3.4 Agir dans des situations socio-techniques

L'examen successif de l'impact de la position dans l'espace-temps des objets et des acteurs sur l'activité a montré l'importance d'une prise en compte de ces paramètres dans notre étude. On a pu définir, pour chacun d'entre eux, une approche théorique. On a introduit la notion de zone d'action et de perception pour une prise en compte des effets de la position spatio-temporelle, liée au type d'activité en cours. Dans cette zone les élèves-ingénieurs interagissent avec des artefacts et des acteurs. On a vu que les artefacts contraignent l'activité, mais que les élèves peuvent éventuellement les adapter à leurs besoins. Enfin, la question de l'activité avec d'autres acteurs a été abordée. Elle a mis en évidence le rôle du langage comme moyen d'action et de coordination, et le fait que trois types de langages, liés aux modalités de l'activité, pouvaient être mobilisés.

Jusqu'ici, nous avons mis en évidence les effets isolés de l'espace, des objets et des autres acteurs. Pourtant, l'examen séparé de ces différents points ne sous semble pas suffisant, car les situations de travail des élèves ne se résument pas à la simple juxtaposition d'éléments humains et artefactuels dans des lieux donnés. La somme n'est pas égale aux parties. Au contraire, il y a des imbrications préexistantes et souvent étroites entre ces différents aspects des environnements de travail (espace ; artefacts ; acteurs). On peut déjà constater ces imbrications en lisant des documents décrivant l'organisation officielle d'une entreprise. Ceux-ci vont souvent bien plus loin que la seule spécification des rôles et des tâches des acteurs humains. Ils concernent aussi l'espace, la répartition des objets et leurs caractéristiques, les lieux de travail de certains acteurs, spécifiant ainsi des liens entre ces différentes entités des environnements de travail.

Notre hypothèse est que les imbrications entre les acteurs et les objets ne sont pas sans effet sur l'activité des élèves-ingénieurs. Pour pouvoir étudier ces effets, nous allons maintenant présenter une approche en terme de réseau socio-technique. On étudiera ensuite ce qui peut contribuer à configurer ces réseaux, puis leur impact potentiel sur l'activité des élèves.