3. Les résultats

Venons en maintenant aux principaux résultats de notre étude et aux enseignements qu'il est possible d'en tirer pour l'ISTP.

L'analyse de l'activité de deux élèves a mis en évidence le développement de deux expertises relativement différentes. Le premier élève peut être qualifié de spécialiste de la recherche des causes et des coûts de non-propreté du papier. Le second est un ingénieur généraliste, capable de conduire des projets d'amélioration technique et ergonomique de postes de travail, en lien avec divers experts. Dans les deux cas, les deux élèves n'ont pas réalisé de manière égale tous les types d'actions caractéristiques du métier d'ingénieur de production105. Certaines actions ont été beaucoup plus fréquentes que d'autres, ceci favorisant le développement des compétences associées à chaque type d'expertise.

Les différences entre les deux élèves et le fait qu'il y ait, dans les deux cas, un fort décalage quand à la fréquence de réalisation de chaque type action, viennent en grande partie des milieux dans lesquels se trouvent S et J. Notre travail a permis de mettre en évidence des facteurs, valables pour les deux cas étudiés, qui contribuent le plus fortement à structurer ces milieux. Il s'agit :

Si l'on se donne comme objectif de favoriser la réalisation équilibrée de tous les types d'actions d'un ingénieur de production, il faut donc étudier la possibilité de jouer sur ces différents facteurs. Il paraît difficile d'avoir une quelconque action sur l'organisation socio-technique de l'entreprise, que ce soit du point de vue des unités de productions ou des autres services. Pour autant, il n'est pas raisonnable de laisser entièrement à la charge de l'élève le soin de modifier les milieux pour les rendre plus apprenants106.

Pour aider l'élève, restent quatre facteurs sur lesquels il est possible d'intervenir :

Notes
105.

En tous cas, celles que nous avons reconstruites à partir des référentiels de l'ISTP.

106.

Au cours de réunions pédagogiques auxquelles nous avons participé à l'ISTP, quand les difficultés de certains élèves étaient évoquées, il n'était pas rare d'entendre des formateurs renvoyer la responsabilité de ces échecs sur un manque de personnalité de l'élève (ex : "Ce n'est pas un comportement digne d'un ingénieur ! Il faut qu'il se prenne en main !"), sans qu'une attention plus importante soit accordée au contexte professionnel dans lequel se trouvent ces élèves. Ces mêmes formateurs n'hésitaient pas à faire la comparaison avec des élèves dotés, selon eux, d'une forte personnalité, leur ayant permis de faire beaucoup plus que les objectifs qu'on leur avait fixé.