Après cet examen des actions au niveau global, nous pouvons résumé les traits les plus caractéristiques de l’activité de l’élève sur les 3 années étudiées de la façon suivante.
Une longue période de 7 semaines durant laquelle S réalise des actions de production très répétitives.
De fréquentes analyses de la propreté des papiers (analyses qualitatives, quantitatives et économiques), les informations relatives aux résultats de ces analyses étant ensuite transmises aux acteurs des sites de production. Ces enchaînements analyse - information ont lieu principalement sur le site de production n° 1.
Des sollicitations fréquentes du tuteur entreprise tout au long des trois ans qui ont pour but, la plupart du temps, d’organiser les actions de l’élève (bilan / planification). S semble assez peu autonome vis-à-vis de son tuteur, dans la mesure où c’est ce dernier qui coordonne l ‘ensemble du projet et lui prescrit régulièrement ce qu’il faut faire.
Des sollicitations de fournisseurs, et des changements de l’unité de production n° 1 dont les fréquences sont faibles en première année et augmentent quelque peu au cours des deux suivantes. Elles ont souvent pour objectif d’améliorer la capacité de cette unité à analyser la propreté des papiers.
Très peu de sollicitations d’autres acteurs de l’entreprise, ainsi que d’actions de coordination.
Ces différentes actions conduisent à la fréquentation de lieux privilégiés de l’entreprise (cf. graphique 859). On constate, que c’est le laboratoire Recherche & Développement qui est le plus visité. Ce n'est pas étonnant dans la mesure où S y a installé son bureau dès la période E5 (PA n° 56) et que c'est aussi là qu’il analyse les impuretés des papiers. Vient ensuite le bureau du tuteur entreprise, où sont conduits les bilans et les planifications du projet. Les autres bureaux des services techniques ainsi que les bureaux des services centraux, qui se trouvent à quelques centaines de mètres de là, sont, par comparaison, peu fréquentés.
Des trois sites de production, c’est le site 1 où S se déplace le plus souvent. Les deux autres sont beaucoup moins visités car S a fortement privilégié l’amélioration de la propreté de ce premier atelier. Sur le site 1, deux lieux sont très fréquentés :
les bureaux des responsables opérationnels et du chef de fabrication,
le local de pilotage de la machine.
S se déplace souvent dans ces lieux pour recueillir la matière première de ses analyses, puis pour informer les personnels de production des résultats obtenus. Les principales modifications auxquelles participe l’élève se déroulent aussi dans ces deux lieux (mise en place du système de contrôle caméra, coordination des essais de produit anti-poix, modifications des règles de contrôle du papier). Enfin le bureau des responsables de la machine est aussi le théâtre des réunions mensuelles de suivi de la qualité, auxquelles S participe la dernière année.
Le bilan de l’ensemble des interactions humaines ayant lieu pendant les différentes actions de l’élève indique un nombre d’interlocuteurs assez restreint (cf. graphique 9).
Les acteurs les plus souvent rencontrés sont :
le responsable de production, qui est aussi le tuteur de l’élève,
les membres des trois services de production (chefs de fabrication, Responsables Opérationnels, opérateurs), avec cependant une domination des acteurs du premier site de production, due, comme on vient de le voir, au fait que S a privilégié la mise en oeuvre de son projet sur ce site au détriment des deux autres.
Pour le reste, S interagit peu avec d’autres types d’acteurs.
Enfin, les fonctions des différents objets avec lesquels interagit l'élève60 sont la production, l'analyse ou le traitement d'informations.
Fonction de production. Il s'agit la plupart du temps de parties des installations de l’unité de production 1, et dans une moindre mesure de celles des deux autres sites. La taille de ces installations techniques et l'étendue de leur répartition géographique n'autorisent pas une observation globale de leur fonctionnement, hormis par le biais des synoptiques de la salle de contrôle de la machine. Pour S qui s'intéresse aux problèmes de non-propreté, il faut se déplacer fréquemment pour observer des parties limitées de la ligne de production, telles que la qualité de l'eau dans le château d'eau ou à la sortie de la machine, ou bien l'état de propreté d'une cuve de préparation de la pâte papier.
Fonction d'analyse. S utilise des ressources telles que microscope, réactifs chimiques, matériel d'analyses plus ou moins automatisé. Pour donner une idée de la variété de ce matériel, disons que notre reconstitution réfère à des objets qui vont du microscope, jusqu'au système de contrôle automatique par caméra.
Fonction de traitement d'informations. S se sert régulièrement du système informatique qualité pour obtenir rapidement une somme importante de données sur les problèmes de propreté des papiers. Il utilise aussi souvent des postes informatiques locaux équipés de logiciels tels que Excel ou word pour mettre en forme ses résultats d'analyses : tableaux, courbes, commentaires.
Ce graphique ne veut pas rendre compte de la durée d’occupation des différents lieux de l’entreprise. Pour le réaliser, nous avons simplement compter le nombre de fois où ces lieux apparaissaient dans notre reconstitution. Il ne s’agit là que d’un calcul, certes relativement imprécis, mais qui permet cependant d'avoir une idée approximative des lieux les plus visités par l’élève.
Nous n'avons pas fait de comptage des interactions avec les artefacts dans la mesure où cette opération était trop complexe. Comment, par exemple, considérer une action d'observation de la machine à papier ? Doit-on compter plusieurs interactions compte tenu du fait que S observe plusieurs parties de cette machine ? Ou bien faut-il seulement retenir qu'il n'y a qu'une interaction globale avec la machine ? On tombe là sur un problème de délimitation d'un artefact fortement lié au reste du réseau socio-technique.