6. Conclusion générale et perspectives

La question de la dévolution du problème aux élèves se pose. Ils résolvent la tâche telle qu’elle est prescrite sans faire pratiquement appel à leurs propres connaissances. Il n’y a pas pour eux d’enjeu lié à la construction de sens.

En ce qui concerne la compréhension des informations, nous n’avons pas noté de difficultés particulières chez les élèves. Il semble donc que les données présentées soient accessibles à des apprenants de ce niveau (troisième).

Un second point de la conclusion générale de cette seconde expérimentation tourne autour du phénomène de “ copier / coller ” que nous avons déjà observé dans l’expérimentation précédente. Ici encore, les élèves utilisent cette stratégie pour sélectionner les informations leur semblant pertinentes. Même s’ils ne peuvent pas prendre de notes écrites, ils font en sorte de recopier dans leur texte les informations trouvées dans les sites.

L’enjeu global de la tâche n’est pas lié à l’obtention d’une note. En effet, elle se déroule hors enseignement, en l’absence de professeurs.

L’enjeu local lié à la recherche des informations est de trouver des informations afin de rédiger le texte demandé ou de convaincre l’autre élève.

Pour les deux journées d’expérimentation, les délais entre les productions finales et intermédiaires sont très courts, voire inexistants. En effet, on suppose que les élèves rédigent leur texte ou leur argumentaire et consultent les informations des sites simultanément pendant tout le temps des deux expérimentations (2 fois 2 heures). Les textes demandés ou les échanges entre élèves sont de même nature que les informations des sites : écrites. Même si le copier/coller est interdit, les élèves recopient les informations des sites pour les injecter dans leurs textes ou leurs discussions. Il semble que la production d’un texte écrit à partir d’informations elles aussi écrites ne favorise pas l’émergence et la mobilisation des connaissances. En effet, il leur suffit de faire du copier/coller (ou du recopier/coller dans notre cas).

Le type de question posée a permis aux élèves de donner leur avis personnel. Cependant, cela ne semble pas les inciter à utiliser leurs connaissances mais simplement à se positionner selon leur propre point de vue. Nous observons ainsi que très peu d’arguments personnels sont utilisés par les élèves, ils proviennent en très grande majorité des informations des sites.

En ce qui concerne la stratégie de recherche et de sélection des informations, les élèves utilisent aussi une stratégie basée sur le copier/coller. Ils utilisent les arguments des sites qui semblent en accord avec leur point de vue a priori.

Les élèves possèdent suffisamment de connaissances pour comprendre la question posée et les informations des sites ; ceci même lorsque la tâche fait appel à la fois à leurs connaissances scolaires et à celles de leur vie de tous les jours. Ils n’ont donc pas de mal à comprendre ce qu’on leur demande ou les informations proposées.

Par contre, il n’y a pas pratiquement pas de traitement des questions ou des informations. Les élèves utilisent les arguments des sites tels quels, en les injectant (en les recopiant) dans leurs textes (du premier jour) ou dans leurs argumentaires (du second jour).

Nous remarquons de plus qu’ils établissent très peu de liens laissés à leur charge. Ainsi, ils relient la consommation et le rendement seulement lorsque ces deux points sont reliés dans les arguments des sites (par l’intermédiaire de liens hypertextes). Ils ne les rapprochent pas lorsque cela n’apparaît pas explicitement.

De même, ils ne relient que très peu leurs propres connaissances et les informations des sites. Il semble que, de toute évidence, les arguments des sites leur suffisent à construire leur texte et ils ne cherchent pas (ou ne sont pas poussés) à mobiliser leurs savoirs sur le sujet. De leurs connaissances ne transparaît que leur point de vue général.

Dans le cas présent, nous supposons que la stratégie basée sur la recherche de traits de surface et surtout sur la sélection par copier/coller est un frein à l’utilisation d’autres stratégies plus cognitivement coûteuses.

Les élèves ne sont pas amenés à mobiliser leurs propres connaissances lorsque des informations “ toutes prêtes ” sont disponibles facilement. Il semble en outre, qu’ils possèdent déjà un avis propre sur le sujet proposé et cherchent dans les sites des informations pouvant appuyer leur point de vue a priori.

Il arrive cependant que les élèves utilisent des arguments des sites tout en proposant une conclusion personnelle. Celle-ci, notons le, est souvent axée sur le point de vue écologique que les élèves prennent largement en considération.

La présence de l’interlocuteur pair lors de la seconde journée semble amener les élèves à utiliser plus facilement des connaissances communes. Pour convaincre l’autre, ils utilisent non seulement les informations disponibles dans les sites, mais également leurs propres connaissances si elles sont acceptables par les deux parties.

Ce point est positif. Il apparaît donc que la confrontation avec un pair et l’enjeu qui y est lié (convaincre son camarade) apporte un plus. Convaincre l’autre semble pousser les élèves à utiliser des informations des sites mais également des connaissances partagées.

Il semble que pour pousser les élèves à utiliser leurs connaissances personnelles, les conditions de la situation doivent les y contraindre.

Une prochaine expérimentation doit prendre en compte la confrontation entre pairs comme facteur important donc de l’utilisation des connaissances et donc de la construction du sens.