Première phase : action sociale et logement, deux modes d’approche de l’insertion.

La décentralisation a redistribué les compétences, dotant chaque collectivité locale de ’blocs’ avec, grosso modo, l’action économique à la région, l’action sociale au Département et l’urbanisme à la commune.

Logement et action sociale relèvent de niveaux territoriaux différents. Il en est de même sur le plan institutionnel où les opérateurs en logement social et ceux intervenant dans le domaine de l’action sociale se distinguent aussi bien dans leurs réalités institutionnelles que dans leurs modes d’action. Malgré le recentrage opéré au niveau national en 1988 avec la politique de la ville et la promotion d’une approche globale et transversale des problèmes urbains, les trois principaux protagonistes à savoir l’Etat, les collectivités locales et les opérateurs demeurent, tant entre eux qu’en leur sein propre, sur des logiques sectorielles.

C’est le cas des services de l’Etat qui se partagent l’action sociale (les DDASS) et le logement (les DDE).

De même les collectivités locales notamment les communes ont compétence en ce qui concerne la construction et l’attribution de logements sociaux, de même qu’elles fixent leurs priorités en matière d’accueil des personnes mal-logées tandis que les départements endossent la responsabilité des politiques d’action sociale.

Il en est également des opérateurs où les organismes HLM sont soumis à des contraintes de gestion et de rentabilité telles que leur mission sociale première en est remise en cause alors que les diverses associations, bien que connaissant le terrain, les processus d’exclusion et maîtrisant des pratiques de gestion adaptée, ne sont pas pleinement intégrées dans les procédures opérationnelles.

La DDE met sa capacité d’expertise technique, sans autre forme de considération, au service des collectivités. De même le Département finance des associations intervenant dans le domaine du logement social alors qu’il n’a aucune compétence en la matière. Mais par ce financement et la responsabilité des politiques d’action sociale, le Département joue un rôle important dans le domaine du social de manière générale, donc dans son bloc de compétence, mais il n’a pas réellement vocation à intervenir dans le secteur du logement.

Les opérateurs quant à eux, tirent dans deux sens : les associations multiplient les expériences et les tentatives, essaient de stimuler la réflexion à défaut de ne pouvoir agir ; les organismes HLM sont, eux, plus généralement sur la défensive, fermant leurs accès aux ’candidats à risques’ tout en essayant de mieux gérer leur parc. A part quelques-uns uns, ces organismes sont donc plutôt préoccupés par leurs problèmes internes.

Il y a ainsi une multitude de croisements autour du social et du logement, des configurations diverses impliquant les mêmes acteurs sans que ne s’en dégage une véritable synergie. Pourtant dans les pratiques des acteurs les impasses sectorielles accréditent de plus en plus l’idée d’une action concertée. C’est ce que la loi Besson va tenter d’impulser par la promotion des PDA avec, au coeur de la démarche, la notion de partenariat.