La crise économique

À la suite de la panique de 1837 et en partie parce que d’autres pays tels que le Brésil commençaient à imposer leur coton sur les marchés internationaux, les prix du “Roi” s’étaient effondrés et vendre à dix cents la livre était satisfaisant quand le double eut fait tiquer vingt ans plus tôt. Les planteurs souffrirent évidemment de cette chute des prix. Les faillites se succédaient, rendant les transactions hasardeuses, puisque l’argent étant rare, la plupart des achats étaient honorés en billets à ordre. Jackson devait trouver des milliers de dollars pour faire face aux dettes contractées par son fils (par exemple, voir Bassett, V : 254-255).

Dans une lettre de février 1841, il résume la situation à Francis Blair : ‘“My cotton crop at the Hermitage last year was a failure, and the low price of cotton we have felt—every kind of property is down, and negroes if sold must be at a great sacrafice”’ (cité dans Huntwell, 36). La situation était si critique que Jackson espérait convaincre Hiram G. Runnels, l’ancien propriétaire d’Halcyon, de revoir les échéances de paiement et, d’autre part, à moins de trouver un acheteur, il était prêt à vendre ses chevaux de race aux enchères (Huntwell, 11 ; Bassett, VI : 47).

En outre, dans une lettre à Andrew J. Donelson du 19 février 1840, il exprimait le désir de vendre, pour la deuxième fois, sa propriété de Hunter’s Hill, naguère rachetée trop chère et sans garanties par Junior (Bassett, V : 255) : ‘“Should you meet with a rich virginian who wants to come to our country and has mony, sell him the Hunters Hill tract, if an advance of $6000 can be made let it go for $14000. It is now for sale to the first purchaser who presents himself and has money”’ (Bassett, VI : 53). Les difficultés de l’époque ne lui permirent de vendre Hunter’s Hill qu’un an et demi plus tard, le 10 décembre 1842, à la femme de Captain John Donelson (un frère de Rachel), Elizabeth 625, pour 12 000 dollars (Remini, III : 463).

Un an après l’achat d’Halcyon, dans une lettre du 27 décembre 1839, Jackson regrettait déjà l’acquisition de la propriété et faisait part à son fils du danger d’acheter une plantation sans y regarder à deux fois :

‘I repeat that it will take industry and oeconomy to get clear of debt, but I hope, with the cotton at your place on the Mississippi we will be able to clear ourselves of debt and be freemen once more, when I hope you will thereafter my dear son be carefull of running in debt again for property, not necessary or profittable (Bassett, V : 45).

Le rapprochement entre l’endettement et l’esclavage, présent implicitement dans l’expression “hommes libres” (freemen) témoigne de l’horreur dans laquelle Jackson tenait les dettes 626.

Notes
625.

Jackson écrivait régulièrement qu’il préférait vendre à un proche plutôt qu’à un “étranger”: “As I have to sell and make a sacrifice of this valuable tract I would like much that it should fall into the hands and benefit some of the connection, than strangers” (Bassett, VI : 62). L’intérêt était double : il faisait profiter un proche de la transaction et pouvait raisonnablement compter sur un paiement régulier des traites, bien qu’il accorda de plus longues échéances à sa parente (voir lettre du 19 juillet 1840, merci à David Hoth pour le renseignement).

626.

Il n’était pas le seul. Dans sa constitution de 1819, l’État d’Alabama avait aboli l’emprisonnement pour dettes (Abernethy, 1990 : 57).