les autres résidents de l'Hermitage

L’autre facette de la plantation, loin des festivités du beau monde et pourtant associée de près à leur déroulement, est la présence à l’Hermitage d’une population servile comprenant une quinzaine de personnes en 1804 pour atteindre près de cent cinquante à la mort de Jackson (Remini, I : 133 ; Thomas, 1995 : 34). Ces effectifs montrent la présence très forte des esclaves dans la vie de l’Hermitage, une présence peu ou pas mentionnée dans les journaux des visiteurs. Dans la correspondance, les références faites par Jackson et ses proches concernant les esclaves sont généralement d’ordre mercantile ou disciplinaire. La vie de cette majorité sans voix, leurs conditions d’existence et leurs rapports avec le maître des lieux ne sont pratiquement pas documentés, cette remarque faisant écho à celle de Stilgoe : ‘“Quarters and slaves went unnoticed”’ (1982 : 67). Il y a pourtant beaucoup d’indices qui témoignent d’une vie étroitement associée à toutes les activités de l’Hermitage.

Des références éparses ont été glanées dans la correspondance, dans quelques articles traitant de la ferme. La plus grande source de connaissance concernant la vie des esclaves à l’Hermitage vient sans doute de l’archéologie historique. Un projet important de fouille des sites de l’Hermitage tente de mettre à jour une économie de la vie servile dans les détails de la vie quotidienne ⁵⁵⁶. Nous nous sommes beaucoup servi de ces travaux pour cette partie de l’étude, en espérant que des ouvrages de synthèse viendront éclairer d’un jour nouveau cet aspect encore méconnu mais capital de la vie communautaire à l’Hermitage ⁵⁵⁷.

Il a semblé nécessaire ici de présenter également le rôle tenu par les différents régisseurs de l’Hermitage, dont le statut intermédiaire entre le maître et les esclaves met en jeu toutes les tensions et les contradictions du système esclavagiste dans son fonctionnement quotidien.