Cependant, une approche purement intentionnelle ne nous semble pas suffisante, car même dans les cas où l'activité est très contrôlée, tous les processus ou événements qui la composent ne sont pas nécessairement orientés par des représentations élaborées relativement aux buts, étapes et moyens d'action. Les termes d'automatismes, de routines ou d'opérations, utilisés dans beaucoup de recherche en psychologie du travail veulent rendre compte de ces processus, qui ne nécessitent pas la spécification préalable d'un but et d'un plan conscient (Leplat, 1990). Searle (1985) soutient également qu'un arrière plan est nécessaire dans l'intentionnalité. Cet arrière plan implique des capacités pratiques qui sont comme des conditions non-intentionnelles qui rendent l'action intentionnelle possible.
Nous allons nous intéresser maintenant à trois modèles issus de disciplines différentes (psychologie et sociologie) qui ont en commun de laisser la possibilité d'une pluralité de mode de coordination de l'action, que ce soit par des routines ou des automatismes, mais aussi par des démarches plus réflexives, voire par des règles socialement partagées. Il s'agit des modèles SRK de Rassmussen (1986), de la théorie de l'activité de Leontiev (1984), et des régimes de coordination de Thévenot (1998). Nous discuterons chacun de ces trois modèles, et nous tenterons ensuite de préciser notre approche théorique des modes de coordination possibles de l'activité.