2.6.4 Points de convergences et différences entre les trois modèles

Si ces trois modèles n'ont pas été élaborés dans la même perspective, une idée commune en ressort : celle de la nécessité de distinction entre des niveaux ou régimes d'activité différents pour rendre compte de la complexité des activités humaines en situations naturelles. Dans des situations très familières, de nombreux automatismes (couplage perception, action physique) et routines (contrôle par des règles ou procédures dérivées d'activités antérieures), peuvent être élaborés puis mobilisés (niveaux des automatismes et des règles chez Rassmussen ; niveau des opérations chez Leontiev ; régime familier chez Thévenot). Ces automatismes et ces routines sont généralement difficilement explicitables par l'acteur. Ils ne peuvent être observés et analysés en dehors des situations qui les déclenchent. Dans des situations plus nouvelles, la définition de buts d'actions est généralement nécessaire, ainsi que l'appui sur des connaissances explicites et plus ou moins locales (niveau des connaissances chez Rassmussen ; niveau des actions chez Leontiev ; régime de l'action téléologique chez Thévenot).

Il existe, cependant, des différences importantes entre ces trois approches. En premier lieu, ces trois auteurs n'envisagent pas de la même manière les liens entre les différents niveaux ou régimes d'activité pris en compte. Si Leontiev et Rassmussen proposent un modèle hiérarchique où les différents niveaux sont enchâssés, Thévenot considère que l'on bascule d'un régime à l'autre, selon les situations rencontrées.

En outre, deux des approches étudiées (Leontiev et Thevenot) abordent les dimensions sociales de l'activité, l'absence d'une telle préoccupation chez Rassmussen s'expliquant sans doute par la problématique psychologique de ses travaux qui focalisent sur l'activité cognitive individuelle.