Annexe III : Les autres plantations d’Andrew Jackson

Il nous a semblé utile d’ajouter en annexe une information sur les autres propriétés agricoles de Jackson, pour compléter le tour d’horizon de son activité dans ce domaine (voir notre étude intitulée “VI. La vie de l’Hermitage”). Les expériences commerciales auxquelles il se livra dans les nouveaux territoires conquis aux Indiens sont un bon indice pour montrer ce qu’étaient la spéculation et la convoitise engendrées par les récentes acquisitions, mais surtout pour exposer les difficultés d’une telle entreprise soumise aux aléas du quotidien.

En 1816, deux ans après le Traité de Fort Jackson qui cédait d’immenses territoires indiens au gouvernement des États-Unis, Jackson spécula dans ce qui deviendrait en 1817 le Territoire de l’Alabama, et établit avec John Hutchings une plantation appelée Melton’s Bluff. En 1818, il reporta ses activités agricoles et spéculative dans le comté de Lauderdale où il organisa deux nouvelles plantations, une pour son pupille Andrew J. Hutchings, orphelin de John depuis l’année précédente, et une pour lui, Evans Spring. L’année suivante, il acheta une nouvelle plantation à Big Spring, jusqu’en 1823. En 1839, Andrew Jackson, Jr. acheta au Mississippi une énorme plantation de 1185 acres, Halcyon. Source constante d’ennuis financiers, la plantation échappa à Junior en 1849, quatre ans après la mort de son père adoptif.

Si l’on peut retracer assez précisément les activités commerciales de Jackson dans sa plantation d’Hunter’s Hill, il est plus difficile en revanche de trouver une description précise illustrant ses entreprises commerciales dans le Territoire d’Alabama de 1816 à 1823, ainsi que son aventure agricole au Mississippi, de 1839 à 1849 609. On dispose de relevés de comptes, de factures et de quelques lettres, mais la vie quotidienne dans ces plantations demeure peu connue. Les biographes sont curieusement discrets sur ce chapitre, et ce probablement en raison des documents épars et souvent difficiles à interpréter. Épisodes mal connus qui soulignent et la conception commerciale du système de la plantation (la ferme est avant tout un moyen de gagner de l’argent) et la participation (hyper)active de Jackson aux pratiques économiques de la période.

Suivant notre ligne de conduite, nous avons voulu montrer les problèmes quotidiens affectant de telles entreprises qui concentrent nombres de facteurs inhérents au système esclavagiste et communs aux planteurs de cette époque. Le général et le particulier, le détail et le schéma d’ensemble tissent encore une fois la trame de notre canevas pour exposer la complexité du système.

Les situations historique, politique, économique et sociale, plus encore ici qu’ailleurs, motivent ces événements sans que Jackson puisse en changer vraiment le cours, même s’il s’emploie à en orienter la marche. Il est porté par des attitudes et des convoitises communes aux spéculateurs contemporains tout en accomplissant un travail unique de construction et de consolidation nationale qui reflète et construit l’individu dont nous tentons d’approcher l’essence.

Les différentes plantations révèlent plusieurs facteurs d’étude : un type d’organisation relativement établi dans les États déjà colonisés, mais fragilisé par sa mise en place dans les territoires fraîchement acquis ; un rapport à ses amis et à ses associés qui témoigne encore une fois de l’existence indispensable et constitutive de réseaux d’amitié dans le fonctionnement de la vie politique, économique, sociale ; la dépendance du propriétaire absent qui doit compter sur d’autres, et notamment sur des régisseurs pas toujours recommendables, pour la bonne marche de ses affaires. Ces trois points se trouvent réunis selon différentes formules dans chaque entreprise, toujours au coeur d’un système qui mêle la réalité d’un côté, les personnes et leurs désirs de l’autre, dans le chaudron bouillonnant de la vie.

Notes
609.

La gestion d’Halcyon, la plantation du Mississippi, incomba au seul Andrew Jackson, Jr. après le 8 juin 1845, date de la mort de son père adoptif. Notons que la première résidence de Jackson, Poplar’s Flat, était une petite plantation que Jackson ne considérait pas comme la source principale de ses revenus, puisqu’il poursuivit ses activités d’avocat (Remini, I : 67). Ce n’est qu’avec l’achat d’Hunter’s Hill qu’il se lança dans l’agriculture, en 1795.