1- Destructions de guerre dans l’agglomération lyonnaise

Dans ses travaux sur la reconstruction des villes françaises, Danièle Voldman élabore une typologie des villes sinistrées selon la nature et la gravité des dégâts. Dans cette typologie, Lyon se situe parmi les villes ayant été peu touchées.

Les périmètres sinistrés sont généralement ceux qui abritent des équipements cibles des bombardements notamment les infrastructures de production ou de transport (industries, routes, ponts, gares, chemins de fer...) : il s’agit principalement des quartiers lyonnais de Vaise, Perrache et Gerland. Mais les imprécisions des bombardements vont sinistrer également les zones environnant les objectifs visés : le Moulin à Vent, le Grand Trou, La Mouche, Gerland, la Place Jean Macé ou encore l’avenue Berthelot, touchée sur près de trois à quatre km75.

En dehors de Lyon, une quinzaine de communes sont touchées dans l’agglomération. La moyenne des destructions d’immeubles est de 3%, variant en réalité de moins de 1% pour la moitié des communes de l’agglomération à 2% à Lyon, 3% à Bron et Caluire, 5% à La Mulatière, 12% à Neuville, 15% à Saint-Fons et 30% à Vénissieux. Même si la ville centre compte un nombre important d’immeubles détruits (377 contre 505 immeubles à Vénissieux, commune la plus touchée), les communes périphériques connaissent les taux de destruction les plus importants, en plus d’un déséquilibre population-habitat aggravé par une croissance démographique forte et soutenue.

L’agglomération lyonnaise proprement dite n’a donc pas été très fortement atteinte mais recense tout de même 80 à 90% des destructions du département du Rhône76 qui, avec environ 1 600 bâtiments détruits, fait figure de rescapé par rapport à d’autres sinistrés comme l’Alsace-Lorraine ou la Bretagne. Il n’en demeure pas moins que ces destructions viennent exacerber une crise du logement qui s’est bien installée depuis quelque temps : en l’absence de comptabilité stricte des sans-abri, on estime à environ 30 000 le nombre de lyonnais ayant dès 1939 une demande de logement en instance77.

Tableau 3 : Immeubles détruits du fait de la guerre dans l’agglomération lyonnaise
communes nombre %
Bron 59 2.84
Caluire-et-cuire 65 2.89
Craponne 1 0
Ecully 1 0
La Mulatière 15 4.85
Neuville 66 12.45
Oullins 18 1
Pierre-Bénite 2 0
Sainte-Foy 7 0.76
Saint-Fons 136 15.40
Saint-Genis-Laval 5 0.52
Tassin La Demi-lune 2 0
Vénissieux 505 29.62
Villeurbanne 9 0
Lyon 379 1.75
Source : Insee, RGP 1946

Notes
75.

cf. B. Aulas, 1974.

76.

en nombre d’immeubles détruits ; source : Insee

77.

cf. B. Aulas, op. cit.