2.1 La limitation à l'étude du comportement

Le paradigme de la psychologie behavioriste postule qu'il n'est pas possible d'accéder aux états mentaux des individus. L'objet des études menées dans ce paradigme est donc essentiellement le comportement, dont on fait l'hypothèse qu'il est régi par des lois liant des entrées (les stimulations objectives) et des sorties (le comportement observable de l'individu).

Si cette approche a trouvé un écho considérable dans le domaine de la psychologie du comportement, en particulier aux Etats-Unis grâce à Watson, (Paicheler, 1992 ; Parot et Richelle, 1992) elle a été, par contre, moins dominante dans l'étude du travail, tout du moins en France (Leplat, 1993). Les études des psychologues du travail se sont très tôt intéressées à la fois aux facteurs physiologiques, psychophysiologiques et mentaux qui entrent dans l'accomplissement d'un métier (Lahy et Pacaud, 1948) et donc à des dimensions de l'activité qui dépassent de loin le simple comportement. Comme l'explique Leplat (1993), la psychologie du travail de l'époque était moins guidée par des perspectives théoriques que par la volonté de prendre en compte la complexité des tâches prescrites et l'activité humaine y répondant.

‘"L'attention portée aux situations complexes, et le terrain même sur lequel elles s'exécutent, expliquent que les perspectives d'analyse débordent le behaviorisme ambiant et annoncent déjà les orientations cognitives qui suivront. Sur le plan théorique, il apparut vite que les habiletés dites sensori-motrices avaient aussi une composante mentale et que leur acquisition comme leur organisation, mettaient en jeu une activité cognitive." (Leplat, 1993) ’