5.4.3 Conclusion pour la séance de confrontation 

La première conclusion que nous pouvons tirer de ces séances de confrontations est l’utilisation par les élèves de leurs connaissances personnelles dans leurs explications.

Dans un premier temps, il semble qu’ils utilisent ces connaissances seulement lorsque cela s’avère nécessaire ; par exemple lorsque les informations des sites ne sont pas suffisantes pour répondre correctement.

Par la suite, lorsque la confrontation est amorcée et que l’autre groupe n’est pas d’accord ou ne comprend pas l’explication, les élèves font appel aux connaissances partagées par tous. Chaque élève sait que les autres possèdent les mêmes connaissances scientifiques que lui, il peut donc largement y faire appel : ce qu’il énonce est compris ou compréhensible par ses camarades. Nous notons en particulier qu’il font appel à leurs savoir-faire scolaires pour répondre à la question portant sur les Matières En Suspension et les ions. Ceci est en accord avec les résultats de Campbell et al. (2000).

Notons également qu’une confrontation est “ bénéfique ” seulement si les élèves sont de même niveau scolaire. Si une des personnes impliquées est trop “ performante ” et reconnue comme telle par ses camarades, alors la discussion n’est plus possible. En effet, le bon élève donne facilement les réponses en utilisant exactement les “ bonnes ” informations et en faisant référence aux “ bons ” savoirs. Les autres élèves ne peuvent qu’acquiescer, sachant que leur camarade possède la solution demandée. C’est ce que nous observons dans le cas de la confrontation entre André-Augustin et Pierre-Thibaut du lycée 1. André est un élève plus fort que ses pairs, les explications qu’il donne sont tout de suite “ acceptées ” par les trois autres, la discussion ne peut s’instaurer.

Nous remarquons également que les élèves utilisent assez aisément les analogies à condition qu’ils les définissent eux-mêmes. C’est ainsi que les binômes 2 (Ludmila et Némo) du lycée 1 et 4 (Fabrice et Sylvain) du lycée 2 mettent au point des analogies performantes pour comparer réaction chimique entre corps et mélange de substances. Ces deux analogies se situent au niveau microscopique : il s’agit de regarder ce qui se passe au niveau des molécules et des atomes. Une analogie au niveau des substances (le lait et la farine par exemple) n’a pas le même “ pouvoir ” explicatif. Ceci, même si les élèves peuvent y faire appel dans les confrontations des binômes 1 et 2 du lycée 1 et des groupes 3 et 4 du lycée 2.

Notons enfin que l’enjeu évolue au fil de la situation. S’il est clair pour les élèves, lors de la phase de recherche documentaire, qu’il s’agit pour eux de rechercher des informations en vue de la rédaction d’un devoir, nous nous rendons compte que la phase de confrontation bouscule cette première idée. En effet, alors que le but donné par le concepteur de la situation à chaque groupe est qu’ils répondent à leurs propres questions, nous voyons que lors de la confrontation, tous les élèves participent activement à la résolution de toutes les questions posées. Il ne s’agit plus seulement pour eux de répondre en vue d’obtenir une note, mais de répondre parce que la question demande ou exige une réponse. Ils rentrent totalement dans le “ jeu ”. Pour eux, construire du sens en répondant à la question est devenu le but premier.