4.2.2 Entretien avec l'élève (étapes 3 et 4)

Dans un deuxième temps, nous nous sommes tournés vers l'élève, en sollicitant auprès de lui un entretien.

Nous avons apporté une attention particulière au contexte de notre échange avec lui. L'entretien s'est déroulé dans l'entreprise, généralement dans le bureau habituel de l'élève ou tout du moins non loin de celui-ci. La consigne générale que nous lui avons donnée était la suivante : ‘"à partir des repères du tableau suivant [première version des chroniques d'activité réalisée à partir des documents disponibles à l'ISTP], et en t'appuyant sur tous les documents ou objets dont tu disposes qui seront utiles pour t'aider à te rappeler, décris-moi les différentes actions que tu as menées dans le cadre de ta formation en entreprise"41.’

Notre objectif était de placer l'élève dans un contexte aussi proche que possible de la réalisation de ses actions, en particulier à proximité d'un certain nombre de ressources (documents écrits, objets, voire acteurs) jouant le rôle à la fois de stimulant de l’évocation, et d’obligation de cohérence vis à vis des informations livrées par ces ressources42. Cela évite que l'élève ait toutes les cartes dans son jeu durant l'échange : les documents qu'il ouvre devant nous, nous donnent des possibilités d'intervention sur le fil de la conversation (Pharo, 1993) pour approfondir ou introduire certains faits (exemples de questions : pourquoi cette lettre a-t-elle cette date ? ; comment se fait-il que ces destinataires soient mentionnés ?) et minimisent les risques d'omissions de parties importantes de ce qui s'est passé.

A partir de cet entretien, nous avons enrichi notre première description de l’activité des élèves, dans le même tableau que précédemment, organisé par période d'alternance.

Notes
41.

Rappelons que les formateurs de l'ISTP appellent formation en entreprise à la fois l'activité effective de l'élève dans l'entreprise, mais également tous les temps qui sont organisés à l'école pour aider et évaluer les élèves dans cette activité.

42.

Comme le souligne M. Bloch, souvenir et évocation ne sont pas à confondre : "le passé se présente à un sujet comme une réserve de matériaux toujours adaptables selon les situations ou les dispositions d'esprit, qui sont souvent le résultat de contextes sociaux organisés". (Bloch, 1995, p66). L'évocation de faits dans un contexte donné peut être différente de celle faite dans un autre contexte, de nombreux exemples le prouvent. Le souvenir est potentiellement beaucoup plus riche que l'évocation qui en est faite un moment donné. Il convient donc de réfléchir préalablement très sérieusement au contexte d'évocation de ce passé, compte tenu de son importance dans le processus d'évocation.