La première condition pour pouvoir mobiliser des ressources, qu'elles soient humaines, symboliques (documents scripturaux, sur support papier ou informatique) ou matérielles, est de savoir où elles se trouvent et si elles sont disponibles. L'étude de l'activité de l'élève montre qu'il acquiert de nombreuses connaissances sur la localisation et la disponibilité des ressources dont il a besoin. C'est le cas, par exemple, au niveau des outils. Sur le site où se trouve J, le service engineering dispose peu d'outils81 mécaniques (clés, perceuse, etc.) ou électroniques (multimètre, oscilloscope, ordinateur portable) pour intervenir sur les installations de production. Quand il a besoin d'outils de ce type, J sait qu'il peut les trouver au service maintenance.
‘- J : "Et puis tu sais j’avais à faire une bricole, percer un trou. Et bien tu vas à la maintenance, tu demandes la perceuse, où est la perceuse. Donc dans tout ce que j’ai fait, les démarches, j’avais besoin de matériel, j’allais les voir"(entretien élève p24). ’Les observations dans l'entreprise montrent, effectivement, qu'il n'hésite pas à se rendre au service maintenance, mais aussi parfois aux services généraux, dès qu'il a besoin d'un matériel quelconque (cf. actes n° 11241126, 11391140).
Il n'a pas de problèmes non plus pour trouver des ressources symboliques. Il sait notamment que les procédures organisationnelles sont disponibles dans des versions mises à jour sur le réseau informatique interne (cf. actes n° 10141015) et qu'elles existent aussi en version papier dans des classeurs rangés dans une pièce proche de son bureau. De même, il sait où trouver les plans ou les notices des dispositifs techniques (service maintenance, cf., par exemple, actes n° 51775180) ou des locaux (services généraux, cf. acte n° 5159) qui l'intéressent.
J dispose, par le biais de ses collègues du service, d'une importante liste de fournisseurs potentiels qu'il est d'autant plus facile de solliciter, que ceux-ci ont l'habitude de travailler avec l'entreprise E2. En ce qui concerne les acteurs de l'entreprise, il a parfois un peu plus de difficultés pour les solliciter. Au moment de nos observations dans l'entreprise, c'est-à-dire au milieu de la formation, J passe un temps non négligeable à rechercher certains acteurs (cf. 2.2.2.2). Il bute aussi, quelques fois, sur le manque de disponibilité de ses interlocuteurs. Bien sûr, même en disposant d'une grande expérience dans l'entreprise, il n'est certes pas toujours possible de localiser, à tous moments, les personnes dont on a besoin. Mais à la fin de sa formation, J a acquis des connaissances plus fortes sur les habitudes ou emplois du temps habituels de ses interlocuteurs. Nul doute que ces connaissances lui ont permis de diminuer d'autant le temps passé à rechercher ces personnes ou à attendre qu'elles soient disponibles.
- O : "C’est une question que je me posais ça : le service engineering finalement en termes de ressources matérielles, il n’a pas tellement de choses à lui même ?" [..]
- J : "Non. On a une caisse à outil et puis voilà. Et puis si on a besoin de quelque chose et ben on commande, ou la maintenance peut nous prêter des choses. Mais ils nous le facturent en gros. [..] C’est affecté sur la machine une telle parce qu’on a fait une amélioration mais suite à la demande de l’engineering, du moins suite à l’engineering qui a demandé la pièce". (entretien élève p25)