3.1 Le Projet

La définition du Projet est primordiale, car c'est en grande partie par son intermédiaire que l'on contribue à structurer les milieux. Une réflexion approfondie mérite donc de lui être accordée. L'évaluation de son envergure est une opération bien maîtrisée par l'ISTP, grâce aux rapports, séances de suivi de projet, et jury d'agrément des thèmes, qui ont lieu en première année. Mais ce type d'évaluation n'est pas suffisant : il faut aussi prendre en compte les implications didactiques du Projet pour l'élève. Dans cette réflexion, deux paramètres importants doivent être considérés :

  • Les caractéristiques des réseaux socio-techniques. On a vu l'influence du type de procédé de fabrication (continu / discontinu) et celle de l'histoire du réseau, sur la complexité et donc le temps nécessaire aux actions d'analyse et de changement.

  • La localisation des ressources nécessaires à l'atteinte des objectifs fixés. Dans certains cas, l'entreprise a une expérience importante de la conduite du type de projet qu'elle confie à l'élève-ingénieur. Ce dernier peut alors bénéficier de cette expérience qui se traduit le plus souvent par une organisation préalable des ressources nécessaires à la réalisation du projet. Mais le projet confié peut aussi être relativement nouveau pour l'entreprise. Dans ce cas, les ressources nécessaires n'existent pas encore, ou sont réparties dans différents services. En conséquence, la difficulté de constitution du réseau socio-technique du projet loin d'être la même dans les deux cas, est un facteur qui peut accélérer ou, au contraire, freiner la réalisation de certaines actions.

Finalement, il serait intéressant de faire de chaque étape du projet, l'objet d'une réflexion didactique, sur la base des deux questions suivantes.

  • Quel(s) type(s) d'action(s) chaque étape implique-t-elle ?

  • Quelle est la complexité de chacun de ces types d'actions, compte tenu des caractéristiques des réseaux socio-techniques de production et de la localisation des ressources nécessaires à leur réalisation ?

Plus généralement, il faudrait définir des étapes cumulatives, au sens où l'étape précédente donnerait à l'élève les ressources et les connaissances indispensables à la suivante, cette dernière impliquant des types d'actions nouveaux par rapport à la précédente. La construction autonome du réseau socio-technique nécessaire à la réalisation du projet serait ainsi favorisée et l'élève deviendrait un concepteur actif de son milieu d'action et d'apprentissage.

Dans cette perspective, les projets industriels, composés traditionnellement de trois grandes étapes successives (diagnostic / recherche de solutions / mise en oeuvre) ne sont peut-être pas toujours les mieux adaptés à l'enchaînement de ces étapes progressives. Par exemple, la phase de diagnostic peut demander, a priori, des connaissances très importantes sur les réseaux socio-techniques de production, dont l'élève ne dispose pas en début de formation. En conséquence, l'ISTP aurait intérêt à faire la distinction entre le projet industriel et ce que l'on pourrait appeler le projet de formation ou le parcours de formation. Cette distinction contribuerait peut-être à stimuler la réflexion sur les aspects didactiques du parcours de l'élève en entreprise.

Il n'est pas sûr non plus qu'il faille attendre un an pour définir un projet de formation, car dans ce laps de temps, l'élève peut n'avoir aucun objectif clairement défini. Pour l'instant, la première année de formation est envisagée comme une phase de découverte de l'entreprise et de définition du projet industriel. Il faudrait peut être que le projet de formation, si cette idée est retenue par l'ISTP, soit défini très rapidement et englobe ce processus de découverte de l'entreprise et de définition du projet industriel. Cela permettrait d'individualiser les parcours en entreprise dès le début de la formation.