2.1.2 Les représentations sémiotiques

Un des fondateurs de la sémiotique, Peirce définit la sémiotique comme “ une action (...) qui suppose, la coopération de trois sujets, tels que le signe, son objet et son interprétant, cette relation ternaire d’influence ne se laissant en aucun cas ramener à des actions entre paires ” (Peirce, cité par Bougnoux, p 96). Le signe établit donc une relation entre son interprétant et son objet.

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Chapitre 1 Figure 1 : Le ‘triangle de Peirce

Peirce définit trois sortes de signes : l’indice, l’icône et le symbole.

Nous considérons qu’un même objet possède des représentations sémiotiques différentes. Ainsi, on peut représenter la combustion d’une feuille de papier, de façons différentes : l’icône, la description langagière, la formule chimique symbolique, la formule chimique en langue naturelle etc..

Un physicien, ou un chimiste, peut passer de l’une des représentations à l’autre et les utiliser selon ses propres besoins en effectuant si nécessaire une conversion. Or, “ l’opération de conversion s’avère ni triviale ni cognitivement neutre ” (Duval, 1995 ; p.19). Il faut donc posséder une certaine “ maîtrise ” des signes et de leur signification pour pouvoir les traiter, les interchanger. Cette “ maîtrise ” des signes passe par la compréhension profonde du sujet (concept, notion) auquel ils se rapportent. On comprend pourquoi le passage d’une représentation à l’autre est compliquée pour l’élève qui apprend. Or, des études montrent que c’est grâce à la conversion des systèmes de représentation, au passage d’un représentant à l’autre que l’on construit du sens et que l’on apprend (Ainsworth et al., 1996 ; Tabachneck-Schijf et al., 1997).

Il y a donc une double dépendance entre l’apprentissage du concept et celui de la conversion des systèmes de représentations. L’élève apprend en effectuant des conversions d’une représentation à l’autre ; et, plus il apprend, plus il maîtrise le concept, plus cette conversion devient facile.

Il faut donc favoriser le traitement des représentations sémiotiques pour que l’élève puisse passer de l’une à l’autre et par là créer du sens, et apprendre. Une fois que l’élève passe d’une représentation à l’autre sans peine, il peut choisir le registre de représentation qui lui sied le plus pour comprendre et analyser le monde qui l’entoure (Duval, 1995).

Pour aider les élèves à passer d’une représentation à l’autre, nous choisissons de différencier les représentations d’un même représenté. Par exemple, nous différencions le dessin et la l’écriture symbolique.