3.2 La phase de confrontation entre pairs

Nous observons que cette phase est très importante vis-à-vis de la construction du sens chez les élèves.

Alors que la phase de recherche documentaire ne les amène que difficilement à construire du sens, la phase de confrontation semble beaucoup plus sûrement mener à ce résultat.

L’enjeu local de la phase de confrontation revêt une importance non négligeable. Ainsi, il apparaît que dans le cas où les élèves jouent pour gagner (troisième expérimentation), ils sont tout de suite amenés à mobiliser des connaissances de façon à convaincre l’autre groupe. Notons que dans ce cas, le peu de temps dont ils disposent pour exposer leur réponse peut également être un facteur non négligeable.

Par contre, dans le cas d’une confrontation sans enjeu lié à une évaluation immédiate (cas de la dernière expérimentation où il s'agit d'exposer les résultats obtenus), il semble que les élèves mettent quelque temps à rentrer dans le “ jeu ” et à mobiliser leurs propres connaissances.

Ceci nous mène directement au critère lié à la durée de la confrontation. Il apparaît que dans la troisième expérimentation, les élèves disposent de peu de temps pour proposer une réponse et une justification. Cependant, ils mobilisent d’emblée des connaissances et construisent du sens. Tandis que dans la quatrième expérimentation, ils ont davantage de temps pour exposer leur réponse, ils mettent également davantage de temps pour rentrer dans le “ jeu ” et utiliser leurs savoirs. Il semble que la mobilisation des connaissances soit en fait très fortement liée à l’enjeu que les élèves définissent.

Dans le cas de la troisième expérimentation, les élèves désirent gagner et c’est ce qui les amène à mobiliser immédiatement leurs connaissances ; dans le cas de la quatrième, il leur faut un temps d’adaptation durant lequel ils redéfinissent implicitement l’enjeu de la situation. Lorsqu’il s’agit pour les élèves de convaincre leurs partenaires que ce qu’ils disent est vrai, donc qu’ils possèdent la bonne réponse alors ils mobilisent leurs connaissances.

En ce qui concerne le critère lié à l’utilisation des sites durant la confrontation, il apparaît qu’à condition que la phase de confrontation soit proche dans le temps de la phase de recherche documentaire, les élèves peuvent se passer des informations (prises au brouillon ou visibles directement sur les sites). En effet, il semble qu’ils puissent faire assez facilement appel à leur mémoire, et même, cela les oblige à reformuler les informations qu’ils ont consultées et donc leur permet de construire du sens.

En ce qui concerne les connaissances des élèves, il apparaît que l’existence de connaissances partagées est primordiale. Ainsi dans la mesure où ils peuvent faire implicitement appel à ces savoirs communs, les élèves se déchargent d’activités cognitivement coûteuses liées à l’explicitation. Chacun peut donc mobiliser ses connaissances en sachant que les autres peuvent faire de même. Nous remarquons cela en particulier dans la troisième expérimentation où, disposant de peu de temps pour répondre, les élèves mobilisent tout de suite des connaissances partagées ce qui leur permet de gagner du temps dans leur recherche et dans leur justification.

Le dernier critère porte sur le niveau des élèves. Il semble que ce critère soit important vis-à-vis de la construction des connaissances. Ainsi, dans une des confrontations entre binômes mis en place dans la dernière expérimentation, un des élèves est meilleur que les autres. La confrontation entre pairs s’en trouve déséquilibrée puisqu’il est le seul à réellement établir des liens entre connaissances et à construire du sens est cet élève. Les autres sont spectateurs et ne participent que rarement à l’élaboration des réponses.

Ainsi, on peut considérer qu'il n'y a pas une très grande marge de manoeuvre sur la phase de recherche documentaire pour modifier l'activité des élèves. Les critères essentiels sont l'adaptation question – information – connaissances des élèves ; l'enjeu et la durée ne jouant qu'assez peu.

Cette phase est indispensable mais nos résultats montrent qu'elle n'est pas suffisante pour qu'il y ait des activités de construction du sens des informations. Il semble nécessaire d'y adjoindre une phase de confrontation entre pairs et non un simple exposé ou rédaction de document écrit.

Cette confrontation entre pairs qui ont des connaissances partagées et des niveaux semblables semble très fructueuse pour construire de la compréhension non seulement des informations recueillies mais aussi développer la compréhension de connaissances scolaires ou quotidiennes.