Evans Spring (1819-1821)

Jackson déménagea bientôt ses opérations dans le comté de Lauderdale où il mit en place sa nouvelle plantation, mais aussi celle de Hutchings, Jr., ce qui permit à ce dernier d’hériter d’un domaine florissant en 1833 617. Il laissa le soin de déterminer l’emplacement de la maison à John Coffee qui, étant arpenteur officiel du Territoire, connaissait bien la région et avait d’ailleurs choisi pour lui-même l’un des meilleurs emplacement de l’Alabama septentrional (Chappell, 1942 : 138).

Encore une fois, Jackson comptait sur son ami Coffee pour gérer ses affaires sur place, comme il l’écrit le 4 janvier 1819 :

‘ Can I ask you when you reach Florence & a leisure day will permit, to lay out my plantation near Florence for me—bring it as near the site for the dwelling house as you think right—I shall not be long gone, but in my absence instruct William [White] Crawford in those things that you think requires it—Shew him the place where to make little Andrew J. Hutchings plantation &c&c&c—My waggon & two hands with salt pork &c will sett out on Thursday next—I will send him a pony & I think he will be able to superintend both farms the present year—another can not be got, at any reasonable terms (Moser, IV : 266).

Avec ses entreprises en Alabama, Jackson s’était lancé dans une spéculation agricole qui consistait à établir une ferme rentable dans les fertiles nouveaux territoires, dont il jouirait un temps, et qu’il revendrait ensuite avec profit. Cependant, 1819 frappait les planteurs tout autant que les autres et il n’avait pas acquis Evans Spring depuis un an qu’il voulait déjà vendre 618. Le temps de la livre de coton à plus de vingt cents était révolu :

‘although I am very anxious to go on to Congress unless I can sell some of my out (property) lands so as to aid me in funds to meet the payment for my farm, lotts &c&c, in & near Florence, & to aid my pay & emolument for travelling expences, I cannot, proceed—I sett out in a few days, to sell my farm near florence if I can (Moser, IV : 308).

Il faut relativiser les attermoiements de Jackson puisqu’il recevait toujours son salaire très conséquent de major-général. En sus des problèmes financiers posés par la conjoncture économique, Jackson se trouvait aux prises avec un régisseur malhonnête, Nelson P. Jones 619 qui, au partage du maïs — Jackson et Jones avaient planté en commun et partageaient la récolte, une pratique courante — avait laissé à Jackson le maïs abîmé par le gel. Coffee, une fois encore, devait débrouiller la situation, comme le montre cette lettre du 19 décembre 1820 :

‘have to thank you for your kind attention to my business with that fiend Jones, and I hope I will not get Clear of him without much more Injury, and when that time arrives I will rejoice. I find from Will Crawfords letter that he wanted to put on me all the Frostbit corn, from Mr. James Jacksons letter, that he denied it to you—I think with you that William had better remain untill the crop is gathered & divided, and indeed then I would believe jones not to be too good after you weigh the cotton, that he would cabbage unless he was overlooked—however, I think to get clear of him any how is a blessing (Moser, IV : 404).

Jackson vendit Evans Spring en 1821 à Richard D. Cross 620, ancien camarade d’Andrew J. Donelson à West Point. La plantation rapporta 7500 dollars (Moser, V : 507). La même année, Jackson établit sa dernière entreprise dans l’Alabama avant son engagement dans la course à la présidence des États-Unis, la plantation de Big Spring.

Notes
617.

Jackson écrivait au jeune homme en 1833 : “your interest in the management of the estate has been our only aim” (DeWitt, 1931 : 95).

618.

Moser (IV : 311n4) précise que malgré son désir de vendre, Jackson ne trouva un acheteur que deux ans plus tard. La lourdeur des investissements exigeait au moins qu’il vendît ses terres avec quelque profit.

619.

Jones fut régisseur de décembre 1819 au 4 novembre 1820 (Moser, IV : 529). Il résidait dans le comté de Jackson près de l’Hermitage. Après la signature du contrat, il déménagea en Alabama et s’y installa définitivement (Moser, IV : 400).

620.

Cross passa en court-martiale durant l’affaire ayant opposé cinq étudiants au commandant Sylvanus Thayer sur des problèmes de mauvais traitement à l’académie militaire (Moser, IV : 271 n2). Voir à ce propos la participation d’Andrew J. Donelson à ce conflit dans notre étude intitulée “Andrew Jackson et la paternité” (IV : 320-325).