V/ PROPOS ADRESSES A UN PERSONNAGE:

  1. « (et loi qui la suivait de d’une boutique à l’autre, fasciné par ses jambes nues et souples. Où l’avais-je rencontrée ? Elle achetait ici et là, des fleurs et des crevettes et des cerises de Miliana. Tout un goût ferrugineux dans la bouche comme si l’on traversait la rue des rétameurs. Puis l’odeur de laine drue que les marchands font brûler pour prouver aux clients grincheux sa bonne qualité. Excavation ! Le cycle infernal. Elle, devant. Et moi, derrière. Petite! Vierge secrète ! Comment faire pour te dire. Non, je ne suis pas un ours; mais je crains de ressembler à un singe dépenaillé. Honte que l’on déplace à coups de friandise, chaque fois qu’on traverse le jardin botanique. Elle, devant. Et moi, derrière. Le fracas des phrases qui cinglent mon visage où j’ai bâti un barrage de haine toute bleue n’a rien de cocasse. Sinon que parti à rutiler derrière la donzelle, j’avais fini par m’inciser les lèvres à force de crispation. Elle pouffait et je me sentais déjà trahi comme lors de mon séjour à Constantine... A force de crispation. Veines grossie devenues des gros câbles sur lesquels elle pourrait, si elle le voulait, marcher sans tomber et jouer au funambule je ne dirai pas : aïe ! ni ouf ! Fulgurer ma tenace vision de cette trace sous la robe d’été imprégnée de l’odeur de tes aisselles et imprimée de grandes fleurs où les mouches et les naïfs viendraient se faire gober, sans aucun scrupule. Tu sais, ces grandes fleurs jaunes que tu ne m’offres pas car tu ne viens pas me voir à l’hôpital où je soigne une mélancolie bue au sein de ma mère. Tu allais par-ci, par-là, acheter toutes ces belles choses : fruits et poissons de l’été, alors que je guettais, sournoisement, tes formes de femme hostile à toute approche non réglementaire. Mais je te suivais et rien ne me séparait de toi sinon ton ombre, à tel point que le soir, une fois rentré chez moi, fourbu et fiévreux, j’avais honte d’avoir mal aux testicules... Avec tout ce soleil et cette mouvance molle des taches d’ombre qui ternissent les visages des vieux assis sous les porches des immeubles face aux panneaux-réclames qu’ils ne savent pas déchiffrer (Acheter-un-coffre-fort-dans-votre-banque-populaire-vous-économiserez-plus !) ... Et si les tortues se mettaient à porter, tout à coup, au milieu de cette carapace inélégante, la boule ronde du soleil, pour mieux fasciner les libellules et les faire tournoyer d’aise !) » pp. 239-240. [adressé à Samia]

  2. « (Sadique ! Après tout, tu n’as qu’un pauvre clitoris te pendouillant au beau milieu de la tumeur qui te sert de sexe et que tu ne peux même pas faire vibrer pour avoir l’extase. Rien ! Moucharde tu es, moucharde tu restes.) » p. 235. [adressé à Nadia]

  3. « (peur que je m’évade ? Attends un peu ma joli. J’ai une surprise pour toi que je garde bien au chaud entre mes circonvolutions cérébrales. Personne n’est au courant. Pas même le pitre que j’ai cru être mon père, pendant de longues années. M’évader ? Moi ! Non! Non ! Ce serait trop facile. Tu lanceras vite tes amis à ma poursuite. Je sais... Je sais... Ils ont des voitures tellement rapides ! Et même des avions et même des hélicoptères qui peuvent atterrir dans un mouchoir de poche...) » p. 242.