4. Méthodologie pour l'analyse globale

Nous quittons maintenant un regard qui s'est voulu relativement précis pour une analyse complémentaire, certes selon un grain plus gros, mais plus adapté à l'étude des évolutions majeures de l'activité et des environnements de travail des élèves tout au long des trois années de leur présence dans l'entreprise.

4.1 Principe de la méthodologie

La méthodologie développée pour ce niveau d'analyse fait appel au même principe que pour le niveau d'analyse local. Il s'agit là aussi de constituer des chroniques d'activité à partir de sources que l'on cherche à diversifier le plus possible (cf. tableau 1) et que l'on intègre dans le récit de l'activité à différentes étapes (cf. figure 5)

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Figure 16 : Les étapes de la constitution des chroniques d'activité

Simplement, le type de données sur lequel on s'est appuyé est différent, compte tenu de l'extension temporelle considérée. Le suivi systématique par des observations étant méthodologiquement démesuré, il n'est possible d'avoir accès à ces évolutions que par le biais de détours, à savoir soit des informations extraites d'entretiens, soit des documents d'archives, soit des écrits de l'élève lui même, ou d'autres acteurs qui furent des partenaires ou des témoins de son activité.

D'aucuns diront alors que nous ne pouvons viser la reconstitution des actions réalisées dans des contextes particuliers, puisque d’une part, on n'en a pas eu une observation directe et que, d’autre part, les propos et les écrits de l'élève et des témoins de son activité sont forcément lacunaires ou déformés. Nous ne suivons pas ce point de vue mais admettrons au contraire, sans rentrer dans un débat qui a déjà fait couler beaucoup d'encre, qu'il est possible de viser une description réaliste des actions réalisées et de leurs conditions d'effectuation, moyennant une diversification et un recoupement des données servant à l'analyse (Kaufmann, 1996 ; Olivier de Sardan, 1995 ; Hoc, 1991).

D'un point de vue méthodologique, une stratégie possible aurait été de recueillir différentes données pour ensuite les confronter afin d'étudier les cohérences et les contradictions entre différents points de vue sur les actions réalisées, comme par exemple ceux de l'élève et de ses tuteurs. Nous avons préféré utiliser une méthodologie que l'on pourrait qualifier de cumulative39, pour la simple raison que nous cherchons moins à comprendre les différences de point de vue sur l'activité de l'élève qu'à reconstituer celle-ci dans son contexte. Notre démarche consiste à enrichir progressivement la description de l'activité de l'élève et de son contexte, par l'apport successif de différentes informations, complémentaires des précédentes.

Dans la partie suivante, nous allons décrire plus en détail chacune des étapes de cette méthodologie qui a permis d'aboutir aux chroniques d'activité. Puis nous verrons quels principes ont été utilisés pour le découpage et l'analyse de ces chroniques.

Notes
39.

Olivier de Sardan (1995) parle alors de triangulation complexe dans le cas d'un recueil en parallèle des différentes données, pour la distinguer de la triangulation simple qui croise les informations de manière cumulative, comme nous l'avons fait.