1- Stagnation du centre et croissance périphérique

Pendant que Lyon stagne de 1914 jusqu’à la fin de la guerre (nonobstant la surévaluation du recensement de 193651), sa périphérie, notamment Est, continue à recevoir l’essentiel de l’accroissement démographique de l’agglomération. Dans une période d’urbanisation, d’exode rural fort, les nouveaux habitants52 se situent pour l’essentiel dans la catégorie ouvrière dont le logement constitue un problème d’autant plus crucial qu’ils tentent de s’installer principalement dans des communes urbaines généralement peu préparées à les accueillir.

La baisse du taux d’ouvriers que l’on constate dans la commune de Lyon, liée à la fin de la fabrique, des canuts et de la désindustrialisation du plus important quartier industriel à savoir la Croix-Rousse, a comme corollaire une prolétarisation galopante des communes périphériques qui affichent des proportions de population ouvrière de 65 à 75%. Dans la première moitié du 20ème siècle, ’l’évolution centrifuge, impliquant cette redistribution des taches entre le centre et la périphérie, déjà lisible au 19ème siècle dans l’essor de la première génération des faubourgs, se confirmait et s’amplifiait, donnant une unité organique et un dynamisme propre à l’agglomération’53.

Ce phénomène est visible dans l’évolution démographique des communes les plus importantes de l’agglomération. En 1954, sur les dix premières communes de plus de 5 000 habitants de l’agglomération lyonnaise54, seule la ville de Lyon affiche une légère baisse démographique (-2,4%) sur cette première moitié du siècle.

A l’inverse, les communes constituant la première couronne de la ville centre voient quant à elles leurs populations augmenter dans des proportions importantes. On part certes de niveaux relativement bas mais le mouvement se maintient sur une période assez longue pour être significatif. La légère polarisation sur l’Est et notamment Vaulx-en-Velin (+533%), Bron (+259%), Vénissieux (+246%), Villeurbanne (+143%), Saint-Fons (+99%)... de cette explosion démographique résulte principalement du solde migratoire.

Si les évolutions démographiques sont, jusqu’en 1939, contrastées entre ces communes de l’Est en forte croissance et d’autres moins dynamiques, l’offre résidentielle n’a connu dans tous les cas qu’une évolution mesurée, à l’image de ce qui s’est passé un peu partout dans le pays.

Notes
51.

Cf. J. Bienfait, ’La population de Lyon à travers un quart de siècle de recensements douteux, 1911-1936’, in Revue de géographie de Lyon, volume 1-2/1968, pp.63-132

52.

voir J-L. Pinol, 1991.

53.

P. Cayez, ’Les mutations économiques et sociales’, in Bayard F., Cayez P., (ss. dir.), 1990, tome 2, p.343.

54.

Source : INSEE, RGP 1954.