2.1.2.3 Sollicitation du Tuteur entreprise (S3)

Nous avons retenu un troisième type de sollicitations : celles du tuteur entreprise dont le rôle est aussi didactique. Rappelons que J a eu successivement deux tuteurs entreprise, un pour la première année, un autre pour les deux suivantes.

Tableau 57 : Répartition des sollicitations du tuteur entreprise (S3) par période d'alternance
1ère année (10/96 09/97) 2ème année (9/97 09/98) 3ème année (9/98 9/99)
E1 I2 E2 I3 E3 I4 E4 I5 E5 I6 E6 I7 E7 I8 E8 I9 E9 I10 E10 I11 E11 I12 E12 I13 E13 I14 E14 I15 E15 I16 E16 I17 E17 I18 E18 I19 E19 T
NPA 2 2 2 2 3 2 1 6 4 4 3 1 1 33

Les sollicitations du tuteur deviennent de plus en plus fréquentes jusqu'à la fin de la deuxième année, pour ensuite diminuer fortement en troisième année (cf. tableau 5). Ceci tendrait à montrer que J devient plus autonome vis-à-vis de son tuteur à la fin de la formation.

Lors de la première année, J n'a pas un rôle de chef de projet, pour la simple raison qu'il rejoint un projet en cours, dont le tuteur entreprise est déjà responsable. Ce dernier lui demande de participer à la mise au point de la machine et à l'aménagement de son environnement immédiat (cf. PA n° 20). Dès le début de cette première année, J dispose d'une relative autonomie. Il sollicite son tuteur lorsqu'il a besoin de conseils sur tel ou tel aspect de la conception ou bien pour passer commande auprès des fournisseurs (cf. PA n° 5, 8, 30), son statut d'apprenti ne lui permettant pas de signer ces commandes. Remarquons que cette étape est un moment important pour le tuteur entreprise, car il peut vérifier une dernière fois, par le biais de la commande proposée par l'élève, la cohérence du choix de ce dernier.

Parallèlement à sa participation à ce projet conduit par le tuteur entreprise, J va solliciter ce dernier à plusieurs reprises, en réponse aux demandes de l'école, afin qu'il définisse un Projet (au sens de l'ISTP) pour la deuxième et troisième année (cf. PA n° 22, 32, 58). Malgré ses sollicitations répétées, le tuteur entreprise ne lui donne que des réponses assez vagues, sur des projets d'investissements qui ne sont pas sûrs d'être réalisés.

C'est seulement lorsque le second tuteur entreprise succède au premier, que le Projet est véritablement décidé. Peu de temps après qu'il ait appris le changement de tuteur, J le sollicite pour discuter du Projet. Il est intéressant de se pencher sur ce moment d'échange (cf. PA n° 60) car il y a une vrai négociation entre les deux acteurs. Face aux propositions du tuteur entreprise, J pose certaines exigences : "Avoir un plus petit secteur, mais être autonome", " Rester sur le secteur ampoule car l'ISTP demande un projet global", "Il faut un Projet sur 2 ans". Le résultat de cette négociation, validé quelque temps après par le tuteur ISTP (cf. PA n° 61) puis le jury d'agrément des thèmes (cf. PA n° 69) se traduit par :

L'échange que l'on vient d'étudier entre J et son tuteur entreprise donne une bonne idée du type de relations qui s'installe entre eux pendant les deux années suivantes. D'une part le tuteur entreprise laisse J assumer son rôle de responsable des projets, d'autre part J n'est pas toujours d'accord avec le tuteur et le lui fait savoir (cf. PA n° 121). Après une phase de transition, en début de deuxième année, où le tuteur transmet à J les dossiers des deux projets qu'il avait entamés et pendant laquelle il se fait plus présent auprès de son élève (cf. PA n° 70, 71, 82), il va ensuite adopter une position de conseil, tout en gardant un oeil sur la cohérence des actions de J, en particulier du point de vue des décisions prises par ce dernier. Il le fait, soit à la demande de J (cf. PA n° 77, 96, 100, 112, 125, 137, 138, 141, 177, 183, 185, 220, 245, 263, 287), soit de sa propre initiative (cf. PA n° 83, 114, 121, 153, 205, 213, 223), parce qu'il a des informations nouvelles, ou bien parce qu'il lui semble que J s'engage dans une mauvaise direction ou encore parce qu'il le juge en position délicate. Comme son prédécesseur, il dispose du pouvoir de bloquer un investissement qui lui semble mal préparé ou inutile, puisque c'est à lui de signer les demandes d'achats (cf. PA n° 117, 139). Enfin, J lui demande parfois de réaliser des tâches pendant qu'il est lui-même à l'école, afin de ne pas trop retarder le projet en cours (cf. PA n° 77, 122). Nous disposons de peu d'informations sur le lieu des interactions de J avec son tuteur. Elles semblent se dérouler le plus souvent de manière informelle, dans le bureau de l'un ou l'autre. Plus rarement, des échanges ont lieu aussi en présence d'autres acteurs, en réunion par exemple (cf. PA n° 114), voire même à l'extérieur de l'entreprise (cf. PA n° 82).