3.1 Les caractéristiques des réseaux socio-techniques de production

Deux points importants sont à retenir concernant ce premier facteur, à savoir :

  • Les effets dus au type de procédé de fabrication (continu ou discontinu),

  • les conséquences de l'histoire du réseau socio-technique de production.

Dans le cas du premier élève, nos résultats montrent que la nature continue du procédé contribue à rendre l'analyse des causes de non-propreté du papier relativement longue et complexe. Le produit se déplaçant sans cesse au sein d'installations où il est peu visible, il entraîne avec lui les symptômes des problèmes. Par conséquent, l'élève doit considérer simultanément un vaste espace pour remonter à l'origine des dysfonctionnements. A l'inverse, dans le cas du second élève, le procédé discontinu restreint les actions a des périmètres plus petits, beaucoup plus proches de la zone d'action et de perception de l'élève. L'organisation par poste lui permet aussi de s'appuyer sur les connaissances des opérateurs, souvent très fines en ce qui concerne les caractéristiques spécifiques de leurs machines. Les analyses et les changements peuvent donc être accélérés par les sollicitations du personnel de production.

Le poids des contraintes de production constitue une autre différence importante entre les deux types de procédés. Les interventions sur les installations de fabrication du papier ne peuvent se faire aisément en raison du fonctionnement quasi ininterrompu de la production et les liens de solidarité socio-technique importants entre les différents éléments du réseau. Par comparaison, les changements sur les réseaux socio-techniques de production de l'entreprise E2 peuvent être fragmentés par postes de travail isolés, ce qui diminue considérablement le risque de répercussion des problèmes éventuels sur un poste dans tout le reste du réseau.

Les deux types de réseaux socio-techniques de production étudiés n'ont pas non plus la même histoire. Les installations de production de E1, en particulier l'unité de production n°1, sont constituées d'éléments (acteurs et artefacts) en moyenne plus anciens que ceux de l'entreprise E2. Il s'en suit une plus faible résistance aux changements et des analyses des dysfonctionnements plus rapides dans le cas de E2, notamment en raison d'une contribution plus active des opérateurs de production aux projets.