Section II : La période de reconstruction et l’émergence de la problématique du logement spécifique

’Dans les guerres du 20ème siècle, les villes sont devenues des cibles stratégiques’71. D. Voldman, en observant la place des villes dans les stratégies de guerre et, à l’intérieur des villes, le choix et la nature des cibles, illustre la spécificité urbaine de la seconde guerre mondiale.

Les cibles stratégiques ont surtout été les sites urbains renfermant des éléments structurant le fonctionnement de la vie urbaine (axes de circulation, repères, usines, entrepôts, ponts...). Mais pour la majorité des villes, l’une des questions les plus fondamentales qui se posent au sortir de la guerre est celle du logement et elle se pose d’abord dans son aspect quantitatif. Si la pénurie renvoie directement aux destructions de guerre dans certaines villes très largement touchées par les bombardements dans leur tissu urbain (allant parfois jusqu’à la destruction quasi-totale de certaines villes comme Caen, Le Havre, Saint-Malo...), il n’en est pas ainsi partout et dans les villes peu touchées comme Lyon, la crise du logement renvoie plus certainement aux vicissitudes de l’histoire locale.

La seconde reconstruction, du fait de son ampleur, se présente comme une rupture dans un mouvement de fond qui a cours pendant l’entre-deux-guerres, caractérisé par une accumulation de retards, de désaffection, de désinvestissements du secteur immobilier. Cette rupture a été rendue nécessaire par l’ampleur de la crise quantitative et qualitative dont l’éclatement était attendu à plus ou moins long terme, les conditions de production et de gestion du parc immobilier ayant été assez durablement déconnectées de la réalité des conditions de vie des populations.

Le mouvement général de sursaut qui se traduit politiquement dans la création d’un Ministère de la reconstruction et de l’urbanisme, répond plus, en ce sens, à ce décalage qu’aux conséquences directes de la guerre, que l’on peut considérer toutefois comme un révélateur et une opportunité ayant accéléré la prise de conscience des problèmes de logement, y compris là où les destructions de guerre ont été peu importantes.

Notes
71.

D. Voldman, 1996.