3.3 Les limites de l'expertise acquise

Notre étude pointe aussi certaines limites de l'expertise acquise par l'élève. Plusieurs exemples sont les signes d'une tendance à aller trop vite sur les projets, qui laisse parfois de côté l'analyse approfondie de l'organisation des réseaux socio-techniques de production et la réflexion sur la coordination des actions entre les différents acteurs sollicités. Soucieux de tenir les délais annoncés auprès des formateurs de l'ISTP, et de montrer son efficacité auprès des responsables de l'entreprise, J passe parfois à coté de certains aspects des projets qu'il a à gérer.

On a vu ainsi que J ne voit pas l'intérêt des bacs provisoires en carton pour tester la configuration du poste de travail auprès des opérateurs de production (actes n° 51645165). Il pense que ces bacs risquent de rester trop longtemps en place, laissant ainsi le poste de travail non achevé et exposé aux critiques des opérateurs. J souhaite terminer au plus vite ces aménagements. Il préfère privilégier un achèvement rapide des modifications techniques, plutôt qu'une analyse de l'ergonomie du poste.

Cette logique de rapidité est encore privilégiée dans le cas du dispositif de vision et donne lieu à un autre affrontement avec le tuteur entreprise (quatrième jour d'observation), au cours duquel J ne voit pas l'intérêt d'une installation de ce dispositif en deux fois (cf. actes n° 4214219, 42244226, 42324237). La planification proposée par le tuteur est pour lui une perte de temps.

Nous pourrions donner d'autres exemples de cette logique de rapidité, privilégiée au détriment d'une démarche plus réflexive et plus analytique. Il est assez probable que la faible fréquence des actions d'analyse et de coordination soit à l'origine d'un manque de connaissances dans ces domaines. Celles-ci ne peuvent sans doute être acquises que par une expérience plus importante dans la réalisation de ce type d'action.