Avec l'analyse locale, nous avons pu étudier plus finement la réalisation de nombreuses actions caractérisées au niveau global. Il en ressort que les journées de J sont beaucoup plus variées que celles du premier élève. Si le premier jour et le quatrième jours sont consacrés à de nombreuses sollicitations, le deuxième est occupé par la mise au point d'un dispositif technique, activité beaucoup plus solitaire. Les informations sont aussi beaucoup plus nombreuses le troisième jour car J participe à une réunion. Les analyses sont, quant à elles, concentrées sur le troisième et surtout le quatrième jours.
Si l'on considère, non plus des types d'action séparés, mais l'enchaînement de toutes les actions dans une journée, on s'aperçoit que J bascule fréquemment et très facilement d'une préoccupation à une autre. Il n'hésite pas à faire très souvent de multiples aller et retour entre les deux zones géographiques restreintes où s'organise principalement son activité (cf. graphique 20) :
le premier étage, où se trouvent les bureaux techniques, avec essentiellement son propre bureau, et des incursions ponctuelles dans d'autres bureaux, notamment celui du tuteur,
l'atelier de fabrication des ampoules, la zone de production la plus fréquentée.
Cependant, deux jours font exception par le caractère plus fixe de l'activité de l'élève :
le 2/04, où J reste de longs moments dans la pièce où se trouve le banc d'essai du dispositif de séchage pour paramètrer techniquement celui-ci,
le 17/04, date de l'essai de mise en production.
Au cours des trois autres jours, l'activité se déroule entre l'atelier ampoule et son bureau situé au premier étage. Entre ces deux pôles géographiques extrêmes, J glisse parfois des visites plus ou moins longues dans d'autres pièces, tantôt prévues, tantôt fortuites. Il profite souvent des opportunités qui se présentent lorsqu'il croise des acteurs sur le trajet entre son bureau et les ateliers de production. Ces rencontres peuvent ensuite entraîner J dans d'autres endroits que ceux qu'il avait prévu initialement de visiter.
Ceci nous amène au bilan des interactions humaines pendant les 5 jours étudiés. Leur variété est semblable à celle que nous avons pu voir au niveau d'analyse global (cf. graphique 21). Les interactions les plus fréquentes ont lieu avec :
les fournisseurs,
les opérateurs,
le tuteur entreprise.
A coté de ces interlocuteurs privilégiés, on relève, comme au niveau global, des interactions, certes beaucoup moins nombreuses, mais très variées d'un point de vue hiérarchique (ex : directeur du site, responsables de service, techniciens) et fonctionnel (maintenance, production, contrôle final, engineering, laboratoire industrialisation, etc.). La réunion hebdomadaire permet, notamment, un accès groupé aux différents responsables de service, à certains spécialistes et au directeur du site.
De manière générale, il y a aussi cohérence entre les niveaux d'analyse au niveau des interactions avec les objets.
On retrouve ainsi l'importance des outils de communication, avec, au 1er rang, le téléphone et le fax pour échanger avec les fournisseurs. J utilise également parfois le courrier électronique pour communiquer avec des interlocuteurs internes à l'entreprise.
Comme au niveau global, J se sert beaucoup de documents écrits pour la description des caractéristiques des dispositifs techniques et de leur utilisation. Parmi ces écrits, il y a de nombreux documents officiels : dossier de poste, cahier des charges, dossier de qualification, fiche Projet, mode emploi vision. Ceux-ci sont, pour la plupart, élaborés à l'aide d'un micro-ordinateur équipé d'un traitement de texte. D'autres écrits, moins officiels, sont parfois rédigés à la main (notes ou schémas plus personnels).
Enfin, il y a également cohérence du point de vue de la fréquence des interactions avec les dispositifs techniques sur lesquels portent les projets dont J a responsabilité : caméra, machine de remplissage, dispositif de séchage, etc.
Le seul véritable écart concerne le logiciel de dessin technique AutoCad que J utilise à plusieurs reprises en 1ère et 3ème année, notamment lors du projet de réorganisation de la ligne de production. En fait, entre ces deux périodes d'utilisation, J n'en a pas souvent besoin, dans la mesure où ce sont les fournisseurs qui réalisent les plans de certains dispositifs. L'absence d'utilisation du logiciel au niveau local ne fait que confirmer ce point.