3.4.2 Les facteurs de stabilisation ou de déstabilisation des réseaux socio-techniques

L'approche de Callon (1988) et Latour (1989) est très empirique : elle ne fait pas d'hypothèses a priori sur les facteurs (sociaux, techniques, etc.) qui vont contribuer à structurer et à stabiliser des configurations particulières de réseaux ou au contraire à les défaire. Il faut sans doute trouver comme raison à cela la focalisation de ces deux chercheurs sur les processus d'innovation. Il est difficile de dégager a priori des facteurs structurants dans de tels processus à l'intersection de plusieurs institutions ou domaines d'activité pour lesquels peu de règles préexistent. Dans ces cas là, les réseaux se font et se défont en permanence.

Dans son utilisation du concept de réseau socio-technique, Dodier (1995) n'est pas aussi empiriste puisqu'il tente de déterminer a priori des facteurs valables pour différentes entreprises. Ces facteurs vont jouer un rôle dans la stabilisation ou la déstabilisation de parties de ces réseaux.

La démarche de Dodier nous semble plus intéressante, car les élèves-ingénieurs, s'ils ont à conduire des actions d'innovation, agissent néanmoins dans des contextes industriels relativement structurés. Ne pas prendre en compte ces derniers nuirait à une étude qui se donne comme objectif de comprendre en quoi l'activité des élèves est dépendante de ces contextes structurés.