7. Conclusion générale et perspectives

Cette première expérimentation s’est déroulée en classe. Nous avons travaillé avec les professeures qui ont intégré les activités de documentation dans leur enseignement. Cette collaboration, qui était un choix au départ, a contraint la mise en place de l’expérimentation. Les élèves mènent ainsi leur recherche documentaire comme ils le font habituellement. Nous rappelons de plus que l’évaluation effectuée par les professeures ne tient pas compte de l’utilisation des connaissances scolaires ou quotidiennes, et que les critères d’évaluation sont connus des élèves.

Les résultats tendent à prouver qu’il n’y a pas eu dévolution de la résolution de la tâche aux élèves. Ainsi, les élèves ne réalisent pas la tâche pour eux mais pour répondre à certains critères liés à l’enseignement (professeure, notes...). Là, pour eux, l’enjeu n’est pas de construire du sens et d’apprendre de nouvelles connaissances mais de réaliser une affiche selon les indications de leurs professeures.

La question que nous nous posons porte donc sur l’influence de chacun des facteurs de la situation vis-à-vis de la construction du sens par les binômes. Nous reprenons donc ci-dessous les critères de la situation et tentons de voir quelle a été leur influence sur les activités des élèves.

En ce qui concerne la compréhension des informations, il semble que les élèves aient eu quelques problèmes à comprendre à la fois les questions posées et les informations du site “ Environnement Novice ”. Il apparaît ainsi que le terme “ mécanisme ” ne soit pas compris. Cependant, on s’aperçoit que cela ne les gêne pas outre mesure dans leur stratégie de recherche des informations. Nous reviendrons plus longuement sur ce point par la suite.

Pour les apprenants, l’enjeu global de la situation est directement et fortement lié à la note qu’ils obtiennent en fin de tâche.

Le travail final demandé (la réalisation d’une affiche) est totalement lié à l’évaluation, il revêt alors une grande importance. Les élèves conçoivent l’affiche trois semaines après la consultation des informations ; de ce fait, la production intermédiaire (seule source d’informations ensuite pour la mise au point de l’affiche) doit donc être aussi fidèle que possible aux informations consultées. Les élèves écrivent alors un grand nombre d’informations, quitte ensuite à ne pas toutes les utiliser lors de la mise en forme du panneau. Notons que le temps dont les élèves disposent pour rechercher les informations leur laisse tout le loisir de prendre de nombreuses notes.

Soulignons que les activités observées pendant la phase de recherche documentaire sont toutes tournées vers la récolte du maximum d’informations en vue de la mise en forme du panneau. Ainsi, lire, rechercher, sélectionner les informations, écrire, dicter concernent la grande majorité des activités des élèves. Cela leur laisse peu de temps et d’énergie pour avoir le loisir de développer des activités de compréhension (utiliser et relier ces connaissances avec les informations du site, apprendre de nouveaux savoirs...).

Une seule des questions posées demande un point de vue⁷. Pour la résoudre, les élèves adoptent la même stratégie que pour répondre aux questions demandant une réponse exacte. Nous ne pouvons ici conclure, en nous basant sur ce seul résultat, quant à l’influence de la question sur la mobilisation des connaissances.

Comme nous l’avons déjà noté, les élèves ne possèdent pas toutes les connaissances nécessaires à la compréhension des questions ni des informations. Le terme mécanisme, dans le sens que nous lui attribuons dans le site, demeure énigmatique.

Cependant, même si certains termes sont inconnus des élèves, nous observons que cela ne les perturbe pas dans leur stratégie de recherche des informations. Ainsi, il apparaît que quelle que soit la question, ils mettent en place une stratégie basée sur la recherche de mots-clefs. Ils repèrent dans le texte de la tâche des termes qui leur semblent importants puis lisent les informations du site à la recherche de ces mêmes mots (des traits de surface). Cette stratégie n’est pas basée sur la compréhension de la question, mais uniquement sur le repérage de mots-clefs. Ainsi le terme “ mécanisme ” même s’il n’est pas vraiment compris, peut être utilisé en tant que trait de surface.

La sélection des données trouvées par ce biais s’effectue par un copier/coller. Dans notre cas, il est facile pour les élèves de recopier sur leur brouillon ce qu’ils sélectionnent.

Ajoutons ici que les élèves n’ont pas besoin, pour résoudre la tâche de comprendre, du point de vue des notions en jeu, les questions d’une part et les informations d’autre part. Les informations trouvées par recherche des traits de surface coïncident en effet tout à fait avec la réponse demandée. Il y a totale correspondance entre les questions et les données du site. De ce fait, le traitement des questions ou des informations est également inutile. Les élèves n’ont pas besoin de reformuler la question ou les données du site pour obtenir une correspondance.

Il paraît difficile avec une seule expérimentation de donner une conclusion évidente. Cependant, il apparaît que la stratégie de recherche menée par les élèves ne requiert de leur part que peu de connaissances personnelles liées aux concepts en jeu. Or, cette stratégie occupe la majeure partie de leurs activités.

Une prochaine expérimentation devra tenir compte de l’enjeu que représente la tâche pour les élèves, des activités permises ou interdites (recopier telle quelle l’information), ainsi que le type de questions posées. Nous devons en effet voir dans quelle mesure le type de question posée influence les activités des élèves. En demandant un point de vue personnel, les élèves vont-ils utiliser davantage de connaissances personnelles et donc établir des transferts des connaissances, construire du sens ?