4.1.1 Thorndike

Au début du siècle, le transfert est perçu du point de vue de la discipline formelle (“doctrine of “ formal discipline ” ”). Selon cette théorie, l’esprit (la pensée) est composé d’une collection de facultés générales (observation, attention, raisonnement) que l'on doit entraîner comme des muscles. Après un enseignement où le sujet a appris à raisonner, il doit être capable d’appliquer ces nouvelles facultés de raisonnement dans un tout autre domaine. Par exemple, l’apprentissage de l’algèbre et du grec peut servir à la résolution d’un problème de physique ou lors d’une partie d’échecs. Ces domaines d’apprentissage et d’utilisation des aptitudes, même s’ils ne possèdent pas de points communs explicites, font appels à des capacités générales de raisonnement et de déduction. Selon ce courant de pensée, les connaissances, savoirs et savoir-faire peuvent être aisément décontextualisés pour ensuite être facilement réutilisés dans des situations différentes.

Associassioniste du début du siècle, Thorndike est en désaccord avec cette discipline prédominante à l’époque, et durant 30 ans, il cherche à montrer que le transfert a une portée plus étroite que ce que prétend cette théorie. Selon lui, l'esprit est composé d'associations et d'habitudes spécifiques qui fournissent à une personne des réponses associées à des stimuli bien déterminés. Selon la théorie de Thorndike (théorie des éléments identiques), un savoir associé à une activité peut se transférer à une autre, à condition que les deux activités partagent des éléments “stimulus-réponse” communs.

“Addition improves multiplication because multiplication is largely addition ” (Thorndike, cité par Singley et Anderson ; 1989, p.3).

Pour Thorndike, le transfert n'est possible que dans un cas bien déterminé : la présence de couples stimulus-réponse communs. Selon cette théorie béhavioriste, lorsqu’un sujet repère un stimulus, il y associe la réponse correspondante déjà utilisée lors d’une activité précédente mettant en jeu le même stimulus. Le transfert devient alors l’aptitude à repérer des stimuli et à y associer les réponses correspondantes. Les stimuli sont les éléments identiques des deux situations, les couples stimulus-réponse sont toujours les mêmes.

Les expériences menées par Thorndike ne prouvent cependant pratiquement rien, de plus, il est critiqué par des psychologues en éducation plus proches de la discipline formelle. La première objection porte sur le mécanisme de stimulus-réponse en désaccord avec la définition du transfert qui souligne l'adaptation et la flexibilité. Un autre problème est que, en l'absence d'une représentation langagière explicite pour les aptitudes cognitives, Thorndike reste vague à propos de la nature exacte de ces éléments identiques.

Le problème du transfert des connaissances semble donc être étudié depuis de nombreuses années. Nous allons nous pencher sur quelques unes des recherches menées au cours des vingt dernières années nous semblant importantes pour mieux comprendre les mécanismes du transfert des connaissances.