Si ces trois modèles n'ont pas été élaborés dans la même perspective, une idée commune en ressort : celle de la nécessité de distinction entre des niveaux ou régimes d'activité différents pour rendre compte de la complexité des activités humaines en situations naturelles. Dans des situations très familières, de nombreux automatismes (couplage perception, action physique) et routines (contrôle par des règles ou procédures dérivées d'activités antérieures), peuvent être élaborés puis mobilisés (niveaux des automatismes et des règles chez Rassmussen ; niveau des opérations chez Leontiev ; régime familier chez Thévenot). Ces automatismes et ces routines sont généralement difficilement explicitables par l'acteur. Ils ne peuvent être observés et analysés en dehors des situations qui les déclenchent. Dans des situations plus nouvelles, la définition de buts d'actions est généralement nécessaire, ainsi que l'appui sur des connaissances explicites et plus ou moins locales (niveau des connaissances chez Rassmussen ; niveau des actions chez Leontiev ; régime de l'action téléologique chez Thévenot).
Il existe, cependant, des différences importantes entre ces trois approches. En premier lieu, ces trois auteurs n'envisagent pas de la même manière les liens entre les différents niveaux ou régimes d'activité pris en compte. Si Leontiev et Rassmussen proposent un modèle hiérarchique où les différents niveaux sont enchâssés, Thévenot considère que l'on bascule d'un régime à l'autre, selon les situations rencontrées.
En outre, deux des approches étudiées (Leontiev et Thevenot) abordent les dimensions sociales de l'activité, l'absence d'une telle préoccupation chez Rassmussen s'expliquant sans doute par la problématique psychologique de ses travaux qui focalisent sur l'activité cognitive individuelle.
Avec le niveau de l'activité, Leontiev souligne que des groupes d'acteurs humains ont institué, avec l'histoire, certaines actions pour lesquelles ils ont défini des moyens et procédures qui doivent être connus de tous les membres du groupe. L'activité définit un cadre social aux actions avec des règles explicites ou implicites, orientant ainsi l'intentionnalité individuelle et finalement limitant celle-ci. Cela souligne le caractère social de l'orientation et des moyens de l'agir, souvent préexistant à l'individu et dont celui-ci peut ne pas avoir pleinement conscience.
Thévenot distingue, quand à lui, plusieurs possibilités de coordination pour l'action collective. La sociologie et l'anthropologie ont souvent privilégié des explications par la coutume, l'usage courant, l'habitus (Mauss 1950 ; Bourdieu 1980), c'est-à-dire des règles très intériorisées par des membres d'un même collectif ou d'une même classe sociale, pour rendre compte de comportements similaires. Thévenot argue que ces concepts ne sont pas suffisants pour faire état de la pluralité des modes de coordination des actions de différents individus. Ils ne donnent que des principes permettant d'interpréter l'action collective dans des situations sociales très familières, où ont pu se constituer des règles stables, qui ont été peu à peu intériorisées par les différents membres du collectif, jusqu'à devenir très inconscientes. Pour Thévenot, il s'agit d'un mode de coordination parmi d'autres. L'explicitation réciproque des buts, moyens et procédures d'actions peut également permettre d'agir en commun, dans des situations ou les acteurs sont en co-présence. De même, lorsqu'il s'agit de coordinations à grande échelle, des conventions justifiables, telles les lois juridiques ou les connaissances scientifiques peuvent permettre à des collectifs d'agir de façon cohérente, sans pour autant recourir à des interactions de face à face.