine pouvait également lui faire perdre des clients.

Le transport présentait des dangers, ainsi que l’annonce le partenaire de Jackson, John Hutchings, en mars 1804 :

‘I this evening retched nashville on my way to Orleans, after undergoing Some feteague, I had the misfortun of Sinking one of the Boates after being about half loaded, the Boate Sprung a leake in the Bow, and all we Could do She would go to Bottom, there was about Twenty or Twenty five Bales that got Wet, I gave them Two days Sune before I put them on Board (Moser, II : 12).

Outre les accidents, le mauvais état des bateaux et l’irresponsabilité des pilotes rendaient les voyages périlleux et pouvaient coûter la récolte en cas de catastrophe, comme le rappelle Jackson à son fils en 1833 :

‘There had been so many Steam Boat accidents of late, that I would not ship the cotton on board of any boat who had not an experienced engineer and a careful and experienced Captain. Ship with none that will have any combustible on their upper deck (Bassett, V : 227)  529 .

Jackson rappelle également la nécessité d’établir des reçus à la prise en charge par le convoyeur afin de vérifier le poids du chargement à l’arrivée : ‘“Suppose he had sold it, and not delivered as contracted, where had you any thing to shew that he had so agreed and failed”’ (Bassett, V : 259). Le transport du coton incluait également par retour du bateau le transport des marchandises nécessaires à la plantation, le prix de la récolte couvrant les dépenses. Souvent, les marchands faisaient crédit pendant l’année aux planteurs et se payaient sur la vente de la récolte.

Le coton fournissait le revenu de base au planteur. Toutefois, Jackson rappelait à son fils que les aléas de l’agriculture devaient rendre le planteur prudent et économe sans qu’il présume de l’argent d’une récolte potentielle tant que la vente n’était pas effectuée : ‘“[no] ought any farmer to be in debt, and antiipate his crops, and rely upon that, alone, to meet it. a blast comes, the crop fails and then the estate must go to meet it”’ (Bassett, V : 246). Le pourcentage des charges perçues lors de la vente du coton dépassait les 10% : ‘“The gross amount of sales are $4375.71, charges $457.66, neat amt. of sales $3917.05”’ (Bassett, V : 264).

Il est également utile de mentionner le fossé béant entre la richesse investie dans le domaine, les esclaves et la capacité de production d’une part, et la pauvreté des liquidités accessibles aux planteurs d’autre part. Ceux-ci vivaient sur leur bonne réputation, grâce à leurs amis et aux amis de leurs amis, menant grand train, mais à crédit (Gawalt, 1993). Jackson explique à son fils combien la réputation d’un homme lui permet d’obtenir la confiance — et les prêts — des autres :

‘I have made it a rule in early life to be punctual in all my engagements. I have found the benefit from it. when others who had not attended to it, with double the means I possessed, could not get mony without sponsers, I never was asked for security (Bassett, I : 248).

Cet aspect des affaires est une partie importante du succès. Mausel White lui exprima très clairement cet état de fait. En 1827, seule la réputation de Jackson avait permis la vente de sa récolte : ‘“it is your name alone therefore that has sold yr Cotton”’ (Bassett, III : 363-364). Et à 8 cents la livre de coton, la vente couvrait à peine les frais.

Notes
529.

Signalons que Jackson se plaignit du propriétaire du bateau qui, ayant accosté au mauvais quai, occasionna des dépenses supplémentaires de transport à la Nouvelle-Orléans (Bassett, V : 257).